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Le Coran en tamazight ou Leqwran stmazirt par Remdane At Mensour

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  • Le Coran en tamazight ou Leqwran stmazirt par Remdane At Mensour

    Le Coran, le Livre saint de l’Islam, a été traduit pour la premihre fois dans son intégralité en tamazight en Algérie, des exemplaires du Livre saint distribués dans la région de Tizi Ouzou.


    La traduction du Coran est en elle-même une œuvre de longue haleine tant le livre sacré est d’une écriture arabe inimitable par son lexique et sa grammaire parfaite. Il n’est pas donné à tout le monde de réécrire le texte dans une autre langue, fût-elle la plus abordable.


    D. Masson et J. Berque, plurilingues reconnus et écrivains d’envergure internationale, ont dû aplanir maintes difficultés dont les interférences d’ordre lexical et grammatical pour faire passer le Coran de l’arabe classique châtié au français relevé.
    La première particularité de la traduction admirable de Remdane At Mensour est d’avoir été donnée dans deux modes de transcription, celui qu’avait mis au point Mouloud Mammeri et qui s’est avéré être le meilleur, celui de l’un des plus vieux alphabets du monde, le tifinagh.
    Le livre est accompagné d’un CD qui pourrait être d’une grande utilité pour tous ceux qui n’arrivent pas à déchiffrer.
    L’arabe du Coran et le tamazight, deux langues qui se sont côtoyées depuis les débuts de l’islam
    Que les amazighophones lisent désormais dans leur langue maternelle le Coran est quelque chose de merveilleux mais pas nouveau; les sourates de notre livre sacré ne leur sont pas étrangères.
    Ils les ont apprises ou lues en arabe, depuis les plus lointains ancêtres.
    Il ne faut pas oublier que les régions berbérophones sont celles qui, dans le passé, ont ouvert le plus d’écoles coraniques et de zaouias, bien avant l’occupation coloniale. Jusqu’à nos jours, des imams polyglottes en sont sortis et accomplissent honorablement leur mission.
    Certains, en pratiquants convaincus, mais dont le nombre se réduit d’année en année, récitent le Coran en arabe et ils le traduisent sur le champ en tamazight et en français. On les remarque par leur aisance, dans les cérémonies religieuses, comme la fatiha.
    Cette traduction du Coran en tamazight, une première que l’on connaisse en Algérie, mais qui fait suite à d’autres. Remdane At Mensour cite celle, partielle, en Europe, de Kamel Naït Zerrad (1998), puis celle de Houcine Jouhadi.
    Nous souhaitons que celle que nous avons entre les mains soit la meilleure dans la mesure où elle est supposée avoir bénéficié de l’expérience des précédentes, cela entre dans la logique des grands livres comme le dictionnaire, qui vont dans le sens de la perfection au fil des éditions.
    Un livre accompagné d’un CD Rom
    Comparativement aux traductions anciennes et en d’autres langues, celle-ci associe l’écrit à l’oral, moyennant réalisation d’un CD Rom fort appréciable pour tous ceux qui ont besoin de ce support pour mieux comprendre le texte et aider à une meilleure diction et à la mémorisation des mots non usités dans toutes les régions amazighophones.
    Contrairement aux autres langues qui ont évolué dans l’unité lexicale, le tamazight a été privé du support de l’écriture pendant des millénaires ; ce qui explique les nombreuses variantes d’ordre phonétique, morphologique, lexical sur fond de grammaire commune.
    Remdane Ath Mensour a su transcender ce type de difficulté majeure en usant largement du registre à la fois commun et recherché, celui des sages d’antan qui avaient la maîtrise de la langue.
    Revenons à cette publication de poèmes kabyles d’antan «Isefra nat zik» (décembre 1998) composés dans langue esthétiquement recherchée et dont le contenu est en grande partie à vocation religieuse. Anonymes pour la plupart, ils ont véhiculé au fil des siècles la sagesse populaire et un contenant de haute tenue littéraire. Beaucoup ont été chantés par les khouans, fervents pratiquants musulmans, anciens des écoles coraniques ou adeptes des saints marabouts.
    Chikh Mohand Oul Houssine dont Mouloud Mammeri a reconstitué, dans un livre qu’il lui a consacré, tout le parcours religieux et poétique, fut un saint marabout qui réunissait autour de lui des khouans venant prendre part à des joutes oratoires devant un public de plus en plus nombreux, ainsi qu’aux soirées de chants religieux.
    La traduction, un travail de maître
    L’expérience nous a apporté la preuve que pour traduire, il faut maîtriser la grammaire et le vocabulaire des deux langues. De plus, on ne traduit pas mot à mot au risque de faire un calque ou une faute d’interférence et ce, indépendamment de toute forme de contresens. Nous en avons fait l’expérience avec la traduction des œuvres de Taha Hussein, Tewfik El Hakim, El Akad.
    Nous avons remarqué dans cette traduction en tamazight, pour nous qui avons lu le Coran en arabe et en français, une parfaite conformité au texte d’origine. Pour les habitués des textes en tamazight, la lecture se fait sans ambages. Les non initiés devraient faire preuve d’efforts soutenus pour se familiariser avec des mots non usités partout ; tel est l’inconvénient des variantes d’une même langue restée sans support écrit pendant des siècles.
    On a choisi, pour être plus convaincants une aya, la 264 de la sourate «El Baqara», jugée plus facile à comprendre, et qui donne à découvrir des mots du langage recherché : «Awid iumnen. Ur ssemsayet ssadaqa nnwen, stiyta akw d rregmat. Am win iseddqen ayla s, iwakken at id walin meden, ur iumin s Rebbi, d wass aneggaru. Icuba tazrut irum wakal. Iwwet fellas uzayed, iggat dasuki. Ur d s faydayen acemma seg wayen kesben. Rebbi ur inehhu yara agdud ijehliyen.»
    Une traduction jugée très bonne pour qui connaît la version originale et son équivalent en français, sauf que certains mots ne font pas partie de tous les lexiques des aires berbérophones. Il aurait fallu comme l’ont fait tous les traducteurs du Coran adjoindre en notes des éclaircissements concernant quelques termes, à l’exemple de azayed qu’on pourrait remplacer par ageffur ou azfuf. Naturellement, ce ne sont là que des suggestions et non des critiques, le travail de Remdane Ath Mensour, connu pour sa rigueur, étant indiscutablement bon.
    On aimerait quand même, à titre de comparaison, parler des traductions de Jacques Berque ou de D. Masson, pour dire qu’elles comportent des passages que, malgré leur érudition et leur savoir-faire, ils n’ont pu rendre de manière claire en français.
    Puisqu’on parlait de pluie qui dénude le rocher dans la aya citée précédemment (V 164, S 2), et vu la sécheresse que nous vivons par l’insuffisance pluviométrique, l’idée nous est venue de reprendre la sourate «Nouh» qui nous a donné à relever le verset 11 traduit en : « Il vous enverra du ciel une pluie abondante» alors qu’il fallait traduire par : « Il enverra le ciel sur vous en pluie (donné en note par Masson); les deux formes ne donnent pas le même sens. La traduction en tamazight correspond à peu près à la première version : «Ittazen awen d ageffur, seg iggenni, d ihedman»; nous avons ici le mot ageffur qu’on aurait souhaité avoir à la place de azayed dans la aya de la sourate «El Baqara».
    Il existe de nombreux passages difficiles à traduire et qui en disent plus long qu’on pense. Toute erreur d’interprétation, dans pareils cas, peut être fâcheuse. Ce qui arrive lorsqu’une aya est d’une densité telle que nous nous exposons à des risques d’incompréhension. Par exemple, il peut nous arriver de choisir à la place d’un spécifique un générique qui répond mieux au contexte d’emploi.
    En parcourant les sourates, une aya a particulièrement retenu notre attention tant par la clarté de la traduction que par le choix judicieux des termes relevant d’un langage de connaisseurs dans le domaine religieux où la force de conviction reste de rigueur. La aya en question est la 2 de la sourate Ajemmal ou sourate «El Hacher» ou «Rassemblement».
    «D netta, issuffren seg yexxamen nnsen wid ijehlen seg at Tira, Iujemmal amez waru. Ur tuminem ara ad ffyen.
    Ri len leswar nnsen a ten sellken si Rebbi. Ikka yasen d Rebbi seg wanda ur bnin. Issekcem tugdi deg ulawen nnsen. Sxerben ixxamen nnsen si fassen nnsen, akwd i fassen, n lmumnin. Meyyz et a wid it walin.»
    Nous revenons au CD que nous avons longuement écouté et qui semble être d’une utilité incontestable pour tous ceux qui n’arrivent pas à déchiffrer correctement. La voix qui récite, probablement celle de l’autre, émane d’un connaisseur étant donné sa parfaite diction, condition nécessaire pour rendre réceptifs et motiver les auditeurs. Ceci à la manière des imams éloquents que la Kabylie a connus en des lieux et lieux, sachant réciter le Coran, le traduire et l’expliquer avec aisance. Se référer à des sourates du Coran ou les traduire en tamazight n’est pas quelque chose de nouveau. Avec Remdane At Mensour, nous avons pour la première fois toutes les sourates du Coran sous forme écrite.
    Dans l’ancien temps et au fil des générations, ceux qui ont appris le Coran très jeunes et ils ont été nombreux à avoir fait l’école coranique, ont compris le contenu au point de pouvoir l’interpréter pour l’expliquer à d’autres. Nous en avons un exemple frappant en Si Mohand, poète errant qui aurait pu devenir professeur de zaouia ou maître d’école coranique si l’armée coloniale française n’avait pas rasé son village et décimé sa famille. N’ayant plus de famille et traqué, il a erré. Il lui est arrivé d’aller jusqu’en Tunisie où il a exercé comme écrivain public. Sa poésie était émaillée de termes de langue arabe dont il avait la maîtrise pour avoir suivi, après l’apprentissage du Coran, le cycle d’enseignement d’une zaouia, sorte d’université à l’époque.
    Boumediene A.

    Leqwran stmazirt, Remdane At Mensur, ed. Zyriab, 2006, 491 pages

    - Par La nouvelle Republique

  • #2
    azul,
    c'est une tres bonne chose.
    Le Coran, le Livre saint de l’Islam, a été traduit pour la premihre fois dans son intégralité en tamazight en Algérie, des exemplaires du Livre saint distribués dans la région de Tizi Ouzou.
    Ce n'est pas la premiere fois! Le coran est deja traduit en tamazight par Ramdhan la premiere fois au maroc, mais il est conficie par le makhzen! Il est maitenent dans le palais au maroc.

    Thnamirth

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    • #3
      Bravo pour ce travail, qui devait etre tres dure a accomplir et qui va remettre a jour des mots oubliés !
      ?

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