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Dictionnaire des Arts en Algerie

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  • Dictionnaire des Arts en Algerie

    Travail colossal que celui de l'esthète Mansour Abrous.
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    Algérie, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, miniaturistes, dessinateurs, designers et photographes

    Par Mansour Abrous


    Présentation
    Ce Dictionnaire couvre quatre-vingt-dix années de production artistique (1917-2006) et recense mille sept cent cinq biographies (1324 plasticiens, 118 spécialistes de l’art musulman, 151 designers et 112 photographes).

    Introduction
    Peut-on s’accorder à dire que dans la tragédie, l’Algérie, à bout de souffle, fut pansée par ses créateurs ?. Peut-on convenir que l’Algérie ne peut pas être et ne doit pas être l’événement d’une année, fût-il au cœur de Paris ?. L’Algérie peut-elle s’exercer à la normalité ?. L’Algérie a-t-elle encore un destin culturel ?. Oui, à condition que l’Algérie s’entende dans la durée, que les créateurs aident le pays à oser être lui-même et que les décideurs abandonnent le rituel du vertige qui perturbe en permanence l’avenir.

    Les arts plastiques
    Des œuvres sont produites par les artistes algériens depuis les années vingt. Quatre générations d’artistes et de pratiques artistiques avec pour origine l’exposition, en 1917 à Paris, de Azouaou Mammeri. La rétrospective historique est aisée. La littérature est foisonnante et l’inventaire de l’expression picturale en Algérie trop écrit, automatiquement écrit.
    Il est en permanence claironné la renaissance des arts plastiques et on s’accorde à magnifier une embellie de circonstances et des manifestations ponctuelles. Il y a tout à construire, le réseau institutionnel, la formation artistique, les supports de création, de diffusion et de communication. Des signes encourageants pourraient infléchir ce pessimisme : le développement des galeries d’art privées, l’excellence (parfois) de leur programmation, la prise en charge du patrimoine (Villa Abdeltif).
    La chose culturelle, artistique est en permanence chahutée en Algérie. L’indifférence, au mieux la désinvolture, contribue à cet exil - lui aussi permanent - des élites artistiques.

    Les arts musulmans
    Nous pouvons égrener indéfiniment les noms prestigieux de la première génération des artistes algériens qui ont régné sur la miniature, l’enluminure, la calligraphie et la décoration. Il y eût les frères Racim, Omar (1884-1959) et Mohamed (1896-1975), miniaturistes de génie. Enfants d’enlumineurs et de sculpteurs de la ville-cité algéroise : Omar crée les cours de calligraphie et d'enluminure à l'école d'artisanat indigène de Bab El Oued (1932) et fonde l'école d'enluminure et de miniature d'Alger (1939), Mohamed mène un important travail d’ornementation de livres (1918-1940).
    Reconnu par ses pairs, son travail est récompensé par la médaille des Orientalistes (1924) et le grand prix artistique de l’Algérie (1933). « Le talent de ce poète de l’image secrète ne consistait qu’à enrichir ce monde de couleurs pures posées en à-plat et formant une topologie esthétique de plages de couleurs ».
    Ils ont pour contemporain le surdoué Hamimoumna M’Hamed (1897-1975), meilleur artisan algérien (1952), Prix des critiques d’art d’Alger (1953) et Lauréat de l’exposition nationale du travail en enluminure (Paris 1958). Les disciples : Ranem Mohamed, Hamimoumna Chérifa, Abbsi Allel, Turqui Khellil, Kechkoul Mohamed entretiennent le métier et le savoir-faire. Dans les années 70 apparaissent des enlumineurs et miniaturistes de grand talent, Adjaout Mustapha, Belkahla Mustapha, Bentounés Sid Ahmed, Boukeroui Tahar, Kechkech Moussa, Kerbouche Ali, Mokhdani Tahar et Sahraoui Boubekeur.
    L’éclosion récemment de talents sûrs Hachemi Ameur et Aït El Hadji Ida laissent espérer une continuité patrimoniale.
    Ben Debbagh Mostefa est sans conteste un décorateur hors pair. Il représente l’Algérie à de nombreuses manifestations internationales prestigieuses (Newcastle 1929; Chicago 1933; Paris 1937). Il est élevé au rang d’Officier à l'Académie Française (Paris 1947). Digne héritier, Boutaleb Mahieddine qui aura le rare privilège d’exercer son métier à la Manufacture de Sèvres.
    La calligraphie est associée en Algérie au talentueux Cherifi Mohamed Saïd. Un calligraphe émérite à qui l’on doit la réalisation de nombreuses éditions du Coran et la publication d’ouvrages didactiques. Boumala Abdelkader, Guerdjouma Mohamed Salah, Skander Abdelhamid assurent la transition générationnelle et de jeunes calligraphes s’émancipent comme Djouambi Abdelhamid (Prix international de calligraphie à Istanbul 1996).

    La bande dessinée et le dessin de presse
    La bande dessinée en Algérie a quarante années d’existence. Mohamed Aram et quelques dessinateurs font fonctionner, en 1965, le premier studio de dessins animés en Algérie. L’hebdomadaire Algérie Actualité prend le relais de cette aventure avec la publication de La sirène de Sidi Ferruch de Mohamed Aram et de Moustache et les frêres Belgacem de Slim. M’Quidech, le premier illustré algérien, paraît en 1969, créé par Ahmed Haroun, Mazari, Slim, Mohamed Aram, et édité par la Société nationale d’édition et de diffusion (Sned).
    De jeunes talents s’affirment : Amouri, Melouah, Tenani, Aïder, Assari, Guerroui, Zeghidour, Rahmoune, Hebrih, Aït Hamoudi, Khiari, Bouslah. La ville de Bordj El Kiffan se dote, en 1986, d’un festival international de la bande dessinée et de la caricature. Il révèle Farid Boudjellal, Larbi Mechkour et Chebli Rachid. La presse privée, au début des années 90, permet la découverte de jeunes dessinateurs de presse comme Dilem, Gyps, Rahmani, Benyezzar et Fethi. La bande dessinée est en pleine effervescence.
    Des dessinateurs créent un journal satirique El Manchar et un nouveau périodique satirique Baroud est publié. L’assassinat de Brahim Guerroui, Mohamed Dorbane, Saïd Mekbel et Djamel Dib met un frein à cet élan. Les récompenses sont nombreuses : collective, en 1982, en obtenant Le Caran d'Ache au Salon International de Lucca (Italie); individuelles avec Sid Ali Melouah qui obtient le Crayon de porcelaine (St Just Martel 1997), le premier prix international de la satire politique (Forte Dei Marmi 1999), le Prix Yellow Kid (Rome 2003), avec Ali Dilem qui est honoré du trophée de la liberté de la presse (St Just Le Martel 2005).

    Le design
    Les premiers diplômés designers algériens sont tous cinquantenaires aujourd’hui. Diplômés des grandes écoles d’art Françaises et Européennes, ils avaient en perspective le développement économique et industriel du pays et en prospective leur utilité sociale et artistique. Début des années 80, le désenchantement économique et les impasses politique et programmatique les mettent en demeure d’aller voir ailleurs. Des promotions de qualité rarement atteinte, les Abdi, Boutadjine, Lerari, Yahiaoui, Medjebeur, Djaafer. Plus récemment, la découverte du talentueux Gasmi Chafik.

    La photographie
    Il y eut la guerre sans nom puis la guerre sans images. Hocine Zaourar, Lauréat de la Word Press Photo (1998), avec La madone de Bentalha ou La pièta algérienne, rompt cette fatalité. Son œuvre est exposée dans le monde entier, elle est abondamment commentée dans la presse radiodiffusée, télévisée et écrite internationale. Les photographes-reporters de la presse algérienne, confrontés à l’Algérie meurtrie, tourmentée, déchirée, témoignent de la souffrance de tout un peuple retourné par tant de désespérance.
    Les Rencontres photographiques d’Arles lèvent le voile sur une Algérie dont la représentation est atrophiée faute d’images d’espoir et d’espérance. Zaourar Hocine d’abord, Louiza Ami, Kader Boukerche, Zohra Bensemra ensuite, puis Nadia Benchellal et Bruno Boudjelal représenteront l’Algérie. Récemment, à Paris, Kader Attia, Farida Hamak et Bruno Boudjellal, dans « Regards sur le monde arabe contemporain », et en Algérie, d’autres photographes, Louiza Ammi-Sid, Nabil Belghoul, Samir Sid, Boukerche, Benyoucef Cherif, Kays Djilali, Nacer Medjkane, posent un regard sur l’Algérie, leur regard, puisant dans le besoin des Algériens « d’avoir un regard sur eux-mêmes ».
    Une centaine de photographes nous disent leur présence et provoquent pour les images produites une panne de silence.
    L’Algérie est froissée, ses porteurs de lumière, ses artistes essaient de la dresser au soleil, face à la lumière. Et dans cet effort, aujourd’hui, ils savent qu’ils ne sont pas nombreux. S’il fallait fixer une parole, ce serait bien la seule d’ailleurs, en direction de notre jeunesse gorgée de désespoir « Jeunes adolescents de Djanet ou de Tamanrasset: relevez la tête ! Regardez quels ancêtres magnifiques, avec de superbes artistes » (Malika Hachid dans Le Tassili des Ajjer). En Algérie, il y a urgence à l’utopie.

  • #2
    Cet ouvrage est la preuve d'un interêt scientiphique et universitaire pour ce que certains considèrent comme futile et vain...

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