- Source : impact24.info
Messaoud Zeggar : L'homme qui savait tout faire - Source : impact24.info
Messaoud Zeggar est né à El-Eulma (ex-Saint-Arnaud), le 8 décembre 1926. Aîné d'une famille dont le père tenait le café du village, il se lança dans les affaires vers l'âge de 15 ans. En 1940, le jeune Messaoud négocie, autour de la base américaine installée dans la région de Sétif, les surplus de stocks alimentaires, de vêtements et de petits matériels. Et c’est ainsi que le futur allié des Américains inaugurât sa carrière d'affairiste dans une base US en Algérie.
Ière partie
Sensible au devenir de son pays, il rencontra, Hadj Ben Alla, officier de l’ALN chargé par les chefs de la Révolution de la structuration de la zone II de la Wilaya V historique. Et c’est lui qui en 1956, mit en contact Messaoud Zeggar avec Abdelhafid Boussouf, chef du MALG, qui fut ravi du recrutement de Messaoud Zeggar, une jeune recrue de poids âgée seulement de 30 ans.
Avant de devenir Ministère de l’armement et des liaisons générales en août 1957, le MALG était la Direction Centrale des Liaisons Générales (DCLG). Elle a été créée en 1956 par le colonel Abdelhafid Boussouf.
Quelques temps avant sa mort, Ben Alla avait rendu hommage, dans El Moudjahid du 20 novembre 2008, à son ancien compagnon de lutte Messaoud Zeggar, à l’occasion du 21ème anniversaire de la disparition de l’homme le plus proche de Boussouf et de Boumediene, dont Hadj Ben Alla disait : « Ce négociateur hors-pair et fournisseur d’armement de l’ALN au Maroc, appartenait avant 1954 au Parti du Peuple Algérien (PPA) ».
Ben Alla avait connu Zeggar en 1948 : « Il fréquentait un marchand de bonbons proche du PPA », soulignait l’homme qui était à l’origine de son incorporation au sein de l’ALN à Oran. Zeggar avait hébergé Ben Alla qui était en mission au profit de l’ALN à Oran, en 1956, parmi sa famille à Medina Djedida. Zeggar, habile homme d’affaires et négociant perspicace, avait déjà ses entrées au port d’Oran. Il livrait des denrées alimentaires à l’entreprise qui s’occupait de la gestion de ce lieu d’affaires à l’ouest du pays. « Il assurait la liaison entre le nouveau chef de la zone II de la Wilaya V historique et le Commandement de la Révolution, à travers Nafissa Hamoud qui prendra, par la suite, le maquis de la Kabylie au sein de l’équipe de santé de la Wilaya III historique conduite par le médecin Lalliam », avait indiqué le défunt Ben Alla. « C’était un homme pétri de qualités exceptionnelles. Son intelligence, son esprit d’initiative, son côté débrouillard et son penchant à concocter des astuces les plus invraisemblables pour arriver à son objectif, m’avait incité à l’envoyer au Maroc », disait Ben Allah qui était à l’origine de l’aventure de Zeggar et qui sera derrière la naissance d’une histoire glorieuse, traversant de bout en bout la légende du MALG de Boussouf, homme secret et organisé.
Pendant la guerre de libération, Messaoud Zeggar connu sous le nom de Rachid Casa, (Casa pour Casablanca, Maroc) où il se rendait souvent pour rencontrer les officiers américains qui venaient s’amuser dans les bars et cabaret de la ville, avec lesquels il faisait de la contrebande au profit de l’ALN. Ces derniers, installés à la base américaine au Maroc, l’avait surnommé « Mister Harry », et à force de les fréquenter il a appris l’anglais. Messaoud Zeggar récupérât beaucoup d’informations et de matériel de guerre au profit de la révolution Algérienne.
Zeggar, un homme très organisé, planifiait toutes ces actions à l’avance. Il ne pouvait pas agir autrement, en ces temps de guerre totale que livrait la puissance coloniale au peuple algérien et à ses combattants. Il prouva ces capacités lorsqu’il implanta une usine de bazookas et de mortiers à Nador, dans le Rif marocain, sous couvert d’usines d’ustensiles de cuisine. Zeggar préparait ses entreprises dans les menus détails. C’est ainsi qu’il avait mis à la tête de cette usine des gens de son patelin pour s’assurer du contrôle total de l’embryon de l’industrie d’armement de l’ALN qui fut une prouesse en ces temps de guerre, au point que même le pays hôte ne savait rien de ce qui se tramait dans les monts du Rif. Parmi les hommes de Zeggar à l’intérieur de cette usine secrète, il y avait Djillai Mohamed Seghir, Zeggar Abdellah, Mansouri Khaled, Abdelhamid Zeggar, Oufi Mustapha, Mezenane Ali, Touati Mohamed, tous natifs de la ville d’El Eulma. A rappeler que cette entreprise est de doter l’ALN d’une industrie d’armement et dans l’organisation des réseaux d’achat d’armes au profit de la Révolution, il y avait, aussi, Mansour Boudaoud. Son cousin et proche collaborateur, M. Djillali Mohamed Seghir, avait indiqué, lors de l’hommage rendu à Zeggar, que le défunt avait installé cette fabrique de mortier à la demande de Boussouf et de Boumediene. Mohamed Seghir a été, aussi, catégorique sur la question du matériel de transmissions acquis par l’ALN. Il avait affirmé qu’il tenait l’information de Boussouf lui-même, qui lui avait dit : « 90% de ce matériel a été fourni par Zeggar ».
Dans son témoignage, lu à l’occasion du 21ème anniversaire de la disparition de Zeggar, M. Dahou Ould Kablia, responsable de l’Association des anciens membres du MALG, avait relevé le rôle principal joué par Rachid Casa dans l’affaire d’achat d’équipements de transmission utilisé par les troupes américaines dans les bases mises à leur disposition par l’OTAN au Maroc, durant la IIème Guerre mondiale. « Un poste de radio-marine de grande capacité a été acquis par Zeggar et transporté de nuit dans la région de Nador », souligna Ould Kablia. Ce poste a été transformé en poste d’émission pour la radio Sawt El Djazaïr qui émettait de Nador, à partir du 16 décembre 1956.
« A partir de cette date, il devient le collaborateur le plus proche et le plus efficace du colonel Boussouf, puis il s’occupa de la logistique, en complémentarité avec Mansour Boudaoud ». A partir de 1957 jusqu’à 1960, Zeggar développe une mission au port de Tanger (Maroc) puis dans les pays limitrophes, en Espagne en particulier, dans le sillage de la mise en œuvre des filières d’achat d’armes et d’équipements organisées et efficaces,Boussouf avait fait de Zeggar son homme de confiance pour les missions secrètes à caractère politique. « Son champ d’action devient l’Angleterre et les Etats-Unis d’Amérique, où il se voit ouvrir les portes les plus importantes du microcosme de la politique et des finances de ce pays, tant pour les hommes du parti démocrate, les frères Kennedy, que ceux de la finance, dont le président de la Chase Manhattan Banque et gouverneur de la ville de New York, Nelson Rockefeller ». C’est dans ce champ que Zeggar va prouver ses compétences, son habilité et son sens d’organisation et d’approche opérationnelle.
L’Egypte de Djamel Abdenasser qui était parmi les deniers pays à reconnaître le GPRA, avait attiré l’attention de Zeggar qui, au même titre que son chef immédiat, le colonel Boussouf, se posait des questions sur l’attitude de l’Egypte qui cherchait à contrôler les structures de l’ALN, par tous les moyens. Là, aussi, la prouesse de « Mister Harry », comme il plaisait aux militaires américains d’appeler Zeggar, fut légendaire. Son côté astucieux fut remarquable et d’une pertinence hors pair, au point où ilmit hors-jeu le « grand frère » égyptien épaulé dans son entreprise de faire une OPA sur la révolution algérienne par l’inénarrable Fethi Dib. C’est dans ce contexte, relève-t-on, que Zeggar avait rédigé une fausse lettre qu’il avait signée du nom de De Gaulle et qu’il avait transmise à l’ambassade d’Egypte, à travers un colonel français qui travaillait à l’Elysée. Dans cette fausse lettre, De Gaulle avait demandé à son homologue le «grand frère » Abdenasser de cesser de fournir de l’aide militaire à la Révolution Algérienne moyennant un soutien économique de la France à l’Egypte. Une proposition qu’avait acceptée le grand révolutionnaire arabe, dans une vraie lettre remise au colonel qui collaborait avec Zeggar et que ce dernier avait remise au colonel Boussouf, soulevant de la sorte l’étonnement des dirigeants de la Révolution. Zeggar s’est aguerri dans le travail du renseignement, au point de placer un équipement d’écoute à l’intérieur même du bureau du président français. Il avait également récupéré un document secret du bureau qu’il avait remis aux responsables de la Révolution. Un document qui a été d’un apport avéré à l’équipe des négociateurs d’Evian, conduite par le défunt Krim Belkacem.
IIème partie
1962 c’est l’indépendance de l’Algérie.
Après le 19 juin 1965, et la prise du pouvoir par Houari Boumediene, Zeggar a été contacté par des agents d’affaires qui désiraient acquérir les fils barbelés et matériel composant les deux barrages frontaliers entre l’Algérie et le Maroc d’une part, et l’Algérie et la Tunisie d’autre part. Ces hommes d’affaires savaient que Zeggar était très proche de Boumediene et que, de ce fait, il obtiendrait facilement l’achat des éléments composant les barrages et qu’il pourrait alors les leurs revendre. En effet, Zeggar en parla à Boumediene qui donna son accord puisque cette transaction allait enlever le matériel séparant les deux pays frères, la Tunisie et le Maroc, d’avec l’Algérie.
Zeggar eut le privilège d’obtenir le tout au dinar symbolique, qu’il revendit à une somme faramineuse.
La construction des lignes Morrice (450km) et Challe (300km) sont le fait de l’armée coloniale qui a installé des barbelés électrifiés tout au long des frontières entre l’Algérie et la Tunisie et l’Algérie et le Maroc, croyant venir ainsi à bout des combattants de l’A.L.N. Les barrages larges de 30 à 60 mètres, s’étendent tous deux sur une distance de 750 km. Les deux lignes sont des réseaux parallèles de fils électrifiés et de barbelés de différentes formes et dimensions. Les autorités françaises les ont dotés de tous les moyens tels la haute tension électrique (30.000 volts sur la ligne Challe) sans oublier différents types de mines. Des rumeurs circulèrent sur ce matériel qui aurait abouti en Israël où il aurait été utilisé comme barrière de protection contre les Palestiniens.
750 km de barbelés, de grillage, de piquets et de tout le système électrifie qui va avec. Il y avait de quoi faire ! Achetés au dinar symbolique et revendus à des millions de dollars, voilà de quoi faire de Zeggar le premier milliardaire de l’Algérie indépendante. Mais ce milliardaire, diront certains, n’était que le prête nom de Houari Boumediene, qui avait besoins d’argent pour financer les activités extérieures de ces agents secrets.
D’ailleurs et à ce propos, après la mort de Boumediene, Kaïd Ahmed a révélé que le défunt avait un compte bancaire en Amérique de 17 milliards de l’époque, fruit de juteuses commissions perçues par Zeggar, lequel, comme chacun le sait, avait le quasi-monopole du commerce extérieur. Kaïd Ahmed fut, pour ces déclarations, poursuivi en justice devant le tribunal de Paris le 31 janvier 1990, par la veuve du président Boumediene. Donc, argent personnel ou argent devant servir aux activités liées à l’Etat Algérien, cette question restera sans réponse. Mais curieuse coïncidence, Kaïd Ahmed décéda au Maroc à la même période dans des conditions … mystérieuses ?
Patriote infatigable, Zeggar qui, après l’indépendance du pays, s’est reconverti aux affaires,« importateur de feux d’artifices par bateaux entiers », fut l’un des artisans majeurs de ce qui a été appelé la diplomatie parallèle. La diplomatie de l’ombre qui caractérisait, dans des proportions importantes, l’action diplomatique algérienne dans le monde, explique la place qu’occupait l’Algérie dans le concert des nations.
De par ses relations avec les personnalités américaines, dont Georges Bush Senior qui, pendant sa compagne électorale se déplaçait dans l’avion personnel de Zeggar ; il put déjouer plus d’un coup contre l’Algérie, telle la menace de frappe des USA contre l’Algérie en 1967, où la sixième flotte américaine lorgnait du côté de Cherchell, ainsi que la tentative d’assassinat d’un Président arabe. Zeggar accompagnait les orientations patriotiques de Boumediene, dans les domaines politique et économique. Il lui a été d’une grande aide au moment où Boumediene avait décidé de nationaliser les hydrocarbures. C’est dans ce contexte que Zeggar avait prouvé tout son savoir-faire, en allant arracher la neutralité des USA, dans la guerre qui opposait l’Algérie à la France dans cette affaire.
Messaoud Zeggar : L'homme qui savait tout faire - Source : impact24.info
Messaoud Zeggar est né à El-Eulma (ex-Saint-Arnaud), le 8 décembre 1926. Aîné d'une famille dont le père tenait le café du village, il se lança dans les affaires vers l'âge de 15 ans. En 1940, le jeune Messaoud négocie, autour de la base américaine installée dans la région de Sétif, les surplus de stocks alimentaires, de vêtements et de petits matériels. Et c’est ainsi que le futur allié des Américains inaugurât sa carrière d'affairiste dans une base US en Algérie.
Ière partie
Sensible au devenir de son pays, il rencontra, Hadj Ben Alla, officier de l’ALN chargé par les chefs de la Révolution de la structuration de la zone II de la Wilaya V historique. Et c’est lui qui en 1956, mit en contact Messaoud Zeggar avec Abdelhafid Boussouf, chef du MALG, qui fut ravi du recrutement de Messaoud Zeggar, une jeune recrue de poids âgée seulement de 30 ans.
Avant de devenir Ministère de l’armement et des liaisons générales en août 1957, le MALG était la Direction Centrale des Liaisons Générales (DCLG). Elle a été créée en 1956 par le colonel Abdelhafid Boussouf.
Quelques temps avant sa mort, Ben Alla avait rendu hommage, dans El Moudjahid du 20 novembre 2008, à son ancien compagnon de lutte Messaoud Zeggar, à l’occasion du 21ème anniversaire de la disparition de l’homme le plus proche de Boussouf et de Boumediene, dont Hadj Ben Alla disait : « Ce négociateur hors-pair et fournisseur d’armement de l’ALN au Maroc, appartenait avant 1954 au Parti du Peuple Algérien (PPA) ».
Ben Alla avait connu Zeggar en 1948 : « Il fréquentait un marchand de bonbons proche du PPA », soulignait l’homme qui était à l’origine de son incorporation au sein de l’ALN à Oran. Zeggar avait hébergé Ben Alla qui était en mission au profit de l’ALN à Oran, en 1956, parmi sa famille à Medina Djedida. Zeggar, habile homme d’affaires et négociant perspicace, avait déjà ses entrées au port d’Oran. Il livrait des denrées alimentaires à l’entreprise qui s’occupait de la gestion de ce lieu d’affaires à l’ouest du pays. « Il assurait la liaison entre le nouveau chef de la zone II de la Wilaya V historique et le Commandement de la Révolution, à travers Nafissa Hamoud qui prendra, par la suite, le maquis de la Kabylie au sein de l’équipe de santé de la Wilaya III historique conduite par le médecin Lalliam », avait indiqué le défunt Ben Alla. « C’était un homme pétri de qualités exceptionnelles. Son intelligence, son esprit d’initiative, son côté débrouillard et son penchant à concocter des astuces les plus invraisemblables pour arriver à son objectif, m’avait incité à l’envoyer au Maroc », disait Ben Allah qui était à l’origine de l’aventure de Zeggar et qui sera derrière la naissance d’une histoire glorieuse, traversant de bout en bout la légende du MALG de Boussouf, homme secret et organisé.
Pendant la guerre de libération, Messaoud Zeggar connu sous le nom de Rachid Casa, (Casa pour Casablanca, Maroc) où il se rendait souvent pour rencontrer les officiers américains qui venaient s’amuser dans les bars et cabaret de la ville, avec lesquels il faisait de la contrebande au profit de l’ALN. Ces derniers, installés à la base américaine au Maroc, l’avait surnommé « Mister Harry », et à force de les fréquenter il a appris l’anglais. Messaoud Zeggar récupérât beaucoup d’informations et de matériel de guerre au profit de la révolution Algérienne.
Zeggar, un homme très organisé, planifiait toutes ces actions à l’avance. Il ne pouvait pas agir autrement, en ces temps de guerre totale que livrait la puissance coloniale au peuple algérien et à ses combattants. Il prouva ces capacités lorsqu’il implanta une usine de bazookas et de mortiers à Nador, dans le Rif marocain, sous couvert d’usines d’ustensiles de cuisine. Zeggar préparait ses entreprises dans les menus détails. C’est ainsi qu’il avait mis à la tête de cette usine des gens de son patelin pour s’assurer du contrôle total de l’embryon de l’industrie d’armement de l’ALN qui fut une prouesse en ces temps de guerre, au point que même le pays hôte ne savait rien de ce qui se tramait dans les monts du Rif. Parmi les hommes de Zeggar à l’intérieur de cette usine secrète, il y avait Djillai Mohamed Seghir, Zeggar Abdellah, Mansouri Khaled, Abdelhamid Zeggar, Oufi Mustapha, Mezenane Ali, Touati Mohamed, tous natifs de la ville d’El Eulma. A rappeler que cette entreprise est de doter l’ALN d’une industrie d’armement et dans l’organisation des réseaux d’achat d’armes au profit de la Révolution, il y avait, aussi, Mansour Boudaoud. Son cousin et proche collaborateur, M. Djillali Mohamed Seghir, avait indiqué, lors de l’hommage rendu à Zeggar, que le défunt avait installé cette fabrique de mortier à la demande de Boussouf et de Boumediene. Mohamed Seghir a été, aussi, catégorique sur la question du matériel de transmissions acquis par l’ALN. Il avait affirmé qu’il tenait l’information de Boussouf lui-même, qui lui avait dit : « 90% de ce matériel a été fourni par Zeggar ».
Dans son témoignage, lu à l’occasion du 21ème anniversaire de la disparition de Zeggar, M. Dahou Ould Kablia, responsable de l’Association des anciens membres du MALG, avait relevé le rôle principal joué par Rachid Casa dans l’affaire d’achat d’équipements de transmission utilisé par les troupes américaines dans les bases mises à leur disposition par l’OTAN au Maroc, durant la IIème Guerre mondiale. « Un poste de radio-marine de grande capacité a été acquis par Zeggar et transporté de nuit dans la région de Nador », souligna Ould Kablia. Ce poste a été transformé en poste d’émission pour la radio Sawt El Djazaïr qui émettait de Nador, à partir du 16 décembre 1956.
« A partir de cette date, il devient le collaborateur le plus proche et le plus efficace du colonel Boussouf, puis il s’occupa de la logistique, en complémentarité avec Mansour Boudaoud ». A partir de 1957 jusqu’à 1960, Zeggar développe une mission au port de Tanger (Maroc) puis dans les pays limitrophes, en Espagne en particulier, dans le sillage de la mise en œuvre des filières d’achat d’armes et d’équipements organisées et efficaces,Boussouf avait fait de Zeggar son homme de confiance pour les missions secrètes à caractère politique. « Son champ d’action devient l’Angleterre et les Etats-Unis d’Amérique, où il se voit ouvrir les portes les plus importantes du microcosme de la politique et des finances de ce pays, tant pour les hommes du parti démocrate, les frères Kennedy, que ceux de la finance, dont le président de la Chase Manhattan Banque et gouverneur de la ville de New York, Nelson Rockefeller ». C’est dans ce champ que Zeggar va prouver ses compétences, son habilité et son sens d’organisation et d’approche opérationnelle.
L’Egypte de Djamel Abdenasser qui était parmi les deniers pays à reconnaître le GPRA, avait attiré l’attention de Zeggar qui, au même titre que son chef immédiat, le colonel Boussouf, se posait des questions sur l’attitude de l’Egypte qui cherchait à contrôler les structures de l’ALN, par tous les moyens. Là, aussi, la prouesse de « Mister Harry », comme il plaisait aux militaires américains d’appeler Zeggar, fut légendaire. Son côté astucieux fut remarquable et d’une pertinence hors pair, au point où ilmit hors-jeu le « grand frère » égyptien épaulé dans son entreprise de faire une OPA sur la révolution algérienne par l’inénarrable Fethi Dib. C’est dans ce contexte, relève-t-on, que Zeggar avait rédigé une fausse lettre qu’il avait signée du nom de De Gaulle et qu’il avait transmise à l’ambassade d’Egypte, à travers un colonel français qui travaillait à l’Elysée. Dans cette fausse lettre, De Gaulle avait demandé à son homologue le «grand frère » Abdenasser de cesser de fournir de l’aide militaire à la Révolution Algérienne moyennant un soutien économique de la France à l’Egypte. Une proposition qu’avait acceptée le grand révolutionnaire arabe, dans une vraie lettre remise au colonel qui collaborait avec Zeggar et que ce dernier avait remise au colonel Boussouf, soulevant de la sorte l’étonnement des dirigeants de la Révolution. Zeggar s’est aguerri dans le travail du renseignement, au point de placer un équipement d’écoute à l’intérieur même du bureau du président français. Il avait également récupéré un document secret du bureau qu’il avait remis aux responsables de la Révolution. Un document qui a été d’un apport avéré à l’équipe des négociateurs d’Evian, conduite par le défunt Krim Belkacem.
IIème partie
1962 c’est l’indépendance de l’Algérie.
Après le 19 juin 1965, et la prise du pouvoir par Houari Boumediene, Zeggar a été contacté par des agents d’affaires qui désiraient acquérir les fils barbelés et matériel composant les deux barrages frontaliers entre l’Algérie et le Maroc d’une part, et l’Algérie et la Tunisie d’autre part. Ces hommes d’affaires savaient que Zeggar était très proche de Boumediene et que, de ce fait, il obtiendrait facilement l’achat des éléments composant les barrages et qu’il pourrait alors les leurs revendre. En effet, Zeggar en parla à Boumediene qui donna son accord puisque cette transaction allait enlever le matériel séparant les deux pays frères, la Tunisie et le Maroc, d’avec l’Algérie.
Zeggar eut le privilège d’obtenir le tout au dinar symbolique, qu’il revendit à une somme faramineuse.
La construction des lignes Morrice (450km) et Challe (300km) sont le fait de l’armée coloniale qui a installé des barbelés électrifiés tout au long des frontières entre l’Algérie et la Tunisie et l’Algérie et le Maroc, croyant venir ainsi à bout des combattants de l’A.L.N. Les barrages larges de 30 à 60 mètres, s’étendent tous deux sur une distance de 750 km. Les deux lignes sont des réseaux parallèles de fils électrifiés et de barbelés de différentes formes et dimensions. Les autorités françaises les ont dotés de tous les moyens tels la haute tension électrique (30.000 volts sur la ligne Challe) sans oublier différents types de mines. Des rumeurs circulèrent sur ce matériel qui aurait abouti en Israël où il aurait été utilisé comme barrière de protection contre les Palestiniens.
750 km de barbelés, de grillage, de piquets et de tout le système électrifie qui va avec. Il y avait de quoi faire ! Achetés au dinar symbolique et revendus à des millions de dollars, voilà de quoi faire de Zeggar le premier milliardaire de l’Algérie indépendante. Mais ce milliardaire, diront certains, n’était que le prête nom de Houari Boumediene, qui avait besoins d’argent pour financer les activités extérieures de ces agents secrets.
D’ailleurs et à ce propos, après la mort de Boumediene, Kaïd Ahmed a révélé que le défunt avait un compte bancaire en Amérique de 17 milliards de l’époque, fruit de juteuses commissions perçues par Zeggar, lequel, comme chacun le sait, avait le quasi-monopole du commerce extérieur. Kaïd Ahmed fut, pour ces déclarations, poursuivi en justice devant le tribunal de Paris le 31 janvier 1990, par la veuve du président Boumediene. Donc, argent personnel ou argent devant servir aux activités liées à l’Etat Algérien, cette question restera sans réponse. Mais curieuse coïncidence, Kaïd Ahmed décéda au Maroc à la même période dans des conditions … mystérieuses ?
Patriote infatigable, Zeggar qui, après l’indépendance du pays, s’est reconverti aux affaires,« importateur de feux d’artifices par bateaux entiers », fut l’un des artisans majeurs de ce qui a été appelé la diplomatie parallèle. La diplomatie de l’ombre qui caractérisait, dans des proportions importantes, l’action diplomatique algérienne dans le monde, explique la place qu’occupait l’Algérie dans le concert des nations.
De par ses relations avec les personnalités américaines, dont Georges Bush Senior qui, pendant sa compagne électorale se déplaçait dans l’avion personnel de Zeggar ; il put déjouer plus d’un coup contre l’Algérie, telle la menace de frappe des USA contre l’Algérie en 1967, où la sixième flotte américaine lorgnait du côté de Cherchell, ainsi que la tentative d’assassinat d’un Président arabe. Zeggar accompagnait les orientations patriotiques de Boumediene, dans les domaines politique et économique. Il lui a été d’une grande aide au moment où Boumediene avait décidé de nationaliser les hydrocarbures. C’est dans ce contexte que Zeggar avait prouvé tout son savoir-faire, en allant arracher la neutralité des USA, dans la guerre qui opposait l’Algérie à la France dans cette affaire.
Commentaire