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«Le monde arabe est divisé entre l’occidentalisation et l’obscurantisme»

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  • «Le monde arabe est divisé entre l’occidentalisation et l’obscurantisme»



    Adonis est considéré comme le plus grand poète arabe vivant. Il s’insurge contre la place de la religion «institutionnalisée»
    Le Syrien Adonis, né Ali Ahmed Saïd Esber, est considéré comme l’un des plus grands auteurs arabes vivants. Ses ouvrages de poésie, auxquels se sont identifiées plusieurs générations, ont circulé sous le manteau dans tout le monde arabe. Vivant aujourd’hui en France, Adonis, né en 1930, a été contesté pour ses prises de position récentes relatives aux conséquences des Printemps arabes.

    Le Temps: Les grandes réserves que vous avez énoncées vis-à-vis des révolutions arabes vous ont valu des critiques acerbes…

    Adonis: J’ai écrit de nombreux textes en soutien aux Printemps arabes, mais je suis très sévère envers la pratique. Les révolutions, à mon avis, doivent remplir trois conditions principales. Tout d’abord, je ne peux pas imaginer une révolution arabe si le statut de la femme et sa libération de la loi islamique ne sont pas placés au centre. Ensuite, il y a la question de l’indépendance vis-à-vis de l’extérieur. Ces révolutions ne peuvent se produire si elles sont le fait de satellites de l’Europe ou des Etats-Unis. Enfin, troisième condition, il nous faut adopter une éthique différente, en séparant notamment la mosquée et l’Etat. Or, sur tous ces plans-là, rien ne s’est produit. Ce qui se passe, c’est l’arrivée de gens qui sont en quelque sorte l’autre face des régimes précédents. Ce sont les mêmes discours, les mêmes références, les mêmes comportements qui sont à l’œuvre.

    – Pourtant, en Syrie, en Tunisie, en Egypte, des gens ont été tués alors qu’ils s’opposaient à ces comportements que vous dénoncez…

    – Ce qui s’est passé dans les pays que vous mentionnez a été extraordinaire. Mais ce mouvement a été brisé, détourné. Dès que la révolution est devenue armée, c’est-à-dire violente, cela a tout faussé. C’est devenu autre chose.

    – Les régimes arabes ne sont-ils pas les premiers responsables de cette dérive?

    Les régimes arabes sont à changer radicalement, c’est indiscutable. Mais s’il s’agit de les remplacer par des gens qui partagent la même culture politique et les mêmes idéaux, nous sommes devant un simple conflit d’intérêts pour le pouvoir et non d’une révolution. Le problème, c’est de refonder la société, de changer la culture, les mentalités, dans l’horizon de la citoyenneté, de la laïcité, du respect de l’autre. Or cela n’a jamais été posé de cette manière.

    – Croyez-vous que le concept d’un «monde arabe» soit encore d’une quelconque utilité?

    – Le problème, c’est qu’au-delà de la religion, il n’y a pas d’autre point commun dans cet espace. Or, de mon point de vue, la religion n’est pas productrice d’identité. C’est en créant sa propre œuvre que l’être humain crée son identité particulière. On n’hérite pas d’une identité, on la crée. La religion vient du passé, tandis que l’identité est dans l’avenir. Et dans cette optique, le poids de la religion ne peut être qu’une entrave à penser l’avenir. Dans cette manière de concevoir l’identité, comme le font par exemple les mystiques, l’autre prend une place essentielle. Il n’est plus un élément extérieur, mais il devient constitutif de moi-même.

    – Cette vision que vous défendez n’est pas très répandue à l’heure actuelle…

    – C’est l’un des aspects du vide culturel qui règne actuellement dans les pays arabes. Ils sont entièrement soumis à la religion institutionnalisée. Je n’ai rien contre les croyances individuelles, et j’accepte l’idée que l’être humain puisse avoir besoin d’une certaine doctrine pour gérer son rapport avec l’inconnu. Mais lorsque cela se transforme en religion institutionnelle, le danger c’est qu’il n’y ait plus d’autres références que religieuses. Or, ce cadre est complètement étranger aux préoccupations de la jeunesse. Dans le monde arabe, cela ne laisse plus aucune place à une culture créatrice qui pourrait participer aux autres cultures du monde. Il n’y a pas une seule université arabe à figurer parmi les grands établissements mondiaux. Si le savoir est lié à la seule religion institutionnelle, il n’y a plus de science et plus de création.

    – C’est ce problème qui est à l’origine de l’irruption l’Etat islamique?

    – Il n’y a plus, désormais, un noyau d’identité arabe. Le monde arabe est aujourd’hui divisé entre l’occidentalisation et l’obscurantisme, et ceux qui essaient d’exister entre ces deux pôles sont systématiquement marginalisés. Les Arabes sont devenus comme des pantins sans personnalité, manœuvrés par le jeu de plus puissants qu’eux.

    – Les créateurs arabes sont donc en panne?

    L’interlocuteur d’un écrivain, d’un auteur, d’un artiste, cela doit être Dieu. Un petit créateur ne peut être fécond que s’il peut se permettre d’interroger le grand Créateur. Or cela est devenu impossible dans le monde arabe actuel, on ne peut même pas l’envisager… Je raconte souvent que, dans le Coran, certains versets relatent une discussion tenue entre Satan et Dieu. Or Dieu n’a pas effacé cette discussion, il ne l’a pas censurée! Dieu a donc laissé parler le diable, mais il n’en est rien des régimes arabes, dans lesquels on ne cherche que la répétition du dogme. Sur les 6213 versets que compte le Coran, on n’en retient que quelque 150 pour faire croire que le texte coranique est un tout cohérent et indivisible. On écarte tout ce qui ne colle pas, et ainsi tout ce qui est science, connaissance, ouverture sur l’autre, création, individualité, humanité, finit par ne plus exister.

    – Vous vous montrez également très sévère quant à la responsabilité de l’Occident…

    – En réalité, il n’y a pas moyen de parler du monde arabe sans évoquer le monde occidental. Un pays comme la France, qui est aussi en un sens mon pays, ne peut pas se dire du côté de la révolution et être, de fait, l’allié absolu de la régression et de la décadence tels que les incarne par exemple le régime saoudien. Comment peut-on prétendre s’appuyer sur ces pays pour libérer le monde arabe, alors que c’est précisément d’eux qu’il doit se libérer avant toute chose?

    De manière générale, la valeur culturelle n’est pas prise en compte et s’efface devant les intérêts pétroliers ou stratégiques. Je suis d’ailleurs très frappé par l’absence d’esprit critique en Occident. Où sont aujourd’hui les penseurs qui, à l’instar de Sartre ou Deleuze, sont capables de formuler une critique radicale envers leur propre société?

    Luis Lema- Le Temps (Suisse)
    Dernière modification par Slimane53, 06 juillet 2017, 20h20.

  • #2
    Tout d’abord, je ne peux pas imaginer une révolution arabe si le statut de la femme et sa libération de la loi islamique ne sont pas placés au centre
    3jeb ces personnes, donc le plus important n'est pas l'education, mais faire tout pour que le femme ne suit pas son createur mais les passions et envie des occidentaux ?!!! (Femme soit nue et taie toi, c'est ta liberté)


    – Le problème, c’est qu’au-delà de la religion, ... Il n’est plus un élément extérieur, mais il devient constitutif de moi-même.
    En d'autre mot: diviser pour mieu regner !

    Il n’y a pas une seule université arabe à figurer parmi les grands établissements mondiaux
    Tout le monde sait que ca n'a rien a voir avec la religion, et pourtant adonis waqil en sait pas

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    • #3
      «Le monde arabe est divisé entre l’occidentalisation et l’obscurantisme»
      Oui mais à parts très inégales.
      En tous les cas, concernant l'Algérie que je connais le plus, c'est au moins 90% obscurantistes.
      ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément

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      • #4
        Le monde arabe est divisé entre l’occidentalisation et l’obscurantisme
        On veut s'assoire sur deux chaises. C'est le malheur des Arabes.

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        • #5
          Sur les 6213 versets que compte le Coran, on n’en retient que quelque 150 pour faire croire que le texte coranique est un tout cohérent et indivisible. On écarte tout ce qui ne colle pas, et ainsi tout ce qui est science, connaissance, ouverture sur l’autre, création, individualité, humanité, finit par ne plus exister.
          Au moyen d'une lecture partielle et d'une interprétation réductrice du Coran, l'islam est rabaissé au niveau au mieux d'un code de conduite et au pire d'un code pénal.

          Commentaire


          • #6
            Au moyen d'une lecture partielle et d'une interprétation réductrice du Coran, l'islam est réduit au mieux à un code de conduite et au pire un code pénal.
            on est d'accord qu'il n'est pas que ça

            Or, de mon point de vue, la religion n’est pas productrice d’identité. C’est en créant sa propre œuvre que l’être humain crée son identité particulière. On n’hérite pas d’une identité, on la crée. La religion vient du passé, tandis que l’identité est dans l’avenir.
            t'es d'accord ?

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            • #7
              Or, de mon point de vue, la religion n’est pas productrice d’identité
              Oui c'est une grosse limite, on est musulmans avant tout, musulman avant d'etre menuisier, musulman avant d'etre Algerien ect.
              Les mains qui aident sont plus sacrées que les lèvres qui prient. - Sai Baba -

              La libertè, c'est le droit de pouvoir dire aux autres ce qu'ils n'ont pas envie d'entendre -George Orwell-

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              • #8
                t'es d'accord ?
                Oui, je suis d'accord avec Adonis. La religion n'est pas productrice d'identité. Les partisans des idéologies extrémistes islamistes vont jusqu'à combattre les identités existantes et prétendent qu'être seulement musulman (selon leur conception propre bien évidemment) doit remplacer toutes les identités nationales ou autres.En réalité, comme il n'y a pas d'identité islamique, ces militants extrémistes islamistes veulent nous vendre comme authentiquement islamique des identités culturelles obscurantistes et rétrogrades telles celles de la secte wahabite des al saoud et celle de leur créatures afghanes des talibans.
                Effectivement, la construction des identités culturelles et la dynamique de leur évolution dans le temps, c'est l'affaire des hommes et des femmes, ces créatures d'Allah, y compris selon le Coran. Il est bien sûr évident que le Coran dans son entier compte parmi les éléments constitutifs des identités culturelles. Je précise bien "le Coran", pas les innombrables matériaux le plus souvent obsolètes accumulés depuis des siècles par les musulmans et qui sont devenus autant de de prisons mentales pour ces derniers.

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                • #9
                  OK

                  donc :

                  On n’hérite pas d’une identité, on la crée.

                  Commentaire


                  • #10
                    OK

                    donc :

                    Citation:
                    On n’hérite pas d’une identité, on la crée.
                    On hérité et on crée à la fois. Etant des créations humaines, les identités culturelles évoluent en fonction des dynamiques historiques des sociétés. Donc, forcément nous, êtres humains, sommes, au fil des générations, en même temps héritiers et créateurs des identités culturelles.

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                    • #11
                      Oui, je suis d'accord avec Adonis. La religion n'est pas productrice d'identité. Les partisans des idéologies extrémistes islamistes vont jusqu'à combattre les identités existantes et prétendent qu'être seulement musulman
                      c'est pour remplir leur vide identitaire.

                      mais l'Islam fait une identité collective et individuelle aussi, être musulman, la religion, ca te forge une psychologie.
                      mais évidemment et heureusement que ca prend pas toute l'identité.
                      Y a pas 2 musulmans totalement identiques comme y a pas 2 individus identiques
                      ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément

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                      • #12
                        On hérité et on crée à la fois
                        ok

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                        • #13
                          Salam,

                          Le monsieur est un laïque classique.. Il encourage la révolution des pays arabes à condition que cela n’amène pas l’Islam dans les institutions..
                          A travers cette interview on ressent sa frustration.. Comme tous les laïques, il n’aime pas l’Islam, mais ne sait pas comment l’exprimer. Il critique les occidentaux pour s’être alliés avec les courants "obscurantistes" responsables, selon lui, du chaos actuel.

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                          • #14
                            Comme tous les laïques, il n’aime pas l’Islam
                            il est peut-être comme moi, il n'aime pas les intégristes...
                            ce n'est pas une haine, c'est seulement un non amour.
                            ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément

                            Commentaire


                            • #15
                              Il encourage la révolution des pays arabes à condition que cela n’amène pas l’Islam dans les institutions..
                              sinon ...bah alors vive la dictature et à bas la révolution

                              la haine de soi fait des ravages !


                              ..........
                              Dernière modification par etudiant, 07 juillet 2017, 19h41.

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