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Un monde sans Islam

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  • Un monde sans Islam

    Salam; bonjour

    Et si l’islam n’avait pas existé ? Certains pourraient trouver l’hypothèse plaisante : pas de choc des civilisations, pas de guerres saintes, pas de terrorisme, pas de 11-Septembre ? Le Proche-Orient ferait-il figure de phare de la démocratie ? En réalité, sans l’islam, le monde en serait arrivé à peu près au même point qu’aujourd’hui en termes politiques et géopolitiques


    Essayons d’imaginer un monde sans l’islam. Difficile, a priori. Cette religion occupe la une de nos journaux. Attaques-suicides, occupations, résistance, émeutes, fatwas, guérillas, vidéos terrifiantes, sans oublier le 11 septembre 2001 : « l’islam » sert de clé aux convulsions de notre époque. Pour certains néo-conservateurs, « l’islamo-fascisme » est désormais notre ennemi juré dans une « troisième guerre mondiale ». Permettez-moi de poser tout de même une question provocante : et si le prophète Mohammed n’était pas né ? Et si l’islam ne s’était pas répandu au Proche-Orient, en Afrique et en Asie ? Sans l’islam, notre monde serait sûrement très différent aujourd’hui… Ou pas.
    Commençons par la question ethnique. En l’absence de l’islam, le visage de la région serait le même qu’aujourd’hui : complexe et conflictuel. La vie politique serait toujours dominée par les groupes importants du Proche-Orient, Arabes, Perses, Turcs, Kurdes, juifs, sans oublier les Berbères et les Pachtounes. Prenez les Perses : bien avant l’islam, ils ont frappé aux portes d’Athènes, et ils étaient les ennemis traditionnels des habitants de l’Anatolie. Des peuples sémites ont combattu les Perses dans tout le Croissant fertile, et jusqu’en Irak. Il y eut aussi les tribus et les marchands arabes, envahissant d’autres régions du Proche-Orient, bien avant l’arrivée de l’islam. Les Mongols auraient toujours détruit les civilisations d’Asie centrale et d’une grande partie du Proche-Orient au XIIIe siècle. Les Turcs auraient toujours conquis l’Anatolie, les Balkans jusqu’à Vienne ainsi que la plus grande partie du Proche-Orient. Ces conflits tournaient autour du pouvoir, des territoires, de l’influence et du commerce. Ils existaient bien avant l’arrivée de l’islam.
    Mais on ne peut pas exclure arbitrairement la religion de l’équation. Si l’islam n’avait pas émergé, le Proche-Orient serait resté majoritairement chrétien, avec des sectes variées. Aucune autre grande religion n’était présente, à part quelques zoroastriens et un petit nombre de juifs.
    Mais dans ce cas, l’harmonie aurait-elle régné entre l’Orient et l’Occident ? C’est aller un peu vite. Il faudrait présupposer que l’Europe médiévale, impatiente de s’étendre, n’aurait pas projeté sa puissance ni son désir d’hégémonie vers l’Orient voisin. Les croisades n’étaient-elles pas d’abord une aventure occidentale, pour des raisons politiques, sociales et économiques ? La bannière des croisés servait surtout à bénir les ambitions plus séculières de ces puissants Européens. Dans sa poussée impérialiste autour du Globe, l’Ouest n’a jamais tenu réellement tenu compte de la religion des autochtones. Les paroles vertueuses sur l’« éducation des autochtones aux valeurs chrétiennes » cachaient mal la réalité : le but principal était d’établir des avant-postes coloniaux, sources de profit pour la métropole et base de départ pour la projection de la puissance occidentale.
    Les chrétiens d’Orient n’auraient sans doute pas réservé un accueil favorable aux flottes occidentales chargées de négociants protégés par les armes européennes. L’impérialisme aurait trouvé dans la complexe mosaïque ethnique de la région la matière première de sa méthode habituelle : diviser pour régner. L’Europe aurait toujours promu les mêmes dirigeants dociles, prêts à répondre à ses besoins.
    Colonisation et luttes anti-coloniales
    Avançons l’horloge vers l’âge du pétrole. Les États du Proche-Orient, mêmes chrétiens, auraient-ils accepté un protectorat occidental sur leur région ? Sans doute pas. L’Ouest aurait construit et contrôlé les mêmes points d’étranglement, comme le canal de Suez. Ce n’est pas à cause de l’islam que les pays du Proche-Orient ont résisté de toutes leurs forces au projet colonial, avec ses frontières tracées selon les intérêts géopolitiques des Occidentaux. Des pouvoirs chrétiens d’Orient n’auraient pas mieux accueilli que les musulmans les compagnies pétrolières occidentales, soutenues par un cortège de régents, de diplomates, d’agents de renseignement et d’armées. Voyez la longue histoire du combat de l’Amérique latine contre la domination des États-Unis sur son pétrole, son économie et ses dirigeants politiques. Un Proche-Orient chrétien aurait lutté de la même façon pour le contrôle de ses ressources et de sa liberté, comme l’ont fait l’Inde, hindouiste, la Chine, confucéenne, le Vietnam, bouddhiste et l’Afrique, chrétienne et animiste.
    Et les Français auraient tout aussi certainement colonisé l’Algérie et ses riches terres agricoles. Les Italiens, quant à eux, n’ont pas hésité à établir une domination brutale sur l’Éthiopie chrétienne. Bref, il n y’a aucune raison de croire que le Proche-Orient aurait réagi différemment à la colonisation s’il n’avait pas été musulman.
    Toutefois, le Proche-Orient chrétien aurait-il été plus démocratique sans l’islam ? L’histoire des dictatures occidentales n’est pas là pour nous rassurer. L’Espagne et le Portugal ont attendu les années 1970 pour se débarrasser de leurs dictateurs. La Grèce n’est sortie que depuis quelques dizaines d’années d’une dictature soutenue par l’Église. La Russie, chrétienne, n’est pas sortie d’affaire. Jusqu’à une période récente, l’Amérique latine était un nid de tyrans, régnant souvent en partenariat avec l’Église catholique et avec la bénédiction des États-Unis. La plupart des nations chrétiennes africaines n’ont pas fait beaucoup mieux. Pourquoi un Proche-Orient chrétien aurait-il été différent ?
    Et puis il y a la Palestine. Ce sont les chrétiens européens qui ont persécuté sans état d’âme les juifs pendant plus d’un millénaire, jusqu’au génocide de la seconde guerre mondiale. Ces événements épouvantables étaient le résultat d’un antisémitisme profondément enraciné dans la culture de l’Occident chrétien. Les juifs auraient donc toujours cherché à créer une patrie en dehors de l’Europe. Le mouvement sioniste aurait toujours émergé. Et le nouvel État aurait toujours chassé les mêmes 750 000 Arabes de leur pays, même s’ils avaient été chrétiens -– d’ailleurs, un certain nombre d’entre eux l’étaient bel et bien. Ces Palestiniens n’auraient-ils pas combattu pour leur pays ? Les causes du problème palestinien restent d’abord ethniques, nationales et territoriales, même si on a récemment ajouté des slogans religieux au conflit. Et n’oublions pas que les chrétiens arabes ont joué un rôle essentiel dans l’émergence du mouvement nationaliste arabe. Le fondateur du premier parti Baas, Michel Aflaq, était un chrétien syrien éduqué à la Sorbonne.
    Mais tout de même, direz-vous, les chrétiens du Proche-Orient auraient eu une attitude pro-occidentale dans le domaine religieux. Ce serait oublier que l’un des plus graves conflits religieux de l’Histoire a opposé Rome la catholique et Constantinople l’orthodoxe. Son souvenir est toujours vivace. Les chrétiens orientaux n’ont ni oublié ni pardonné le sac de Constantinople par les croisés en 1204. Les frictions entre Églises occidentales et orientales auraient été les mêmes qu’aujourd’hui. Dans un Proche-Orient chrétien, Moscou, dernier centre oriental de l’orthodoxie, exercerait une influence particulière. Les orthodoxes auraient fourni une arène de choix à l’affrontement Est-Ouest pendant la guerre froide.
    S’il avait été chrétien, l’Irak n’aurait pas pour autant accueilli les troupes américaines avec des fleurs. Les États-Unis n’ont pas renversé Saddam Hussein, leader nationaliste et laïque, parce qu’il était musulman. Aucun peuple n’accepte l’occupation de troupes étrangères. Et ces peuples trouvent toujours une idéologie pour glorifier leur résistance. La religion en est une.
    Dans un monde sans islam, la Palestine serait toujours en ébullition. L’Iran serait toujours férocement nationaliste. Les Palestiniens résisteraient toujours aux Israéliens, les Tchétchènes aux Russes, les Iraniens aux Britanniques et aux Américains, les Cachemiris aux Indiens, les Tamouls aux Cingalais, les Ouïgours et les Tibétains aux Chinois. Le Proche-Orient s’identifierait toujours à un prestigieux modèle historique, culturel et religieux : le grand empire byzantin d’il y a 2 000 ans. La division Est-Ouest perdurerait.

  • #2
    Sous la bannière du Prophète
    On ne peut évidemment pas prétendre que l’islam n’a pas eu d’impact sur la région ni sur les relations Orient-Occident. L’islam a été une force unificatrice, il a créé une grande civilisation aux principes élevés, fondée sur une idée commune de la philosophie, des arts et de la société, une vision de la morale, un sens de la justice, de la jurisprudence et de la bonne gouvernance, tout cela ancré dans une culture de haut niveau.
    La civilisation islamique a fourni aux peuples un idéal commun qui leur permet de résister aux pressions occidentales. Dans un monde sans islam, l’impérialisme occidental aurait divisé, conquis et dominé beaucoup plus facilement le Proche-Orient et l’Asie. On n’aurait pas, dans une aire aussi vaste, cette mémoire collective de l’humiliation et de la défaite. C’est à cause d’elle que les États-Unis se cassent aujourd’hui les dents sur le monde islamique. Aujourd’hui, grâce à Internet et aux images diffusées par satellites de communication, des millions de personnes ont le sentiment d’appartenir à une culture islamique commune, assiégée par l’impérialisme occidental. Ce siège ne cherche pas à imposer la modernité. Il a plus à voir avec l’éternelle volonté de domination de l’Occident sur l’espace stratégique, les ressources, et même la culture de l’Orient. En bref, avec la volonté de créer un Proche-Orient « pro-américain ». Malheureusement, les États-Unis s’imaginent que l’islam constitue le seul obstacle à leur entreprise.
    Mais alors, quid du terrorisme ? Y aurait-il eu un 11-Septembre sans l’islam ? Quand il identifie le terrorisme avec l’islam, l’Occident a la mémoire courte. Les juifs ont utilisé le terrorisme contre les Britanniques en Palestine. Les Tigres tamouls ont inventé la ceinture d’explosifs. Des terroristes sikhs ont tué Indira Gandhi. Des opérations terroristes ont été menées en Grèce contre des Américains. Sans oublier le terrorisme dans les Balkans à la veille de la première guerre mondiale, les anarchistes européens, l’IRA en Irlande, les Mau-Mau au Kenya contre les Britanniques, etc. La liste est longue. Pas besoin d’être musulman pour pratiquer le terrorisme.
    Est-il si difficile, alors, d’imaginer des Arabes chrétiens usant du terrorisme et de la guérilla contre Israël et contre les invasions impérialistes de l’Occident ? Et même si l’islam comme véhicule de résistance n’avait pas existé, le marxisme était là. Il a alimenté l’idéologie de l’ETA basque, du Sentier lumineux au Pérou et de la Fraction Armée rouge en Allemagne, pour ne nommer que quelques groupes européens. Georges Habash, le fondateur du Front de libération de la Palestine (FPLP) était marxiste et chrétien de confession grecque-orthodoxe, ancien étudiant de l’université américaine de Beyrouth. À une époque de flirt entre le nationalisme arabe et le marxisme, le FPLP a reçu le soutien de nombreux chrétiens palestiniens.
    Ceux qui résistent à l’oppression ont toujours besoin de drapeaux pour glorifier leur combat. La lutte des classes internationales pour la justice peut fournir une telle bannière. Le nationalisme, c’est encore mieux. Mais le meilleur drapeau, c’est la religion, car elle invoque les plus hautes instances comme justification. Et la religion peut toujours renforcer le nationalisme et l’ethnicisme tout en les transcendant, surtout si l’ennemi appartient à une religion différente. Dans ces cas-là, la religion n’est plus la source de la confrontation, mais son véhicule.
    Et encore…
    Mais la question subsiste : un monde sans islam serait-il plus pacifique ? Certes, l’islam ajoute à la confrontation Est-Ouest un facteur émotionnel et une couche supplémentaire de complications. Mais l’islam n’en est pas la cause. Ceux qui se croient malins en cherchant dans le Coran des passages expliquant « pourquoi ils nous haïssent » se trompent complètement sur la nature du phénomène. C’est évidemment plus facile que d’analyser l’impact global de la seule superpuissance mondiale… Sans l’islam, l’Histoire n’aurait pas été tout à fait la même. Mais sur le fond, le conflit entre l’Est et l’Ouest se joue autour des grandes questions historiques et géopolitiques de l’humanité : ethnicité, nationalisme, ambition, avidité, ressources naturelles, leaders, territoires, profit, pouvoir, interventions militaires, ainsi que la haine des envahisseurs et des impérialistes.
    Certains peuvent souhaiter un monde sans islam dans lequel tout cela n’aurait pas eu lieu. Mais dans ce monde, les conflits, les rivalités et les crises ne seraient pas très différentes de celles d’aujourd’hui.
    Graham E. Fuller
    Traduit et adapté de « A world without islam » paru dans Foreign Policy le le 8 octobre 2009 par Pierre Prier.

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    • #3
      Un monde sans Islam
      l'Histoire aurait été autre en toute logique,une plus grande unité culturelle autour du bassin méditerranéen comme ce fut le cas avant l'islam ,peut être moins de clivages civilisationnels,toujours autour du bassin ,cela ne veut pas dire qu'il y'aurait eu moins de guerre,l'homme n'a pas attendu l'apparition des religions monothéiste pour être friand de richesses et de domination.
      la civilisation moderne serait peut être moins empreinte de rationalité,moins flamboyante,les mongols auraient peut être tout aussi bien attaqués et détruit Bagdad qui serait resté Ctésiphon ainsi que Damas et les monastères syriens,la philosophie grecque et les sciences antiques n'ayant jamais étaient diffusés hors de ces limites géographique puisque l'Empire de l'islam n'existe pas ,ce savoir aurait été peut être à jamais perdu après la chevauchée mongole ....
      peut être que dans un univers parallèle,c'est ce ce qui s'est passé ,ou pas .. Dieu seul sait.
      ارحم من في الارض يرحمك من في السماء
      On se fatigue de voir la bêtise triompher sans combat.(Albert Camus)

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      • #4
        ,l'homme n'a pas attendu l'apparition des religions monothéiste pour être friand de richesses et de domination.
        non ...

        mais de l'autre côté on pleure ...
        Ceux qui se croient malins en cherchant dans le Coran des passages expliquant « pourquoi ils nous haïssent » se trompent complètement sur la nature du phénomène.
        je suis allé voir ce que raconte le lien ...ceux qui se plaignent d'être haïs

        Peu de temps après le 11-Septembre, le président de l’époque, George W. Bush n’avait aucun doute lorsqu’il expliqua la raison pour laquelle les terroristes avaient agi comme ils l’avaient fait : « Ils haïssent nos libertés : notre liberté de culte, notre liberté d’expression, notre liberté de voter, de nous assembler et d’exprimer nos désaccords ».
        Retour en 2015 : le président Barack H. Obama a les mêmes certitudes quant aux motivations des assassins de Charlie Hebdo : « Le fait que ce soit un attentat contre des journalistes, un attentat contre notre presse libre, souligne aussi à quel point ces terroristes craignent la liberté d’expression et la liberté de la presse ». Ajoutons à cela ce qu’on peut lire dans les médias commerciaux — tout le monde, du New Yorker à Vox et Slate semble être sur la même ligne — et l’on serait tenté d’en conclure que Bush et Obama ont raison. Après tout, chaque papier que j’ai lu à la suite des attentats était une variante de : « Nous devons défendre la liberté d’expression face à la barbarie. »
        Et dans l’esprit de la liberté d’expression, permettez-moi de dire ceci : ce sont des foutaises, cette analyse est totalement fausse. Les terroristes n’agissent pas de la sorte parce qu’ils haïssent la liberté ; ils le font parce qu’ils sont terriblement en colère contre la violence occidentale.
        Je vous explique. Si la motivation des terroristes était leur immense haine de la liberté, on pourrait s’attendre à voir une activité terroriste partout où les gens vivent en liberté (relative). Mais la réalité, c’est que les Argentins, les Brésiliens, les Chiliens, les Mexicains, les Sud-Africains, les Tchèques, les Japonais et toute une série d’autres peuples jouissent des mêmes libertés relatives que les Américains et les Français, et pourtant ils ne vivent pas dans la peur constante d’un attentat terroriste. Pour quelle raison ? Si les terroristes haïssent tant la liberté et sont prêts à tuer à cause de leur haine de la liberté, pourquoi semblent-ils concentrer leurs activités sur les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada, la France, Israël, et quelques autres endroits de choix ? Est-ce parce que les Américains ont beaucoup plus de liberté que les Japonais ?
        Bien sûr que non.
        La réponse est que les terroristes ciblent ces pays parce que ces pays sont précisément ceux qui mènent des activités militaires partout dans le monde arabe et musulman. Et ceci est, cher lecteur, la raison pour laquelle les terroristes font ce qu’ils font. Ils ne haïssent pas la liberté ; ils haïssent ce qu’ils ressentent comme étant des injustices flagrantes perpétrées contre leur patrie et leur peuple (que vous soyez d’accord ou pas avec eux est hors de propos). Tandis que, bien sûr, on peut ne pas être d’accord avec leur ressenti et leurs méthodes — et pour preuve, je condamne toute violence, de quelque nature qu’elle soit —, il ne fait aucun doute que l’activité terroriste prend ses racines dans la perception des injustices commises par l’Occident dans les pays arabes et musulmans. Les meurtriers eux-mêmes nous le disent tout le temps. Par exemple, c’est exactement ce que Chérif Kouachi, l’un des tireurs du massacre à Charlie Hebdo, a dit il y a six ans. Comme mentionné dans ce long article de Der Spiegel : « Pendant le procès (de Chérif Kouachi) en 2008, il a déclaré qu’il s’était radicalisé en voyant les photos d’Abou Ghraib. »1 Cela vaut la peine de relire cette phrase. Il se peut que Chérif Kouachi ait choisi de prendre Charlie Hebdo pour cible pour un certain nombre de raisons — peut être que le journal était sur une liste de cibles d’Al-Qaida2 ou peut-être pas —, mais il ne fait aucun doute que c’est ce qui s’est passé à Abou Ghraib qui l’a fait se radicaliser.
        Il est crucial de se rappeler que c’est cette radicalisation qui a transformé Chérif. D’un gars qui « fumait de la marijuana [et] écoutait du rap et se décrivait lui-même comme un musulman “occasionnel” » 3, elle a fait un tueur impitoyable criant « Allah Akbar ! » en s’enfuyant de la scène du massacre qu’il avait commis. Pour résumer, il a pu prendre pour cible les locaux d’un journal satirique, mais ce n’est pas l’œuvre de ce journal satirique qui fut initialement à l’origine du besoin de recourir à la violence. En revanche, ce qui, selon ses propres termes, l’a fait se radicaliser, ce sont les photos d’Abou Ghraib.
        Et dans l’esprit de la liberté d’expression, je publie ici des photos d’Abou Ghraib, même si elles vont certainement offenser certaines personnes. Ces photos — ainsi que les actes qu’elles révèlent, bien sûr — ont offensé au moins un des tireurs de Charlie Hebdo au point de le mettre dans une rage incontrôlable, de le radicaliser et de faire naître chez lui le désir de tuer. De toute évidence, il se peut que nous n’approuvions pas la ligne de conduite qu’ils ont choisie pour exprimer leur rage ; il n’en demeure pas moins que mon propos principal reste valide : ce n’est pas pour autant que je prétends que ces attentats se sont produits à cause d’une vague incantation généralisée de « ils haïssent nos libertés. »
        Ce raisonnement n’a tout simplement pas de sens.
        Et en nous mentant à nous-mêmes à la suite de ces attaques, en réaffirmant notre engagement envers la liberté d’expression, en encensant la dernière couverture de Charlie Hebdo comme un acte courageux et de défi, nous ne faisons que perpétuer le cycle sans fin de l’attentat terroriste suivi d’une surveillance accrue, suivie d’aventures militaires à l’étranger, suivies d’une attaque terroriste. Et ainsi de suite ad nauseam. En concentrant à tort notre attention sur la liberté d’expression, jamais nous ne nous donnons la peine de réfléchir aux véritables raisons qui poussent les terroristes à agir comme ils le font. Tant que nous ne comprendrons pas ce qui motive les terroristes, nous ne pourrons jamais les arrêter. Comme l’a déjà fait remarquer Glenn Greenwald dans le Guardian, les terroristes donnent encore et encore le même mobile à ce qu’ils font : « Ils disent tous catégoriquement la même chose : qu’ils ont été motivés par la violence horrible et sans fin perpétrée par les États-Unis et ses alliés dans le monde musulman. Violence qui systématiquement tue et opprime des innocents, hommes, femmes et enfants »4.
        Mais c’est précisément la chose dont l’Occident refuse de discuter après tout attentat. Au lieu de cela, nous nous drapons dans des questions à la Charlie Hebdo, criant « Liberté d’expression ! », crayon brandi [...] comme si cela allait tout résoudre (ou même résoudre quoi que ce soit). De telles actions peuvent contribuer à nous faire nous sentir bien, mais en réalité elles nous transforment en robots stupides scandant des slogans approuvés par le gouvernement : « Liberté d’expression ! », « Je suis Charlie ! », sans jamais prendre la peine de penser aux victimes de la violence occidentale dans le monde arabe et musulman qui sont la cause première du terrorisme. Et parce que nous ne pensons jamais à ces victimes — celles de l’attaque d’un drone américain qui a tué au moins 12 personnes lors d’un mariage au Yémen5, des huit autres cérémonies de mariage que les États-Unis ont bombardées depuis 20016, l’enfant que les États-Unis ont détenu pendant des années à Guantanamo7, etc. —, elles demeurent invisibles et ignorées.
        Les mêmes questions qui peuvent radicaliser certains individus sont donc précisément celles auxquelles l’Occident refuse de réfléchir. Il n’y a pas de rassemblements en Occident en solidarité avec les milliers d’innocents qui ont été tués suite aux interventions militaires occidentales dans le monde arabe et musulman, il n’y a pas de protestation en solidarité avec les hommes détenus illégalement et indéfiniment à Guantanamo, et il n’y a aucun mouvement de masse pour honorer la mémoire de ceux dont la vie a été écourtée par des drones américains.
        Ainsi donc, le cycle sans fin semble devoir se perpétuer. L’action militaire occidentale au Moyen-Orient provoque la colère des terroristes. Des hommes comme Chérif Kouachi se radicalisent, ils ont recours à la violence, et l’Occident réagit en criant « Ils haïssent nos libertés ! » tout en ignorant la (longue) trainée de sang et de larmes qui suit les missiles et drones occidentaux. Déjà, des mesures ont été prises pour accroître la surveillance aux États-Unis et au Royaume-Uni en réaction aux fusillades de Charlie Hebdo. Déjà, l’Occident a décidé — que dis-je, a affirmé haut et fort — que nous ne penserons pas aux hommes emprisonnés à Guantanamo. Nous ne penserons pas aux extraditions extraordinaires de la CIA, à la torture parrainée par les États-Unis, etc. Nous ne penserons pas à ce que ça doit faire d’avoir toute sa famille tuée à un mariage. Nous ne penserons pas aux ramifications de la surveillance à grande échelle de la NSA. Au lieu de cela, l’Occident, « Cité de Lumière sur la Colline » auto-proclamée8 continuera de refuser l’autocritique et poursuivra sa marche en avant, totalement indifférente aux conséquences de ses actions décrites ci-dessus et ne concentrera son attention que sur la barbarie des terroristes et son amour (déclaré) pour la liberté d’expression.
        Nous avons déjà vu où cela nous mène, et pour utiliser un vieux dicton légèrement modifié, seul un idiot referait la même chose mais en espérant un résultat différent. Il me semble que pour aller de l’avant nous avons deux options. Nous pouvons opter pour plus de surveillance, aux dépens de nos libertés civiques, dans l’espoir (vain) que les services de sécurité de l’État et les crayons des dessinateurs mettent un terme au terrorisme (vous êtes prévenus : ce ne sera pas le cas). Ou alors, nous pouvons essayer de comprendre les véritables raisons qui amènent les terroristes à faire ce qu’ils font et nous demander : pouvons-nous réduire le nombre d’innocents tués par des drones ? Pouvons-nous ne pas maintenir des hommes en détention indéfiniment ? Pouvons-nous ne pas torturer ? Pouvons-nous ne pas pratiquer les extraditions extraordinaires ? Bref, pouvons-nous ne pas utiliser la surveillance, des bombes et la torture pour « résoudre » nos problèmes ? Peut-être que ça contribuerait à juguler le terrorisme une fois pour toutes. Sinon, la paix me semble un rêve irréalisable.
        Alpha Winston

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        • #5
          Plutôt imagine un peu


          -1- un monde sans chretiens

          -2- un monde sans juifs

          -3- un orient sans boudhistes


          La est la question !!!?????

          Les musulmans existent depuis ABRAHAM que le salut et la benediction soient sur lui. C EST A DIRE QUE LES MUSULMANS EXISTENT BIEN AVANT LA VENUE DES JUIFS PUIS DES CHRETIENS PUIS DES BOUDHISTES( brahma n a rien a voire avec ABRAHAM °)
          l iSLAM EST UNE CONTINUATION
          C EST A DIRE
          QUE CE SERA LA TOUTE DERNIÈRE RELIGION SUR TERRE .

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          • #6
            Est ce que les Amazighs se seraient restés chrétiens et s'identifieraient à la culture latine et se considéraient comme des Européens de l'Afrique à l'instar des Canariis ou Malte et adopterait les langues latines les plus proches ?

            L'Afrique du Nord parlerait l'amazigh, l'espagnol, le français, l'italien ?

            Est ce que l'Afrique du Nord serait actuellement de culture occidentale où la démocratie fonctionnerait et où la femme est complètement libre ?
            Dernière modification par democracy, 21 avril 2018, 11h50.

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            • #7
              Bonjour,


              Et si l’islam n’avait pas existé ?
              Je reformule la question :
              et Si les religions monothéistes n'avaient pas existé ?

              Le but des trois religions c'est convertir toute la planète et éliminer ceux qui résistent ...
              d’ailleurs il y a une forte ressemblance entre les fanatiques des trois religions, c'est le même logiciel.

              Le vrai problème à mon avis :

              Avant Akhenaton (première tentative de religion monothéiste), il y avait des guerres de domination et une course vers les ressources, les anciens panthéons étaient tolérants, on ne tue pas pour les dieux, on tue pour les terres et pour les métaux .

              Avec les religions Monothéistes, on a trouvé le moyen le plus efficace pour convaincre le peuple à jouer le rôle de la chair à canon.

              Apres tout, les croisades, c’était finalement pour avoir l'accès à la route de la soie, l'église avait bien réussi à embobiner la populace pour une guerre pas si sainte que ça.
              Dernière modification par Carthage, 21 avril 2018, 16h11.

              Commentaire


              • #8
                Et si les fameux livres saints avait etè ecrits par des femmes?
                Les mains qui aident sont plus sacrées que les lèvres qui prient. - Sai Baba -

                La libertè, c'est le droit de pouvoir dire aux autres ce qu'ils n'ont pas envie d'entendre -George Orwell-

                Commentaire


                • #9
                  Avant Akhenaton (première tentative de religion monarchiste), il y avait des guerres de domination et une course vers les ressources, les anciens panthéons étaient tolérants, on ne tue pas pour les dieux, on tue pour les terres et pour les métaux .
                  des divinités sonnantes et trébuchantes ...

                  faut donc éliminer les religions monothéistes et revenir aux fondamentaux

                  Commentaire


                  • #10
                    faut donc éliminer les religions monothéistes et revenir aux fondamentaux
                    Je ne recommande RIEN, j'essaye de comprendre, c'est tout.

                    Commentaire


                    • #11
                      Je ne recommande RIEN, j'essaye de comprendre, c'est tout
                      heu ....serais-tu en position de recommander quoique ce soit ?

                      c'est de l'évolution des choses dont on parle ...

                      Commentaire


                      • #12
                        c'est de l'évolution des choses dont on parle
                        oh malheureux ne prononce pas le mot evolution dans un post islam, c'est dieu qui par son bon vouloir change la donne, tu risque une apposition des mains vigoureuse pour heresie
                        Les mains qui aident sont plus sacrées que les lèvres qui prient. - Sai Baba -

                        La libertè, c'est le droit de pouvoir dire aux autres ce qu'ils n'ont pas envie d'entendre -George Orwell-

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                        • #13
                          oh malheureux ne prononce pas le mot evolution dans un post islam, c'est dieu qui par son bon vouloir change la donne, tu risque une apposition des mains vigoureuse pour heresie
                          ah si, mon pauvre malheureux ....

                          4 Nous avons certes créé l'homme dans la forme la plus parfaite.
                          5 Ensuite, Nous l'avons ramené au niveau le plus bas,
                          6 sauf ceux qui croient et accomplissent les bonnes œuvres: ceux-là auront une récompense jamais interrompue.

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                          • #14
                            L'islam n'est pas le problème ce sont les gens le problème , si ils respectaient les préceptes de l'islam surtout au niveau spirituel ca serait le bonheur pour tous le monde assuré .
                            Mais t'as des gens qui se prétendent ouvert et compréhensibles alors que c'est tout le contraire , double jeu .
                            WOW je vais me boire un verre .

                            Bonne continuation

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                            • #15
                              Ok la guerre, le fanatisme c'est universel mais à mon avis,
                              aucune idéologie n'a autant fait couler le sang
                              et ça empire... Je vous parle même pas du crime contre l'esprit et la raison voir le post plus haut...
                              Le periode ou plus de sang a coule etait la periode entre les deux guerres mondiales ( premiere et deuxieme). Et c'etait des etats seculaires laics qui ont massacre des centaines de millions d'humain.

                              La race blanche a plus de sang entre les mains que tout le reste des humains reunis.
                              Dernière modification par Invité, 21 avril 2018, 19h49.

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