Algérie. L’histoire écrite par ses écrivains
Silvia Moresi> 4 janvier 2019

Assia Djebar, l’une écrivaines algériennes des plus importantes, disparue en 2015, raconte ici poétiquement le début de la colonisation française de l’Algérie, une colonisation longue de 132 ans et qui aura bien peu à voir avec la poésie.
Bien que formellement sous domination ottomane, l’Algérie de 1830 est depuis trois siècles un État substantiellement indépendant, gouverné par divers chefs locaux qui opposent une rude résistance à l’armée française, notamment dans les zones internes du pays. Parmi eux, l’émir Abd Al-Kader, figure charismatique à mi-chemin entre leader politique et chef spirituel, héros national algérien, est contraint de se rendre en 1847.
« Nous avons dépassé la barbarie des barbares »
La présence française en Algérie dévoile très vite son vrai visage : pillages, dévastations, assassinats arbitraires, massacre de tribus entières comme celle des Ouled-Riah, dont la population cachée dans des grottes fut enfumée par ordre du colonel Pélissier. En 1833, seulement trois ans après le début de la colonisation, une commission française décrit ainsi la situation de la nouvelle colonie :
Le Code de l’indigénat, promulgué en 1881, est appliqué jusqu’en 1944. En substance, il divise la population présente en Algérie entre « citoyens » et « indigènes », faisant apparaitre ce virus raciste qui est à la base de chaque entreprise coloniale. En 1889, tous les étrangers sur le territoire, mais aussi les juifs d’Algérie, obtiennent le statut de citoyens français, tandis que les Algériens de confession musulmane sont définis génériquement comme « sujets français », main d’œuvre à bas coût pour les colons blancs.
Un pauvre analphabète
La déshumanisation des « indigènes » survient toujours à travers leur absence du récit historique, afin qu’ils restent des objets anonymes dans la narration de la puissance coloniale et n’accèdent jamais au rôle de sujets de leur propre histoire. Kamel Daoud, journaliste et écrivain contemporain, a essayé dans Mersault, contre-enquête (Actes Sud, 2014) d’« indemniser » ces victimes anonymes et oubliées. Ce roman complexe est une sorte de réécriture de L’Étranger d’Albert Camus publié en 1942, dans lequel le protagoniste est cette fois l’arabe anonyme tué sur la plage par le français Meursault. L’histoire est racontée du point de vue de la victime qui a finalement un nom, Moussa. Son assassin, en revanche, n’a plus le droit à la parole. Le narrateur est le frère de Moussa qui, dans l’Algérie des années 1990, raconte dans un bar d’Oran à un interlocuteur muet l’histoire de sa vie, celle de son frère et de leur mère :
Il y aura des milliers de morts anonymes et oubliés pendant la période coloniale. Le 8 mai 1945, alors qu’on fête en Europe la victoire contre l’Allemagne nazie, en Algérie, en Kabylie, dans les villes de Sétif et Guelma, des révoltes populaires revendiquant l’indépendance de la domination coloniale française sont réprimées dans le sang :
Bombardements, expéditions punitives… : un vrai massacre qui sert de toile de fond au roman Nedjma de Yacine Kateb (Seuil, 1956), événement capital pour la littérature algérienne. Nedjma (étoile), femme-mythe née d’un adultère et d’un crime est la protagoniste du roman et une incarnation de l’Algérie. Désirée et violée, victime des exactions coloniales, elle semble devoir tirer sa force de la souffrance et du sang pour lancer la construction d’une nouvelle société.
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« La révolution est par définition ennemie des demi-mesures. Le processus révolutionnaire est irréversible. L’indépendance n’est pas une concession et ne dépend pas du gouvernement français », écrivait Frantz Fanon en 1957, et la révolution algérienne après le massacre de Sétif fut inarrêtable. Au milieu des années 1950, le Front de libération nationale (FLN) nait de la fusion de deux groupes politiques et mène de 1954 à 1962 une longue bataille contre l’armée française pour l’indépendance du pays.
Fanon et le voile des femmes
Les femmes participent activement à la révolution algérienne avec des actions de sabotages et autres opérations clandestines. Enfin hors de chez elles, « dévoilées », notamment pour passer inaperçues dans les quartiers français des villes, les Algériennes essayent durant les années de révolution de se débarrasser de l’oppression coloniale, mais aussi de celle du patriarcat.
Le voile des femmes est frustrant pour les hommes européens, car le regard colonial n’accepte pas de limites et se fixe maladivement sur le corps féminin. Il veut voir pour imposer son autorité : « révéler » équivaut à conquérir. La femme incarne l’Algérie toute entière, la maxime du gouvernement français à l’apparition des premiers mouvements révolutionnaires semble être : « Prenons les femmes et le reste viendra ». À l’opposé, la femme voilée est pour les Algériens le refus de l’hégémonie coloniale, « elle perd sa subjectivité et individualité et endosse le rôle de symbole de la nation » : les femmes algériennes sont piégées.
L’effervescence révolutionnaire de ces années se confronte aussi à la société traditionnelle algérienne. Ce sont surtout les nouvelles générations qui comprennent que la révolution, pour être vraie et durable, doit abattre les structures patriarcales de la société ; la décolonisation doit entrer dans les maisons, rompre l’immobilisme. Ce conflit de génération et de genre est raconté dans plusieurs romans algériens, parmi lesquels Un Été africain de Mohammed Dib, écrit en 1959 (Seuil). Lors d’un été semblable aux autres par sa chaleur suffocante et sa lumière aveuglante, l’écrivain « surprend » les dialogues de divers personnages, ici dans une maison bourgeoise, là dans une maison paysanne. Sur fond de révolution, la jeune Zakya sent que son monde change, mais son père et sa mère ont décidé pour elle du traditionnel destin de femme-mère.
Imposition d’une langue et d’une culture
Le roman autobiographique Les Hommes qui marchent de l’auteure Malika Mokedem (Grasset, 1997) démarre lui aussi dans les années 1950. À la maison de Leïla, jeune protagoniste du récit, de nouveaux objets apparaissent : le réfrigérateur, mais surtout la radio qui sera, par La voix de l’Algérie libre et combattante émise par le FLN, un instrument essentiel de la diffusion des idées révolutionnaires et indépendantistes. Leïla, obligée de s’occuper de ses jeunes frères, est perturbée par les grossesses incessantes de sa mère et lutte contre son père pour pouvoir continuer ses études. Les conflits familiaux deviennent à l’école des « conflits » coloniaux. Ce sentiment d’aliénation et de distanciation causé par l’imposition de la langue et de la culture française pour essayer d’anéantir la mémoire et l’histoire algérienne grandit en Leïla :
Silvia Moresi> 4 janvier 2019

Aube du 13 juin 1830, à l’instant bref et précis durant lequel la lumière du jour éclate sur la profonde cuvette. Il est 5 h du matin. En face de la formidable flotte qui brise la ligne d’horizon, la Ville imprenable se dévoile, une blancheur irréelle, des éclats de bleu et de gris. […] Face à elle, la flotte française glisse lentement sur l’eau dessinant un ballet somptueux depuis les premières lueurs de l’aurore jusqu’au midi aveuglant. […] Ce 13 juin 1830, le face-à-face dure deux, trois heures et même plus, jusqu’aux lueurs qui précèdent le zénith. Les envahisseurs furent presque destinés à devenir des amants ! […] Et le silence de ce matin suprême précède la longue séquence des cris et des meurtres qui rempliront les décennies à venir. Assia Djebar, L’Amour, la fantasia, Albin Michel, 1995.
Assia Djebar, l’une écrivaines algériennes des plus importantes, disparue en 2015, raconte ici poétiquement le début de la colonisation française de l’Algérie, une colonisation longue de 132 ans et qui aura bien peu à voir avec la poésie.
Bien que formellement sous domination ottomane, l’Algérie de 1830 est depuis trois siècles un État substantiellement indépendant, gouverné par divers chefs locaux qui opposent une rude résistance à l’armée française, notamment dans les zones internes du pays. Parmi eux, l’émir Abd Al-Kader, figure charismatique à mi-chemin entre leader politique et chef spirituel, héros national algérien, est contraint de se rendre en 1847.
« Nous avons dépassé la barbarie des barbares »
La présence française en Algérie dévoile très vite son vrai visage : pillages, dévastations, assassinats arbitraires, massacre de tribus entières comme celle des Ouled-Riah, dont la population cachée dans des grottes fut enfumée par ordre du colonel Pélissier. En 1833, seulement trois ans après le début de la colonisation, une commission française décrit ainsi la situation de la nouvelle colonie :
Sur la base de simples soupçons et sans procès, nous avons exécuté des personnes dont la culpabilité s’est révélée par la suite plus que douteuse… […] ; sur la base d’un soupçon, nous avons massacré des populations entières […]. En un mot, nous avons dépassé la barbarie des barbares que nous étions venus civiliser
Le Code de l’indigénat, promulgué en 1881, est appliqué jusqu’en 1944. En substance, il divise la population présente en Algérie entre « citoyens » et « indigènes », faisant apparaitre ce virus raciste qui est à la base de chaque entreprise coloniale. En 1889, tous les étrangers sur le territoire, mais aussi les juifs d’Algérie, obtiennent le statut de citoyens français, tandis que les Algériens de confession musulmane sont définis génériquement comme « sujets français », main d’œuvre à bas coût pour les colons blancs.
La France adopte toujours les apparences d’un bourreau monstrueux. […] C’est pourquoi la France ne reconnait pas à l’Algérien le statut d’homme, c’est pourquoi elle l’a toujours traité comme une race inférieure, c’est pourquoi elle a enseigné dans ses écoles cette conception odieusement raciste
Un pauvre analphabète
La déshumanisation des « indigènes » survient toujours à travers leur absence du récit historique, afin qu’ils restent des objets anonymes dans la narration de la puissance coloniale et n’accèdent jamais au rôle de sujets de leur propre histoire. Kamel Daoud, journaliste et écrivain contemporain, a essayé dans Mersault, contre-enquête (Actes Sud, 2014) d’« indemniser » ces victimes anonymes et oubliées. Ce roman complexe est une sorte de réécriture de L’Étranger d’Albert Camus publié en 1942, dans lequel le protagoniste est cette fois l’arabe anonyme tué sur la plage par le français Meursault. L’histoire est racontée du point de vue de la victime qui a finalement un nom, Moussa. Son assassin, en revanche, n’a plus le droit à la parole. Le narrateur est le frère de Moussa qui, dans l’Algérie des années 1990, raconte dans un bar d’Oran à un interlocuteur muet l’histoire de sa vie, celle de son frère et de leur mère :
Le fait est qu’il s’agit d’une histoire remontant à plus d’une moitié de siècle. On en avait beaucoup parlé. Et on en parle encore, mais tout le monde ne mentionne qu’un seul mort - et c’est honteux, tu vois, parce il y a eu deux morts. Oui, deux. La raison de cette omission ? Le premier savait raconter, si bien qu’il est parvenu à faire oublier son crime, tandis que le second était un pauvre analphabète […] un anonyme qui n’a même eu le temps d’avoir un nom. […] Il ne reste rien de lui. Il ne reste que moi pour parler à sa place, assis dans ce bar à attendre des condoléances que personne ne me fera. […] Qui est Moussa ? Mon frère. Voilà où je voulais en venir. Te raconter ce que Moussa n’a jamais pu raconter. […] Imagine, c’est un des livres les plus lus au monde, mon frère aurait pu devenir célèbre si ton auteur lui avait donné un nom H’med ou Kaddour ou Hammou, juste un nom pour l’amour du ciel ! […] Mais non, il ne lui a pas donné de nom, car sinon mon frère aurait représenté un problème de conscience pour l’assassin : ce n’est pas facile de tuer un homme qui a un nom.
Nos 45 000 morts de Sétif à Guelma empilés
Brillent comme des tomates qui nourrissent des fourmis au soleil
Brillent comme des tomates qui nourrissent des fourmis au soleil
C’est la route des Vandales. C’est une route d’Algérie ou de Constantine, de Sétif ou de Guelma […]. C’est la route de Nedjma, mon étoile, l’unique artère où je veux mourir. C’est une route toujours au crépuscule, où les maisons perdent leur blancheur comme s’il y avait du sang, avec la violence des atomes au moment de l’explosion… Ici les cadavres que la police ne veut pas voir sont étendus à l’ombre ; mais l’ombre s’est mise en travers de l’unique lumière du jour, et le tas de morts reste en vie, parcouru par la dernière vague de sang
« La révolution est par définition ennemie des demi-mesures. Le processus révolutionnaire est irréversible. L’indépendance n’est pas une concession et ne dépend pas du gouvernement français », écrivait Frantz Fanon en 1957, et la révolution algérienne après le massacre de Sétif fut inarrêtable. Au milieu des années 1950, le Front de libération nationale (FLN) nait de la fusion de deux groupes politiques et mène de 1954 à 1962 une longue bataille contre l’armée française pour l’indépendance du pays.
Fanon et le voile des femmes
Les femmes participent activement à la révolution algérienne avec des actions de sabotages et autres opérations clandestines. Enfin hors de chez elles, « dévoilées », notamment pour passer inaperçues dans les quartiers français des villes, les Algériennes essayent durant les années de révolution de se débarrasser de l’oppression coloniale, mais aussi de celle du patriarcat.
Le voile des femmes est frustrant pour les hommes européens, car le regard colonial n’accepte pas de limites et se fixe maladivement sur le corps féminin. Il veut voir pour imposer son autorité : « révéler » équivaut à conquérir. La femme incarne l’Algérie toute entière, la maxime du gouvernement français à l’apparition des premiers mouvements révolutionnaires semble être : « Prenons les femmes et le reste viendra ». À l’opposé, la femme voilée est pour les Algériens le refus de l’hégémonie coloniale, « elle perd sa subjectivité et individualité et endosse le rôle de symbole de la nation » : les femmes algériennes sont piégées.
L’effervescence révolutionnaire de ces années se confronte aussi à la société traditionnelle algérienne. Ce sont surtout les nouvelles générations qui comprennent que la révolution, pour être vraie et durable, doit abattre les structures patriarcales de la société ; la décolonisation doit entrer dans les maisons, rompre l’immobilisme. Ce conflit de génération et de genre est raconté dans plusieurs romans algériens, parmi lesquels Un Été africain de Mohammed Dib, écrit en 1959 (Seuil). Lors d’un été semblable aux autres par sa chaleur suffocante et sa lumière aveuglante, l’écrivain « surprend » les dialogues de divers personnages, ici dans une maison bourgeoise, là dans une maison paysanne. Sur fond de révolution, la jeune Zakya sent que son monde change, mais son père et sa mère ont décidé pour elle du traditionnel destin de femme-mère.
Maman, tu ne réponds pas, alors cela veut dire que j’ai raison. Je suis sûre que tu me comprends : je suis terriblement inquiète, je ne sais pas pourquoi. J’ai l’impression que la vie m’a déjà fanée […] Fonder une famille, avoir des enfants ? Pourquoi ? Pour qui ? Pas pour moi, je n’en veux pas. Pourquoi mettre au monde d’autres êtres vivants qui ne sauront quoi faire de leur propre vie ? […]
Yamna serre sa fille contre elle.
Calme-toi, trésor, calme-toi.
Je n’y arrive pas. La tranquillité me fait si mal !
Yamna se tait et réfléchit.
Je ne comprends plus les jeunes de ton âge […]. Autrefois, une femme n’avait même pas idée de faire des objections sur le mariage, cela n’arrivait pas et ne pouvait pas arriver ! Et du reste qui lui demandait son avis ? […] Il faut un peu de patience ma chérie. […]
C’est avec cette sagesse que vous nous paralysez. Il ne nous reste plus qu’à nous habituer à ne plus respirer, puis prétendre que l’air n’existe pas. Oublier le mal, oublier la fatalité à laquelle nous sommes destinées : c’est tout ce que tu peux me proposer ? Mon Dieu !
Yamna serre sa fille contre elle.
Calme-toi, trésor, calme-toi.
Je n’y arrive pas. La tranquillité me fait si mal !
Yamna se tait et réfléchit.
Je ne comprends plus les jeunes de ton âge […]. Autrefois, une femme n’avait même pas idée de faire des objections sur le mariage, cela n’arrivait pas et ne pouvait pas arriver ! Et du reste qui lui demandait son avis ? […] Il faut un peu de patience ma chérie. […]
C’est avec cette sagesse que vous nous paralysez. Il ne nous reste plus qu’à nous habituer à ne plus respirer, puis prétendre que l’air n’existe pas. Oublier le mal, oublier la fatalité à laquelle nous sommes destinées : c’est tout ce que tu peux me proposer ? Mon Dieu !
Le roman autobiographique Les Hommes qui marchent de l’auteure Malika Mokedem (Grasset, 1997) démarre lui aussi dans les années 1950. À la maison de Leïla, jeune protagoniste du récit, de nouveaux objets apparaissent : le réfrigérateur, mais surtout la radio qui sera, par La voix de l’Algérie libre et combattante émise par le FLN, un instrument essentiel de la diffusion des idées révolutionnaires et indépendantistes. Leïla, obligée de s’occuper de ses jeunes frères, est perturbée par les grossesses incessantes de sa mère et lutte contre son père pour pouvoir continuer ses études. Les conflits familiaux deviennent à l’école des « conflits » coloniaux. Ce sentiment d’aliénation et de distanciation causé par l’imposition de la langue et de la culture française pour essayer d’anéantir la mémoire et l’histoire algérienne grandit en Leïla :
La vie de Leïla, la petite écolière, était pleine de mensonges et de contradictions. L’arabe, sa langue maternelle […] elle ne l’écrivait pas. À l’école, elle étudiait le français. […] Comme elle aurait aimé apprendre à lire et à écrire l’arabe ! À l’école ils lui infligeaient obstinément une nationalité française, des ancêtres gaulois. […] La gamine vivait dans le désert, aux pieds du Barga, sa dune, et à l’école on lui demandait de dessiner un chalet de montagne ou une maison de campagne. Des choses qu’elle n’avait jamais vues. Quelle aberration ! Cela l’emplissait d’une étrange sensation d’irréalité qui faisait sonner dans sa tête des cloches dissonantes… […] et sa petite maison arabe, blanche coquille échouée sur les rives de la mer de sable ? Et ses palmiers, longs rappels verts lancés vers le ciel, qui n’ont jamais vu d’herbe à leurs pieds ? […] Et l’incendie des couchers de soleil qui dans sa poitrine consumait sa peur, qui depuis le ksar calmait tous les bruits et auquel, du haut minaret lointain, se vissait la voix gutturale du muezzin. Tout ceci, personne ne demandait à Leïla de le raconter, comme si cette autre vie n’existait pas. […] Une dualité naissait déjà en elle, avec ses joies aigres-douces, avec ses conflits douloureux, avec ses perfides petits désirs de revanche.
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