L’assistance D’Allah Dans La Vie De L’humanité
AUTHOR(S):
Ayatullah Murtadha Mutahhari
PUBLISHER(S):
Bibliothèque de Ahl-ul Beit Paris
À une époque où la science est triomphante et le monde ne jure que par ce qui est matériel et tangible, Murtadha Mutahhari provoque notre curiosité et nous oblige à découvrir un point de vue oublié de la condition humaine, à savoir la foi et la croyance en l’invisible et notamment la foi dans l’assistance d’Allah. Cet ouvrage est donc une discussion autour de la notion du Ghayb ou de l’invisible, les différentes formes que prend l’assistance de Dieu jusqu’à la question du Mahdi. Non seulement cet ouvrage nous demande de reconsidérer nos idées reçues, mais elle nous force à réquisitionner notre propre compréhension de monde et de notre relation à Dieu.
TRANSLATOR(S):
Akil Sheikh Hussein
CATEGORY:
Dieu et ses attributs
Général
MISCELLANEOUS INFORMATION:
L’assistance D’Allah Dans La Vie De L’humanité Murtadha Mutahhari Traduit par Akil Sheikh Hussein Publication de la Bibliothèque Ahl Elbeit (Paris) Révisé et ré-édité par : Abbas Ahmad al-Bostani
FEATURED CATEGORY:
Connaître l´Islam
Introduction
Au Nom de Dieu Clément et Miséricordieux
al-islam.org
Louange à Dieu, Maître des Mondes et que bénédiction et paix soit sur notre Prophète Abul-Qâsim Muhammad et sur les membres purs de sa famille.
Ceux qui croient au Ghayb, qui font la prière et qui donnent de ce que Nous leu avons accordé. (Coran, 2/3)
Tout d’abord, je me réjouis d’implorer la bénédiction de Dieu sur ce grand jour. jour de l’espérance, jour de la naissance du grand espoir de l’humanité en son avenir.
Je savais que le titre de notre sujet, à savoir, L’Assistance du Ghayb dans la vie de l’humanité, susciterait l’étonnement et les doutes de quelques naïfs pendant que je parlerais de spiritisme, de déchiffrement des talismans ou de quelques autres sujets légendaires.
Et il est certain que, face à ce titre, quelques-uns crieront à haute voix : nous sommes au temps de la science, de l’expérience et de l’invasion du cosmos. Aujourd’hui, tout est soumis aux sens de l’homme ! Quel rôle peut jouer l’assistance du Ghayb à notre époque ? L’époque de la lumière où la recherche du Ghayb et de l’au-delà est dénuée de sens et d’utilité ?
Bien sûr, je me rendais compte de ce genre de remarques, lorsque j’ai choisi ce titre qui, depuis toujours, n’a cessé de susciter interrogations et désapprobations. Mais, je l’ai retenu, quand même, car il attire une plus grande attention sur ce qui va être dit.
Je dois rappeler, avant tout, que le sujet en question est toute autre chose que doutes et croyances dont on l’affuble habituellement. Je dois rappeler et prétendre que parler du Ghayb ne peut avoir lieu à l’époque de la science et c’est une prétention tout à fait contraire à la science et à l’esprit scientifique.
Il s’agit d’une ignorance et même d’une étape inférieure à celle de l’ignorance !
Existe-t-il une étape inférieure à celle de l’ignorance ? Oui ! Celle de rester figé à sa place.
Dans le domaine financier et économique, il existe ce qui est au-dessous de la pauvreté : se confier aveuglément aux choses de ce monde et compter sur ce qu’on possède ou, en d’autres termes, croire que ce qu’on a nous dispense de la recherche et de la réflexion. Ceci est plus catastrophique et plus dangereux que la pauvreté.
L’ignorance est mauvaise, en ce qu’elle est néant et non-savoir. Pourtant, nombreux sont les ignorants qui ont pu, par la recherche et l’action, atteindre le niveau des savants ; et nombreux sont les savants qui, atteints par la vanité et par l’illusion d’avoir assimilé toute la science, se sont mis à semer l’ignorance et les ténèbres dans le monde !
Dans la balance de la vérité de cet univers, la connaissance humaine n’est pas pesante : elle est médiocre par rapport aux vérités qui ne sont pas encore connues.
De la connaissance, vous n’avez eu que très peu. (Coran, 17/85)
Le vrai savant est celui qui n’accepte rien sans preuve, mais aussi celui qui ne nie rien sans preuve.
Celui qui est borné et vaniteux n’est pas savant, et il en est ainsi de celui qui accepte et nie sans preuve. Ce dernier est semblable à une armoire dans laquelle sont entassées des connaissances et des formulations qui ne sont pas sélectionnées selon de bons critères quant à leur réfutation ou acceptation. Une personne pareille est, en d’autres termes, dépourvue d’esprit scientifique.
Si vous rencontrez un homme possédant des diplômes d’études dans les divers arts et sciences, mais qui admet et réfute sans preuve et sans argument, sachez alors que cet homme n’est pas un vrai savant.
La science n’a pas comme propriété de rendre vaniteux celui qui en est le porteur. Bien au contraire, la science rend l’homme de plus en plus apte à se soumettre aux vérités, les admettre et adopter une attitude prudente et rigoureuse quand il s’agit d’admettre ou de nier.
Inférieur à l’ignorance et plus bas encore, le figement de l’esprit est contraire à la rigueur et à la recherche scientifique. C’est lui qui prive les hommes de l’orientation sacrée vers la recherche et l’approfondissement de leurs connaissances.
Puisque le figement de l’esprit est pire que l’ignorance, celui qui se consacre à la recherche scientifique est supérieur à la science elle-même. La science n’est digne du respect et ne mérite d’être sacralisée que lorsqu’elle va de pair avec l’esprit de la véritable recherche scientifique. Le fondement de cet esprit est un oint à partir duquel l’homme commence à sentir que ses connaissances sont imparfaites.
On a sagement dit que le chemin de la connaissance passe par trois étapes : juste après être engagé dans la première, l’homme est sujet à la vanité et l’orgueil ; il lui semble qu’il connaît tout. Lorsqu’il atteint la deuxième étape, il commence à manifester les signes de la modestie, après s’être rendu compte de la médiocrité de ce qu’il connaît, par rapport à ce qu’il ne connaît pas. Et lorsqu’il parvient à la troisième étape, il apprend qu’il ne connaît rien, et que rien ne lui est encore clair.
Dans l’introduction aux conclusions philosophiques de sa théorie, sur le relativisme, Einstein, le plus grand parmi les mathématiciens et naturalistes de notre temps, dit que l’homme peut prétendre, après sa grande progression dans le domaine des sciences physiques, avoir appris l’alphabet du grand livre de la nature, et rien de plus que l’alphabet.
Cela veut dire que l’homme d’aujourd’hui est semblable à un enfant qui vient d’apprendre les lettres de l’écriture, et il faut une très longue durée pour que cet enfant puisse lire les livres scientifiques écrits avec ces lettres.
Qu’est-Ce Que Le Ghayb ?
Le Ghayb c’est ce qui est caché derrière un voile, c’est-à-dire, ce qui est absent par rapport à nos sens, et ce qui sort de la sphère de notre perception.
Le mot Ghayb figure plusieurs fois dans le Noble Coran. Tantôt, il figure tout seul, comme lorsque Dieu, le Très-Haut dit : Ceux qui croient au Ghayb sont les bien dirigés par leur Seigneur et ceux qui réussiront. (Coran, 2/3-5)
Ou lorsqu’Il dit : Il (Dieu) possède les clés du Ghayb que Lui seul connaît parfaitement. (Coran, 6/59)
Et tantôt, il figure face au mot Shahâdat, comme lorsqu’IL dit : Dieu connaît le ghayb (ce qui est caché) et le shahâdat (ce qui est apparent). (Coran 6/73)
Ces versets coraniques ont été d’une grande importance pour les philosophes musulmans qui ont désigné la nature matérielle par ‘âlam ash-shahâdah (le monde apparent), et ‘âlam al-ghayb (le monde caché).
La littérature mystique a parlé du Ghayb, et cela avec un bonheur d’expression qui abonde dans la poésie de Hâfez, Khayyâm, Mawlawi et Sa‘di.
La croyance à l’existence du monde apparent (âlam ash-shahâdat) repose sur nos sens. On n’a pas donc besoin d’un guide pour apprendre à croire à ce monde. Le guide peut seulement expliquer les méthodes de recherche nécessaires à l‘obtention d’une plus grande connaissance des vérités de ce monde.
On ne peut parvenir à la croyance au monde caché (‘âlam al-ghayb) à partir de nos sens. Là où ceux-ci s’arrêtent, la raison, prolongement du ghayb dans notre existence, commence à tenter la connaissance de ce monde inconnu. On peut même dire que cette tâche demanderait une faculté plus mystérieuse que la raison.
Le Voile Du Ghayb
Nous avons dit que le Ghayb est ce qui est caché derrière un voile. Qu’est-ce que ce voile qui nous empêche de voir ? Est-il, en réalité, un voile qu’il faut enlever pour pouvoir voir et connaître ? S’agit-il d’une métaphore à travers laquelle s’expriment d’autres réalités ?
En parlant de la Résurrection, le Noble Coran offre des synonymes du mot sitâr équivalant à des mots français tels que voile ou couverture.
Tu étais inattentif à cela1 : Nous avons été ton voile (ghitâ’), et voici qu’aujourd’hui ta vue perçante. (Coran, 50/22)
Le Commandeur des croyants, Ali, que la paix soit sur lui, dit dans l’un de ses discours :
Même si le voile (ghitâ’) était enlevé devant moi, ma certitude n’augmenterait en rien. Ce voile n’est certainement pas une matière sensible : il marque la limite que notre perception ne peut pas franchir.
Limité Et Illimité
D’après la classification rationnelle, les êtres se divisent en limités et illimités. La définition des premiers suffit à elle seule, pour mettre en évidence les seconds.
Vous êtes assis maintenant, dans un endroit bien déterminé et vous occupez, dans le vide, un espace bien limité. Si vous voulez vous asseoir ailleurs, vous devez vous déplacer. Cela veut dire que vous ne pourriez pas occuper deux places en même temps ; ainsi vous êtes limité, du point de vue de l’espace, à un endroit déterminé.
Il en va de même pour ce qui est du temps : nous existons maintenant et nous n’avons pas existence ni au passé ni dans l’avenir.
S’il est possible à un être d’être illimité dans le temps et l’espace, cet être existerait partout et toujours, en tout temps et tout lieu, et nos sens seraient incapables de le percevoir.
Nous pouvons voir l’être lorsqu’il est limité et placé dans un endroit bien déterminé, lorsqu’il a une forme bien définie, et lorsque nous pourrons le désigner par nos gestes. Mais s’il n’est pas limité, s’il n’a ni forme ni place occupée dans l’espace, il nous est impossible de le voir.
Nous pourrons entendre un son parce qu’il existe pendant un moment et n’existe pas pendant un autre moment. Mais si le son se produisait continuellement et parvenait sans interruption à notre ouïїe, il nous serait impossible de l’entendre.
Al-Gazâli dit : « Nous percevons la lumière, car tantôt elle existe et tantôt elle n’existe pas, car elle est présente à un endroit et absente à un autre. Si le monde était continuellement éclairé, d’une manière qui est toujours identique à elle-même, et s’il n’y avait pas l’ombre et l’obscurité, on ne pourrait plus percevoir la lumière qui est la chose la plus visible, et même la chose qui rend visible toute autre chose. »
Nous percevons donc la lumière grâce à son contraire, l’obscurité. Et c’est par ce contraste que l’existence de la lumière devient évidente par rapport nous.
Les soufis et les mystiques disent que Dieu est invisible parce qu’Il est très visible. Et s’Il ne peut être perçu, c’est parce qu’Il ne disparaît pas et parce qu’aucun temps et aucun espace ne sont vides de Lui. Cela s’exprime bien dans cette invocation mystique :
Ô Celui caché par l’abondance de Sa Lumière.
Ô Présent qui s’absente dans Sa Présence.
Le poète persan a illustré cette question dans le poème suivant :
Il était une fois,
Un poisson qui nageait dans la mer.
Comme moi, ce poisson était
D’une perception bornée.
Il n’a jamais souffert le pêcheur,
Ni éprouvé l’angoisse des filets.
Il n’a jamais connu la soif,
Ni la chaleur du soleil.
Un jour, il entendit des voix humaines ;
On hurlait : Ô soif, où est l’est ?
Le poisson se mit à réfléchir.
C’est à l’eau qu’il réfléchissait :
Qu’est-ce que cet élixir
Qui fait vivre toute chose ?
Et s’il est source de vie,
Pourquoi donc, mon Dieu,
Ne me l’as-tu pas donnée ?
À ces yeux toujours ouverts,
L’eau se présentait, jour et nuit.
C’est dans l’eau qu’il vivait tranquillement.
Cependant, il l’ignorait !
Il vivait de la sorte
Inattentif à la grâce où il baignait
Jusqu’à ce qu’un jour,
Les vagues le jettent sur le rivage...
Les rayons du Soleil brûlèrent son corps
L’eau lointaine alluma un feu dans ses viscères
Et sa bouche se desséchait de soif.
Allongé dans la poussière,
Il s’est souvenu de l’eau
Qu’il a entendu gémir au loin.
Il commença à se frapper
Contre la terre en disant :
J’ai trouvé maintenant cet élixir chimique,
Sans lequel je ne puis vivre.
Hélas, je l’ai trouvé trop tard.
.../...
AUTHOR(S):
Ayatullah Murtadha Mutahhari
PUBLISHER(S):
Bibliothèque de Ahl-ul Beit Paris
À une époque où la science est triomphante et le monde ne jure que par ce qui est matériel et tangible, Murtadha Mutahhari provoque notre curiosité et nous oblige à découvrir un point de vue oublié de la condition humaine, à savoir la foi et la croyance en l’invisible et notamment la foi dans l’assistance d’Allah. Cet ouvrage est donc une discussion autour de la notion du Ghayb ou de l’invisible, les différentes formes que prend l’assistance de Dieu jusqu’à la question du Mahdi. Non seulement cet ouvrage nous demande de reconsidérer nos idées reçues, mais elle nous force à réquisitionner notre propre compréhension de monde et de notre relation à Dieu.
TRANSLATOR(S):
Akil Sheikh Hussein
CATEGORY:
Dieu et ses attributs
Général
MISCELLANEOUS INFORMATION:
L’assistance D’Allah Dans La Vie De L’humanité Murtadha Mutahhari Traduit par Akil Sheikh Hussein Publication de la Bibliothèque Ahl Elbeit (Paris) Révisé et ré-édité par : Abbas Ahmad al-Bostani
FEATURED CATEGORY:
Connaître l´Islam
Introduction
Au Nom de Dieu Clément et Miséricordieux
al-islam.org
Louange à Dieu, Maître des Mondes et que bénédiction et paix soit sur notre Prophète Abul-Qâsim Muhammad et sur les membres purs de sa famille.
Ceux qui croient au Ghayb, qui font la prière et qui donnent de ce que Nous leu avons accordé. (Coran, 2/3)
Tout d’abord, je me réjouis d’implorer la bénédiction de Dieu sur ce grand jour. jour de l’espérance, jour de la naissance du grand espoir de l’humanité en son avenir.
Je savais que le titre de notre sujet, à savoir, L’Assistance du Ghayb dans la vie de l’humanité, susciterait l’étonnement et les doutes de quelques naïfs pendant que je parlerais de spiritisme, de déchiffrement des talismans ou de quelques autres sujets légendaires.
Et il est certain que, face à ce titre, quelques-uns crieront à haute voix : nous sommes au temps de la science, de l’expérience et de l’invasion du cosmos. Aujourd’hui, tout est soumis aux sens de l’homme ! Quel rôle peut jouer l’assistance du Ghayb à notre époque ? L’époque de la lumière où la recherche du Ghayb et de l’au-delà est dénuée de sens et d’utilité ?
Bien sûr, je me rendais compte de ce genre de remarques, lorsque j’ai choisi ce titre qui, depuis toujours, n’a cessé de susciter interrogations et désapprobations. Mais, je l’ai retenu, quand même, car il attire une plus grande attention sur ce qui va être dit.
Je dois rappeler, avant tout, que le sujet en question est toute autre chose que doutes et croyances dont on l’affuble habituellement. Je dois rappeler et prétendre que parler du Ghayb ne peut avoir lieu à l’époque de la science et c’est une prétention tout à fait contraire à la science et à l’esprit scientifique.
Il s’agit d’une ignorance et même d’une étape inférieure à celle de l’ignorance !
Existe-t-il une étape inférieure à celle de l’ignorance ? Oui ! Celle de rester figé à sa place.
Dans le domaine financier et économique, il existe ce qui est au-dessous de la pauvreté : se confier aveuglément aux choses de ce monde et compter sur ce qu’on possède ou, en d’autres termes, croire que ce qu’on a nous dispense de la recherche et de la réflexion. Ceci est plus catastrophique et plus dangereux que la pauvreté.
L’ignorance est mauvaise, en ce qu’elle est néant et non-savoir. Pourtant, nombreux sont les ignorants qui ont pu, par la recherche et l’action, atteindre le niveau des savants ; et nombreux sont les savants qui, atteints par la vanité et par l’illusion d’avoir assimilé toute la science, se sont mis à semer l’ignorance et les ténèbres dans le monde !
Dans la balance de la vérité de cet univers, la connaissance humaine n’est pas pesante : elle est médiocre par rapport aux vérités qui ne sont pas encore connues.
De la connaissance, vous n’avez eu que très peu. (Coran, 17/85)
Le vrai savant est celui qui n’accepte rien sans preuve, mais aussi celui qui ne nie rien sans preuve.
Celui qui est borné et vaniteux n’est pas savant, et il en est ainsi de celui qui accepte et nie sans preuve. Ce dernier est semblable à une armoire dans laquelle sont entassées des connaissances et des formulations qui ne sont pas sélectionnées selon de bons critères quant à leur réfutation ou acceptation. Une personne pareille est, en d’autres termes, dépourvue d’esprit scientifique.
Si vous rencontrez un homme possédant des diplômes d’études dans les divers arts et sciences, mais qui admet et réfute sans preuve et sans argument, sachez alors que cet homme n’est pas un vrai savant.
La science n’a pas comme propriété de rendre vaniteux celui qui en est le porteur. Bien au contraire, la science rend l’homme de plus en plus apte à se soumettre aux vérités, les admettre et adopter une attitude prudente et rigoureuse quand il s’agit d’admettre ou de nier.
Inférieur à l’ignorance et plus bas encore, le figement de l’esprit est contraire à la rigueur et à la recherche scientifique. C’est lui qui prive les hommes de l’orientation sacrée vers la recherche et l’approfondissement de leurs connaissances.
Puisque le figement de l’esprit est pire que l’ignorance, celui qui se consacre à la recherche scientifique est supérieur à la science elle-même. La science n’est digne du respect et ne mérite d’être sacralisée que lorsqu’elle va de pair avec l’esprit de la véritable recherche scientifique. Le fondement de cet esprit est un oint à partir duquel l’homme commence à sentir que ses connaissances sont imparfaites.
On a sagement dit que le chemin de la connaissance passe par trois étapes : juste après être engagé dans la première, l’homme est sujet à la vanité et l’orgueil ; il lui semble qu’il connaît tout. Lorsqu’il atteint la deuxième étape, il commence à manifester les signes de la modestie, après s’être rendu compte de la médiocrité de ce qu’il connaît, par rapport à ce qu’il ne connaît pas. Et lorsqu’il parvient à la troisième étape, il apprend qu’il ne connaît rien, et que rien ne lui est encore clair.
Dans l’introduction aux conclusions philosophiques de sa théorie, sur le relativisme, Einstein, le plus grand parmi les mathématiciens et naturalistes de notre temps, dit que l’homme peut prétendre, après sa grande progression dans le domaine des sciences physiques, avoir appris l’alphabet du grand livre de la nature, et rien de plus que l’alphabet.
Cela veut dire que l’homme d’aujourd’hui est semblable à un enfant qui vient d’apprendre les lettres de l’écriture, et il faut une très longue durée pour que cet enfant puisse lire les livres scientifiques écrits avec ces lettres.
Qu’est-Ce Que Le Ghayb ?
Le Ghayb c’est ce qui est caché derrière un voile, c’est-à-dire, ce qui est absent par rapport à nos sens, et ce qui sort de la sphère de notre perception.
Le mot Ghayb figure plusieurs fois dans le Noble Coran. Tantôt, il figure tout seul, comme lorsque Dieu, le Très-Haut dit : Ceux qui croient au Ghayb sont les bien dirigés par leur Seigneur et ceux qui réussiront. (Coran, 2/3-5)
Ou lorsqu’Il dit : Il (Dieu) possède les clés du Ghayb que Lui seul connaît parfaitement. (Coran, 6/59)
Et tantôt, il figure face au mot Shahâdat, comme lorsqu’IL dit : Dieu connaît le ghayb (ce qui est caché) et le shahâdat (ce qui est apparent). (Coran 6/73)
Ces versets coraniques ont été d’une grande importance pour les philosophes musulmans qui ont désigné la nature matérielle par ‘âlam ash-shahâdah (le monde apparent), et ‘âlam al-ghayb (le monde caché).
La littérature mystique a parlé du Ghayb, et cela avec un bonheur d’expression qui abonde dans la poésie de Hâfez, Khayyâm, Mawlawi et Sa‘di.
La croyance à l’existence du monde apparent (âlam ash-shahâdat) repose sur nos sens. On n’a pas donc besoin d’un guide pour apprendre à croire à ce monde. Le guide peut seulement expliquer les méthodes de recherche nécessaires à l‘obtention d’une plus grande connaissance des vérités de ce monde.
On ne peut parvenir à la croyance au monde caché (‘âlam al-ghayb) à partir de nos sens. Là où ceux-ci s’arrêtent, la raison, prolongement du ghayb dans notre existence, commence à tenter la connaissance de ce monde inconnu. On peut même dire que cette tâche demanderait une faculté plus mystérieuse que la raison.
Le Voile Du Ghayb
Nous avons dit que le Ghayb est ce qui est caché derrière un voile. Qu’est-ce que ce voile qui nous empêche de voir ? Est-il, en réalité, un voile qu’il faut enlever pour pouvoir voir et connaître ? S’agit-il d’une métaphore à travers laquelle s’expriment d’autres réalités ?
En parlant de la Résurrection, le Noble Coran offre des synonymes du mot sitâr équivalant à des mots français tels que voile ou couverture.
Tu étais inattentif à cela1 : Nous avons été ton voile (ghitâ’), et voici qu’aujourd’hui ta vue perçante. (Coran, 50/22)
Le Commandeur des croyants, Ali, que la paix soit sur lui, dit dans l’un de ses discours :
Même si le voile (ghitâ’) était enlevé devant moi, ma certitude n’augmenterait en rien. Ce voile n’est certainement pas une matière sensible : il marque la limite que notre perception ne peut pas franchir.
Limité Et Illimité
D’après la classification rationnelle, les êtres se divisent en limités et illimités. La définition des premiers suffit à elle seule, pour mettre en évidence les seconds.
Vous êtes assis maintenant, dans un endroit bien déterminé et vous occupez, dans le vide, un espace bien limité. Si vous voulez vous asseoir ailleurs, vous devez vous déplacer. Cela veut dire que vous ne pourriez pas occuper deux places en même temps ; ainsi vous êtes limité, du point de vue de l’espace, à un endroit déterminé.
Il en va de même pour ce qui est du temps : nous existons maintenant et nous n’avons pas existence ni au passé ni dans l’avenir.
S’il est possible à un être d’être illimité dans le temps et l’espace, cet être existerait partout et toujours, en tout temps et tout lieu, et nos sens seraient incapables de le percevoir.
Nous pouvons voir l’être lorsqu’il est limité et placé dans un endroit bien déterminé, lorsqu’il a une forme bien définie, et lorsque nous pourrons le désigner par nos gestes. Mais s’il n’est pas limité, s’il n’a ni forme ni place occupée dans l’espace, il nous est impossible de le voir.
Nous pourrons entendre un son parce qu’il existe pendant un moment et n’existe pas pendant un autre moment. Mais si le son se produisait continuellement et parvenait sans interruption à notre ouïїe, il nous serait impossible de l’entendre.
Al-Gazâli dit : « Nous percevons la lumière, car tantôt elle existe et tantôt elle n’existe pas, car elle est présente à un endroit et absente à un autre. Si le monde était continuellement éclairé, d’une manière qui est toujours identique à elle-même, et s’il n’y avait pas l’ombre et l’obscurité, on ne pourrait plus percevoir la lumière qui est la chose la plus visible, et même la chose qui rend visible toute autre chose. »
Nous percevons donc la lumière grâce à son contraire, l’obscurité. Et c’est par ce contraste que l’existence de la lumière devient évidente par rapport nous.
Les soufis et les mystiques disent que Dieu est invisible parce qu’Il est très visible. Et s’Il ne peut être perçu, c’est parce qu’Il ne disparaît pas et parce qu’aucun temps et aucun espace ne sont vides de Lui. Cela s’exprime bien dans cette invocation mystique :
Ô Celui caché par l’abondance de Sa Lumière.
Ô Présent qui s’absente dans Sa Présence.
Le poète persan a illustré cette question dans le poème suivant :
Il était une fois,
Un poisson qui nageait dans la mer.
Comme moi, ce poisson était
D’une perception bornée.
Il n’a jamais souffert le pêcheur,
Ni éprouvé l’angoisse des filets.
Il n’a jamais connu la soif,
Ni la chaleur du soleil.
Un jour, il entendit des voix humaines ;
On hurlait : Ô soif, où est l’est ?
Le poisson se mit à réfléchir.
C’est à l’eau qu’il réfléchissait :
Qu’est-ce que cet élixir
Qui fait vivre toute chose ?
Et s’il est source de vie,
Pourquoi donc, mon Dieu,
Ne me l’as-tu pas donnée ?
À ces yeux toujours ouverts,
L’eau se présentait, jour et nuit.
C’est dans l’eau qu’il vivait tranquillement.
Cependant, il l’ignorait !
Il vivait de la sorte
Inattentif à la grâce où il baignait
Jusqu’à ce qu’un jour,
Les vagues le jettent sur le rivage...
Les rayons du Soleil brûlèrent son corps
L’eau lointaine alluma un feu dans ses viscères
Et sa bouche se desséchait de soif.
Allongé dans la poussière,
Il s’est souvenu de l’eau
Qu’il a entendu gémir au loin.
Il commença à se frapper
Contre la terre en disant :
J’ai trouvé maintenant cet élixir chimique,
Sans lequel je ne puis vivre.
Hélas, je l’ai trouvé trop tard.
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