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L'amazighité qui dérange... Parlons-en clairement

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  • #16
    Tu etais dans quel coin de l'arabie ya khouya bachi ? Chez les béni Mendjel ?
    Non, je ne dirais pas ça.
    Ils semblaient être un peu islamistes, un peu nationaleux dans le sens jazair wa7da, jazair 3arabia etc...
    ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément

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    • #17
      Ils semblaient être un peu islamistes, un peu nationaleux dans le sens jazair wa7da, jazair 3arabia etc...
      bah tu sais, le régime a travers ses sbires travaille au corps la société algérienne pour la diviser,comme le faisaient avant lui ,les français et les turcs.
      Moi j'invite ceux qui ont des préjugés a se déplacer en kabylie les vendredi et juger par eux Mêmes .
      ارحم من في الارض يرحمك من في السماء
      On se fatigue de voir la bêtise triompher sans combat.(Albert Camus)

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      • #18

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        • #19
          Il était une fois les Berbères 1

          Il était une fois les Berbères

          Gabriel Martinez-Gros dans collections 55
          daté avril - juin 2012 -
          Berbères : c'est ainsi qu'on appelle les premiers habitants de l'Algérie. Il y eut la domination romaine puis la christianisation, la conquête arabe et l'islamisation, puis la régence ottomane. Les cultures berbères ont pourtant résisté depuis 2 000 ans. Entretien avec Gabriel Martinez-Gros

          L'Histoire : Quelles sont les premières traces d'une civilisation berbère ?
          Gabriel Martinez-Gros : Il est de tradition de considérer les Berbères* comme les premiers occupants de l'Afrique du Nord, ceux qui sortent de l'ombre lorsque l'écriture y apparaît, dans la première moitié du premier millénaire avant notre ère, avec Carthage. On l'a souligné au temps de la colonisation : l'histoire, au Maghreb, est venue d'ailleurs. Elle commence avec l'établissement des Phéniciens sur le site de Carthage, et c'est à partir de ce foyer phénicien on dit aussi punique, que se déploient la culture urbaine et les organisations politiques monarchiques en Afrique du Nord. Au IIIe siècle avant notre ère, sur le territoire de l'actuelle Algérie, émerge le royaume de Numidie, qui affirme sa puissance dans l'alliance avec Rome, contre Carthage, avec le règne de Massinissa. Sa première capitale est Cirta, l'actuelle Constantine.
          Ces pouvoirs berbères sont les premiers dont l'histoire nous ait été transmise. La deuxième guerre punique en particulier 218-202 est l'occasion pour Massinissa d'agrandir son territoire, qui s'étendit alors sur l'essentiel du nord de la Tunisie et de l'est de l'Algérie d'aujourd'hui. Ces pouvoirs autochtones se maintiennent jusqu'en 46 av. J.-C. quand la Numidie devient une province romaine.
          L'H. : Les Numides ont-ils été romanisés ?
          G. M.-G. : C'est une question très discutée. A l'époque de la colonisation, lorsque les historiens s'efforcent d'écrire l'histoire de l'Afrique romaine, on insiste sur l'étendue de l'assimilation des populations autochtones, en tout cas de la partie orientale de l'Algérie. L'argument est que sa précoce et rapide christianisation témoigne d'une assimilation accomplie à l'époque romaine. Le nombre d'évêchés, de basiliques, d'auteurs chrétiens originaires du Maghreb témoignent, dès le IIIe siècle, de cette conversion précoce.
          D'autres ont, au contraire, insisté sur le caractère très superficiel de l'assimilation. Les populations autochtones auraient, dans l'ensemble, résisté à la romanisation. Pour ceux-là, l'hérésie donatiste1 qui fut majoritaire dans les campagnes est le signe d'une « résistance africaine » à la romanisation2. La personnalité même de saint Augustin est un enjeu : colon romain ou berbère profondément romanisé ?
          L'H. : Quelle est l'étendue de la colonisation romaine ?
          G. M.-G. : Dès l'époque romaine, une importante population urbaine s'est développée dans toute l'Afrique du Nord et sur le territoire de l'actuelle Algérie, en particulier le Constantinois et le long de la côte. Plusieurs des villes majeures de la région ont une origine romaine : Hippone, l'actuelle Annaba, Cirta, l'actuelle Constantine. L'occupation romaine est moins forte dans le centre et dans l'ouest de l'Algérie et, dès le IVe siècle, les Romains ne parviennent pas à s'y maintenir. Les Vandales conquièrent les mêmes territoires, est de l'Algérie et Tunisie, à quoi ils ajoutent la Sicile. Et lorsque les Byzantins de Justinien reconquièrent au VIe siècle le royaume vandale, ils ne vont pas au-delà. La géographie de l'Islam, dans les premiers siècles, sera la même.
          L'H. : Que change la conquête arabe ? Comment se passe-t-elle ? Y a-t-il des résistances ?
          G. M.-G. : Aux yeux des Arabes*, cette conquête a été difficile. Tout commence en 670. Les Arabes fondent alors Kairouan - dans l'actuelle Tunisie -, leur premier camp retranché au Maghreb, et il leur faut quarante ans pour conquérir le Maghreb, alors que deux années avaient suffi à la conquête de l'Égypte et quatre à celle de la Syrie et de l'Irak. La conquête est ponctuée de révoltes antiarabes.
          Cela indique surtout, pour reprendre les thèses d'Ibn Khaldun, le plus grand historien du monde islamique, qu'en Égypte, en Irak, en Syrie, c'est-à-dire dans les premiers territoires conquis, les Arabes ont rencontré des armées grecques ou perses de métier ou de mercenaires, qui dominaient des populations désarmées. Tandis qu'au contraire, au Maghreb, ils se sont visiblement heurtés à des populations, dont certaines au moins, n'avaient jamais été contrôlées par un pouvoir d'État. Des populations qui avaient donc résisté au pouvoir d'État romain, avant de résister au pouvoir d'État arabe.
          En 682, le fondateur de Kairouan, Okba Ibn Nafi, est tué au retour d'un raid mené dans le Maghreb profond, près de Biskra dans une bourgade où se trouve aujourd'hui son tombeau. Les Arabes se replient sur Kairouan. Ils ne reprennent l'offensive que vers 695, et c'est là que se situe l'épisode fameux de la Kahina, la « devineresse » en arabe. Être combattu, et de surcroît vaincu, par une femme : il y avait de quoi attirer l'attention des chroniqueurs arabes, qui voient bien sûr dans ce gouvernement matriarcal le signe d'un primitivisme berbère.
          La Kahina devait sans doute son pouvoir à son talent de devineresse. Elle le cède à ses fils après avoir prévu la défaite des Berbères, et en leur conseillant - ce sont les chroniqueurs arabes qui parlent - de se rallier aux Arabes. Une fois la Kahina disparue, après 702, la résistance berbère faiblit pour quelques dizaines d'années, avant de se réveiller brutalement avec la grande révolte entre 739 et 742, fondamentalement dirigée contre la fiscalité naissante de l'Empire arabe, et animée par une « hérésie » musulmane, le kharidjisme.
          Les Arabes sont repoussés des territoires du Maroc et de l'Algérie actuelle pour environ trois siècles - entre 740 et 1050 environ. Ces régions, à l'exception d'une petite partie de l'est de l'Algérie, échappent complètement à l'Empire abbasside, dont la domination s'arrête avant Constantine.
          L'H. : Quelle est alors l'ampleur de l'islamisation du territoire algérien ?
          G. M.-G. : La rapidité relative de la disparition de la chrétienté africaine est frappante. La plupart des évêchés que l'on note encore aux Ve, VIe, VIIe siècles disparaissent en quelques siècles. La dernière mention d'un christianisme africain, dans la Tunisie actuelle, date du début du XIIe siècle - il s'agit de la lettre d'un pape à un « évêque » plutôt le représentant d'une communauté chrétienne locale. Par comparaison, en Espagne, on est sûr que se sont toujours maintenues des communautés chrétiennes importantes. Cela signifie-t-il que la chrétienté africaine n'a été qu'une construction de façade ? Il semble que, dans les zones mal contrôlées par le pouvoir romain, d'autres croyances ou d'autres pratiques religieuses que le christianisme, et y compris le judaïsme, ont existé et persisté. Mais la période est tellement obscure qu'il est difficile d'en décider.
          L'H. : Après la grande révolte des années 740, qui gouverne l'Algérie ?
          G. M.-G. : Dans cette sorte de no man's land politique qu'est devenue l'Afrique du Nord viennent s'établir les Idrissides, une famille chérifienne descendant du Prophète vaincue dans les luttes civiles de l'Orient, qui fondent la ville de Fès au Maroc... En Algérie, la première entité politique est l'émirat de Tahert, dans l'ouest de l'Algérie actuelle, qui est créé en 762 par un « hérétique » de l'islam, un kharidjite d'origine persane, Rostum.
          Les kharidjites vont devenir durant deux bons siècles - entre 740 et 940 - une caractéristique berbère. Le kharidjisme est une version égalitaire de l'Islam, où certains orientalistes, comme Reinhart Dozy au XIXe siècle, ont cru reconnaître l'esprit berbère.
          L'H. : Les Berbères ont été submergés ?
          G. M.-G. : Non. A partir de la fin du Xe siècle, on assiste à une sorte de tremblement de terre, de glissement de terrain, à la fois ethnique et géographique. Ethnique d'abord : les Berbères prennent le pouvoir pour leur propre compte lorsque les califats expression par excellence de l'hégémonie arabe sur l'Islam perdent de leur éclat et de leur autorité. La première dynastie berbère importante de l'Afrique du Nord est la dynastie des Zirides, originaire de l'Algérois. Elle est désignée par les Fatimides des Arabes pour les remplacer en Tunisie au moment où ils partent s'établir en Égypte conquise. On attribue aux Zirides la fondation d'Alger Al-Jazaïr, « les îles » en arabe, dans la deuxième moitié du Xe siècle. Cette dynastie berbère apparaît en 973, exactement au même moment que la première dynastie turque sur le territoire de l'actuel Afghanistan à l'autre bout de l'Islam, signe de l'émergence de peuples nouveaux, au détriment des Arabes.
          Bouleversement géographique ensuite : c'est l'ouest du Maghreb, qui prend pour la première fois le dessus. Au milieu du XIe siècle, commence en effet le temps des grandes dynasties berbères marocaines : almoravide 1055-1147, almohade 1147-1269 et mérinide 1248-1465, les deux premières dominant à la fois le Maghreb et l'Espagne. Ce temps des Berbères s'étend jusqu'au XVIe siècle.
          Ces dynasties - surtout les Mérinides - ont dans l'ouest de l'Algérie leurs vassaux, à partir du XIIe-XIIIe siècle. C'est le début du grand essor de Tlemcen, née dans la dépendance des pouvoirs de Marrakech, et surtout de Fès. Tlemcen devient sans doute la ville culturellement la plus brillante du territoire de l'actuelle Algérie à la fin du Moyen Age. Ibn Khaldun et son frère sont au service de ses princes, dans la deuxième moitié du XIVe siècle.

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          • #20
            Il était une fois les Berbères 2

            L'H. : On appelle donc ces dynasties « berbères ». En quoi le sont-elles ?
            G. M.-G. : Contrairement aux Turcs, les Berbères au pouvoir n'arriveront jamais à imposer le berbère comme l'une des langues de culture de l'Islam. Beaucoup de souverains parlent très mal l'arabe, on le sait car on se moque d'eux lorsqu'ils ont perdu le pouvoir. Tout l'appareil civil de la monarchie - les poètes, les secrétaires, les ministres - est constitué d'Andalous, qui maintiennent une présence culturelle arabe dominante dans les cours berbères. Ce sont en quelque sorte les « chiens de garde » de la langue arabe. Étrangement donc, ces dynasties berbères vont contribuer, au XIIe siècle, à l'arabisation du Maghreb en renforçant ou en créant des capitales de langue arabe Marrakech, Fès, Tlemcen.
            L'H. : Quel est le rapport entre Arabes et Berbères dans ces premiers siècles de l'Islam ?
            G. M.-G. : A l'est du Maghreb, au milieu du XIe siècle, une deuxième vague arabe bédouine, venue d'Orient, fait irruption sans doute quelques milliers de personnes, ce qui est assez pour prendre le pouvoir et remodeler une région parce que les armées de l'époque sont minuscules. On les appelle les « hilaliens », parce que l'une de ces grandes confédérations de tribus portait le nom de Banu Hilal Hilal veut dire le croissant de lune en arabe. En s'appuyant sur ce que dit Ibn Khaldun, beaucoup d'historiens de l'époque coloniale marquent là le début du déclin - démographique en particulier - du Maghreb. Les Arabes auraient « bédouinisé » le Maghreb, ils y auraient repoussé les limites de l'agriculture vers les côtes, et ils auraient profondément appauvri tout le haut plateau algérien. Une thèse que, pour des raisons évidentes, puisqu'il se proclamait arabe au moment de l'indépendance, le nouveau pouvoir de l'Algérie a violemment combattue.
            De fait, au cours des trois siècles qui vont de la fin du XIe au XVe siècle, c'est dans ces tribus arabes que les pouvoirs maghrébins vont recruter leurs réserves de violence, leurs guerriers. Ibn Khaldun a été lui-même acheteur de soldats au nom des pouvoirs berbères de Tlemcen ou de Fès qu'il servait. Concrètement, l'État attribue à des tribus des parts de territoires sur lesquelles elles ont le droit de lever l'impôt. En échange, les tribus doivent fournir des guerriers lorsque l'État le demande. Mais de ce fait, peu à peu, le territoire réel de l'État se réduit.
            L'H. : L'ouest du Maghreb serait donc le centre du pouvoir et l'est, l'Algérie actuelle, le domaine des tribus bédouines, insoumises. C'est bien cela ?
            G. M.-G. : C'est cela. Et donc, paradoxalement, l'Algérie est la grande matrice des pouvoirs, nous dit Ibn Khaldun, puisque les tribus bédouines y sont plus fortes. En Algérie, il n'y a pas de grande ville et donc pas de masse importante de « sédentaires » - au sens khaldunien du terme, c'est-à-dire des populations denses, soumises à l'État, fiscalisées - à l'exception de Tlemcen à l'Ouest et de Bougie et Constantine à l'Est. Le pays est donc une réserve de guerriers, et donc de pouvoir. La dynastie mérinide était originaire des hauts plateaux de l'Algérie de l'Ouest.
            Les dynasties berbères s'effondrent partout à la fin du XVe et au début du XVIe siècle. Au début du XVIe siècle, l'Algérie et la Tunisie passent au pouvoir des Ottomans. Au Maroc, c'est une famille chérifienne qui prend le pouvoir.
            L'H. : Que deviennent les Berbères au temps de la régence d'Alger ?
            G. M.-G. : La régence d'Alger repose en partie sur les ressources extérieures, sur les Turcs. Venture de Paradis, qui visite Alger à la fin du XVIIIe siècle, explique que le régime turc est limité à la côte. Les Français, quand ils parlent des « Algériens » au moment de la conquête, désignent en fait les Turcs d'Alger.
            D'où les deux conquêtes de l'Algérie : la France conquiert d'abord le pays turc, ce qui est relativement facile - davantage à Alger 1830 et à Oran 1832 d'ailleurs qu'à Constantine 1836 ou 1837. Et on s'aperçoit alors que l'on n'a presque rien conquis : simplement les zones littorales. Reste un autre pays : celui des tribus arabes et berbères, notamment la Kabylie, des zones sur lesquels les Turcs exerçaient une autorité très vague. La vraie conquête de l'Algérie c'est celle de Bugeaud contre Abd el-Kader 1839-1847, la conquête de l'intérieur.
            L'H. : Et quand les Français colonisent l'Algérie, ils y distinguent deux populations : arabes et berbères.
            G. M.-G. : Quand les Français arrivent en Algérie, deux choses les frappent d'emblée : d'une part, l'opposition entre une langue arabe des côtes et des régions telliennes, littorales, qui est plus ou moins d'origine « andalouse », et un arabe de l'intérieur. D'autre part, la distinction entre deux « races » : les Arabes et les Berbères.
            Le général Daumas, l'un des fondateurs des Bureaux arabes, écrit, en 1853 ses Moeurs et coutumes de l'Algérie. Selon lui, les Berbères sont des démocrates, les Arabes des aristocrates ; les Berbères - il pense aux Kabyles - sont des agriculteurs, tandis que les Arabes sont fondamentalement des pasteurs ; les Berbères sont les hommes des montagnes et les Arabes les hommes des plaines. Toutes ces visions sont évidemment caricaturales. Daumas aime les Berbères pour leur sens de l'indépendance, pour leur orgueil, leur refus de l'humiliation. Il aime les Arabes pour leur aristocratisme, pour leur amour du cheval, leur générosité...
            Daumas apprécie les deux « races ». Mais à la même époque l'Église et une bonne partie de l'opinion européenne marquent leur préférence pour les Berbères, jugés plus proches des Européens et dont on dit qu'ils sont plus « blancs ». C'est d'ailleurs vrai pour les réduits kabyles qui n'ont pas été touchés par la traite transsaharienne séculaire qui a surtout affecté les villes, et en a « noirci » le teint des populations. Mais l'idée que les Kabyles seraient nombreux à être blonds aux yeux bleus est un mythe - d'ailleurs tenace.
            L'H. : A l'époque de la guerre d'indépendance et dans la jeune nation algérienne, le récit national proclame que l'Algérie est une nation arabe.
            G. M.-G. : Les Kabyles ont été nombreux dans le mouvement pour l'indépendance. Ils ont été parmi les premiers émigrants en France, ils y ont fondé l'Étoile nord-africaine. Il faut dire aussi que les Kabyles n'ont pas été très nombreux dans l'armée coloniale, plus portée à recruter dans les tribus arabes, comme les pouvoirs l'avaient fait depuis des siècles. Après l'indépendance, mais cela a été le cas dans tout le monde islamique, les nouveaux pouvoirs ont décidé que les minorités n'existaient plus, dans une phase volontariste de construction de la nation. C'est aujourd'hui, partout et pas seulement en Algérie, un échec.
            En Algérie, le soulèvement islamiste des années 1990-2000 a réveillé les dissidences, en particulier dans les zones montagneuses.
            L'H. : Autour de quelles caractéristiques le mouvement berbère se définit-il en Algérie ?
            G. M.-G. : En Algérie, environ 25 % de la population peut être considérée comme berbère parce qu'elle parle une langue, un dialecte berbère. Les deux tiers sont des Kabyles 15 % de la population algérienne. La conquête tardive de la Kabylie, la révolte précoce des Mokrani, le fait que les premiers émigrants en France ont été des Kabyles, que le mouvement de la IIIe Internationale a été introduit en Algérie par des Kabyles..., de tout cela résulte une identité extrêmement affirmée, quasiment une identité « nationale », et ce même si les Kabyles se proclament, les premiers, algériens - et les premiers Algériens - du fait de leur forte représentation dans le mouvement national.
            Mais ils ont un lien particulier avec le français, par opposition à l'arabe. Ainsi, la guerre d'indépendance qu'ont menée les Kabyles n'était pas une guerre culturelle contre la France, mais bien une guerre politique contre la colonisation. Voilà pourquoi ils n'ont jamais hésité à employer le français, et continuent à l'employer aujourd'hui.
            Les Berbères marocains, eux, jouent un autre jeu, celui des peuples premiers, prenant comme modèle les Indiens d'Amérique. Ils revendiquent une place dans le royaume plus qu'un foyer national berbère. Dans le Sahara, aujourd'hui rattaché à l'Algérie, au Mali ou au Niger, les Touaregs posent au contraire clairement la question de leur indépendance.
            PROPOS RECUEILLIS PAR SÉVERINE NIKEL.

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            • #21
              The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

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              • #22
                L'amazighité qui dérange... Parlons-en clairement

                Les commentaires qui ont suivi l'interdiction du port du drapeau amazigh auront permis à la revendication d'amazighité de (re)faire surface. Alors que sur un plan juridique la langue tamazight est clairement reconnue et préservée, quels messages étaient censés nous renvoyer ces drapeaux d'obédience supranationale ? Afin de nous engager sur les voies d'un dialogue constructif, je suggère qu'on y lise autant de symptômes d'un malaise identitaire.

                Il faut reconnaître que l'ère Bouteflika aura, dans des élans bien politiciens, permis bien des artifices en guise d'acquis amazighs. Ces dernières ont été propulsées au rythme des concessions faites par le pouvoir autoritariste. Ainsi fut consacré le fait amazigh dans une Constitution qui, sans débat aucun, fut imposée aux Algériens médusés et perplexes. C'est toujours par ce même président que la fête populaire maghrébine séculaire et sans connotation particulière de « ennayer », s'est vue, dorénavant, symboliser le premier de l'an « berbère » (en référence à l'année de l'accès au trône d'un pharaon qui serait prétendument berbérophone et dont les aïeux seraient originaires de Libye). A ces faits du Prince, s'ajoute l'excès de zèle d'une ministre de l'Education Nationale qui décrète tamazight (cette langue issue du bricolage « savant » d'apprentis sorciers), en tant que langue obligatoire et généralisée ! Tamazight, rendue obligatoire pour tous, va constituer, pour les élèves (berbérophones inclus) autant que pour les parents, un nouvel obstacle à surmonter, pour survivre encore et encore !

                Mais quelle place occupe la question linguistique dans l'acception contemporaine de l'amazighité ? En réalité elle n'est que symbole fédérateur car la néo-langue tamazight contrarie la communication fluide et naturelle des locuteurs natifs – d'ailleurs les productions dans cette langue de loboratoire sont mort-nées, sans vie et, dans le meilleur des cas, « lecteurophobes ». Munis d'un symbole en guise de langue, les (jeunes) berbérophones ont le regard tourné vers un ailleurs romantique, celui d'une Tamazgha en voie de libération. C'est ainsi qu'a pris corps, dans les réseaux sociaux, un sentiment de chauvinisme nationaliste aux formes parfois xénophobes (« les Arabes nous ont fait ceci, nous ont pris cela, etc. »). C'est donc bien de frustration qu'il est question. Et ce qui nourrit un tel manque à assouvir, ce sont des fantasmes posés comme identité amazighe et ne reposant sur aucune assise matérielle et historique assertée. Or si nous voulons convoquer la raison, il nous faudra la nourrir de faits avérés et historiquement validés. Raison de plus pour ouvrir le chantier de l'histoire et tâcher de dégager les bases crédibles et vérifiables d'un consensus national.

                Sur trois mille ans d'histoire de ce nord de l'Afrique, il ressort clairement que la langue berbère est minoritaire, sinon minorée par ses propres dirigeants. En effet ni Massinissa (qui a fait du punique sa langue officielle), ni Jugurtha ou Juba 1 (qui usaient du latin) n'ont eu recours à cette langue de nos jours tant mythifiée. Pourtant ils étaient rois ! Ils étaient le centre de décision.

                Parallèlement à cette présence berbérophone effective mais minoritaire, une langue franche s'impose sur tout le nord de l'Afrique, la langue des Carthaginois (le punique). La distribution des deux groupes linguistiques était déjà favorable au punique du temps de Carthage. Avec la domination romaine, on atteste d'un néo-punique ; soit d'un punique partiellement latinisé à côté du latin. Le rapport entre les deux langues du territoire reste le même (punique dominant et berbère atomisé). L'arrivée des Arabes va nous permettre de dégager la clé d'un mystère linguistique qui a donné lieu à des spéculations qui frôlent le ridicule.

                En effet le paysage sociolinguistique du Maghreb au VIII/IX è. siècle est tel que les centres d'expression berbérophone sont bel et bien attestés çà et là, mais le parler dominant est le punique ; soit une langue sémitique au même titre que l'arabe. Le contact entre les propagateurs de l'islam et la population locale a donc été encouragé et stimulé par cette proximité linguistique (« langues collatérales », selon la didactique contemporaine) entre l'arabe et le néo-punique. C'est bien parce que la population était majoritairement punicophone, au moment de l'implantation de l'islam et de l'empire arabo-musulman, que l'adhésion aux principes de cette religion nouvelle et émancipatrice a été facilitée. La seule explication de la réception quasi spontanée du message coranique est donc linguistique : le parler dominant était collatéral à l'arabe. Ce parler dominant – qui a évidemment beaucoup emprunté à la langue du Coran, par la suite – était reconnu comme tel puisque des savants andalous l'ont appelé « lissen al-gharbi ». Par conséquent nos aïeux n'ont pas subi une transplantation linguistique dans leurs cerveaux ayant permis de substituer la langue arabe à leur langue maternelle. Il n'y a pas eu « d'arabisation spontanée et passive » des berbérophones (comme le proclament certains orientalistes de la colonisation). Comment croire qu'il y a eu substitution de sa propre langue maternelle pour parler, non pas la langue du nouveau maître (l'arabe fasih), mais la langue qui était majoritaire dans le territoire en question ? Si la langue parlée (que nous appelons de nos jours la « darija ») avait été un mélange de berbère et d'arabe, nous l'aurions su. En réalité la darija a très peu emprunté au berbère. Les deux langues sœurs ont su cohabiter trois mille ans durant sans se phagocyter mutuellement. Et cette pérennisation des deux langues maternelles constitue un témoignage têtu de l'histoire. Y compris les proportions d'usages linguistiques se sont maintenues.

                Que nos jeunes compatriotes berbérophones se rassurent donc : la langue arabe ne nous a pas envahis au point de nous faire oublier à jamais nos langues maternelles. Ni le punique sous sa forme actuelle (ed-darija), ni les parlers berbères n'ont été évincés. Nous avons intégré l'arabe, à des degrés divers, dans nos langues sœurs, sans nous dénaturer. Seule une telle explication permet de rendre compte de la longévité et de la vivacité de nos deux langues maternelles.

                Quant au pouvoir berbère « usurpé par les Arabes », ceci est encore une vision de l'esprit puisque, au moment de l'arrivée des nouveaux conquérants, le pouvoir était sous contrôle byzantin. Arrêtons-nous un instant pour mieux comprendre la géopolitique au VII/VIII è. siècle. Le territoire nord africain est, à ce moment, un espace fait de centres regroupant des tribus et répartis de nord-est à nord-ouest, plus particulièrement. Les tribus s'organisaient en confédérations tribales pour mieux se protéger contre les attaques exogènes. Parfois ces confédérations acceptaient de prêter allégeance à une puissance étrangère (carthaginoise ou romaine ou byzantine) pour bénéficier de largesses financières, commerciales ou militaires. C'est ainsi que les rois numides ont pu jouir d'une relative autonomie administrative, culturelle et économique malgré la suprématie de ces puissances.

                Pour ce qui est de la Numidie, cela a duré 146 ans en tout et pour tout ; bien avant l'ère chrétienne! Entre temps, 2000 ans se sont écoulés avec des apports culturels et linguistiques très variés : romain/ latin, byzantin/grec, arabe, turc, espagnol, français – pour l'essentiel. Il faut dire que la notion de frontières telle que nous la concevons de nos jours n'avait rien à voir. Les tribus étaient soit libres et fragiles, soit soumises mais protégées. Les espaces eux-mêmes étaient très fluctuants. On pouvait être délogé par plus puissant à tout moment (ce qui explique la politique d'allégeance aux puissances dominantes). La notion de « unification territoriale » par un Massinissa ou un autre est donc toute relative ; il n'y avait ni eau courante, ni trains, ni Internet – sans parler d'une administration centralisée et omniprésente... Les frontières étaient aussi aléatoires que pouvaient l'être les dominants. L'unification de la Numidie c'est donc 5% dans l'histoire de l'Afrique du nord. Les territoires ont continué leurs développements en dehors de cette hégémonie politique (et/ou militaire). Ensuite, il y a bel et bien eu des dynasties berbères durant les règnes des califats arabes, mais elles étaient arabophones et défendaient les intérêts de leurs maîtres moyen-orientaux.

                Que nos jeunes compatriotes amazighophones retrouvent de la sérénité : le pouvoir politique berbère a bel et bien existé il y a de cela plus de 2000 ans, mais entre temps, la vie a continué sans leur domination. Maintenant, si l'on veut tout de même récupérer un pouvoir perdu il y a vingt siècles, il va falloir l'argumenter car cela va nier 95% du temps historique de ce territoire ! De ces observations il ressort que la revendication amazighe contemporaine dit, en gros : « aidez-nous à restaurer Tamazgha, ensuite laissez-vous phagocyter jusqu'à retrouver votre identité berbère refoulée. Tout ira mieux après. ».

                Or, au propre comme au figuré, Tamazgha est un conte de fée qui n'a aucune base historique si ce n'est une projection sur un espace linguistique chamito-sémitique – mais cela fonde-t-il une identité ? On imaginerait mal un drapeau de la francophonie côtoyant celui des Etats membres. Quant à l'exemple de la confédération américaine et dans une certaine mesure la communauté européenne, il y a eu adhésion d'un ensemble d'états (existant préalablement) à une vision partagée d'union scellée par une constitution ; nous sommes donc bien loin de telles configurations.

                Notre histoire commune a débouché sur une réalité nouvelle : l'Algérie. Cette dernière est une synthèse de tous les apports culturels, religieux, linguistiques et économiques qui s'y sont déversés. Et l'identité algérienne (ce que par ailleurs j'ai appelé « l'algérianité ») est une réalité palpable. Ce pays a la chance d'avoir deux langues maternelles : la darija (ou maghribi) et le berbère. Préservons-les et protégeons-les car elles nous viennent de loin, du fin fond de notre histoire. L'identité que je me suis forgée est celle d'une nation multilingue qui n'a qu'un drapeau, celui qu'un million et demi de chouhadas ont permis de hisser haut, au milieu des autres nations reconnues de par le monde. Que l'amazighité trouve dans l'algérianité ses propres constituants, cela est naturel. Mais qu'elle en constitue le socle absorbant et surdéterminant, cela demanderait clarifications à la fois historiques et linguistiques. Quant au Hirak, il a besoin de clairvoyance pour conduire son audace historique avec assurance sans se laisser diviser par des slogans contreproductifs.

                *(Linguiste, auteur de Le maghribi, alias ed-darija aux Editions Franz Fanon – Alger)

                Par Abdou Elimam
                Quotidien-Oran

                félicitation pour ce passage abdou tu as traduis la pensé des millions qui avaient besoin que quelqu'un l'exprime de façon simple et concis comme tu viens d'excellé en la matière.
                L'escalier de la science est l'échelle de Jacob,il ne s'achève qu'aux pieds de Dieu
                Albert Einstein

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                • #23
                  Cet article ressemble beaucoup aux thèses de feu Gaddafi qu'il avait commandées au "Docteur" khechimi (si je me rappelle bien de son nom).

                  L'auteur affirme sans honte bue que Tamazight était très minoritaire dans un océan punique. C'est la nouvelle thèse pour justifier l'arabité. Celle-ci est la meilleure. Il continue par l'autre contre-vérité que darija est la fille du punique même pour les variantes depuis Alger et un peu à l'est jusqu'à l'atlantique.


                  Ce type de réactions était très récurent dans les années 2000 au Maroc quand le mouvement amazigh très fort sous l'égide de l'académicien Mohamed CHAFIK a rédigé le "Manifeste Berbère" à l'adresse du makhzen et des fausses élites arabistes. Ces derniers ont été atteint d'une diarrhée littéraire et chacun inventait sa thèse foireuse pour justifier l'arabo-islamité du Maroc.

                  Ce débat qui jusqu'à maintenant n'intéressait que l'élite amazigh en Algérie, grâce aux décisions stupides de GS, ce débat sort de son confinement et permettra certainement à libérer les esprits et corriger les convictions et les errements des panarabistes.

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                  • #24
                    Pour les intéressés, ci-après le "Manifeste Berbère" publié en 2000 :

                    Le Manifeste berbère a été rédigé par Mohammed Chafik, l'une des grandes personnalités du mouvement culturel berbère. Il est membre de l’Académie royale du Maroc et un ancien recteur de l'Institut royal de la culture amazighe (IRCAM). Largement diffusé, ce document historique expliuait clairement les sept revendications importantes du Mouvement culturel amazigh :

                    1. l'ouverture d’un dialogue national autour de l’amazigh ;
                    2. la reconnaissance constitutionnelle de l’amazigh comme langue nationale et officielle ;
                    3. le développement économique des régions amazighes ;
                    4. l’enseignement de la langue amazighe ;
                    5. la récriture de l’histoire marocaine ;
                    6. la valorisation de l’amazigh dans les mass médias officiels ; valorisation des arts amazighs ;
                    7. l’arrêt immédiat de l’arabisation touchant les régions des Amazighs et l’encouragement des associations ainsi que la presse amazighes en leur reconnaissant leur utilité publique et en leur accordant le soutien financier et logistique.

                    Le manifeste fut signé par un million de partisans pour la cause amazighe, ce qui prouve que Mohammed Chafik était un rassembleur au sein du mouvement culturel amazigh.



                    http://www.axl.cefan.ulaval.ca/afriq...feste-2000.htm

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                    • #25
                      Etonnant qu'un journal de qualité comme le quotidien d'oran accepte de publier des articles
                      aux contenus appproximatifs et très peu sérieux comme celui ci .
                      j'ai parcouru l'article et sincerement je n'ai lu que verités.
                      eclaires nous stp sur ces approximations.


                      je pense que l'on peut aussi l'écrire dans l'autre sens ,ca marche tout aussi bien ,l'arabisme ne dérange pas,c'est l'anti amazighisme de ses promoteurs qui a dérangé et pour rester dans le vrai,cet antiamazighisme a rarement pour ne pas dire jamais été le fait d'individus d'origine arabe .
                      l'arabisme est une ideologie née chez les arabes du moyen orient, contre le colonialisme qu'a subi presque tous les pays arabes et surtout pour fédérer ces memes etats sur certains idéaux .
                      l'algerie qui etait sous les jougs du colonialisme francais, n'avait pas d'autres spheres d'appartenance (choix) a part les pays islamiques ou arabes, surtout que ce sont ces pays qui la soutenaient idéologiquement et financierement.
                      le panarabisme fut choisi par le dirigeants algeriens de l'époque, car c'était la forme anticolonialiste et anti-impérialiste la plus moderniste a l'époque.

                      Par contre le berberisme, n’a et ne trouve sa substance qu’au seul anti-arabisme.

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                      • #26
                        quels messages étaient censés nous renvoyer ces drapeaux d'obédience supranationale ?
                        La réponse est simple :

                        Renverser la vapeur, dévier la fronde, et crier victoire par la force de la manipulation et le pouvoir de l'illusion !

                        En levant un drapeau jaune.. la minorité berbère se transforme en majorité et l'arabe en minorité !


                        Aussi simple que cela..


                        Mais ça n'a pas marché

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                        • #27
                          Aussi simple que cela..
                          Mais ça n'a pas marché

                          d"ou l’idée qu'on déversas du zitzitoun sur les escalier et les lampadaires ce vendredi, pour que les arabes sentant cela , ils rentrent chez eux


                          stratagème , même l'ex-naboleon ne l'aurait pas trouvé

                          ila el amam..............el mendjel............3em voie ................EL KAHIRA
                          "sauvons la liberté , la liberté sauve le reste"

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