Mohamed KHIDER, l'un des " neuf chefs historiques " de la Révolution algérienne a été assassiné le 3 janvier 1967 à Madrid. Ci-dessous, les " bonnes feuilles " du livre " L'affaire Khider, un crime d'Etat impuni " publié par son fils Tariq* .
L’enquête que nous relatons ci-dessous se base sur un dossier officiel détaillé, transmis par le tribunal d’instruction pénale espagnole à la famille du défunt. Le professeur Charles-Albert Reichen, ami de Mohamed Khider, le fera traduire en français, puis le résumera comme suit :
Le 03 janvier 1967, à 22 heures 30, le greffe du tribunal de garde de Madrid recevait un appel téléphonique de la police rendant compte d’une agression à coup de feux dans la rue Saint François de Salés au No 26, commise contre l’opposant algérien Mohamed Khider, lequel avait été transféré à la clinique Notre Dame de La Conception où il était mort à son arrivée.
A cette heure tardive de la soirée, la garde du Tribunal d’instruction est confiée au juge Munoz Alvares. Ce magistrat consciencieux et dévoué ne perd pas une minute. Il se rend sur le lieu du crime où « à la hauteur de la maison indiquée, sous le No 26 de la dite rue, se trouve stationnée en sen oblique une automobile blanche, marque Citroën, modèle connu sous le nom de DS, immatriculée à Lausanne, VD 6501.2 ». A l’intérieur de la voiture se trouvent, sur le siège avant, des lunettes ainsi qu’une pipe. Le magistrat constate que la porte avant droite est entre-ouverte et que le pare-brise porte un petit trou sur sa partie droite. Sur le terrain, à quelques 8 mètres de là, on voit une trainée de sang qui semble se diriger vers le centre de la chaussée puis, à 4 mètres au-delà, apparait une grande flaque de sang déjà coagulée.
Avant l’arrivée du juge d’instruction, la police a retrouvé quelques douilles de balle, toutes de calibre 9 mm. La victime habitait la maison d’en face.
Le juge continuant son enquête, gagne ensuite la morgue de la clinique Notre Dame de la Conception, où il découvre le « cadavre d’un homme ayant environ 50 ans, de couleur du visage basanée. La victime présentait une blessure, par coups de feu, au poignet droit ainsi qu’à la pommette gauche. On pouvait aussi apercevoir 3 autres orifices, l’un dans la région frontale gauche à 5 cm de l’arcade sourcilière, l’autre avec entrée dans la région occipitale gauche et sortie à 3 cm de la ligne médiane du front, et une troisième se trouvait au bas de la mamelle gauche. ».
On le voit, Mohamed Khider avait été consciencieusement mitraillé. Il avait dû recevoir une première balle alors qu’il était encore au volant de sa voiture et se sentant blessé, avait fui par la porte droite du véhicule en se baissant. L’agresseur, tout en tirant, l’avait alors poursuivi, l’ayant atteint, la victime s’est effondrée sur le pavés. Arrivé à sa hauteur, l’assassin l’avait impitoyablement achevé de plusieurs autres coups de feu. On peut imaginer la douleur que l’on peut ressentir en détaillant le déroulement de ce crime abjecte. Quelques secondes avaient suffi à cet assassin pour éteindre la vie héroïque de cet homme qui s’était totalement donné à sa patrie.
Les circonstances étaient particulièrement horribles pour que le juge se décide d’agir avec promptitude. En même temps qu’il avisait par téléphone le bureau de police des affaires arabes en lui demandant d’opérer des recherches de toute urgence dans les lieux fréquentés par les Nord africains, il se préparait à recevoir des dépositions.
En premier lieu, il interrogeait le beau frère de la victime, M. Lakhdar Bellal, lequel se trouvait avec la victime et sa femme au moment de l’agression. Puis, avec tact et la discrétion nécessaire, il interrogea Mme Mohamed Khider qui se trouvait dans un état de choc qu’on imagine sans peine.
Les deux dépositions étaient parfaitement concordantes. Nous nous bornerons à ne citer que celle de Mme Khider. Elle déclare que le dit jour, vers 20 heures, elle ou " il "’ reçut l’appel téléphonique de l’inspecteur de police Martin Guillen, chargé de la sécurité de Mohamed Khider, demandant si celui-ci comptait sortir ; ce à quoi il lui avait été répondu qu’il comptait rester à la maison pour la soirée jusqu’au lendemain où il avait rendez-vous chez le dentiste à 11 heures. Il semble donc que la victime aie refusé, pour la soirée en cours les services de son garde du corps pensant qu’il resterait chez lui.
Cependant, un quart d’heure après l’appel du policier, Khider appelait par téléphone un de ses amis, M. Molha Hossein, attaché militaire de l’ambassade de Syrie. Il lui demande de ses nouvelles, ce à quoi M. Molha lui répond qu’il était malade et qu’en outre ses deux voitures étaient endommagées. M. Khider prit la décision d’aller rendre visite à son ami. En ce soir de ramadan, il est de coutume de se rendre visite en soirée. A l’issue de ce coup de fil, Khider informa sa femme et son beau frère qu’ils allaient tous trois rendre visite à leur ami syrien. «Mme Khider n’aimait pas beaucoup cette façon d’agir qu’elle jugeait imprudente. Mais ce soir là, ni son beau frère ni elle-même n’eurent l’idée de conseiller la victime de demander la protection de la police, pourtant toujours disponible.».
L’enquête que nous relatons ci-dessous se base sur un dossier officiel détaillé, transmis par le tribunal d’instruction pénale espagnole à la famille du défunt. Le professeur Charles-Albert Reichen, ami de Mohamed Khider, le fera traduire en français, puis le résumera comme suit :
Le 03 janvier 1967, à 22 heures 30, le greffe du tribunal de garde de Madrid recevait un appel téléphonique de la police rendant compte d’une agression à coup de feux dans la rue Saint François de Salés au No 26, commise contre l’opposant algérien Mohamed Khider, lequel avait été transféré à la clinique Notre Dame de La Conception où il était mort à son arrivée.
A cette heure tardive de la soirée, la garde du Tribunal d’instruction est confiée au juge Munoz Alvares. Ce magistrat consciencieux et dévoué ne perd pas une minute. Il se rend sur le lieu du crime où « à la hauteur de la maison indiquée, sous le No 26 de la dite rue, se trouve stationnée en sen oblique une automobile blanche, marque Citroën, modèle connu sous le nom de DS, immatriculée à Lausanne, VD 6501.2 ». A l’intérieur de la voiture se trouvent, sur le siège avant, des lunettes ainsi qu’une pipe. Le magistrat constate que la porte avant droite est entre-ouverte et que le pare-brise porte un petit trou sur sa partie droite. Sur le terrain, à quelques 8 mètres de là, on voit une trainée de sang qui semble se diriger vers le centre de la chaussée puis, à 4 mètres au-delà, apparait une grande flaque de sang déjà coagulée.
Avant l’arrivée du juge d’instruction, la police a retrouvé quelques douilles de balle, toutes de calibre 9 mm. La victime habitait la maison d’en face.
Le juge continuant son enquête, gagne ensuite la morgue de la clinique Notre Dame de la Conception, où il découvre le « cadavre d’un homme ayant environ 50 ans, de couleur du visage basanée. La victime présentait une blessure, par coups de feu, au poignet droit ainsi qu’à la pommette gauche. On pouvait aussi apercevoir 3 autres orifices, l’un dans la région frontale gauche à 5 cm de l’arcade sourcilière, l’autre avec entrée dans la région occipitale gauche et sortie à 3 cm de la ligne médiane du front, et une troisième se trouvait au bas de la mamelle gauche. ».
On le voit, Mohamed Khider avait été consciencieusement mitraillé. Il avait dû recevoir une première balle alors qu’il était encore au volant de sa voiture et se sentant blessé, avait fui par la porte droite du véhicule en se baissant. L’agresseur, tout en tirant, l’avait alors poursuivi, l’ayant atteint, la victime s’est effondrée sur le pavés. Arrivé à sa hauteur, l’assassin l’avait impitoyablement achevé de plusieurs autres coups de feu. On peut imaginer la douleur que l’on peut ressentir en détaillant le déroulement de ce crime abjecte. Quelques secondes avaient suffi à cet assassin pour éteindre la vie héroïque de cet homme qui s’était totalement donné à sa patrie.
Les circonstances étaient particulièrement horribles pour que le juge se décide d’agir avec promptitude. En même temps qu’il avisait par téléphone le bureau de police des affaires arabes en lui demandant d’opérer des recherches de toute urgence dans les lieux fréquentés par les Nord africains, il se préparait à recevoir des dépositions.
En premier lieu, il interrogeait le beau frère de la victime, M. Lakhdar Bellal, lequel se trouvait avec la victime et sa femme au moment de l’agression. Puis, avec tact et la discrétion nécessaire, il interrogea Mme Mohamed Khider qui se trouvait dans un état de choc qu’on imagine sans peine.
Les deux dépositions étaient parfaitement concordantes. Nous nous bornerons à ne citer que celle de Mme Khider. Elle déclare que le dit jour, vers 20 heures, elle ou " il "’ reçut l’appel téléphonique de l’inspecteur de police Martin Guillen, chargé de la sécurité de Mohamed Khider, demandant si celui-ci comptait sortir ; ce à quoi il lui avait été répondu qu’il comptait rester à la maison pour la soirée jusqu’au lendemain où il avait rendez-vous chez le dentiste à 11 heures. Il semble donc que la victime aie refusé, pour la soirée en cours les services de son garde du corps pensant qu’il resterait chez lui.
Cependant, un quart d’heure après l’appel du policier, Khider appelait par téléphone un de ses amis, M. Molha Hossein, attaché militaire de l’ambassade de Syrie. Il lui demande de ses nouvelles, ce à quoi M. Molha lui répond qu’il était malade et qu’en outre ses deux voitures étaient endommagées. M. Khider prit la décision d’aller rendre visite à son ami. En ce soir de ramadan, il est de coutume de se rendre visite en soirée. A l’issue de ce coup de fil, Khider informa sa femme et son beau frère qu’ils allaient tous trois rendre visite à leur ami syrien. «Mme Khider n’aimait pas beaucoup cette façon d’agir qu’elle jugeait imprudente. Mais ce soir là, ni son beau frère ni elle-même n’eurent l’idée de conseiller la victime de demander la protection de la police, pourtant toujours disponible.».
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