Envoyé par AANIS
Pour ceux qui sont soucieux de s'informer correctement, un article trés intéressant du monde-diplomatique sur l'auteur (bonne lecture):
http://www.monde-diplomatique.fr/2005/08/GRESH/12402
Comme Janus, le dieu romain, Bernard Lewis a deux visages. Universitaire britannique installé aux Etats-Unis en 1974, spécialiste reconnu de la Turquie, il a publié d’innombrables ouvrages sur le monde musulman. D’autre part, il est un intellectuel engagé depuis très longtemps dans le combat politique. Il s’est distingué par son soutien sans faille à la politique israélienne, par les mille excuses qu’il a trouvées aux généraux turcs au temps où ils monopolisaient le pouvoir à Ankara, par sa négation du génocide arménien – pour laquelle il a été condamné en France. Depuis l’accession de M. George W. Bush à la présidence des Etats-Unis, Bernard Lewis est devenu un conseiller écouté, proche des néoconservateurs, notamment de M. Paul Wolfovitz. Celui-ci, alors qu’il était secrétaire d’Etat adjoint à la défense, lui rendait un vibrant hommage lors d’une cérémonie tenue en son honneur à Tel-Aviv, en mars 2002 : « Bernard Lewis nous a appris à comprendre l’histoire complexe et importante du Moyen-Orient et à l’utiliser pour nous guider vers la prochaine étape afin de construire un monde meilleur pour les prochaines générations (2). »
« L’islam, qui est faible depuis deux siècles, assure Bernard Lewis, a toujours cherché des appuis pour combattre son ennemi – la démocratie occidentale. Il a d’abord soutenu les puissances de l’Axe contre les Alliés, puis les communistes contre les Etats-Unis : ce qui a abouti à deux désastres (6). » L’alliance entre Riyad et Moscou ou entre l’islam et le communisme durant la guerre en Afghanistan avait échappé à la plupart des autres observateurs...
Etrange historien, dont les survols ignorent les faits concrets, le pétrole, l’exil des Palestiniens, les interventions occidentales. « Pendant des siècles, la réalité sembla confirmer la vision que les musulmans avaient du monde et d’eux-mêmes. L’islam représentait la plus grande puissance militaire », écrit l’auteur, qui précise : « La Renaissance, la Réforme, la révolution technique passèrent pour ainsi dire inaperçues en terres d’islam, les musulmans continuant à tenir les habitants des pays s’étendant de l’autre côté de leurs frontières occidentales pour des barbares plongés dans l’ignorance... » Evoquant le XVIIe siècle, Lewis poursuit : « Quoique n’éprouvant en général que mépris à son égard, les musulmans se rendaient compte que l’Occident infidèle possédait d’indéniables talents en matière d’armement et de conduite de la guerre (7). » En quelques pages, l’auteur couvre près de dix siècles d’histoire, marqués par la multiplicité des centres de pouvoir dans le monde musulman, par des schismes et par des alliances (y compris avec des puissances chrétiennes), et il est capable de résumer ce que pensaient « les musulmans », élites et peuples, nations et classes, sunnites et chiites mêlés...
Etrange historien, dont les survols ignorent les faits concrets, le pétrole, l’exil des Palestiniens, les interventions occidentales. « Pendant des siècles, la réalité sembla confirmer la vision que les musulmans avaient du monde et d’eux-mêmes. L’islam représentait la plus grande puissance militaire », écrit l’auteur, qui précise : « La Renaissance, la Réforme, la révolution technique passèrent pour ainsi dire inaperçues en terres d’islam, les musulmans continuant à tenir les habitants des pays s’étendant de l’autre côté de leurs frontières occidentales pour des barbares plongés dans l’ignorance... » Evoquant le XVIIe siècle, Lewis poursuit : « Quoique n’éprouvant en général que mépris à son égard, les musulmans se rendaient compte que l’Occident infidèle possédait d’indéniables talents en matière d’armement et de conduite de la guerre (7). » En quelques pages, l’auteur couvre près de dix siècles d’histoire, marqués par la multiplicité des centres de pouvoir dans le monde musulman, par des schismes et par des alliances (y compris avec des puissances chrétiennes), et il est capable de résumer ce que pensaient « les musulmans », élites et peuples, nations et classes, sunnites et chiites mêlés...
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