Qui l’aurait imaginé ! Au début des années 1990, un groupe de jeunes kabyles du village Tuguemoumine, dans la région des At Ouacif, aux fins fonds de la Kabylie profonde, juste en face des majestueuses montagnes du Djurdjura si chères à Lounès MATOUB, s’offrent le luxe d’organiser des soirées théâtrales au sein de ce qui est, à notre connaissance, le premier théâtre de verdure à fonds privés de la Kabylie, au moment même où les théâtres et les salles de cinéma étatiques fermaient les unes après les autres sous l’impulsion des « élus » d’un certain parti dissout.
Monsieur BENABBAS Abbas et ses amis de l’association « Tagmats », à l’image des frères ABDENNBI : Ramdane et Smaïl (que l’on salue au passage, car c’est bien eux qui nous ont mis au courant de l’existence de ces lieux), sont à l’origine de cet exploit. Depuis quelques mois, ils tentent, par des moyens légaux, de redynamiser cet établissement et d’en faire, pourquoi pas, une institution.

Siège de l'association « Tagmats »
Entretien avec BENABBAS Abbas, propriétaire des lieux :
Avant d’aller plus loin, une petite présentation de vous s’impose !
BENABBAS Abbas : Industriel en textile à la retraite. Père d’une famille nombreuse, comme beaucoup d’Algériens, ancien militant nationaliste et aussi militant de la culture et de la démocratie. Je suis désireux de voir son pays évoluer et sortir de la médiocrité ambiante.
Au début des années 1990, vous avez entrepris la construction d’un théâtre de verdure dans votre village Tiguemounine (At Ouacif, Tizi Ouzou), que vous avez réussi à faire marcher par la suite avec l’aide des membres de l’association «Tagmmats ». Racontez-nous cette formidable expérience ?
Au début des années 1990, j’ai initié la création de l’association culturelle « Tagmats » (la fraternité). De jeunes talents prodigieux, comme en recèle notre région, nous sont apparus, dans le domaine de la musique, de la poésie et du théâtre. C’est ce qui m’a encouragé à construire un théâtre de verdure, d’autant plus qu’à l’époque, je travaillais et disposais de moyens pour faire face au projet.
Avec les membres de l’association, nous avons commencé notre activité avec efficacité et facilité. Nous avons été surpris par le succès rencontré, nous avions cassé des tabous et avions suscité de l’intérêt pour tout le village. Nous nous sommes même produits à Alger, à la salle Ibn Khaldoun, en salle comble !
Cette expérience unique a été stoppée par les évènements. Certains acteurs qui avaient fait leur initiation chez nous, se sont produits au festival d’Avignon en France où ils ont eu un franc succès, ils se sont installés et exercent actuellement à l’étranger.
Vous avez baptisé les lieux « Agraw Taos Amrouche », est-ce une influence personnelle ou un hommage ?
C’est d’abord en hommage à la mémoire de cette femme, digne des héroïnes amazighes, par son courage dans l’adversité et sa sagesse. Elle nous apprend de combien est capable une femme kabyle, sans oublier le lien de ressemblance avec nos mères et nos grands-mères.
Vous y avez produit des pièces du grand Muhya, mais aussi de YACINE et de MAMMERI, à l’époque où les salles de cinéma et les théâtres fermaient l’une après l’autre, comment cela a été possible ?
Le désir d’être utile, d’apporter un plus au village et à la région qui en avaient grand besoin, le désir de faire émerger ces jeunes talents perdus dans l’anonymat, la réponse enthousiaste et active de la population, mais aussi son soutien. Le danger n’était pas prévisible au demeurant, jusqu’au moment de son évidence !
Chose remarquable aussi, c’est que les représentations étaient suivies par la majorité des villageois, tout le monde se déplaçait sur les quelques 300 mètres qui séparaient le théâtre du village, hommes, femmes et enfants s’y retrouvaient en toute communion, un monde utopique quoi !
Quand on se sait dans son bon droit, dans l’utilité sociale, ce n’est pas de l’utopie, d’autant plus que les visées et les desseins des terroristes n’étaient pas encore connus. Qui pouvait prévoir les massacres dont ils ont été capables ?
Malheureusement, l’expérience n’a pas duré longtemps, elle a été stoppée par l’intensification des activités terroristes probablement ?
Évidemment, des remarques et des menaces nous sont parvenues, ajouter à cela, ce qui se passait ailleurs…
Actuellement, vous avez repris les travaux et aviez déposé une demande d’agrément en tant que théâtre de verdure, quelle en sera la suite ?
La suite sera la reprise de l’activité quand le calme se rétablira.
Ça sera du tourisme et de la culture pour tout le monde, une nouvelle formule en somme ?
Dans la mesure de nos moyens et dans l’ordre de la nécessité, de l’utilité et du raisonnable.
Pensez-vous que les conditions favorables sont actuellement réunies pour faire de votre projet une réalité ?
Avancer dans le dossier administratif d’agrément et d’organisation, oui. Pour l’activité proprement dite, les conditions sécuritaires ne sont pas encore favorables.
Monsieur BENABBAS Abbas et ses amis de l’association « Tagmats », à l’image des frères ABDENNBI : Ramdane et Smaïl (que l’on salue au passage, car c’est bien eux qui nous ont mis au courant de l’existence de ces lieux), sont à l’origine de cet exploit. Depuis quelques mois, ils tentent, par des moyens légaux, de redynamiser cet établissement et d’en faire, pourquoi pas, une institution.

Siège de l'association « Tagmats »
Entretien avec BENABBAS Abbas, propriétaire des lieux :
Avant d’aller plus loin, une petite présentation de vous s’impose !
BENABBAS Abbas : Industriel en textile à la retraite. Père d’une famille nombreuse, comme beaucoup d’Algériens, ancien militant nationaliste et aussi militant de la culture et de la démocratie. Je suis désireux de voir son pays évoluer et sortir de la médiocrité ambiante.
Au début des années 1990, vous avez entrepris la construction d’un théâtre de verdure dans votre village Tiguemounine (At Ouacif, Tizi Ouzou), que vous avez réussi à faire marcher par la suite avec l’aide des membres de l’association «Tagmmats ». Racontez-nous cette formidable expérience ?
Au début des années 1990, j’ai initié la création de l’association culturelle « Tagmats » (la fraternité). De jeunes talents prodigieux, comme en recèle notre région, nous sont apparus, dans le domaine de la musique, de la poésie et du théâtre. C’est ce qui m’a encouragé à construire un théâtre de verdure, d’autant plus qu’à l’époque, je travaillais et disposais de moyens pour faire face au projet.
Avec les membres de l’association, nous avons commencé notre activité avec efficacité et facilité. Nous avons été surpris par le succès rencontré, nous avions cassé des tabous et avions suscité de l’intérêt pour tout le village. Nous nous sommes même produits à Alger, à la salle Ibn Khaldoun, en salle comble !
Cette expérience unique a été stoppée par les évènements. Certains acteurs qui avaient fait leur initiation chez nous, se sont produits au festival d’Avignon en France où ils ont eu un franc succès, ils se sont installés et exercent actuellement à l’étranger.
Vous avez baptisé les lieux « Agraw Taos Amrouche », est-ce une influence personnelle ou un hommage ?
C’est d’abord en hommage à la mémoire de cette femme, digne des héroïnes amazighes, par son courage dans l’adversité et sa sagesse. Elle nous apprend de combien est capable une femme kabyle, sans oublier le lien de ressemblance avec nos mères et nos grands-mères.
Vous y avez produit des pièces du grand Muhya, mais aussi de YACINE et de MAMMERI, à l’époque où les salles de cinéma et les théâtres fermaient l’une après l’autre, comment cela a été possible ?
Le désir d’être utile, d’apporter un plus au village et à la région qui en avaient grand besoin, le désir de faire émerger ces jeunes talents perdus dans l’anonymat, la réponse enthousiaste et active de la population, mais aussi son soutien. Le danger n’était pas prévisible au demeurant, jusqu’au moment de son évidence !
Chose remarquable aussi, c’est que les représentations étaient suivies par la majorité des villageois, tout le monde se déplaçait sur les quelques 300 mètres qui séparaient le théâtre du village, hommes, femmes et enfants s’y retrouvaient en toute communion, un monde utopique quoi !
Quand on se sait dans son bon droit, dans l’utilité sociale, ce n’est pas de l’utopie, d’autant plus que les visées et les desseins des terroristes n’étaient pas encore connus. Qui pouvait prévoir les massacres dont ils ont été capables ?
Malheureusement, l’expérience n’a pas duré longtemps, elle a été stoppée par l’intensification des activités terroristes probablement ?
Évidemment, des remarques et des menaces nous sont parvenues, ajouter à cela, ce qui se passait ailleurs…
Actuellement, vous avez repris les travaux et aviez déposé une demande d’agrément en tant que théâtre de verdure, quelle en sera la suite ?
La suite sera la reprise de l’activité quand le calme se rétablira.
Ça sera du tourisme et de la culture pour tout le monde, une nouvelle formule en somme ?
Dans la mesure de nos moyens et dans l’ordre de la nécessité, de l’utilité et du raisonnable.
Pensez-vous que les conditions favorables sont actuellement réunies pour faire de votre projet une réalité ?
Avancer dans le dossier administratif d’agrément et d’organisation, oui. Pour l’activité proprement dite, les conditions sécuritaires ne sont pas encore favorables.







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