Les identités meurtrières, d'Amin Maalouf.

[absent]

La notion d'Etat nation date aujourd'hui , son apogée remonte au dix-neuvième siècle et début vingtième siècle. ele a été à l'origine des grandes colonisations dites civilisatrices et à l'origine des guerres européennes dites mondiales. aujord'hui la tendeance est aux grands blocs et la mondialisation qui n'est que le prolongement de l'époque colonial avec une tentative de main mise de l'occident sur l'économie mondiale, il ne faut pas négliger l'apparition depuis 1948 de ce qu'on appelle le mondialisme qui n'a absolument rien à voir avec la mondialisation et qui a surtout pour objectif de mettre en places des lois mondiales pour régler les problèmes mondiaux avec une gouvernance mondiale qui ne s'appuie pas sur les états nations mais sur les peuples. Cette notion a pour objectif de sensibiliser les habitants de la TERRE que nous faisons tous ensemble parti du village planétaire. ainsi personnellement, je peux me sentir patriote mais jamais nationaliste. J'aime ma patrie et je ne déteste pas mes voisins.

[Bachi]

Maalouf s'explique sur son site (au fait merci pour le fil et le lien ). Bien qu'il a eu une jeunesse écartée entre diverses cultures, ce qui l'a vraiment perturbé c'est le traitement fait à une minorité, et en l'occurence la sienne (il évoque la "catégorie" chrétien grec melkite). L'injustice n'a pas à voir avec une question d'identité. L'injustice est un sentiment universel.
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Alain, que je remercie, vient d'écrire pourquoi je n'aime pas cet auteur. Quand je le lis, j'ai l'impression de lire quelqu'un qui défend sa cause. Je n'aime pas du tout le roman à "cause".
Sans avoir même lu "Identités meurtrières", je devinais encore qu'il va broder autour de ses origines, ses causes, ses persécutions, etc... bref, son identité à lui. Et partant de là, il pleurnichera un bon coup au lecteur combien sont meurtrières, les identités des autres. Et il tombe dans son propre piège: l'identité qui sépare les "nous" et les "autres".

Mais je le lirai, pour rigoler, tout de même.

L'identité, c'est mes expériences qui forcent ma génétique à être.
Peuvent être meurtrières les identités "mimétiques", celles qu'on emprunte à la foule, la communauté de religion, de l'éthnie, de la nation.

[absente]

il se sert de son expérience mais certainement pas pour faire pleurer dans les chaumières, elle sert de support de réfléxion
et à bien y réfléchir c'est par sa propre expérimentation qu'on peut par la suite élargir sa vision et sa réfléxion..

evidemment si tu le lis avec un a priori négatif ... c'est même pas la peine !

[absente]

Moi non plus je n'ai pas sentie qu'il defendait sa cause.
Dans ses diffenrents romans, y a toujours plusieurs cultures et communautés qui se cotoient des fois en paix mais le plus souvent non.
Il essaie de demontrer que les gens s'enrichissent des différences des autres. Quand tout va bien sur le plan economique les différentes communautés arrivent à vivre ensemble mais dès que ça va mal, on peut plus vivre ensemble.
Enfin c'est vrai quand on se connait deja mais y a quelque chose ou quelqu'un de nouveau; la première réaction est le rejet.
Mais jamais je n'ai trouvé qu'il défendait les problemes des minorités.

[leonidas]

comment se définie-t-elle ? Qu'est ce qui la détermine ? pour un individu qui doit concilier le multiculturalisme, face à la mondialisation des cultures ?

La variété dans l'identité, c'est l'un des secrets de tous les arts

[Alain]

J'attire votre attention sur le fait que "l'identité" a été considérablement manipulée par l'extrême droite française (qui n'est pas constituée que d'abrutis). Certains ont même créé la revue .. "Identité" ! L'extrême droite rejette l'immigration, cherche à saper la République "égalitariste", rejette les fusions culturelles, etc ... L'extrême droite a popularisé les slogans "respecter les différences", "la différence enrichit", derrière lesquels se cachent de redoutables concepts, en plus d'habituer les gens à ne plus penser en terme de "français" lorsqu'il s'agit d'immigrés.

EDIT : http://socio-anthropologie.revues.org/document164.html

EDIT2 : aucun rapport avec Maalouf ! le sujet est casse gueule, c'est tout ce que je voulais dire (dans ce fil).

[l'imprevisible]

Bonsoir

Je vous remercie pour vos différentes interventions, forts intéressantes chacune dans son optique.

Le livre est un essai, que Maalouf se réfère à son expérience n'a rien d'extraordinaire, il est issu d'une société qui se déchire pour des raisons identitaires. Les pages que j'ai lu jusque là, font un juste rappel des sens communs qui sont pris pour des vérités absolues et des références par excellences pour désigner des individus et les astreindre à des identités figées, cristallisées.

C'est loin d'être une autobiographie, loin de là, c'est bien une réflexion dans les règles de l'art.

Je n'aime pas parler d'un livre que je n'ai pas fini, car je peux m'avancer trop tôt, je préfère de loin suivre le fil des pages.

[bledard_for_ever]

Je trouve que c'est un tres beau livre. Petit et tres agréable à lire.

On se reconnait facilement et on dit que dans l'déal les identités sont superflues, une création de l'homme pour dominer ou dominer les autres.

Nous avons tous de multiples identités et la plus parfaite et la plus accomplie c'est celle qui te permet d'être toi même la ou tu vas.

ça m a fait penser au verset coranique :

.. wa jaalanakoum chou3oubane wa kaba'ila li ta3arafou ina akramakoum 3inda lahi atkoum...."

cela veut dire nous avons fait de vous des peuples et des tribus pour vous rencontrer, le meilleur d'entre vous c'est le plus pieux.

[l'imprevisible]

Bonsoir

la plus parfaite et la plus accomplie c'est celle qui te permet d'être toi même la ou tu vas.

Il est difficile de parler de perfection et d'accomplissement de l'identité.

Puis il faut définir qu'est ce qu'être soi-même ?

Une chose est certaine, elle n'est jamais figée.

Effectivement, le livre est très agréable à lire.

[Jallal-a-bad]

Un extrait...


Amin Maalouf : "les identités meurtrières"

[...]Quiconque revendique une identité plus complexe se retrouve marginalisé. Un jeune homme né en France de parents algériens porte en lui deux appartenances évidentes, et devrait être en mesure de les assumer l'une et l'autre. J'ai dit deux, pour la clarté du propos, mais les composants de sa personnalité sont biens plus nombreuses. Qu'il s'agisse de la langue, des croyances, du mode de vie, des relations, familiales, des goûts artistiques ou culinaires, les influences françaises, européennes, occidentales se mêlent en lui à des influences arabes, berbères, africaines, musulmanes... Une expérience enrichissante et féconde si ce jeune homme se sent libre de la vivre pleinement, s'il se sent encouragé à assumer toute sa diversité ; à l'inverse, son parcours peut s'avérer traumatisant si chaque fois qu'il s'affirme français, certains le regardent comme un traître, voir comme un renégat, et si chaque fois qu'il met en avant ses attaches avec l'Algérie, son histoire, sa culture, sa religion, il est en butte à l'incompréhension, à la méfiance ou à l'hostilité. [...]
J'aurais pu citer tant d'autres exemples.

Celui d'une personne née à Belgrade d'une mère serbe mais d'un père croate. Celui d'une femme Hutu mariée à une Tutsi, ou l'inverse. Celui d'un Américain de père noir et de mère juive... [...]

Tous ces exemples concernent des êtres portant en eux des appartenances qui aujourd'hui s'affrontent violement ; des êtres frontaliers, en quelque sorte, traversés par des lignes de fracture ethniques, religieuses ou autres. En raison même de cette situation, que je n'ose appeler "privilégiée", ils ont un rôle à jouer pour tisser les liens, dissiper les malentendus, raisonner les uns, tempérer les autres, aplanir, raccommoder... Ils ont pour vocation d'être des traits d'unions, des passerelles, des médiateurs entre les diverses communautés, les diverses cultures. Et c'est justement pour cela que leur dilemme est lourd de signification : si ces personnes elles-mêmes ne peuvent assumer leurs appartenances multiples, si elles sont constamment mises en demeure de choisir leur camp, sommées de réintégrer les rang de leur tribu, alors nous sommes en droit de nous inquiéter sur le fonctionnement du monde.
"Mises en demeure de choisir", "sommées", disais-je. Sommées par qui ? Pas seulement par les fanatiques et les xénophobes de tout bord, mais par vous et moi, par chacun d'entre nous. A cause justement des ces habitudes de pensée et d'expressions si ancrées en nous tous, à cause de cette conception étroite, exclusive, bigote, simpliste qui réduit l'identité entière à une seule appartenance, proclamé avec rage.

C'est ainsi que l'on "fabrique" des massacreurs, ai-je envie de crier ! Une affirmation un peu brusque, je l'admets, mais que je me propose d'expliciter dans les pages qui suivent.

[l'imprevisible]

Jallal-a-bad

Bonsoir.


J'aimerai connaître tes appréciations sur l'ouvrage, STP.

Merci d'avance

[Jallal-a-bad]

oui tidesuite :

J'ai bien aimé surtout que j'avais lu avant cet essai la vie de Mani dans le jardin de lumière, et j'ai trouvé la relation frappante pour celui qui a proposé à travers le roman une description du manichéisme en le confrontant à une robe de lumière aux couleurs multiple. Voilà, je pense qu'il concrétise assez bien avec cette essai.

[naw08]

salam

salut imprevisible!!

j'ai lu ce livre comme pas mal de ses romans , je le trouve interessant,surtout sa vision de l'identité, pour lui chaque individu possède des identités et non une!, j'ai aimé aussi chez lui une certaine objectivité quand il parlait de l'islam, mais sur d'autrs points non, comme le summum de la civilisation qui pour lui ne peut etre que occidentale.
et aussi son avis sur le voile, que je trouve trés subjectif!!

[Alain]

Sommées par qui ? Pas seulement par les fanatiques et les xénophobes de tout bord, mais par vous et moi, par chacun d'entre nous.

Mais non ...

A cause justement des ces habitudes de pensée et d'expressions si ancrées en nous tous, à cause de cette conception étroite, exclusive, bigote, simpliste qui réduit l'identité entière à une seule appartenance, proclamé avec rage.

Il mélange ici pas mal de trucs car il reste au niveau sentimental.

L'identité sociale est multiple partout sur Terre. On peut être algérien ET agriculteur ET musulman ET chaouis ET sétifien. Chacun RESSENT une +- grandes proximités intimes avec des identités sociales. MAIS le ressentir n'est PAS une règle.

Lorsqu'il s'agit de PAYER des impots, c'est à dire de faire acte de solidarité, base d'une collectivité, on ne peut se retrouver ayant droit et cotisant de toutes nos identités sociales.

Lorsqu'il s'agit de se BATTRE, c'est la même chose, quelle solidarité va jouer ? on ne peut être solidaire là aussi de toute nos identités sociales.

On ne peut, au gré des appartenace, échapper à l'impôt et à l'armée (comme symbole de la solidarité).

C'est pourquoi il faut une (ou deux rarement plus) identités POLITIQUES (parmi les identités sociales pré-existantes ou hors de celles-ci) qui va être celle qui va indiquer où se situe ma solidarité obligatoire, COHERCITIVE. Ce côté cohercitif est souvent éliminé des utopies modernes.

[Jallal-a-bad]

Hello

Il mélange ici pas mal de trucs car il reste au niveau sentimental.

Oui mais pas seulement, car s'identifier est aussi sous un rapport d'intellection et c'est cette rationalisation de l'identité qui mène aussi à une compréhension binaire de la notion d'identité. Même s'il est vrai qu'il y a priorité dans cette identification.

Mais que peut-on dire aujourd'hui dans un monde dénationalisé ? Et ce que l'on appel le village global dans la proximité des cultures et nationalités, où justement ce rapport de cohérence est et sera de plus en plus floue et subjectif...

Je pense que son essai soulève quelques points intéressants. Sans oublier ce qui touche directement l'écrivain libanais vivant en France sans pour autant faire l'apologie du multiculturalisme.