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Dans la Zone verte : Les Américains à Bagdad

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  • Dans la Zone verte : Les Américains à Bagdad

    Je vous conseille ce livre, chronique d'un observateur en Irak, qui de favorable à l'intervention est devenu plus que sceptique. Ce qui prime dans le microcosme ce n'est pas la haute stratégie mais l'incompétence, le rêve, la médiocrité aussi.



    Présentation de l'éditeur

    Envoyé spécial à Bagdad, Rajiv Chandrasekaran a enquêté pendant un an et demi dans la Zone verte, cette " petite Amérique" recréée par l'administration Bush pour accueillir les spécialistes chargés de faire de l'Irak une démocratie moderne. Le journaliste décrit le quotidien de ces Américains vivant en plein centre d'un pays dévasté par les bombardements et en proie à l'anarchie.

    C'est l'histoire, racontée de l'intérieur, d'une organisation qui s'obstine jusqu'à l'absurde à mettre en place des projets en décalage complet avec la réalité. L'épopée loufoque d'une bande de Pieds Nickelés missionnés par le président des États-Unis pour "libérer l'Irak ".

    Biographie de l'auteur

    Après avoir dirigé les bureaux de Bagdad, du Caire et d'Asie du Sud-Est du Washington Post, Rajiv Chandrasekaran a couvert la guerre en Afghanistan en tant que correspondant de ce grand quotidien, dont il est aujourd'hui rédacteur en chef adjoint.
    Il a obtenu le Samuel Johnson Prize pour cet ouvrage qui figurait également dans la liste des dix meilleurs livres de l'année 2007 du New York Times
    .

  • #2


    L’intelligence n’est peut-être qu’un concours de circonstances. Il n’a pas eu lieu en Irak. C’est le contraire qui s’est aussitôt imposé, en 2003-2004. On en découvre chaque jour avec indifférence, sur les dépêches d’agences ou dans les journaux, les conséquences. Elles sont avant tout subies par les Irakiens, même si ce sont les morts américains que l’on compte. L’immédiat après-guerre à Bagdad est raconté dans un livre publié en 2006 par Rajiv Chandrasekaran, journaliste indien-américain qui se trouvait là-bas pour le Washington Post.

    C’est une tragi-comédie de la bonne conscience : une aventure aveugle, non préparée, mal financée, menée par des gens qui s’installent dans un pays pour l’améliorer selon leurs principes (et parfois leur absence de principes), sans se soucier de son état, de son histoire, de sa culture et, finalement, de son peuple. En résumé, une épopée du Bien ex nihilo.

    Chandrasekaran multiplie les observations et les scènes qui, plus encore que les mauvaises décisions, rendent visible une volonté tranquille d’ignorer ceux qu’on prétend sauver. Dans le palais présidentiel de Saddam, où s’installe l’administration provisoire, il y a chaque jour un grand buffet : sous l’œil des employés irakiens et pakistanais, ruisselle le porc importé d’Amérique. La plupart des expatriés ne sortent jamais de leur enclave. Ils n’ont aucun contact avec les Irakiens. Derrière leurs écrans, ils analysent une réalité qu’ils ne traversent pas et qui leur échappe.

    […]

    Quand le fiasco fut avéré, il ne s’est plus guère passé de mois sans que soit publié aux Etats-Unis un livre sur les Américains en Irak. Les uns, comme celui du «vice-roi» de l’autorité américaine à Bagdad, Paul Bremer (My Year in Iraq, 2006), décrivent leur expérience avec une martiale autosatisfaction. Les autres racontent ce que leurs auteurs, des journalistes, ont vu et compris - comme Michael Herr, correspondant d’Esquire, l’avait fait pour le Vietnam (Putain de mort, 1977).

    [...]

    Chandrasekaran a lui-même commencé par y croire. Il a vécu à Bagdad de novembre 2002 au déclenchement de la guerre, en mars 2003. Il y revient le 10 avril de cette année-là, «le lendemain du jour où la statue de Saddam fut renversée devant l’hôtel Palestine». Il y reste jusqu’au 30 septembre 2004. Sa première rencontre avec Paul Bremer, à peine débarqué, le convainc. Conscient que chaque jour compte, Bremer veut tous les pouvoirs pour échapper à la bureaucratie lointaine et conflictuelle de Washington : il ne veut pas qu’on règle là-bas «la politique irakienne avec un tournevis de douze mille kilomètres de long».

    Il a écrit en 2002 un article, que cite l’auteur, où il prévoyait et analysait très bien certaines erreurs qu’il va finalement commettre. «Ce sera un processus difficile et douloureux, dit-il au journaliste, à l’instar de ce qui s’est passé en Europe de l’Est après la chute du mur de Berlin.» Il ajoute : «Je ne suis pas MacArthur, et je ne serai personne d’autre que moi-même.»

    Chandrasekaran décrit alors l’enchaînement d’erreurs, d’incompétences, d’absence d’empathie et de curiosité, puis prolonge ses reportages par l’enquête, interrogeant a posteriori la plupart des protagonistes.

    Dans cinquante ans, son livre sera peut-être comique, à la manière d’un roman colonial d’Evelyn Waugh, quand les morts et les occasions manquées seront oubliés. Il pourrait être sous-titré : «Idéologie, carnet d’adresses et bonnes affaires.» L’Irak qu’il décrit est une souris blanche, meurtrie et pelée sur laquelle des savants fous, tous conservateurs, généralement croyants, épaulés par des sous-traitants sans scrupules, font leurs expérimentations. Ça ne marche pas.

    [...]

    En Irak, le premier magicien d’Oz n’en est pas un, car il est sans pouvoir : c’est le général Jay Garner, qui ne sait rien des projets néoconservateurs. On le met rapidement sur la touche. Le second est le bon : c’est Paul Bremer, maître absolu de l’autorité américaine. Le portrait qu’en fait Chandrasekaran est celui d’un bourreau de travail qui ne supporte aucune contradiction, aucun doute, dès lors que sa décision est prise.

    Il n’écoute pas ceux qui lui conseillent de ne pas dissoudre la police et l’armée irakiennes. Sans surveillance, les ministères et les universités ont été aussitôt pillés. On a tout volé, y compris des câbles électriques. Sans emploi, les policiers et les soldats se retranchent chez eux, frustrés. Très vite, les rues sont envahies par une circulation anarchique. On roule à contresens, sur les trottoirs. Son chauffeur irakien dit au journaliste : «Mister Rajiv, la démocratie, c’est fantastique. On peut faire ce qu’on veut !»

    Bremer n’écoute pas davantage ceux qui lui déconseillent d’écarter de leurs emplois, comme le veulent des exilés irakiens peu fiables, les salariés ayant appartenu au parti Baas. Après tout, comme dans toute dictature centralisée, ils forment l’élite du pays. Jay Garner, qui est encore là, lui dit : «Vous allez contraindre 50 000 baasistes à plonger dans la clandestinité avant la tombée du jour.» Une base du terrorisme futur est installée ce jour-là.

    [...]

    Les étagères du bureau de Bremer sont «quasiment vides» : «On n’y trouve qu’un ouvrage sur la gestion des crises financières, le livre de Rudolph Giuliani [maire de New York, ndlr] intitulé Leadership, et une boîte de céréales Raisin Bran.» [...] Chaque matin, à 5 heures, il fait son jogging dans la zone verte. Ensuite, pendant dix-huit heures - on bosse chez ces gens-là -, il prend des «centaines de décisions». La plupart semblent déplacées ou mauvaises. Mais pouvaient-elles êtres bonnes ?

    Parmi les nombreux portraits du livre, l’un des plus intéressants est celui de Tim Carney, diplomate en retraite qui, du Vietnam à la Somalie, a «sans doute passé plus de temps dans des endroits hostiles que n’importe qui au département d’Etat». Appelé par Paul Wolfowitz, il a pour mission d’aller en Irak et de «lui exposer sans détour la situation sur place». Encore faudrait-il qu’elle corresponde à ce que Wolfowitz veut entendre.

    Très vite, Carney est accablé. Son expérience lui a appris trois choses : «Il faut un plan. Il faut beaucoup d’argent. Il faut un excellent personnel.» Il manque les trois. Chandrasekaran compose son livre avec ses bons impuissants, ses idiots inutiles. Mais, contrairement à la plupart de ceux qu’il décrit, il n’est pas manichéen. Il paraît avoir de la tendresse pour l’arrogante minéralité de Bremer.

    La plupart de ceux qui détiennent du pouvoir en Irak ne semblent avoir aucune compétence. Chandrasekaran les décrit un par un, par ordre d’entrée en scène - puisqu’aussi bien se joue dans la zone verte une pièce dont les effets se font sentir hors de celle-ci.

    Il y a de bons croyants de 25 ans dont le CV a atterri sur un bureau de la Maison Blanche par le biais d’un sénateur républicain ou d’une église.

    Il y a des bluffeurs qui surfacturent tout ce qu’ils peuvent.

    Il y a la société Halliburton qui apparaît partout, comme un fil rouge des intérêts commerciaux.

    Il y a naturellement de jeunes apparatchiks, dont le trio de soyeux louveteaux qui entourent Bremer et bénissent ses moindres actions. Plus tard, tous se sont bien reconvertis : comme d’habitude, l’échec n’est payé que par ceux qui le subissent.

    Et il y a la star inepte : le commissaire de police new-yorkais Bernie Kerik, qui devint un héros télévisuel dans les jours suivant le 11-Septembre. Ses premiers mots en arrivant à Bagdad : «Je suis venu pour faire en sorte que les médias rendent mieux compte du bon travail accompli par la police. […] Je ne suis pas venu pour me coltiner votre *****.» La nuit, Kerik fait des rodéos en ville, pourchassant les délinquants. Le jour, il devrait écouter ses homologues irakiens, prendre des décisions. Il dort.

    Quand les hommes sont compétents, ils désespèrent vite. Ils sont de toute façon isolés, sans budget et sans troupes face à des ministères détruits qu’ils sont supposés reconstruire. Quand ils évoquent la réalité, on s’en méfie : leurs rapports, leurs remarques, leur spleen ne correspondent pas au meilleur des mondes imaginé par les néoconservateurs. Ils conviennent encore moins à l’agenda du président Bush, dont la seconde campagne présidentielle approche.

    [...]

    Du haut du palais de Saddam, les Américains n’ont jamais voulu penser : «A nous deux, Bagdad !» Chandrasekaran montre qu’ils ont préféré dominer sans savoir, agir sans être changés. Ce fut la faute initiale ou, si l’on veut, le péché capital. Et du paradis programmé ils ont fait un enfer - pour les Irakiens.

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    • #3
      la plus grande armée du monde est incompétente en stratégie militaire, ils nous refont des méthodes de guerre datant des guerres mondiales, une fois l'occupation faite, ils savent plus quoi faire.
      Ils pensaient libérer les Irakiens comme ils ont libéré l'Europe du nazisme.

      Ils font la guerre comme en 40 avec un équipement ultra top niveau mais la guerre ne se fait plus pareil, c'est plus armée contre armée.

      sont stupides et nostalgiques.

      avec tout cet argent ils auraient pu mettre en place à leurs concitoyens un systeme de santé, et voter une loi pour allonger les congés payés.

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