Ces dernières années, les défenseurs de l'athéisme se sont faits plus visibles sur les réseaux sociaux. Sur Twitter ou YouTube, ils traquent les prêcheurs numériques et leur opposent une pensée qu'ils veulent rationnelle. Au risque de se faire taxer de racisme.
Faut-il fact-checker le Coran ? Sur les réseaux sociaux, des comptes anonymes ont fleuri ces dernières années dans le même objectif : « debunker » les discours religieux et les textes sacrés, tout en promouvant un athéisme militant. « On est un petit groupe d'athées militants, quelques dizaines tout au plus, mais le fait d'exposer continuellement la religion fait que nos publications prennent de l'importance et de la visibilité sur les réseaux sociaux », explique Penseur Sauvage, 5 000 abonnés sur Twitter, à Marianne.
« Il y a pas mal de comptes qu'on croise régulièrement sur les discussions religieuses. On se suit mais je ne dirais pas qu'on est structurés. Ce qui nous rassemble c'est la lutte contre les effets néfastes des religions. Après, on a différentes approches : certains utopistes comme moi aimeraient une disparition totale des religions, d'autres plus réalistes préfèrent épargner les croyants 'modérés' et ne lutter que contre les extrémismes », explique Eve_TheFirst, l'une des dernières venues dans la communauté.
FACT-CHECKER LES CROYANCES
Tous traquent le prosélytisme sur les réseaux sociaux, tentant de mettre en avant les contradictions des dogmes religieux. Un « sacerdoce », nous font-ils remarquer avec humour. À cette fin, ils se livrent également à des analyses de texte nourries d'une culture théologiquequi, ils l'assurent, fait parfois défaut à leurs contradicteurs. « On confronte la conscience du croyant avec les règles de sa religion. L'objectif, c'est de lui faire comprendre que celles-ci sont néfastes et injustes. De leur faire prendre conscience du fossé qu'il y a entre ce que souhaite le croyant et ce qu'impose sa religion, car ça peut vraiment l'aider à comprendre que la religion n'est pas divine, mais purement humaine » estime L'Hérétique, l'un des comptes les plus suivis de Twitter avec ses 20 000 abonnés.
Cible par excellence de leur argumentation : la question de l'existence de Dieu. « À partir du moment où on suppose que Dieu existe, qu'il est réel, ça relève automatiquement de la science. C'est là que le fact-checking s'impose », abonde Penseur Sauvage. Parmi les outils prisés par ces militants, il y a celui de confronter une morale (par exemple l'amour du prochain) à des commandements sacrés violents (comme l'exclusion des homosexuels, ou l'infériorité de la femme). Ils s'emploient également à expliquer la théorie de l'évolution, qui leur permet de questionner le créationnisme de certains milieux musulmans et évangéliques. Quant au ton, là où certains se cantonnent à une certaine sobriété, d'autres n'hésitent pas à donner dans la provocation.
« Débunker les miracles divers et variés invoqués par les croyants n'est pas forcément suffisant mais a un impact », nous explique L'Hérétique. Principal intérêt de la méthode, ne pas laisser la propagande religieuse sans contre-discours. « D'autant que ces débunkages vont régulièrement être repris par des croyants qui ne veulent pas qu'on décrédibilise leurs religions et qui vont donc relayer nos tweets. Quand un croyant fait un thread sur les 'miracles scientifiques du Coran' et que d'autres musulmans reprennent notre argumentaire pour lui expliquer que ce n'est pas crédible, alors on a bien travaillé. » Une autre méthode plus douce consiste à ne jamais rien affirmer et à se contenter de poser des questions, « avec l'objectif qu'ils prennent conscience eux-mêmes de la faiblesse ou des incohérences de leur raisonnement », assure l'Hérétique.
Pour Un irréductible athée, qui produit des vidéos pédagogiques pour sa chaîne YouTube, ces techniques n'ont rien d'inédit et se fondent sur les deux axes classiques de la critique athée des religions : l'aspect logique et moral. « Même si les religions étaient exactes d'un point de vue scientifique, tu pourrais les attaquer sur le plan moral. Aujourd'hui, c'est déjà plié sur le plan scientifique. Malheureusement, il y a une vague d’irrationalité qui parcourt la planète », regrette-t-il.
Jean-Loup Adenor
Faut-il fact-checker le Coran ? Sur les réseaux sociaux, des comptes anonymes ont fleuri ces dernières années dans le même objectif : « debunker » les discours religieux et les textes sacrés, tout en promouvant un athéisme militant. « On est un petit groupe d'athées militants, quelques dizaines tout au plus, mais le fait d'exposer continuellement la religion fait que nos publications prennent de l'importance et de la visibilité sur les réseaux sociaux », explique Penseur Sauvage, 5 000 abonnés sur Twitter, à Marianne.
« Il y a pas mal de comptes qu'on croise régulièrement sur les discussions religieuses. On se suit mais je ne dirais pas qu'on est structurés. Ce qui nous rassemble c'est la lutte contre les effets néfastes des religions. Après, on a différentes approches : certains utopistes comme moi aimeraient une disparition totale des religions, d'autres plus réalistes préfèrent épargner les croyants 'modérés' et ne lutter que contre les extrémismes », explique Eve_TheFirst, l'une des dernières venues dans la communauté.
FACT-CHECKER LES CROYANCES
Tous traquent le prosélytisme sur les réseaux sociaux, tentant de mettre en avant les contradictions des dogmes religieux. Un « sacerdoce », nous font-ils remarquer avec humour. À cette fin, ils se livrent également à des analyses de texte nourries d'une culture théologiquequi, ils l'assurent, fait parfois défaut à leurs contradicteurs. « On confronte la conscience du croyant avec les règles de sa religion. L'objectif, c'est de lui faire comprendre que celles-ci sont néfastes et injustes. De leur faire prendre conscience du fossé qu'il y a entre ce que souhaite le croyant et ce qu'impose sa religion, car ça peut vraiment l'aider à comprendre que la religion n'est pas divine, mais purement humaine » estime L'Hérétique, l'un des comptes les plus suivis de Twitter avec ses 20 000 abonnés.
Cible par excellence de leur argumentation : la question de l'existence de Dieu. « À partir du moment où on suppose que Dieu existe, qu'il est réel, ça relève automatiquement de la science. C'est là que le fact-checking s'impose », abonde Penseur Sauvage. Parmi les outils prisés par ces militants, il y a celui de confronter une morale (par exemple l'amour du prochain) à des commandements sacrés violents (comme l'exclusion des homosexuels, ou l'infériorité de la femme). Ils s'emploient également à expliquer la théorie de l'évolution, qui leur permet de questionner le créationnisme de certains milieux musulmans et évangéliques. Quant au ton, là où certains se cantonnent à une certaine sobriété, d'autres n'hésitent pas à donner dans la provocation.
« Débunker les miracles divers et variés invoqués par les croyants n'est pas forcément suffisant mais a un impact », nous explique L'Hérétique. Principal intérêt de la méthode, ne pas laisser la propagande religieuse sans contre-discours. « D'autant que ces débunkages vont régulièrement être repris par des croyants qui ne veulent pas qu'on décrédibilise leurs religions et qui vont donc relayer nos tweets. Quand un croyant fait un thread sur les 'miracles scientifiques du Coran' et que d'autres musulmans reprennent notre argumentaire pour lui expliquer que ce n'est pas crédible, alors on a bien travaillé. » Une autre méthode plus douce consiste à ne jamais rien affirmer et à se contenter de poser des questions, « avec l'objectif qu'ils prennent conscience eux-mêmes de la faiblesse ou des incohérences de leur raisonnement », assure l'Hérétique.
Pour Un irréductible athée, qui produit des vidéos pédagogiques pour sa chaîne YouTube, ces techniques n'ont rien d'inédit et se fondent sur les deux axes classiques de la critique athée des religions : l'aspect logique et moral. « Même si les religions étaient exactes d'un point de vue scientifique, tu pourrais les attaquer sur le plan moral. Aujourd'hui, c'est déjà plié sur le plan scientifique. Malheureusement, il y a une vague d’irrationalité qui parcourt la planète », regrette-t-il.
Jean-Loup Adenor
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