Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Livre francophone : le rôle pivot du Maroc

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Livre francophone : le rôle pivot du Maroc



    RAPPORT. Si l’édition en arabe pousse, le français résiste grâce aux publications universitaires et professionnelles, mais aussi à des acteurs et des manifestations de qualité.



    Le livre francophone au Maroc épouse le destin de celui-ci dans les pays du Maghreb, à part que le Maroc a des atouts qui lui sont propres dans l'organisation de son environnement de l'édition.

    En 1987, à Casablanca, se tenait pour la première fois le Salon international de l’édition et du livre (SIEL). Un vrai succès illustré par 300 000 visiteurs, mais surtout par le dynamisme insufflé à la filière marocaine du livre dans les décennies qui ont suivi.
    De l’apport d’une certaine convergence

    D’une vingtaine d’éditeurs actifs publiant 350 à 400 titres par an en 1985, le livre marocain s’appuie aujourd’hui sur plus de 80 éditeurs actifs recensés publiant autour de 4 000 titres par an. Ce développement est principalement le fruit d’une convergence entre les acteurs de toute la chaîne du livre et les pouvoirs publics marocains qui se sont emparés de la question du livre. Cela s’est matérialisé par exemple par la restructuration de la Bibliothèque nationale du royaume du Maroc entre 2003 et 2008, un programme de soutien à l’édition comprenant un fonds d’aide lancé en 2014 (fonds rehaussé à 9 millions de dirhams en 2018) ou encore d’une filière dynamique en matière d’impression avec 120 imprimeurs identifiés dans le pays permettant de gagner progressivement des parts de marché face à d’autres destinations d’impression.



    Au cours de ces décennies, la structuration linguistique du marché marocain a vu ses piliers évoluer : l’édition arabophone est passée de 50 % des publications en 1985 à 80 % en 2019, laissant de moins en moins de place à la langue française qui prédominait dans les années après l’indépendance de 1956. Si les politiques d’arabisation et les débats sur la place de la langue française (encore ouverts aujourd’hui) ne facilitent pas l’essor de l’édition marocaine en langue française, le français reste prépondérant dans l’enseignement supérieur, dans le monde professionnel et dans l’administration. Ces questions linguistiques entraînent des problèmes d’usage et de compréhension des langues qui frappent en premier lieu la jeunesse et l’éducation, favorisant par exemple le développement des écoles privées qui placent souvent la langue française au premier plan. Elles accueillaient près de 15 % des élèves scolarisés en 2018. Cette dualité entre les langues arabe et française a guidé le positionnement des acteurs du livre marocain sur toute la chaîne, où peu d’acteurs travaillent dans les deux langues.

    Un poids certain des publications universitaires et professionnelles


    Le marché du livre en langue française au Maroc était estimé à plus de sept millions d’euros en 2019 pour environ un million d’exemplaires, correspondant aux ventes de livres en langue française édités au Maroc. À titre de comparaison, les importations d’ouvrages français s’élevaient à plus de 20 millions d’euros en 2018, démontrant le poids qu’occupent les éditions françaises sur le marché francophone marocain. Ce poids est similaire dans toute la Francophonie. En ligne avec la structuration linguistique du pays, les éditions francophones marocaines sont principalement des publications universitaires, des essais et des ouvrages professionnels (estimation de 75 % des publications) et des ouvrages de littérature (20 %). Si les travaux de la Fondation du roi Abdul-Aziz al-Saoud permettent d’avoir des statistiques précieuses sur le marché éditorial des sciences humaines, il n’existe pas de statistiques exhaustives et précises du marché du livre marocain.
    Un rôle moteur dans la dynamique francophone du Maghreb


    Dans ce contexte, difficile d’imaginer ce que pourrait devenir le marché dans 10, 20 ou 30 ans. C’est pourtant l’objet de l’étude économique prospective « Le livre en langue française en 2030 et 2050 », dans laquelle le marché mondial du livre en langue française est projeté selon plusieurs scénarios à horizon 2030 et 2050. Les projections du marché marocain s’inscrivent dans celles de la région Maghreb prise en compte par l’étude (Algérie, Maroc, Mauritanie et Tunisie). De 12 millions d’euros de revenus en 2019, le marché régional représenterait 58 millions d’euros en 2030 et 105 millions d’euros en 2050 selon le scénario du rayonnement des ventes de livres en langue française édités au Maghreb. Le Maroc représentait plus de la moitié de ce marché régional en 2019 selon les estimations, soulignant le rôle moteur du marché marocain pour l’avenir de l’édition francophone régionale.
    Un avenir prometteur grâce à des acteurs et des manifestations de qualité


    Fort de son dynamisme historique, le marché du livre francophone marocain peut s’appuyer sur des fondations solides pour se diriger vers un scénario de rayonnement dans les décennies à venir : un vivier de professionnels de talents, une filière de l’impression en croissance, un réseau de diffusion à renforcer mais tout de même existant avec une cinquantaine de librairies francophones et de nouveaux acteurs numériques, un réseau de lecture publique pouvant s’appuyer sur plus de 650 bibliothèques, un salon de premier plan à Casablanca qui a accueilli 500 000 visiteurs en 2020, des pouvoirs publics mobilisés et des associations professionnelles représentatives. Autant d’atouts pour porter le marché francophone marocain aux côtés du marché arabophone. Si la dualité linguistique semble apporter son lot de débats, elle est aussi une force pour la Francophonie au sens large, qui intègre le plurilinguisme dans son essence même.


Chargement...
X