June 27, 2022 6.01pm SAST
Mohamed Arbi Nsiri, Université Paris Nanterre – Université Paris Lumières
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Dans la seconde moitié du XXe siècle, le discours officiel portant sur le passé des pays de la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) et de l’Afrique subsaharienne était très largement lié à ce qu'on appelle le "roman (ou le récit) national". Le corpus des textes produits par les historiens engagés dans le processus de la construction étatique durant les années 1960-1990 témoigne de l’importance de l'arrière-plan identitaire de ce discours sur le passé qui servait à fortifier un sentiment d’appartenance et à faire de l’État-nation l’aboutissement d’une longue histoire en partie cohérente.
Le fait que les politiciens africains de cette époque postcoloniale aient cherché une légitimation identitaire dans le passé de leur pays b'est certes pas tout à fait anodin. Cela fait en quelque sorte de l’histoire une « théologie masquée », selon la fameuse expression de Friedrich Nietzsche.
La conception linéaire de l’histoire qui a régné dans cette partie du monde entre les années 1960 et 1990 dissimule, évidemment, la représentation d’un espace doté d’une toute aussi longue histoire. La narration historique s’est donc appuyée essentiellement sur une continuité, à vrai dire non historique, mais géographique.
Dans les écoles, on nous aurait inculqué une sorte de catéchisme récité de génération en génération. Il n’aurait jamais varié depuis… mais depuis quand ? Depuis que la Tunisie est la Tunisie ? Depuis que l’Algérie est l’Algérie ? Depuis que le Maroc est le Maroc ? Depuis que le Sénégal est le Sénégal… (etc.) ? Mais l’histoire dans son sens savant dit qu’il est impossible de donner une date de naissance à un pays ou à une nation. Pourtant, plusieurs hommes et femmes de plume ont défendu l’idée d’une « histoire nationale » que l’on dit inamovible, un récit immobile qui prouve l’enracinement et l’ancienneté de ces jeunes nations.
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Mohamed Arbi Nsiri, Université Paris Nanterre – Université Paris Lumières
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Dans la seconde moitié du XXe siècle, le discours officiel portant sur le passé des pays de la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) et de l’Afrique subsaharienne était très largement lié à ce qu'on appelle le "roman (ou le récit) national". Le corpus des textes produits par les historiens engagés dans le processus de la construction étatique durant les années 1960-1990 témoigne de l’importance de l'arrière-plan identitaire de ce discours sur le passé qui servait à fortifier un sentiment d’appartenance et à faire de l’État-nation l’aboutissement d’une longue histoire en partie cohérente.
Le fait que les politiciens africains de cette époque postcoloniale aient cherché une légitimation identitaire dans le passé de leur pays b'est certes pas tout à fait anodin. Cela fait en quelque sorte de l’histoire une « théologie masquée », selon la fameuse expression de Friedrich Nietzsche.
La conception linéaire de l’histoire qui a régné dans cette partie du monde entre les années 1960 et 1990 dissimule, évidemment, la représentation d’un espace doté d’une toute aussi longue histoire. La narration historique s’est donc appuyée essentiellement sur une continuité, à vrai dire non historique, mais géographique.
Dans les écoles, on nous aurait inculqué une sorte de catéchisme récité de génération en génération. Il n’aurait jamais varié depuis… mais depuis quand ? Depuis que la Tunisie est la Tunisie ? Depuis que l’Algérie est l’Algérie ? Depuis que le Maroc est le Maroc ? Depuis que le Sénégal est le Sénégal… (etc.) ? Mais l’histoire dans son sens savant dit qu’il est impossible de donner une date de naissance à un pays ou à une nation. Pourtant, plusieurs hommes et femmes de plume ont défendu l’idée d’une « histoire nationale » que l’on dit inamovible, un récit immobile qui prouve l’enracinement et l’ancienneté de ces jeunes nations.
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