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« Thanatocapitalisme » : Byung-Chul Han dévitalise le capitalisme

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  • « Thanatocapitalisme » : Byung-Chul Han dévitalise le capitalisme

    Thanatocapitalisme

    de Byung-Chul Han

    Traduit de l’allemand par Olivier Mannoni

    PUF, 186 p., 14 €

    Critique

    Dans ce recueil de chroniques parues dans la presse, le philosophe allemand d’origine coréenne Byung-Chul Han plonge son scalpel dans les maux de la société capitaliste.
    À l’heure où beaucoup de philosophes envisagent leur discipline comme un discours de consolation pour temps désenchanté, Byung-Chul Han, philosophe allemand d’origine coréenne, professeur à l’université des arts de Berlin, la conçoit comme un radical dégrisement. Plaçant la société capitaliste sur la table de dissection, l’éclairant d’une lumière verticale et crue, il en décompose livre après livre l’anatomie et les mortifères excroissances, nées de sa logique prédatrice de surconsommation. Auteur d’une vingtaine d’ouvrages – parmi lesquels Dans la nuée (2015), La Société de transparence (2017), Amusez-vous bien ! (2019), L’Expulsion de l’autre (2020) –, son œuvre s’est imposée comme l’un des foyers ardents de la critique sociale sur la scène mondiale.

    « Le capitalisme est possédé par la mort »


    Thanatocapitalisme, recueil de chroniques parues dans la presse allemande, permet une entrée aisée dans une réflexion qui assume sa dimension morale et métaphysique. Byung-chul Hann entend dévoiler la pulsion de mort à l’œuvre dans le projet capitaliste. « Le capitalisme est possédé par la mort. L’angoisse inconsciente de la mort est son propulseur. Son obsession de l’accumulation et de la croissance s’éveille face à la mort qui menace », écrit-il.

    On retrouve dans ce florilège les thèmes chers au philosophe : la critique de la société de la transparence et du « panoptique numérique », la dénonciation d’un régime de la performance qui ravale la personne au rang d’objet ne pouvant plus que « fonctionner » ou « être en panne » (burn-out), le procès de la commercialisation de toutes les dimensions de la vie et de l’accélération qui fragilise ce qui relève du soin, de la relation et du rituel, car « on ne peut accélérer ni les caresses, ni les prières, ni les processions ».

    Si le diagnostic est sombre, Byung-Chul Han propose des remèdes : un retour à la raison, à la morale, à la responsabilité, à la politique qui se doit de « refouler” la puissance de l’argent” ». À ses yeux, seule la reconnaissance de l’altérité peut nous sauver de l’enfer du narcissisme qu’instrumentalise le capitalisme.

    La Fin des choses

    de Byung-Chul Han

    Traduit de l’allemand par Olivier Mannoni

    Actes Sud, 140 p., 16 €

    Byung-Chul Han, philosophe allemand d’origine sud-coréenne, a le sens des images et des formules. Familier des essais courts et percutants, il livre dans La Fin des choses un diagnostic inquiet sur l’ère de la numérisation. « Nous n’habitons plus la terre et le ciel, nous habitons Google Earth et le Cloud. Le monde devient de plus en plus insaisissable, nuageux et spectral, écrit-il. Rien n’est plus ni tenable, ni tangible. » Un monde s’efface, celui des choses qui donnaient à la vie humaine une stabilité, lui offrant « des pôles de repos ». Un autre surgit, le monde de l’information, au rythme trépidant. « La numérisation déréalise et désincarne le monde », constate le philosophe.

    Pour Byung-Chul Han, un monde inhumain émerge, caractérisé par une vitesse insoutenable qui oblitère la recherche de la vérité, la fidélité, le lien, l’attachement, autant de quêtes qui nécessitent le temps long. « Le séjour contemplatif auprès des choses, la vision sans intention, qui serait une formule du bonheur, cède la place à la chasse aux informations. Nous courons aujourd’hui après les informations sans acquérir de savoir. Nous prenons connaissance de tout sans acquérir pour autant une connaissance. Nous nous rendons partout sans faire d’expérience. Nous communiquons constamment sans participer à une communauté. Nous stockons des quantités phénoménales de données sans approfondir de souvenirs. Nous accumulons les friends et les followers sans rencontrer un autre. »

    Sans doute y a-t-il de l’excès dans le trait noir de Byung-Chul Han, mais qui pourrait contester sa part de vérité ? Si le miroir grossissant que le philosophe tend à notre monde présente un reflet horrifiant, faut-il préférer minimiser le danger ou, au contraire, avoir le courage de soutenir cette vision douloureuse ?


    Élodie Maurot
    وألعن من لم يماشي الزمان ،و يقنع بالعيش عيش الحجر
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