Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Français et Européens sont des Négros-Africains - Nos ancêtres, nos voisins: une histoire humaine en trois continents

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Français et Européens sont des Négros-Africains - Nos ancêtres, nos voisins: une histoire humaine en trois continents

    Saviez-vous que Néandertal était européen, Denisova asiatique et Homo sapiens africain ? Silvana Condemi, paléoanthropologue et directrice de recherche au CNRS, nous raconte comment nos ancêtres ont évolué, migré et parfois même cohabité, façonnant les caractéristiques qui rendent notre espèce unique aujourd’hui.




    Une femme de Jinniushan, une Dénisovienne. © Benoit Clarys​



    RFI: Qu’est-ce que la paléoanthropologie ?

    Silvana Condemi : On peut la définir comme la science qui s’occupe de nos origines et de reconstruire les peuplements humains qui ont existé avant notre espèce Homo sapiens. C’est une discipline qui est très jeune, née au XIXe siècle, en 1856, avec la découverte de l’homme de Néandertal en Allemagne, dans la vallée (Thal) du Néander. C’est le début de cette discipline qui s’appelle la paléoanthropologie.

    On avait trouvé d’autres fossiles avant, mais on ne les avait pas reconnus comme des humains d’une espèce différente qui avait vécu avant Homo sapiens. Tout le monde va commencer à s’intéresser aux fossiles humains. Il ne faut pas oublier qu’en 1859, donc trois ans après la découverte de Néandertal, il y a la publication de L’Origine des espèces de Darwin. Donc, le monde scientifique est prêt à sortir du récit biblique sur l’origine de l’humanité pour entrer dans un esprit plus scientifique avec des fossiles qui montrent ce changement qu’il y a eu au cours du temps des humains.

    Pourquoi la découverte de Néandertal représente un changement dans la compréhension globale de l’histoire de nos ancêtres ?

    À partir de cette première découverte en 1856, il y en a eu d’autres découvertes. À l’époque, dans un monde du XIXe siècle dans lequel les pays européens dominaient du point de vue scientifique, culturel, économique…

    Beaucoup de chercheurs vont commencer à chercher des traces de ces humains du passé. En France, on trouve également des fossiles, et au Royaume-Uni, (Cro-Magnon en 1868) des outils. Et on commence à bâtir ces disciplines. Et ce qu’on cherche à l’époque comme d’ailleurs aujourd’hui, c’est l’origine de notre espèce Homo sapiens. Ce nom, nous le devons à la classification de Linné qui, au XVIIIe siècle, nous avait mis tout en haut de l’échelle de classification de tous les animaux. Et on considère qu’au XIXe siècle, on est des primates très supérieurs aux autres primates mais qu’avant Homo sapiens, il y avait eu d’autres « chaînons manquants », c’est-à-dire d’autres humains, moins « évolués ». Et on voyait l’évolution comme une chose linéaire.

    C’est une chose très importante. C’est-à-dire qu’on considérait qu’au cours du temps, il y avait eu des fossiles qui devenaient de plus en plus humains. Dans l’esprit du XIXe siècle, l’évolution avait une sorte de finalité : c’était d’aboutir à nous, Homo sapiens. Au XIXe siècle, on considérait donc, ceux qui précédaient chronologiquement les Néandertaliens étaient des êtres intermédiaires… À l’époque, quand on étudiait les fossiles, on avait un crâne de chimpanzé sur la table et un crâne humain. Et le Néandertal était au milieu. On pensait que chaque caractère qui n’était pas exactement celui qu’on trouvait chez Homo sapiens, était, comme on disait, un caractère « primitif ». Et primitif renvoyait au caractère simiesque… D’où toutes les caricatures que vous avez à la fin du XIXe siècle de l’homme descendant du singe et ces caricatures bien connues de Darwin. Mais ce qui est important, c’est que depuis cette époque, on a fait énormément de fouilles en Europe, en Asie et en Afrique. Et ce qu’on s’est rendu compte – et on a mis assez longtemps pour s’en rendre compte –, c’est que Néandertal, c’est une espèce, c’est un humain, qui est Européen.

    Qu’a-t-on appris depuis cette découverte donc ?

    La chose importante : il n’y a pas une humanité qui est passée par un stade Néandertal, mais les Néandertaliens sont une population qui était propre à l’Europe. Et c’est simplement au moment où ils sont extrêmement développés qu’ils vont aller un peu plus loin que l’Europe, en particulier au Proche-Orient et en Asie. On se rend compte qu’il y a des fossiles aussi en Afrique, qu’il y a des fossiles aussi en Asie. Et en fait, ce qui se passe, c’est qu’après Néandertal en 1856, on trouve un autre fossile important déjà en 1891. Et ce fossile a été trouvé à Java par un chercheur qui est un médecin, qui s’appelle Eugène Dubois.

    Pourquoi aller si loin, à Java ?

    Parce qu’encore au XIXe siècle, époque coloniale, les Néerlandais avaient ce qu’ils appelaient les Indes. Donc, Eugène Dubois, qui est un grand amateur de Haeckel, partait du principe que les humains avaient dû commencer leur évolution dans des endroits chauds, parce qu’ils n’avaient pas la possibilité de s’habiller, etc. Conclusion : il est allé dans les Indes néerlandaises, qui étaient Java et a trouvé des fossiles, qu’il a nommé en 1891, Pithecanthropus, l’homme-singe, à partir du latin, et qu’aujourd’hui on appelle Homo erectus.

    Ensuite, à partir de 1921, on va trouver d’autres Homo erectus, en particulier en Chine, c’est le fameux Sinanthrope. Et en 1927, grande découverte en Afrique, l’enfant de Taung : c’est le début de la découverte des Australopithèques. Donc, on est dans une situation où, en début du siècle on a une idée d’une évolution linéaire avec plusieurs « chaînons manquants ». On a d’un côté les grands singes, les Australopithèques, Homo erectus, Néandertal et on a Homo sapiens. Et ça, c’est un désastre, parce que c’est le schéma que vous voyez partout, qui est repris même dans la publicité, de ce singe qui se relève, qui devient de plus en plus humain. Et ça, c’est un schéma qu’il faut absolument enlever de la tête des gens.

    C’est-à-dire que l’évolution n’est pas linéaire…

    Exactement ! L’évolution ne s’est pas faite comme ça. Ce n’est pas un fossile qui change pour devenir de plus en plus Homo sapiens. Dans les différentes régions du monde, il y a eu des humains qui se sont adaptés à des climats différents, qui se sont adaptés à des situations géographiques et environnementales complètement différents, et il y a eu dans les différentes régions du monde des sortes d’individus qui étaient différents de nous sapiens. Dans certains cas, ils deviennent des espèces différentes, dans d’autres cas ils restent presque les mêmes que les populations voisines, et il y a eu des croisements entre eux et les différentes populations dans les différentes régions du monde. Et c’est seulement dans cette optique qu’on peut comprendre le peuplement humain.

    À quand remonte l’apparition de notre espèce, Homo sapiens ?

    Nous, Homo sapiens, nous sommes apparus il y a environ 300 000 ans en Afrique. Avant nous, il y avait d’autres humains en Afrique, notamment Homo erectus. Au même moment, Néandertal est en Europe et en Asie occidentale, et en Asie il y a Denisova et d’autres espèces humaines. Ces populations fossiles se mélangent en Eurasie. Nous portons encore aujourd’hui dans notre génome entre 1% et 4% d’ADN néandertalien. Cela prouve que la reproduction n’était pas impossible entre Homo sapiens et Néandertal, même si ce n’était pas à grande échelle. C’est un point extrêmement important, car cela montre que l’évolution humaine n’est pas une ligne droite, mais un arbre complexe avec des branches qui se croisent parfois.

    Ensuite, il y a un autre aspect fondamental : l’évolution culturelle. Les Homo sapiens n’ont pas seulement évolué biologiquement, ils ont aussi développé des outils, des arts, des rituels et des stratégies de survie. Les Néandertaliens, par exemple, fabriquaient déjà des outils sophistiqués, portaient des vêtements, enterraient leurs morts. Donc, la différence n’est pas seulement physique, mais aussi culturelle et sociale.

    Donc, toute la chronologie a été complétement bouleversée ?

    Au départ, on pensait que c’était une chronologie très courte, de quelques milliers, voire dizaines de milliers d’années. Aujourd’hui, on sait que les plus anciens Australopithèques, et même des formes plus anciennes comme les Ardipithèques, peuvent avoir plus de 3 à 4 millions d’années. On a même un fossile, « Toumai », vieux de 7 millions d’années, qui nous donne la grande divergence entre le groupe de tous les grands primates (chimpanzés, orangs-outans) et la lignée qui va se spécialiser pour arriver aux Australopithèques, aux Ardipithèques, et donner ensuite l’évolution du genre Homo.

    Vous voyez, on connaît beaucoup de choses. Mais ce qui est important dans tout ça, c’est de se rendre compte que l’origine de notre genre Homo est très difficile à identifier. Ce qui est certain, c’est que cette origine se trouve en Afrique. À partir des fossiles africains (les Australopithèques, dont on connaît énormément d’espèces différentes), va se différencier, on ne sait pas pourquoi, le genre Homo.

    Les plus anciens représentants du genre Homo ont 2,8 millions d’années. Et à partir de là, on voit des fossiles de plus en plus humains, en particulier les Homo habilis, qui vont évoluer en Afrique et devenir ce qu’on appelle des Homo ergaster ou erectus africains. Vers 1,8 million d’années, on a des représentants du genre Homo qui fabriquent des outils. Peut-être qu’ils ne sont pas encore chasseurs, mais au moins charognards, donc plus uniquement végétariens. Ils utilisent ces outils pour dépecer, charogner des animaux trouvés morts.

    À partir de 1,8 million d’années en Eurasie, on observe la sortie du berceau africain vers l’Asie d’abord, puis vers l’Europe. À 1,8 million d’années, on retrouve en Géorgie des fossiles très proches des fossiles africains. Vers 1,4 à 1,5 million d’années, on trouve des Homo erectus archaïques à Java.

    Et là, j’attire votre attention : la sortie d’Afrique n’est pas une migration volontaire, mais une progression de charognards-cueilleurs suivant les animaux et les éco-zones semblables à celles d’Afrique où ils vivent et sont adaptés. Ces premiers peuplements ne s’installent pas dans les climats tempérés ou froids, mais uniquement dans les zones tropicales et subtropicales.

    ...



  • #2
    ...

    En Europe, le peuplement est plus tardif : les premières traces datent d’environ 1,3 million d’années, toujours dans le sud de l’Europe. On a longtemps pensé que cette sortie d’Afrique passait par le Proche-Orient, via le Levant. Mais on se demande aujourd’hui si une autre sortie par Gibraltar n’a pas aussi existé.

    Ces premiers peuplements vont se différencier en Europe et en Asie. En Asie, on retrouve les « vrais Homo erectus », comme l’homme de Java ou de Chine. En Europe, ces premiers hommes présentent déjà une originalité : un endémisme européen, une différenciation par rapport aux populations asiatiques.

    En Afrique, l’évolution continue, jusqu’aux ancêtres d’Homo sapiens. L’histoire est simple : Néandertal est européen, Denisova est asiatique, Sapiens est africain. Ces trois populations se différencient progressivement, mais elles ont un ancêtre commun, probablement Homo heidelbergensis, présent il y a environ 800 000 à 1 million d’années. De cet ancêtre vont émerger Néandertal en Europe, Denisova en Asie, et Sapiens en Afrique.

    Cependant, les populations n’ont jamais été totalement isolées. La preuve : il y a environ 80 000 ans, une nouvelle sortie d’Afrique d’Homo sapiens entraîne des mélanges avec Néandertal en Europe et Denisova en Asie. On en a aujourd’hui la preuve génétique. Cela montre que, malgré leurs différences, ces groupes restaient interféconds.

    Denisova, c’est une découverte assez récente, non ?

    Oui. Denisova, c’est relativement récent. Dans notre milieu, en principe, on fouille, on trouve des fossiles, on les étudie, on étudie leur environnement et on donne des noms d’espèces. Pour Denisova, ça ne s’est pas passé comme ça. On est dans une grande révolution, puisque depuis la fin du XXe siècle, on a un outil qu’on n’avait pas avant : la paléogénétique, la génétique à partir des os et des dents fossiles.

    Denisova a été découvert en 2010 à partir d’un tout petit fragment osseux. On a extrait l’ADN, et ce fragment était tellement petit qu’on savait qu’il était humain, mais on ne pouvait pas dire à quelle espèce il appartenait. C’est grâce à l’ADN qu’on a découvert cette nouvelle population.

    Et qu’est-ce qu’on a appris grâce à ces découvertes ?

    On a appris que ces populations, Néandertal en Europe, Denisova en Asie et Sapiens en Afrique, se différencient à partir d’un ancêtre commun, probablement Homo heidelbergensis, il y a environ 800 000 ans. Mais elles n’ont jamais été complètement séparées : on sait que Sapiens s’est métissé avec Néandertal en Europe et avec Denisova en Asie. On en a la preuve génétique.

    Un dernier point à retenir : la paléoanthropologie moderne combine plusieurs disciplines. Ce n’est plus seulement l’étude des fossiles. On utilise la génétique, l’archéologie, l’anthropologie, la climatologie et même l’intelligence artificielle pour modéliser les mouvements des populations anciennes. C’est ce mélange de sciences qui rend notre compréhension de l’histoire humaine beaucoup plus précise et dynamique.

    L’évolution humaine n’est pas une marche linéaire vers Homo sapiens. C’est un réseau complexe d’espèces et de populations qui ont vécu, interagi, parfois disparu, et laissé leurs traces, que ce soit dans nos gènes, dans nos outils ou dans notre culture. Et c’est exactement ce que nous essayons de reconstituer avec la paléoanthropologie.


    Une rencontre entre des Sapiens et des Néandertals. © Benoit Clarys










    Pour aller plus loin
    • Silvana Condemi, François Savatier, (2018), Dernières nouvelles de Sapiens, Flammarion, 160 pages.
    • Silvana Condemi, Benoît Clarys, François Savatier, (2016), Néandertal, mon frère, Flammarion, 250 pages.
    • Silvana Condemi, François Savatier, (2024), L'Enigme Denisova : Après Néandertal et Sapiens, la découverte d'une nouvelle humanité, Albin Michel, 320 pages.
    • Silvana Condemi, Jean-François Mondot, (2024), Néandertal à la plage : Nos Frères disparus dans un transat, Dunod, 176 pages.
    • Silvana Condemi, (2001), Les Néandertaliens de La Chaise, CTHS Edition, 178 pages.



    La couverture du livre « L'énigme Denisova » / L'autrice Silvana Condemi. © Benoit Clarys-Albin Michel 2024 / Samuel Kirszenbaum




    ​rfi.fr/fr​

    Commentaire


    • #3
      Français et Européens actuels sont des Homo-Sapiens !

      Vous voyez, on connaît beaucoup de choses. Mais ce qui est important dans tout ça, c’est de se rendre compte que l’origine de notre genre
      Homo est très difficile à identifier. Ce qui est certain, c’est que cette origine se trouve en Afrique. À partir des fossiles africains (les Australopithèques, dont on connaît énormément d’espèces différentes), va se différencier, on ne sait pas pourquoi, le genre Homo.

      Commentaire


      • #4
        Les années 70 dans la revue Française "science et vie" , il y avait une étude sur les origines Éthiopiennes et Kenyane de l'humanité.

        Commentaire


        • #5
          Aaaaaa ! Cette fameuse espèce humaine dite race blanche prétentieuse de sa couleur métissée , savez vous que la couleur blanche n'est pas une couleur mais un mélange des trois couleurs primaires rouge vert et bleu .

          Commentaire


          • #6
            Aaaaaa ! Cette fameuse espèce humaine dite race blanche prétentieuse de sa couleur métissée
            le caractère biologique de la blancheur avec ses différentes nuances n'est pas spécifique aux populations européennes (elles mêmes originaires d'asie mineur) mais se retrouve également chez les nord africains , les moyen orientaux ,le monde iranien ..etc
            du point de vue génétique c'est une adaptation évolutive aux aléas climatiques et l'exposition au soleil ( synthèse de la vitamine D) de populations européennes originelles à la peau plus sombre similaire aux populations africaines actuelles ,un processus récent dans l'histoire du genre homo qui a commencé il ya 22 000 ans et qui s'est terminé il ya 8000 ans.
            ارحم من في الارض يرحمك من في السماء
            On se fatigue de voir la bêtise triompher sans combat.(Albert Camus)

            Commentaire


            • #7
              xenon

              J'ai lancé une pique ironique et sans aucune base scientifique aux protagonistes du concept rébarbatif de "race blanche" .

              Le concept de "race blanche" était une idéologie bien inscrite dans les esprits des occidentaux aux 18e et 19e siècles en occident et même au 20e siècle.

              Commentaire

              Chargement...
              X