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Les Isefra de Si Moh U Mhend de Mohand Zine Arab

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  • Les Isefra de Si Moh U Mhend de Mohand Zine Arab

    “Ur d djin imezwura ayn ad inin ineggura” (nos devanciers n’ont rien omis qui puisse encore être dit par notre génération). Cette maxime kabyle pourrait s’appliquer aussi bien à la poésie de Si Muhand U M’hand que pour les études et recherches auxquelles ont donné lieu ses textes après leur recension qui n’a jamais épuisé un patrimoine au sort et aux ramifications exceptionnels. Patrimoine, voilà un concept par l’ambiguïté duquel les recherches les plus raisonnées et les plus sincèrement engagées comme les manipulations les plus diaboliques des tenants de la culture officielle ont été justifiées.

    Après Père Savignac, Boulifa, Feraoun et Mammeri et d’autres auteurs plus récents qui ont produit des livres sur Si Mohand et sa poésie, un autre ouvrage sur le poète et sa création serait-il vain ou d’une importance subsidiaire ?

    La lecture du livre de Mohand Zine Arab nous suggère tout à fait le contraire. Mieux, elle nous conforte dans l’idée que Si Mohand demeure un repère inamovible, un poète démiurge de la kabylité retrouvée qu’il importe toujours de héler et d’interroger par ces temps retors coincés entre le miroir d’un passé aussi glorieux que chaotique et un présent guère mieux servi par une modernité factice, plus subie que sereinement vécue.

    Le travail accompli par les prédécesseurs de Mohand Zine Arab a été effectué dans des conditions et un contexte des plus délicats où la culture authentique de tout un peuple était ravalée, dans le meilleur des cas, au rang de simple folklore lorsqu’elle ne figure pas dans le registre des survivances d’une expression indigène bonne pour égayer les nostalgiques d’un exotisme de pacotille blasés par la civilisation moderne. Leur mérite est d’autant plus grand qu’ils firent des pièces exhumées de Si Mohand un matériau à partir duquel d’autres interrogations et d’autres recherches verront le jour de façon à permettre à d’autres passionnés de la culture kabyle d’insérer les strophes, l’angoisse et la philosophie mohandiens dans une épopée générale de la renaissance kabyle.

    Les inédits et les variantes des poésies de Si Mohand que nous présente ici Mohand Zine Arab sont le fruit de recherches harassantes et obstinées d’un passionné du verbe kabyle. Ayant eu accès aux travaux antérieurs menés par les Mammeri, Feraoun et d’autres chercheurs en anthropologie culturelle, il restait l’éternel insatisfait du fait que ses propres investigations lui ont fait découvrir des facettes méconnues du poète et des strophes non recensées de ses compositions.

    De ces dernières, il nous présente ici celles qu’il juge mériter d’être connues des lecteurs, car d’autres pièces de notre troubadour, répertoriées par l’auteur de ce livre, seraient vus comme ‘’vulgaires’’, ou du moins offenseraient quelque peu la morale générale. C’est un choix qu’il convient sans aucun doute de respecter même si Si Mohand U M’hand est un tout dont la philosophie de la vie est faite des grands moments d’interrogation allant de la métaphore lyrique sur la beauté inaccessible et dévoreuse des coeurs jusqu’à la déréliction humaine faisant plonger l’homme dans l’angoisse existentielle, le doute, et parfois même dans l’irréligion.

    Le recueil à la lecture duquel nous invite l’auteur est composé de textes en version originale kabyle et d’une traduction en français. C’est maintenant une pratique bien établie qui facilite la lecture à tous ceux qui trouveraient des difficultés à comprendre le texte original. Demeure l’éternelle problématique de la traduction, sujet traité et trituré par tous ceux qui, peu ou prou, ont eu à s’expliquer sur le passage d’une langue à une autre, particulièrement dans un domaine aussi délicat que la poésie. Celui qui a sans doute pris le plus conscience de la relativité de l’entreprise de traduction, en l’occurrence Mouloud Mammeri, se trouve être, à notre sens, l’un des moins infidèles traducteurs du kabyle au français.

    Ceux qui ont assisté Arab Mohand Zine dans cette difficile tâche ont fait de leur mieux pour rendre l’idée développée par les vers de Si Mohand à défaut d’en communiquer toute la saveur et toute l’envoûtante ivresse. Comme le dit bien le proverbe kabyle, on ne peut pas, ici-bas, acquérir, tout à la fois, la perdrix (comme gibier) et ses œufs (Tasakurt, timallalin). Le joyau d’un tel travail- et qui justifie exclusivement les efforts qui y sont investis- demeure indubitablement la collecte des compositions elles-mêmes, présentées en kabyle, langue dans laquelle elles ont été dites par notre barde. Le défi qu’il s’agissait de relever dans ce cas de figure - une réussite incontestable qui comblera de bonheur tous ceux qui sont attachés à la promotion et à la modernisation de la culture kabyle -, a été de faire accéder au domaine de l’écrit des pièces fort dispersées, sauvegardées par la simple magie de l’oralité.

    Le travail de Mohand Zine Arab, fruit d’une patiente et longue investigation solitaire, nous redonne l’espoir, quelque peu émoussé ces dernières années, que d’autres poètes soient redécouverts et leurs œuvres dépoussiérées. Nous pensons par exemple à Youcef Ulefqi de Taourirt-Amrane, compagnon et émule de Si Mohand ayant à son actif un riche répertoire détenu par quelques rares vieilles personnes, comme nous pensons aussi à d’autres aèdes dont la fortune est plus aléatoire puisqu’ils sont encore confinés dans un quasi anonymat. Une chose paraît sûre avec l’ouvrage que nous tenons entre les mains : ce n’est pas un livre de plus sur Si Mohand U M’hand. Ce sont plutôt d’autres pièces du puzzle de la culture kabyle qui nous parviennent des tréfonds de la mémoire et qu’il importe d’ajouter au grand édifice entamé par les pionniers et les pères de la renaissance kabyle.

    Par la Dépêche de Kabylie

  • #2
    Azul

    “Ur d djin imezwura ayn ad inin ineggura”

    Yella aradinin ineggura ifi urevnin imezwura


    Le verbe a de tout temps été le compagnon sur le chemin de la vie.

    En effet c'est un patrimoine doit être vulgarisé et mis à la portée de tous.

    Voilà un titre qui va figuré dans ma prochaine liste d'acquisition.
    “La vérité est rarement enterrée, elle est juste embusquée derrière des voiles de pudeur, de douleur, ou d’indifférence; encore faut-il que l’on désire passionnément écarter ces voiles” Amin Maalouf

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    • #3
      Yella aradinin ineggura ifi urevnin imezwura

      Le verbe a de tout temps été le compagnon sur le chemin de la vie.
      En effet, peut être que ceux d'avant n'avaient que ce moyen "le mot et la parole" ils ont excellé par son emploi ... mais chaque époque est différente est unique et se distingues de celles d'avant .

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