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c'est le récit d'une vie , une Simple vie , ecrite avec limpidité par une grande dame kabyle ,
ou l'on retrouve les travaux et les jours , les naissances , les morts , le froid cruel , la mort , la misere , l'exil, la dureté des coeurs , les moeurs brutales d'un pays rude ou les malédictions , les meurtres , les vendettas etaient monnaies courantes
Kabyle , chrétienne , femme et , surtout poete , Fadhma Amrouche a vécu l'exil toute sa vie , dés sa naissance en 1883 , dans son propre pays , l'Algérie , puis pendant trente années en Tunisie , enfin en Bretagne , jusqu'a sa mort.
Dans ce livre magnifique , elle raconte sa vie de femme et le destin des kabyles .
Dernière modification par absente, 22 août 2008, 05h10.
Ma mère était originaire de Taourirt Moussa ou Amar , a quelques kilomètres de Tizi Hibel , mon village .
Elle était issue d’une très bonne famille , les Ait Larbi ou Said , Très jeune elle fut marié a un homme bien plus âgé , presque un vieillard ; il avait une fille plus âgée que ma mère .
Ma mère ne s’est jamais plainte de cet homme qui l’aimait a sa façon , elle lui donna deux fils , mes frères Mohand et Lamara ,
Cet homme avait un frère beaucoup plus jeune qui n’avait pas d’enfants , Celui-ci voulut établir un acte par lequel il léguait ses biens a sa femme ,
Avant qu’il ne l’eut fait , son ainé lui tendit une embuscade et le lendemain on trouva le cadet mort adossé a une meule de paille , dans un endroit écarté , en dehors du village appelé ‘’ Sebala , ou tous les villageois dressent leurs meules ,
on ne découvrit pas son meurtrier et l’on classa l’affaire ..
Ma mère raconta que dés ce jour son mari fut maudit, il fut atteint d’une maladie terrible : tout son corps fut couvert de cloques qui se remplissaient d’eau et cette eau jaune coulait le long de ses jambes
Dernière modification par absente, 22 août 2008, 05h10.
Ma mère restait seule a vingt deux ou vingt trois ans , avec deux enfants dont l’aine avait cinq ou six ans , et le cadet trois , Elle était belle : le teint clair et rose , avec des yeux bleus , un peu trapue , solide , avec les épaules larges , le menton volontaire et un front bas et Têtu .
Elle se mit courageusement a l’ouvrage, elle faisait son ménage, elle allait chercher de l’eau, moulait son grain pour la journée, préparait ses repas pour la nuit, le jour elle travaillait aux champs
Quand elle avait besoin de l’aide d’un homme, elle devait la payer très cher, L’hiver, au temps des olives, elle rendait cinq journées de ramasseuses pour une seule de gauleur
Mais elle était jeune, imprudente, dans sa propre cour, habitait un jeune homme de la même famille que son vieux mari, il l’aimait, elle l’aimait. Et ce qui devait arriver arriva
Elle fut enceinte, et l’homme nia être le père de l’enfant.
Les mœurs kabyles sont terribles .Quand une femme a fauté, il faut qu’elle disparaisse, qu’on ne la voie plus, que la honte n’entache pas sa famille, avant la domination française, la justice était expéditive : les parents menaient la fautive dans un champ ou ils l’abattaient. Et ils l’enterraient sous un talus
Mais en ce temps la, la justice française luttait contre ces mœurs trop rudes. Et ma mère eut recours à elle.
Des qu’elle ne put cacher sa faute, les oncles de mes frères se réunirent – c’était les frères du vieux mari.
Ils décidèrent de chasser ma mère et de recueillir ses enfants dont ils convoitaient les biens. Quand ils voulurent la contraindre à partir, elle porta plainte en justice
Les magistrats montèrent au village, la cour désigna un tuteur et un subrogé tuteur pour les enfants, dressa l’inventaire des biens et repartit en décrétant que personne ne devait toucher a la veuve ni aux orphelins.
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