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Le secteur commercial en France touché par la crise

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  • Le secteur commercial en France touché par la crise

    La crise financière a-t-elle des conséquences sur la consommation des ménages ? Aucune des grandes entreprises du secteur n'a souhaité ouvrir ses portes ou donner le moindre indicateur conjoncturel. C'est la loi du silence. Les salariés, interrogés un peu partout en France, laissent entrevoir des situations disparates d'un magasin à l'autre, mais une commune montée des inquiétudes et une accélération dans la modification des habitudes de consommation est perceptible.

    Pimkie, centre commercial EuraLille (Nord). "La dernière semaine de septembre a été catastrophique et a annulé un début de mois qui avait été correct", explique Valérie Pringuez, déléguée CFDT. "C'est la première fois que je vois un mois entier plombé par une seule semaine. Nous remontions un peu la pente et là tout s'écroule. Les primes, ce sera zéro, cette année. A la caisse, c'est la première fois qu'on parle autant de la crise. C'est devenu le sujet de conversation numéro un."

    Dans le même centre commercial, les commentaires varient d'une boutique à l'autre. Chez Xanaka (habillement), après une mauvaise passe, les ventes explosent en ce moment, assure une vendeuse, Fabiola Carré. Dans ce magasin de chaussures de luxe, en revanche, les produits pour hommes s'effondrent, ceux pour femmes et enfants se maintenant.

    Sephora de Rouen. "C'est très calme, explique une vendeuse. Nous sommes forcément un secteur touché : la parfumerie n'est pas prioritaire. Samedi (4 octobre), nous avons cartonné, car il y avait une promotion. Mais, depuis, nous avons deux ou trois clients tout au plus. Si ça continue, nous n'atteindrons pas les objectifs de cette année. Cela va se ressentir sur les primes, sachant que cette part variable peut atteindre 30 % à 40 % du salaire. Pour les négociations salariales, c'est râpé. Déjà, en période de croissance, la direction ne lâchait rien. Alors là... Elle vient même de nous demander de rapporter les anciennes tenues du magasin pour les redonner aux intérimaires, avant Noël."
    Ikea de Villiers-sur-Marne (Val-de-Marne). Matin calme aux caisses : 6 sur 36 sont ouvertes. "C'est tranquille, très tranquille", assure un salarié. Au rayon des cuisines aménagées et des salons, les employés attendent le chaland. En revanche, les autres rayons enregistrent une activité normale. "D'habitude, la cafétéria est plus pleine que ça", remarque un client heureux de pouvoir choisir où poser son plateau.

    Darty de Montpellier. "L'activité ne ralentit pas, constate Hasna Domeck, déléguée FO. Il n'y a pas de conséquences pour l'instant. Samedi dernier (le 4 octobre), nous avons fait une superbe journée. Les gens éprouvent toujours le besoin de remplacer leur télévision ou leur frigo. Pour eux, c'est un achat prioritaire. Mais peut-être qu'on va être touché à notre tour. On entend des déclarations qui, au lieu de rassurer, auraient tendance à inquiéter. Les gens vont peut-être finir par garder leur argent. Si j'en avais, c'est ce que je ferais."

    Conforama de Paris. "Nous enregistrons une grosse baisse d'activité, constate un vendeur. Les temps sont durs. Les gens achètent du bas de gamme, du toujours moins cher." "Inévitablement, ce qui se passe va rejaillir sur le pouvoir d'achat, constate Manuel Marini, délégué CGT. Tout le monde est scandalisé qu'on nous répète que les caisses sont vides, alors qu'en même temps on trouve autant de pognon pour sauver les banques. Chez nous, les salariés qui grimpent d'un échelon peuvent espérer 10 euros d'augmentation. C'est tout dire."

    Galeries Lafayette à Paris. "Nous ne ressentons pas de conséquences dans l'immédiat, explique ce vendeur. Par rapport à 2007, qui fut une année exceptionnelle, les chiffres sont stables. Les clients étrangers viennent toujours et achètent autant."

    Fabio Lucci, centre commercial de Plan-de-Campagne, à Marseille. "C'est assez creux, les clients se font de plus en plus rares, constate Djamila Salvatori, déléguée CFDT. Je crois que ça va être de plus en plus compliqué pour tout le monde. Le temps des paniers bien chargés est révolu. Les gens font des choix, sacrifient par exemple l'habillement au profit des nouvelles technologies. On discute parfois avec des collègues d'autres magasins. Il y a beaucoup d'inquiétude. On se demande où va le pays, ce qu'on peut perdre dans cette affaire. Il y a des craintes pour l'emploi. Récemment, une cliente m'expliquait qu'elle avait très peur car la banque venait de refuser les escomptes de son entreprise."

    Concession Renault à Nantes. "La crise semble accélérer les modifications dans le comportement des gens", constate Pierre-Frédéric Guillot, délégué CFDT. "Ils continuent à acheter des voitures parce qu'ils en ont besoin. Mais même les clients qui ont des moyens s'orientent désormais vers des voitures plus bas de gamme. Ils ramènent leur Laguna et repartent avec une Mégane. Le bonus écologique joue, mais ce n'est pas l'unique raison. Les gens négocient plus : le prix catalogue ne veut plus rien dire. Nous enregistrons une baisse des commandes depuis trois mois. Vu les délais de livraison, cela va se ressentir à la fin de l'année."

    Propos recueillis par Benoît Hopquin(Le Monde)
    Dernière modification par mendz, 11 octobre 2008, 19h29.
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