Les USA ne sont plus une hyperpuissance, au moins j'espère que nous sommes tous d'accord.
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«L’ ère du leadership global de l’Amérique est terminée . » L’homme qui a prononcé ce jugement abrupt est bien loin d’être un révolutionnaire. John Gray, philosophe et sociologue britannique, fut l’un des principaux inspirateurs de la politique de Margaret Thatcher. Et il ne s’agit pas d’une voix isolée dans le monde anglo-saxon. Il y a une dizaine de jours, Barney Frank, le président de la Commission des finances de la Chambre des représentants, déclarait, résigné : « Soyons réalistes, nous ne sommes plus le pouvoir dominant dans le monde. »
Cette semaine, les deux grands magazines américains Time et Newsweek entament un refrain analogue. Le premier annonce « la fin d’une ère » et souligne que « la crise financière n’a pas sapé seulement l’économie des Etats-Unis mais aussi leur autorité » tandis que le second consacre trois pages à un article du politologue Francis Fukuyama intitulé « La c hute de l’entreprise Amérique ». Fukuyama y souligne que : « La puissance de l’Amérique, ce n’était pas seulement son dollar et ses blindés mais aussi le fait que nombre de pays voulaient la prendre pour modèle. » Certes, il y a encore des experts, tel l’universitaire Simon Serfaty, pour remarquer que le pays a connu des situations extrêmement difficiles dans le passé et qu’il a su ensuite rebondir. Serfaty rappelle que, à l’automne 1976, quand Gérald Ford, qui devait se faire battre par Jimmy Carter, tentait de conserver la Maison-Blanche, le syndrome dû à la déb cle vietnamienne n’avait pas encore été digéré et que le pays se trouvait en pleine crise économique. Il a néanmoins fallu laisser s’écouler quatre années d’une débilitante présidence Carter pour que le pays retrouve son énergie et s’impose de nouveau aux yeux du monde entier comme la principale superpuissance avant de devenir, dans les années 90, l’« hyperpuissance » décrite par Hubert Védrine.
Et surtout, ce qui fait la différence entre les deux époques, c’est que, à l’avènement de Ronald Reagan, Washington n’avait pour concurrent qu’une Union soviétique à bout de souffle, qui n’allait pas tarder à s’effondrer sous le poids des dysfonctionnements de son système. Cette fois, il en va autrement. Ce que l’on appelait le tiers-monde, ou les pays en voie de développement, s’est réveillé. Les pays d’Asie et d’Amérique latine, après avoir connu eux-mêmes de graves crises financières à la fin du XXe siècle, pour avoir, dans certains cas, suivi les conseils d’un FMI et d’une Banque Mondiale dominés par les Etats-Unis, ont ensuite embrayé sur une période de croissance rapide.
Ces nations, qu’il s’agisse de la Chine et, dans une moindre mesure, des « dragons » du Sud-Est asiatique ou du Brésil, ont adopté des modèles de développement certes divers mais tous différents de celui qui est proposé par les Anglo-Saxons. De plus, le rapport de forces financier est en train de s’inverser. La Chine, par exemple, détient 1.000 milliards de dollars en bons du Trésor américain. Et des fonds souverains de diverses origines géographiques se sont assurés de larges portions d’entreprises qui étaient jusque-là le symbole de la puissance de l’économie états-unienne.
Quand George W. Bush a accédé au pouvoir, il avait entre les mains une Amérique prospère et puissante. Très perturbé par le drame du 11-Septembre, on l’eût été à moins, il a laissé ses conseillers néoconservateurs s’emparer de son jugement et des leviers de commande de l’Etat et de l’économie. Ceux-ci ont sérieusement terni le modèle américain. Depuis la guerre d’Irak, le mot démocratie est devenu aux yeux de beaucoup de peuples un nom de code de « changement de régime ».
En s’enlisant dans des conflits ingagnables, le président Bush a accru l’audace de ses adversaires, comme en témoigne la crise de Géorgie. Qu’il se nomme Obama ou McCain, la tâche la plus urgente du nouveau chef de l’exécutif devrait être de commencer à réparer ce qui peut l’être de la crédibilité de l’Amérique.
source Investir
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«L’ ère du leadership global de l’Amérique est terminée . » L’homme qui a prononcé ce jugement abrupt est bien loin d’être un révolutionnaire. John Gray, philosophe et sociologue britannique, fut l’un des principaux inspirateurs de la politique de Margaret Thatcher. Et il ne s’agit pas d’une voix isolée dans le monde anglo-saxon. Il y a une dizaine de jours, Barney Frank, le président de la Commission des finances de la Chambre des représentants, déclarait, résigné : « Soyons réalistes, nous ne sommes plus le pouvoir dominant dans le monde. »
Cette semaine, les deux grands magazines américains Time et Newsweek entament un refrain analogue. Le premier annonce « la fin d’une ère » et souligne que « la crise financière n’a pas sapé seulement l’économie des Etats-Unis mais aussi leur autorité » tandis que le second consacre trois pages à un article du politologue Francis Fukuyama intitulé « La c hute de l’entreprise Amérique ». Fukuyama y souligne que : « La puissance de l’Amérique, ce n’était pas seulement son dollar et ses blindés mais aussi le fait que nombre de pays voulaient la prendre pour modèle. » Certes, il y a encore des experts, tel l’universitaire Simon Serfaty, pour remarquer que le pays a connu des situations extrêmement difficiles dans le passé et qu’il a su ensuite rebondir. Serfaty rappelle que, à l’automne 1976, quand Gérald Ford, qui devait se faire battre par Jimmy Carter, tentait de conserver la Maison-Blanche, le syndrome dû à la déb cle vietnamienne n’avait pas encore été digéré et que le pays se trouvait en pleine crise économique. Il a néanmoins fallu laisser s’écouler quatre années d’une débilitante présidence Carter pour que le pays retrouve son énergie et s’impose de nouveau aux yeux du monde entier comme la principale superpuissance avant de devenir, dans les années 90, l’« hyperpuissance » décrite par Hubert Védrine.
Et surtout, ce qui fait la différence entre les deux époques, c’est que, à l’avènement de Ronald Reagan, Washington n’avait pour concurrent qu’une Union soviétique à bout de souffle, qui n’allait pas tarder à s’effondrer sous le poids des dysfonctionnements de son système. Cette fois, il en va autrement. Ce que l’on appelait le tiers-monde, ou les pays en voie de développement, s’est réveillé. Les pays d’Asie et d’Amérique latine, après avoir connu eux-mêmes de graves crises financières à la fin du XXe siècle, pour avoir, dans certains cas, suivi les conseils d’un FMI et d’une Banque Mondiale dominés par les Etats-Unis, ont ensuite embrayé sur une période de croissance rapide.
Ces nations, qu’il s’agisse de la Chine et, dans une moindre mesure, des « dragons » du Sud-Est asiatique ou du Brésil, ont adopté des modèles de développement certes divers mais tous différents de celui qui est proposé par les Anglo-Saxons. De plus, le rapport de forces financier est en train de s’inverser. La Chine, par exemple, détient 1.000 milliards de dollars en bons du Trésor américain. Et des fonds souverains de diverses origines géographiques se sont assurés de larges portions d’entreprises qui étaient jusque-là le symbole de la puissance de l’économie états-unienne.
Quand George W. Bush a accédé au pouvoir, il avait entre les mains une Amérique prospère et puissante. Très perturbé par le drame du 11-Septembre, on l’eût été à moins, il a laissé ses conseillers néoconservateurs s’emparer de son jugement et des leviers de commande de l’Etat et de l’économie. Ceux-ci ont sérieusement terni le modèle américain. Depuis la guerre d’Irak, le mot démocratie est devenu aux yeux de beaucoup de peuples un nom de code de « changement de régime ».
En s’enlisant dans des conflits ingagnables, le président Bush a accru l’audace de ses adversaires, comme en témoigne la crise de Géorgie. Qu’il se nomme Obama ou McCain, la tâche la plus urgente du nouveau chef de l’exécutif devrait être de commencer à réparer ce qui peut l’être de la crédibilité de l’Amérique.
source Investir

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