La liste comprend aussi Al Omrane, les Autoroutes du Maroc,…
· Les recettes attendues pas encore évaluées
Nouveau tournant dans le processus de privatisation. Après une pause, le gouvernement vient de le relancer via de grandes entreprises. Une nouvelle liste de privatisables, présentée sous forme de projet de loi, accompagne la loi de Finances pour 2009. Celle-ci comprend une dizaine d’entreprises qui opèrent dans des secteurs concurrentiels. Cela va de l’aérien à l’audiovisuel en passant par l’habitat, le génie civil, la logistique… la RAM et deux de ses filiales, Al Omrane, la société des Autoroutes du Maroc (ADM), Supratours (filiale de l’ONCF), la Soread, propriétaire de 2M, le LPEE, le bureau d’études Conseil ingénierie et développement (CID) et la Société nationale des transports et de la logistique (ex-ONT). Le montant qui devra être engrangé par ces opérations n’a pas encore été évalué.
Il est incontestable que l’inscription de ces entreprises publiques sur cette liste est une décision politique, sans consultation de leur management. Selon une source proche du dossier, cette inscription obéit à un certain nombre de critères: des entreprises potentiellement viables, attractives aux yeux des investisseurs et opérant dans un milieu concurrentiel. En d’autres termes, la sélection des différentes sociétés a été réalisée par les pouvoirs publics sur la base d’atouts techniques et de projets de développement spécifiques, lit-on dans la note de présentation du projet.
La plus attendue de cette liste est Al Omrane. La holding d’aménagement publique (HAO), très chère à Taoufiq Hejira, est appelée à trouver repreneur. Elle est en bonne santé et ses fondamentaux sont solides. Critiquée ici et là pour concurrence avec le secteur privé sur le foncier, elle devra jouer à armes égales. Son transfert vise, selon le ministère des Finances, à attirer des investisseurs nationaux et/ou étrangers. De nouveaux entrants en mesure d’insuffler une nouvelle dynamique et un élan de développement à la société d’aménagement.
L’intérêt est de formaliser un accompagnement permanent aux différentes mesures prises par l’Etat. Là encore, le transfert dans le secteur privé devra accélérer le rythme de production du programme de logements sociaux. In fine, généraliser l’accès à la propriété au plus grand nombre de ménages à revenu limité dans un contexte de flambée des prix des matériaux de construction et de rareté du foncier.
Mais la grande surprise de cette opération de privatisation est sans conteste la RAM et ses deux filiales: la compagnie Atlas Blue, spécialisée dans le low cost, et Atlas Hospitality Morocco qui opère dans l’hôtellerie. Citée parmi les privatisables il y a une dizaine d’années, la RAM a purement et simplement disparu de la circulation. Aujourd’hui, la compagnie se porte bien, après le contrat signé avec l’Etat.
Pour le gouvernement, cette «initiative s’inscrit dans le cadre de sa stratégie basée sur le développement des partenariats avec les pays d’Afrique et la consolidation de sa position sur le hub de Casablanca». Le gouvernement est persuadé que le transfert de la RAM au secteur privé est de nature à améliorer ses performances et à renforcer sa position dans son secteur d’activité pour relever le défi de la concurrence internationale. Sans oublier la compétition des compagnies low cost et l’arrivée d’opérateurs internationaux suite à la libéralisation de l’aérien et la mise en place de l’Open sky.
Autre acteur et non des moindres concerné par ce round de privatisations: la société des Autoroutes du Maroc (ADM). En pleine phase de développement du réseau autoroutier, l’ouverture de ce secteur à des capitaux privés peut être interprétée comme un appel à des fonds pour financer une partie du plan d’armature autoroutier. Pour les pouvoirs publics, la mutation des ADM permettra non seulement de viabiliser les investissements publics déjà réalisés, mais surtout les accompagner par d’autres.
D’importantes synergies à faire jouer avec le privé se profilent sur ce créneau. De même, l’expérience a montré que le trafic sur un axe augmente progressivement avec le développement économique de la région. «L’axe Rabat-Casablanca n’est plus le seul rentable et qui pourrait intéresser le privé», souligne un expert. Les autres axes commencent à donner des résultats. Il n’y a qu’à voir le volume du trafic vers le nord ou vers l’est pour comprendre les enjeux». En tout cas, l’adossement des ADM au secteur privé devrait, selon les experts publics, ouvrir la possibilité de poursuivre, à un rythme encore plus accéléré, les chantiers programmés. La dynamique de croissance enclenchée est appelée donc à monter en régime.
Privatisations: Un calendrier serré · «Au plus tôt, une année» sera nécessaire
· L’ouverture du capital se fera aussi par la Bourse
Pour réaliser ces grosses privatisations, les Finances tablent sur un calendrier serré, «une année, au plus tôt», selon une source proche du dossier. Certaines procédures seront nécessaires, comme l’évaluation des entreprises privatisables et le recrutement des banques pour accompagner ce processus. Mais il faudra attendre l’adoption du projet de loi par le Parlement avant de s’engager. Pour le schéma de transfert, c’est la commission du même nom qui décidera du mode à retenir: vendre la totalité à un actionnaire, placer en Bourse ou combiner les deux. Tout se fera en fonction de la taille et des caractéristiques de l’entreprise. Cependant, l’orientation générale est de privilégier l’introduction en Bourse.
Pour cette nouvelle génération de privatisations, l’approche du gouvernement ne vise pas uniquement les recettes. C’est plutôt une meilleure efficacité de l’entreprise publique qui est recherchée. A rappeler que les premiers tests de la privatisation ont été concluants. Selon un rapport récent, «le processus des privatisations a eu des effets positifs appréciables sur l’ensemble des entreprises cédées». En moyenne, sur la décennie 1993-2003, la contribution des privatisations au budget de l’Etat aura été de 5,8% des recettes ordinaires (hors privatisations). Et ce, avec des pics de 24,5% en 2001 et de 13,8% en 2003. Ce qui correspond à la cession des 35% de Maroc Telecom à Vivendi Universal pour un montant de 23,3 milliards de DH. La cession de 80% de la Régie des tabacs à Altadis y est aussi pour quelque chose (14,1 milliards de DH).
En revanche, il faut souligner que l’ensemble des recettes a été affecté directement au budget de l’Etat jusqu’à 2000. Par la suite, une bonne partie des recettes est transférée au Fonds Hassan II. D’ailleurs, jusqu’à juillet 2005, plus de 25 milliards de DH, prélevées sur les recettes, ont été transférées à ce fonds pour le financement de projets économiques et sociaux.
Autre impact positif du processus, le démantèlement du monopole de l’Etat et l’ouverture de l’accès au marché ainsi que la libéralisation progressive des importations. Les démantèlements les plus significatifs ont porté sur les secteurs financiers, les télécoms, le tabac, le pétrole...
En termes d’investissements étrangers, des IDE particulièrement importants ont été réalisés depuis 1993. Leur souscription cumulée a atteint les 67 milliards de DH au 15 septembre 2006.
L’évolution est indéniable. Elle a permis au Maroc, toujours selon le même rapport, de passer du 4e au 1er rang des pays arabes destinataires d’IDE. Sur le continent africain, le Maroc se positionne au 3e rang juste après l’Afrique du Sud et le Nigeria.
Des groupes étrangers de renom ont fait confiance au Maroc et ont investi dans les opérations de privatisation: Vivendi Universal, Altadis, Corral, Renault, Total, Fram... La répartition sectorielle des différents investissements fait ressortir une prédominance des télécoms (44,7 milliards de DH), l’industrie (24 milliards de DH), l’immobilier (2 milliards de DH)...
A signaler que le portefeuille public comprend 424 sociétés. Un tel patrimoine représente un important gisement pour les futures opérations de privatisation et d’ouverture de capital. D’autant plus que les créations de filiales se poursuivent par les grandes compagnies publiques. Il s’agit notamment de RAM, de la CDG ou encore la BCP. Notons que les libéralisations sectorielles débouchent dans la plupart des cas sur la transformation d’établissements publics en sociétés anonymes potentiellement privatisables en totalité ou en partie.
Bourse de Casablanca
A coup sûr, le processus des privatisations a contribué à redynamiser la Bourse de Casablanca. En effet, selon des analystes, le transfert de nombreuses sociétés dans le giron du privé a constitué un facteur essentiel de la croissance de la place de Casablanca.
Ils en veulent pour preuve que depuis 1989, date de la première privatisation, la capitalisation boursière a été multipliée par plus de 83,4, passant de 5 milliards de DH à 417 milliards au 29 décembre. A la mi octobre 2008, la capitalisation boursière aura été de l’ordre de 604 milliards
· Les recettes attendues pas encore évaluées
Nouveau tournant dans le processus de privatisation. Après une pause, le gouvernement vient de le relancer via de grandes entreprises. Une nouvelle liste de privatisables, présentée sous forme de projet de loi, accompagne la loi de Finances pour 2009. Celle-ci comprend une dizaine d’entreprises qui opèrent dans des secteurs concurrentiels. Cela va de l’aérien à l’audiovisuel en passant par l’habitat, le génie civil, la logistique… la RAM et deux de ses filiales, Al Omrane, la société des Autoroutes du Maroc (ADM), Supratours (filiale de l’ONCF), la Soread, propriétaire de 2M, le LPEE, le bureau d’études Conseil ingénierie et développement (CID) et la Société nationale des transports et de la logistique (ex-ONT). Le montant qui devra être engrangé par ces opérations n’a pas encore été évalué.
Il est incontestable que l’inscription de ces entreprises publiques sur cette liste est une décision politique, sans consultation de leur management. Selon une source proche du dossier, cette inscription obéit à un certain nombre de critères: des entreprises potentiellement viables, attractives aux yeux des investisseurs et opérant dans un milieu concurrentiel. En d’autres termes, la sélection des différentes sociétés a été réalisée par les pouvoirs publics sur la base d’atouts techniques et de projets de développement spécifiques, lit-on dans la note de présentation du projet.
La plus attendue de cette liste est Al Omrane. La holding d’aménagement publique (HAO), très chère à Taoufiq Hejira, est appelée à trouver repreneur. Elle est en bonne santé et ses fondamentaux sont solides. Critiquée ici et là pour concurrence avec le secteur privé sur le foncier, elle devra jouer à armes égales. Son transfert vise, selon le ministère des Finances, à attirer des investisseurs nationaux et/ou étrangers. De nouveaux entrants en mesure d’insuffler une nouvelle dynamique et un élan de développement à la société d’aménagement.
L’intérêt est de formaliser un accompagnement permanent aux différentes mesures prises par l’Etat. Là encore, le transfert dans le secteur privé devra accélérer le rythme de production du programme de logements sociaux. In fine, généraliser l’accès à la propriété au plus grand nombre de ménages à revenu limité dans un contexte de flambée des prix des matériaux de construction et de rareté du foncier.
Mais la grande surprise de cette opération de privatisation est sans conteste la RAM et ses deux filiales: la compagnie Atlas Blue, spécialisée dans le low cost, et Atlas Hospitality Morocco qui opère dans l’hôtellerie. Citée parmi les privatisables il y a une dizaine d’années, la RAM a purement et simplement disparu de la circulation. Aujourd’hui, la compagnie se porte bien, après le contrat signé avec l’Etat.
Pour le gouvernement, cette «initiative s’inscrit dans le cadre de sa stratégie basée sur le développement des partenariats avec les pays d’Afrique et la consolidation de sa position sur le hub de Casablanca». Le gouvernement est persuadé que le transfert de la RAM au secteur privé est de nature à améliorer ses performances et à renforcer sa position dans son secteur d’activité pour relever le défi de la concurrence internationale. Sans oublier la compétition des compagnies low cost et l’arrivée d’opérateurs internationaux suite à la libéralisation de l’aérien et la mise en place de l’Open sky.
Autre acteur et non des moindres concerné par ce round de privatisations: la société des Autoroutes du Maroc (ADM). En pleine phase de développement du réseau autoroutier, l’ouverture de ce secteur à des capitaux privés peut être interprétée comme un appel à des fonds pour financer une partie du plan d’armature autoroutier. Pour les pouvoirs publics, la mutation des ADM permettra non seulement de viabiliser les investissements publics déjà réalisés, mais surtout les accompagner par d’autres.
D’importantes synergies à faire jouer avec le privé se profilent sur ce créneau. De même, l’expérience a montré que le trafic sur un axe augmente progressivement avec le développement économique de la région. «L’axe Rabat-Casablanca n’est plus le seul rentable et qui pourrait intéresser le privé», souligne un expert. Les autres axes commencent à donner des résultats. Il n’y a qu’à voir le volume du trafic vers le nord ou vers l’est pour comprendre les enjeux». En tout cas, l’adossement des ADM au secteur privé devrait, selon les experts publics, ouvrir la possibilité de poursuivre, à un rythme encore plus accéléré, les chantiers programmés. La dynamique de croissance enclenchée est appelée donc à monter en régime.
Privatisations: Un calendrier serré · «Au plus tôt, une année» sera nécessaire
· L’ouverture du capital se fera aussi par la Bourse
Pour réaliser ces grosses privatisations, les Finances tablent sur un calendrier serré, «une année, au plus tôt», selon une source proche du dossier. Certaines procédures seront nécessaires, comme l’évaluation des entreprises privatisables et le recrutement des banques pour accompagner ce processus. Mais il faudra attendre l’adoption du projet de loi par le Parlement avant de s’engager. Pour le schéma de transfert, c’est la commission du même nom qui décidera du mode à retenir: vendre la totalité à un actionnaire, placer en Bourse ou combiner les deux. Tout se fera en fonction de la taille et des caractéristiques de l’entreprise. Cependant, l’orientation générale est de privilégier l’introduction en Bourse.
Pour cette nouvelle génération de privatisations, l’approche du gouvernement ne vise pas uniquement les recettes. C’est plutôt une meilleure efficacité de l’entreprise publique qui est recherchée. A rappeler que les premiers tests de la privatisation ont été concluants. Selon un rapport récent, «le processus des privatisations a eu des effets positifs appréciables sur l’ensemble des entreprises cédées». En moyenne, sur la décennie 1993-2003, la contribution des privatisations au budget de l’Etat aura été de 5,8% des recettes ordinaires (hors privatisations). Et ce, avec des pics de 24,5% en 2001 et de 13,8% en 2003. Ce qui correspond à la cession des 35% de Maroc Telecom à Vivendi Universal pour un montant de 23,3 milliards de DH. La cession de 80% de la Régie des tabacs à Altadis y est aussi pour quelque chose (14,1 milliards de DH).
En revanche, il faut souligner que l’ensemble des recettes a été affecté directement au budget de l’Etat jusqu’à 2000. Par la suite, une bonne partie des recettes est transférée au Fonds Hassan II. D’ailleurs, jusqu’à juillet 2005, plus de 25 milliards de DH, prélevées sur les recettes, ont été transférées à ce fonds pour le financement de projets économiques et sociaux.
Autre impact positif du processus, le démantèlement du monopole de l’Etat et l’ouverture de l’accès au marché ainsi que la libéralisation progressive des importations. Les démantèlements les plus significatifs ont porté sur les secteurs financiers, les télécoms, le tabac, le pétrole...
En termes d’investissements étrangers, des IDE particulièrement importants ont été réalisés depuis 1993. Leur souscription cumulée a atteint les 67 milliards de DH au 15 septembre 2006.
L’évolution est indéniable. Elle a permis au Maroc, toujours selon le même rapport, de passer du 4e au 1er rang des pays arabes destinataires d’IDE. Sur le continent africain, le Maroc se positionne au 3e rang juste après l’Afrique du Sud et le Nigeria.
Des groupes étrangers de renom ont fait confiance au Maroc et ont investi dans les opérations de privatisation: Vivendi Universal, Altadis, Corral, Renault, Total, Fram... La répartition sectorielle des différents investissements fait ressortir une prédominance des télécoms (44,7 milliards de DH), l’industrie (24 milliards de DH), l’immobilier (2 milliards de DH)...
A signaler que le portefeuille public comprend 424 sociétés. Un tel patrimoine représente un important gisement pour les futures opérations de privatisation et d’ouverture de capital. D’autant plus que les créations de filiales se poursuivent par les grandes compagnies publiques. Il s’agit notamment de RAM, de la CDG ou encore la BCP. Notons que les libéralisations sectorielles débouchent dans la plupart des cas sur la transformation d’établissements publics en sociétés anonymes potentiellement privatisables en totalité ou en partie.
Bourse de Casablanca
A coup sûr, le processus des privatisations a contribué à redynamiser la Bourse de Casablanca. En effet, selon des analystes, le transfert de nombreuses sociétés dans le giron du privé a constitué un facteur essentiel de la croissance de la place de Casablanca.
Ils en veulent pour preuve que depuis 1989, date de la première privatisation, la capitalisation boursière a été multipliée par plus de 83,4, passant de 5 milliards de DH à 417 milliards au 29 décembre. A la mi octobre 2008, la capitalisation boursière aura été de l’ordre de 604 milliards
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