Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Les investissements marocains confrontés aux défis interculturels

Réduire
Cette discussion est fermée.
X
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Les investissements marocains confrontés aux défis interculturels

    Dans tous les secteurs, ce sont de véritables champions marocains qui se déploient en Afrique subsaharienne, avec comme point d’entrée, pour des raisons de relations multiséculaires, le Sénégal. Plus que jamais, cette expansion nécessite une approche interculturelle.

    Après la très médiatisée prise de contrôle de Air Sénégal International par la Royal Air Maroc, l’expansion du Maroc en direction des pays d’Afrique subsaharienne ne s’est pas démentie. Cela s’est traduit par des prises de contrôle ou des IDE dans des secteurs aussi variés que le transport aérien et maritime, la pharmacie, la banque, les technologies de l’information, l’agriculture.

    Les connotations de la colonisation

    Toutefois, l’intensification de cette politique et sa diversification vers d’autres pays africains, Mali, Burkina Faso, RDC, mais aussi Gabon, est autant riche de promesses qu’elle est empreinte de risques, car la qualité des relations n’est pas toujours comparable à celle avec le Sénégal. Elle est riche en promesses, car de nombreuses entreprises marocaines ont l’expertise requise pour accompagner des entreprises nationales dans des secteurs stratégiques et fortement structurants. C’est le cas dans les secteur des télécommunications, de l’eau, de l’aéronautique, de la banque etc.

    Mais elle présente aussi plein de périls, et ce pour plusieurs raisons : aujourd’hui, fort de leur appétit pour les entreprises d’Afrique subsahariennes, les entreprises marocaines sont parfois perçues comme conquérantes et comme la substitution de la présence marocaine à la présence française, avec toutes les connotations de la colonisation. En second lieu, dans certains cas, il semble que les dirigeants marocains, amenés à conduire les entreprises fraîchement acquises, manquent cruellement de préparation et commettent des impairs culturels à même d’entraîner des sentiments négatifs et d’hypothéquer la réussite de ces récentes prises de contrôle.

    C’est que, passé la prise de contrôle sur le plan technique, le véritable enjeu est en fait culturel : comprendre les collaborateurs avec lesquels on travaille et relevant d’un autre espace culturel, respecter les codes, éviter les malentendus. En d’autres termes, au-delà des questions techniques spécifiques à des secteurs précis, la réussite d’une multinationalisation assortie d’une expatriation de cadres requiert de véritables habiletés culturelles, qui sont un facteur clé de succès.

    Cette réalité n’est pas propre aux seules contrées africaines. C’est le fait de tout mouvement stratégique d’un espace culturel vers un autre. Combien de fusions ont échoué du fait de la culture ?

    Think global, act local

    Car, qu’on se le dise, dans nos sociétés, la qualité de la relation, autrement dit le « contenant », l’emporte souvent sur le contenu. Or, à travers nos déplacements, on a relevé des comportements qui sur le plan culturel ne sont pas à la hauteur des espérances. Diriger des compatriotes est sagesse, mais diriger des ressortissants d’autres pays est « sagesse supérieure » qui requiert « écoute », respect de la culture de l’autre, absence d’apriori, capacité d’adaptation. Cela ne signifie pas renier, ses principes, ni revenir sur ses objectifs, mais, à tout le moins, une habileté intellectuelle évitant de greffer à l’identique ses référentiels dans des espaces culturels différents est indispensable.

    Le Maroc est, sans conteste, des pays du Maghreb celui qui bénéficie d’un capital sympathie le plus élevé dans les pays d’Afrique subsaharienne. Il faut dire que cet état de fait trouve ses racines dans des relations multiséculaires avec ces pays, où l’économie le dispute au culturel, notamment. Cet avantage distinctif n’est pas un avantage comparatif, en termes de dotations en facteurs, mais un avantage construit au fil du temps, sans pour autant être un acquis irréversible. D’où l’intérêt de s’appuyer sur cet acquis pour développer ses marchés.


    Le Maroc est, sans conteste, des pays du Maghreb celui qui bénéficie d’un capital sympathie le plus élevé dans les pays d’Afrique subsaharienne. D’où l’intérêt de s’appuyer sur cet acquis pour développer ses marchés.
    Mais en même temps, ce développement ne sera « durable » et l’acceptation, voire l’adoption, de ces nouveaux opérateurs économiques venus du Maghreb ne sera totale que si les futurs expatriés marocains sont sensibilisés aux subtilités culturelles des pays de destination avant leur départ. Entre autres, il est important de s’imprégner de sources de pouvoir, de l’organisation socio-culturelle, des phénomènes ethniques et, dans certains cas, de la dynamique confrérique, sans oublier de s’informer sur les traditions syndicales, le rapport au temps, la distance hiérarchique etc.

    Encore une fois, réussir une expatriation n’est pas une question technique. Il ne s’agit pas d’être un excellent ingénieur télécoms, ou un banquier hors pair, mais il faut d’autres atouts, dont l’habileté interculturelle n’est pas le moindre.
    Dans cette préparation avant expatriation, il ne faut pas non plus oublier de préparer le conjoint, car des expatriations non réussies et le retour au bercail pour convenances personnelles cachent souvent une inadaptation de l’épouse dans le pays d’accueil.

    Alioune Gueye - Les Afriques
Chargement...
X