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Quel avenir pour la sidérurgie en Algérie ?

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  • Quel avenir pour la sidérurgie en Algérie ?

    A l'ombre de la crise économique internationale Quel avenir pour la sidérurgie en Algérie ?

    La crise financière a amené son lot de répercussions non moins fâcheuses sur les divers secteurs de production. Après les banques, l'immobilier, l'automobile et les transports, les industries sidérurgiques et métallurgiques sont sérieusement touchées.

    L'Algérie, qui jusque-là se complaisait dans son statut d'observateur de la crise, doit aujourd'hui faire face à diverses interrogations quant aux conséquences réelles de cette crise et les dégâts collatéraux qu'elle pourrait induire.

    Jusque-là la crise était circonscrite dans la sphère financière, mais à partir du moment où le cercle de l'économie réelle est affecté, la crainte de voir, grâce à l'effet dominos, la crise nous toucher de façon brutale est apparente.

    Cette semaine a été bien édifiante dans ce sens. A peine le géant mondial de la sidérurgie, ArcelorMittal a-t-il annoncé son plan pour la suppression de 9 000 emplois au niveau mondial, que les travailleurs du complexe El-Hadjar voient déjà planer sur eux le spectre d'un chômage à venir.

    Il est vrai que les responsables de l'entreprise tendent à rassurer les travailleurs. Le P-DG d'ArcelorMittal Algérie, Bernard Bousquet, a indiqué, dimanche, que "l'Algérie n'est pas concernée par ce plan de suppression aussi bien à Annaba qu'au complexe d'El Hadjar ainsi que dans les mines (qu'elle exploite) et les dépôts".

    Cependant, M. Bousquet a précisé que si les effectifs de la filiale algérienne de ce géant de l'acier ne seront pas touchés "on doit, par contre, réduire tout nos coûts, autres que ceux des effectifs, c'est-à-dire réduire les coûts de production par une amélioration de nos performances dans le process de production et baisser les achats qui comprennent les contrats de sous-traitance et les emplois temporaires".Aussi, la production de l'entreprise risque de baisser en 2009.

    M. Bousquet table sur une production de 800 000 tonnes d'acier en 2009, au lieu des 1,3 million de tonnes prévus initialement. Au-delà de la crise, ArcelorMittal Algérie fait face, actuellement, à une baisse des prix de ses produits (rond à béton notamment) sur le marché algérien induisant, par ricochet, une réduction des volumes de production de l'entreprise, dont essentiellement les produits exportés.

    L'entreprise fait également face à la faible productivité de ses unités en AlgérieLe complexe sidérurgique d'El-Hadjar enregistre le plus faible taux de production au niveau du groupe ArcelorMittal. Le rendement d'un travailleur est de 150 tonnes d'acier par année, soit 70% de moins que la norme en Europe qui est de 500 t/an.

    M. Bernard Bousquet a, d'ailleurs, lié au début de cette année ce déficit à la supériorité des effectifs par rapport aux normes. L'entreprise se préoccupe de la pléthore des effectifs considérée, selon la démarche de ArcelorMittal, comme étant un handicap majeur, si l'on tient compte des normes.

    Qu'est-ce qui pourrait donc pousser l'entreprise à être regardante sur sa politique sociale en Algérie, alors qu'elle prévoit de supprimer 9 000 emplois au niveau mondial ?

    La réponse pourrait peut-être résider dans le fait que le marché algérien en lui-même renferme des potentialités très importantes.

    Des besoins estimés à 5 millions de tonnes d'acier

    Il vrai qu'aujourd'hui l'Algérie est un chantier à ciel ouvert. La demande est sans cesse croissante, en particulier dans les secteurs du bâtiment, des travaux publics et des infrastructures en général.

    Autrement dit, la demande en produits longs, qui est très importante, ne cesse de s'accroître, et le besoin est de plus en plus manifesté. En dépit des projets d'investissement engagés dans le domaine de l'industrie de l'acier notamment, l'Algérie restera toujours loin du compte en raison de la très forte demande.

    Selon les estimations de M. Mohamed Laid Lachgar, secrétaire général de l'Union arabe du fer et de l'acier, les projets annoncés sont d'une capacité de 2 millions de tonnes seulement, alors que pour un pays comme l'Algérie, il nous faut 5 millions de tonnes pour satisfaire la demande.

    Aussi, l'Algérie était, dans le monde arabe, le seul pays à maîtriser la technologie du tube sans soudure dont les produits sont utilisés dans différentes industries, notamment l'industrie militaire. C'est dire que sur le plan des potentialités humaines, l'Algérie était bien lotie.

    C'était une véritable pépinière. En ce moment, la filière tube sans soudure est passée entièrement sous le contrôle des Indiens de ArcelorMittal. Pour que l'Algérie rattrape le retard, cela dépendra des investissements qui peuvent être lancés dans ce domaine.

    C'est dans ce sens, justement, qu'Arcelor Mittal avait annoncé, l'été dernier, un plan d'investissement de 2,7 milliards de dollars en Algérie. Même si le groupe a annoncé récemment un gel de ses investissements dans plusieurs pays et ce, en réponse à la crise, cela ne semble pas être le cas pour l'Algérie, enfin pour le moment.

    De grands groupes se disputent le marché algérien

    Il faut dire aussi que l'enjeu est de taille. Le numéro un mondial de l'acier, qui exploite en partenariat avec Sider depuis 2001 le complexe d'El-Hadjar à hauteur de 70%, convoite à présent le gisement de fer de Gara Djebilet situé à 130 Km au sud-est de la ville de Tindouf.

    Dans ce sens, M. Bousquet a annoncé qu'ArcelorMittal Annaba a été sollicité par les pouvoirs publics algériens pour réaliser une étude préliminaire de faisabilité du gisement de Gara Djebilet (Tindouf). Il faut savoir que ce gisement renferme des potentialités importantes dans la mesure où ses réserves globales sont de l'ordre de plus de 3 milliards de tonnes de minerai de fer.

    Les réserves exploitables de Gara Djebilet sont de l'ordre de 1,7 milliard de tonnes à 57 % de fer, localisées dans deux lentilles importantes : une lentille dite " ouest " avec 780 millions de tonnes et une lentille dite " centre " avec 900 millions de tonnes. Aussi, ArcelorMittal prévoit d'investir 2,5 milliards de dollars pour la réalisation, à Jijel, d'installations industrielles pour la production d'acier pur (pré-réduit) et d'une centrale électrique.

    Mais le sidérurgiste se voit déjà confronté à une concurrence féroce. De nombreux groupes aussi bien nationaux qu'étrangers ont très vite pris conscience de l'importance du marché algérien.

    Il y a d'abord Cevital. Le groupe d'Issad Rebrab nourrit depuis de nombreuses années l'ambition de réaliser un complexe sidérurgique d'envergure et ce, dans le cadre du projet Cap 2015. Ce projet gigantesque nécessitera des investissements de plus de 30 milliards de dollars.

    Il prévoit la construction d'un port en eaux profondes de 20 kms de quais, soit six fois plus long que Tanger Med au Maroc. Ce port sera lié à une zone industrielle de 5 000 hectares qui accueillera des usines gigantesques de taille mondiale.

    La zone industrielle comprendra un complexe pétrochimique, un complexe de production d'aluminium avec une capacité de production de 1,5 million de tonnes par an, un complexe sidérurgique intégré (10 millions de tonnes par an), un chantier naval, une unité de construction automobile (350 000 unités par an), une unité de fabrication de containers, une centrale électrique de 3 200 MWA, une station de dessalement d'eau de mer.

    Ce projet fera participer plus d'un millier de PME / PMI de transformation, de sous-traitance et de services et contribuera à la création de plus d'un million d'emplois.

    Dans la wilaya de Jijel, deux groupes internationaux sont au coude à coude avec ArcelorMittal. Il s'agit de l'égyptien El-Ezz Steel et de l'italien AFV Beltrame.

    Le géant industriel égyptien, El Ezz steel, qui a manifesté sa volonté d'investir dans la zone industrielle de Bellara, a signé, rappelons-le, un protocole d'accord en octobre 2007 avec les pouvoirs publics.

    Si les dernières études en cours confirment cette implantation, la production doit démarrer en 2010. L'investissement qui devrait créer 1 700 emplois directs, est prévu en deux tranches. D'un montant de 750 millions de dollars, la première phase devrait aboutir à une capacité de production de 1,5 million de tonnes.

    Des travaux d'extension pour une production portée à 3 millions de tonnes par an sont déjà programmés pour un investissement de 500 millions de dollars. Avec une production de 5,3 millions de tonnes de produits en 2006, El Ezz Steel est l'un des premiers producteurs d'acier dans le Maghreb et le Moyen-Orient.

    Quant au leader européen de la sidérurgie AFV Beltrame, qui a fait part dernièrement de son intention de s'implanter à El Milia, et qui fait partie des principaux producteurs de profilés spéciaux destinés aux chantiers navals et aux engins de terrassement, compte, pour sa part, réaliser une unité de production de minerai de fer par réduction directe, d'une capacité de 1,6 million de tonnes/an, dans une première phase, pour la porter à 3,5 ou 4 millions dans la phase suivante. Ces projets constituent un investissement de 500 millions d'euros et généreront quelque 200 emplois.

  • #2
    L'aluminium aussi

    Mais dans les métiers de la métallurgie, l'acier est loin de tenir seul la tête d'affiche. L'aluminium commence à attiser les convoitises. Le groupe Cevital entretient un partenariat avec Rio Tinto Alcan pour justement la réalisation d'une aluminerie en Algérie. Il faut également savoir que l'Algérie prévoit de construire une usine d'aluminium dans l'ouest du pays, la plus grande d'Afrique du Nord, qui aura une capacité de production de 700 000 tonnes par an.


    Le projet sera donc développé sur une superficie de 400 hectares près de Béni Saf, dans la région d'Aïn Témouchent, et le projet devrait être accompli dans environ quatre ans et entrer en production d'ici 2011. La réalisation de ce projet structurant constituera le premier noyau industriel dans une wilaya à vocation essentiellement agricole.


    Il permettra, selon les premières données, la création de 10.000 postes d'emploi, sans compter les activités annexes qui ne manqueront pas de se déployer tout autour.Aussi, le groupe saoudien, Construction Products Holding Company (CPC), et l'émirien Alumco LLC ont annoncé récemment avoir créé une joint-venture en vue de la réalisation d'un projet d'aluminium en Algérie.


    Ce projet d'usine d'aluminium devrait être lancé en 2009. L'investissement prévu pour ce projet en Algérie est estimé à plus de 2,7 millions de dollars.


    Le complexe, qui devrait avoir une capacité de production initiale d'environ 50 000 tonnes par an, sera érigé sur une superficie de 100 000 m2, a fait savoir Ayman Nowailati, le responsable de CPC.

    Qu'en est-il des PME et de l'aval métallurgique ?

    Il ne faut perdre de vue que le secteur de la métallurgie en Algérie, est une "*industrie lourde " dominé par les grandes entreprises publiques. Il y a donc peu place pour les PME et les industries de transformation.


    D'ailleurs, celles-ci réalisent des chiffres d'affaires limités et ont, pour la plupart, été créées avant 2000. Celles-ci même si elles restent à un stade embryonnaire peuvent constituer une facette importante de l'aval de la filière.


    Les inputs de ces entreprises sont en majorité (60%) de provenance locale ; les importations directes représentent environ 40% du total des inputs. D'où tout l'intérêt de se pencher sur ce segment. Il est vrai qu'en Algérie la consommation en acier est essentiellement destinée à la construction, mais l'industrie de transformation constitue une opportunité à ne pas ignorer.


    La demande dans le secteur de la construction d'ouvrages en charpentes métalliques est de plus en plus importante. Les avantages inhérents à ce procédé de construction (notamment en termes de délai), le niveau élevé de protection qu'il offre contre le risque sismique, ainsi que le volume actuel des programmes publics de construction sont autant de facteurs explicatifs des accroissement actuels et de ceux attendus, en termes de demande et de chiffres d'affaires.


    Il y a aussi les produits en acier galvanisé tels les charpentes, les pylônes, les conduites, des mâts spécifiques pour des antennes de téléphonie. Un autre exemple celui des profilés aluminium.


    La demande actuelle algérienne en profilé aluminium est estimée à 15000 tonnes/an. En Algérie, la transformation de profilés en aluminium est principalement dirigée vers la menuiserie aluminium, alors qu'elle est plus diversifiée à l'échelle mondiale.


    Le développement de l'activité "Transformation des profilés aluminium" reste, aussi, tributaire de l'élargissement de la demande, sans se limiter aux seuls produits de la menuiserie aluminium. Cela est quelquefois freiné par le poids des habitudes ainsi que par des considérations de coûts.

    Créer une filière intégrée

    Il en ressort donc que pour assurer un développement dans l'aval métallurgique, l'investissement est nécessaire en soi, mais il n'est pas aisé.

    Même si les PME privées restent relativement compétitives et décrochent des marchés, la concurrence reste vive notamment de la part des importateurs.


    Aussi, l'acheminement de l'Algérie vers une adhésion à l'OMC et le démantèlement tarifaire que cela induira, portera un coup sérieux à la filière, d'autant plus qu'à l'instar des autres secteurs industriels en Algérie, celui de la " métallurgie et travaux des métaux " n'est pas vraiment un secteur exportateur.


    Il est clair que la priorité pour ces PME est de rester compétitive et de développer leurs ventes sur le marché national, s'améliorer sur les plans de la technologie, de l'organisation, de la qualité, de la productivité et des rendements…, pour ensuite envisager des actions d'exportation avec toutes les conditions de réussite sur des marchés beaucoup plus exigeants.


    L'importance de se pencher sur le secteur du travail des métaux dans son volet relatif aux PME est intimement liée à la nécessité de créer une filière intégrée dans la métallurgie.Boostée par les grands chantiers ouverts dans le cadre du plan de relance économique, la demande en acier et en aluminium dépend entièrement des programmes de dépense publique.


    Or, dans un contexte de crise, et d'un prix du baril en chute libre, l'Algérie risque à moyen terme d'être contrainte à revoir ses programmes d'investissement. Qu'en sera-t-il alors du potentiel du marché sans une industrie de transformation solide. On dit souvent " Quand le bâtiment va, tout va ". C'est le cas en Algérie. Enfin pour le moment.

    - Pressedz

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