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Gazprom-Sibneft: Naissance d'un géant en Russie

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  • Gazprom-Sibneft: Naissance d'un géant en Russie

    Gazprom, placé sous le controle de Poutine , a raheté Sibneft pour 13 milliards de dollars donnant naissance à un géant en Russie.
    Poutine reprend ainsi le controle de l'énergie qui depuis la chute du communisme avait été privatisé. Gazprom permet à l'Etat d'assurer sa mainmise sur 30 % du pétrole national.

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    Après l'affaire Youkos, c'est un nouveau coup d'accélérateur qui vient d'être donné par Moscou dans sa volonté de reprendre en main le secteur de l'énergie. En annonçant hier le rachat de 72,66% du capital du pétrolier Sibneft, le géant gazier Gazprom, contrôlé à 51% par l'Etat, va donner naissance à la première compagnie nationale d'hydrocarbures. Envoyé en service commandé, Gazprom dépensera dans cette opération 13 milliards de dollars, un montant dont la moitié sera financée par les banques occidentales. Il s'agit là de la plus grosse acquisition jamais réalisée sur le marché russe. En ajoutant les 3% déjà en portefeuille, le spécialiste du gaz verrouillera plus de 75% de Sibneft.

    Mission accomplie, donc, pour Vladimir Poutine, qui, après avoir veillé au dépeçage de Youkos – consécutif à l'emprisonnement de son dirigeant, Mikhaïl Khodorkovski –, ramène dans l'orbite du pouvoir un pan entier de l'économie du pays. Sibneft était jusqu'à présent contrôlé par un autre milliardaire russe, Roman Abramovich, connu pour posséder le club de football de Chelsea. En vendant ses titres au prix du marché, ce dernier a eu plus de chance que l'ancien patron de Youkos.

    Cette opération intervient après plusieurs tentatives de rapprochement avortées. En début d'année, Gazprom devait en effet fusionner avec la compagnie publique Rosneft. L'acquisition par le même Rosneft de Yougansk, la principale filiale de Youkos, a soulevé trop de problèmes en termes de valeur des actifs apportés pour que l'on mène jusqu'au bout cette autre opération.

    Quoi qu'il en soit, Moscou contrôle aujourd'hui directement 30% de la production pétrolière nationale. Le nouvel ensemble Gazprom-Sibneft est très complémentaire. D'un côté, Gazprom, le plus grand producteur de gaz au monde (34 milliards de dollars de chiffre d'affaires en 2004), revendique 16% des réserves de la planète. Avant cette opération, ce groupe de 300 000 salariés représentait déjà 7% du PIB russe et versait 8% des recettes du budget de l'Etat. De l'autre, Sibneft, cinquième producteur de pétrole russe, extrait chaque jour 630 000 barils de brut et a réalisé 8,8 milliards de dollars de chiffre d'affaires en 2004.

    L'addition des deux sociétés va permettre à Gazprom de produire 1,17 million de barils par jour (Mbj) et donc de se rapprocher considérablement de Rosneft, qui annonce 1,5 million. A titre de comparaison, Total produit chaque jour 2,6 millions. Par ailleurs, comme Sibneft est implanté dans les régions pétrolifères les plus prometteuses – en Asie centrale, notamment –, la marge de progression du nouvel ensemble est très importante.

    Reste maintenant à organiser la fusion entre les deux groupes. «Jusqu'à maintenant, Gazprom était uniquement cantonné au domaine du gaz. Sachant que le pétrole est plus rentable, dans quelle mesure le groupe va-t-il diversifier ses investissements ? C'est l'un des enjeux fondamentaux de ce rapprochement», relève Catherine Locatelli, chargée de recherches au CNRS et spécialiste des questions pétrolières en Europe de l'Est.

    L'Europe occidentale ne devrait pas subir de changement profond pour son approvisionnement. Gazprom, qui produit environ 90% du gaz russe – et 20% du gaz mondial –, monte régulièrement en puissance auprès de tous ses partenaires de l'Ouest. Le groupe est ainsi le plus important fournisseur de Gaz de France en représentant 25% de ses approvisionnements.

    Sur le plan géopolitique, la création de la première compagnie russe d'hydrocarbures donnera plus de poids à Moscou pour qu'il fasse entendre sa voix. «Non pas que la Russie se substitue à l'Opep, mais elle va pouvoir utiliser l'arme énergétique avec beaucoup plus de succès», ajoute Catherine Locatelli. Autrement dit, en se dotant d'un nouveau géant des hydrocarbures, Vladimir Poutine renforce l'un de ses instruments de politique étrangère qui avait été abîmé par les privatisations de l'ère Eltsine.

    Ces privatisations ont abouti à faire passer sous le contrôle d'établissements aux ambitions strictement financières un très grand nombre d'actifs de l'énergie. Les programmes d'exploration-production avaient été considérablement ralentis. Aujourd'hui, ces programmes devraient être réactivés, et cela d'autant plus que la Russie a besoin d'optimiser ses réserves. Quant à savoir si le rachat de Sibneft par Gazprom met ou non un point final aux grandes manœuvres dans l'énergie russe, la réponse est nuancée: «La Russie va certainement garder un secteur privé dans l'énergie, mais il sera extrêmement encadré. Plus que jamais, Poutine veut mettre les hydrocarbures au service de la croissance économique du pays. Dans cette perspective, la logique de reprise en main va rester durablement d'actualité.»

    Source: Lefigaro
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