Renault a décidé de lancer une vaste opération visant à céder une grande partie de son immobilier. Le projet, qui a été présenté en comité central d'entreprise le 28 avril, porte sur des actifs valorisés à 1 milliard d'euros. Comme beaucoup d'autres grands groupes, le constructeur automobile français s'efforce de faire face à la rareté des liquidités.
Pour sortir d'une situation financière tendue, Renault étudie donc la vente de 138 de ses immeubles européens, dont 72 en France. L'opération, qui doit s'étaler sur 2009 et 2010, consiste à céder les actifs soit à un assureur, soit à une société foncière, soit encore à un fonds de pension, tout en restant locataire.
Toutefois, selon une source proche du dossier, ni le Technocentre de Guyancourt (Yvelines), centre névralgique de la conception des nouveaux modèles, ni les actifs immobiliers industriels ne sont concernés par ce projet. Il s'agit pour l'essentiel d'immeubles à caractère "tertiaire, logistique ou commercial", explique cette source. Quant au siège social du groupe, situé à Boulogne-Billancourt, Renault n'en est déjà plus que locataire.
Le but du constructeur est de réduire son endettement, qui a sérieusement dérapé au cours des derniers mois. Celui-ci a augmenté de 4,5 milliards d'euros au cours du second semestre 2008, pour atteindre 7,9 milliards d'euros à la fin de l'année dernière. Un montant colossal : il représente plus de 40 % des capitaux propres du groupe. A titre de comparaison, ce taux n'était que de 9,5 % à la fin 2007.
Comme l'ensemble du secteur automobile, Renault doit faire face à l'effondrement des ventes de voitures. Ainsi, en France, après une éphémère embellie, le marché est reparti à la baisse en avril.
Les immatriculations de Renault ont ainsi reculé de 6,3 %, selon les chiffres publiés lundi 4 mai par le Comité des constructeurs français d'automobile (CCFA). La baisse en Europe est encore plus marquée : les ventes de Renault (y compris Dacia) ont reculé de 19,3 % au premier trimestre. Cette situation a valu à Renault d'être classé par les agences de notation financière Moody's et Fitch parmi la catégorie des "investissements spéculatifs à haut risque".
La préoccupation est d'autant plus grande que la dégradation de la situation devrait se poursuivre en 2009. Dans ce contexte, et malgré l'aide de 3 milliards d'euros accordée par l'Etat en février, Renault emprunte à des conditions de plus en plus défavorables.
Pour faire retomber la pression financière, Renault cherche à tout prix à retrouver un flux positif de trésorerie (free cash flow positif). "Le projet de cessions immobilières devrait permettre de traverser la crise et d'assainir la situation financière pour aborder dans de meilleures conditions la sortie de crise", souligne Renault dans un document interne. Le constructeur souhaite agir vite : les premiers baux seraient signés dès juillet.
Le problème maintenant sera de trouver des acheteurs. Car le secteur de l'immobilier commercial est actuellement au point mort. Quasiment aucune opération d'envergure n'a eu lieu depuis l'été 2008. Les foncières ont elles-mêmes des difficultés à trouver des financements et les opérations au-delà de 50 millions d'euros se font rares.
Autre interrogation, le prix auquel Renault mettra en vente ses immeubles. Là encore, vu le marché, le constructeur pourrait rencontrer des difficultés à valoriser au maximum son patrimoine. Néanmoins, la pratique n'est pas inédite. Thales et Areva avaient procédé à une opération de ce type en 2004, il est vrai dans un contexte beaucoup plus porteur.
Du côté de la direction, on se veut rassurant sur le succès de l'opération. "Certains bâtiments sont actuellement inoccupés, autant les céder", explique-t-on.
Au-delà de cette mesure, le groupe veut aussi accélérer ses réductions de coûts. Il compte notamment diminuer de 15 % ses dépenses de recherche et développement (R & D) par rapport au niveau atteint en 2007. Parallèlement, la réduction des investissements amorcée en 2008 est actuellement amplifiée. L'objectif visé est de parvenir à une baisse de 24 % par rapport à 2007. Si Renault maintient certains projets comme le futur véhicule électrique, la gamme sera simplifiée, c'est-à-dire qu'il y aura moins de versions pour chaque modèle. Certains projets comme l'usine de Chennai, en Inde, ont été gelés, tandis que le site de Tanger, au Maroc, est retardé.
Par ailleurs, Renault vise une réduction drastique de ses stocks, qui pèsent sur sa trésorerie. En interne, on parle d'une réduction de 800 millions à 1 milliard d'euros pour porter la valeur des stocks aux environs de 4,5 milliards d'euros.
Des mesures de court terme, qui n'auront d'effet que si parallèlement, le chiffre d'affaires ne baisse pas brutalement. Pour cela, Renault mise sur le lancement de huit véhicules en 2009, qui feront de la gamme de Renault "la plus jeune d'Europe". Encore faut-il que le marché reparte.
Stéphane Lauer
Pour sortir d'une situation financière tendue, Renault étudie donc la vente de 138 de ses immeubles européens, dont 72 en France. L'opération, qui doit s'étaler sur 2009 et 2010, consiste à céder les actifs soit à un assureur, soit à une société foncière, soit encore à un fonds de pension, tout en restant locataire.
Toutefois, selon une source proche du dossier, ni le Technocentre de Guyancourt (Yvelines), centre névralgique de la conception des nouveaux modèles, ni les actifs immobiliers industriels ne sont concernés par ce projet. Il s'agit pour l'essentiel d'immeubles à caractère "tertiaire, logistique ou commercial", explique cette source. Quant au siège social du groupe, situé à Boulogne-Billancourt, Renault n'en est déjà plus que locataire.
Le but du constructeur est de réduire son endettement, qui a sérieusement dérapé au cours des derniers mois. Celui-ci a augmenté de 4,5 milliards d'euros au cours du second semestre 2008, pour atteindre 7,9 milliards d'euros à la fin de l'année dernière. Un montant colossal : il représente plus de 40 % des capitaux propres du groupe. A titre de comparaison, ce taux n'était que de 9,5 % à la fin 2007.
Comme l'ensemble du secteur automobile, Renault doit faire face à l'effondrement des ventes de voitures. Ainsi, en France, après une éphémère embellie, le marché est reparti à la baisse en avril.
Les immatriculations de Renault ont ainsi reculé de 6,3 %, selon les chiffres publiés lundi 4 mai par le Comité des constructeurs français d'automobile (CCFA). La baisse en Europe est encore plus marquée : les ventes de Renault (y compris Dacia) ont reculé de 19,3 % au premier trimestre. Cette situation a valu à Renault d'être classé par les agences de notation financière Moody's et Fitch parmi la catégorie des "investissements spéculatifs à haut risque".
La préoccupation est d'autant plus grande que la dégradation de la situation devrait se poursuivre en 2009. Dans ce contexte, et malgré l'aide de 3 milliards d'euros accordée par l'Etat en février, Renault emprunte à des conditions de plus en plus défavorables.
Pour faire retomber la pression financière, Renault cherche à tout prix à retrouver un flux positif de trésorerie (free cash flow positif). "Le projet de cessions immobilières devrait permettre de traverser la crise et d'assainir la situation financière pour aborder dans de meilleures conditions la sortie de crise", souligne Renault dans un document interne. Le constructeur souhaite agir vite : les premiers baux seraient signés dès juillet.
Le problème maintenant sera de trouver des acheteurs. Car le secteur de l'immobilier commercial est actuellement au point mort. Quasiment aucune opération d'envergure n'a eu lieu depuis l'été 2008. Les foncières ont elles-mêmes des difficultés à trouver des financements et les opérations au-delà de 50 millions d'euros se font rares.
Autre interrogation, le prix auquel Renault mettra en vente ses immeubles. Là encore, vu le marché, le constructeur pourrait rencontrer des difficultés à valoriser au maximum son patrimoine. Néanmoins, la pratique n'est pas inédite. Thales et Areva avaient procédé à une opération de ce type en 2004, il est vrai dans un contexte beaucoup plus porteur.
Du côté de la direction, on se veut rassurant sur le succès de l'opération. "Certains bâtiments sont actuellement inoccupés, autant les céder", explique-t-on.
Au-delà de cette mesure, le groupe veut aussi accélérer ses réductions de coûts. Il compte notamment diminuer de 15 % ses dépenses de recherche et développement (R & D) par rapport au niveau atteint en 2007. Parallèlement, la réduction des investissements amorcée en 2008 est actuellement amplifiée. L'objectif visé est de parvenir à une baisse de 24 % par rapport à 2007. Si Renault maintient certains projets comme le futur véhicule électrique, la gamme sera simplifiée, c'est-à-dire qu'il y aura moins de versions pour chaque modèle. Certains projets comme l'usine de Chennai, en Inde, ont été gelés, tandis que le site de Tanger, au Maroc, est retardé.
Par ailleurs, Renault vise une réduction drastique de ses stocks, qui pèsent sur sa trésorerie. En interne, on parle d'une réduction de 800 millions à 1 milliard d'euros pour porter la valeur des stocks aux environs de 4,5 milliards d'euros.
Des mesures de court terme, qui n'auront d'effet que si parallèlement, le chiffre d'affaires ne baisse pas brutalement. Pour cela, Renault mise sur le lancement de huit véhicules en 2009, qui feront de la gamme de Renault "la plus jeune d'Europe". Encore faut-il que le marché reparte.
Stéphane Lauer