
· La ville tourne le dos au cannabis
Chefchaouen, ou Chaouen comme l’appellent ses habitants, se profile comme une destination d’été à part entière. La ville et l’arrière-pays qui l’entoure attirent de plus en plus de monde durant les mois de juillet et août. Même si le printemps reste la haute saison de la région avec les vacances de Pâques. Ces dernières continuent de drainer, en effet, un nombre important de visiteurs à la ville de Chefchaouen. Cette année, la période de Pâques a été très bonne, selon quelques opérateurs, malgré la forte pluie qui s’était abattue sur la ville.
La saison d’été promet elle aussi d’être tout aussi bonne avec une forte affluence surtout dans l’hébergement non classé. La fraîcheur relative des températures dans cette ville haut perchée en fait un lieu idéal pour les amateurs des vacances en montagne.
Perchée sur les flancs d’une montagne, la ville qui autrefois basait son économie sur l’agriculture est actuellement quasiment tournée vers le tourisme et les services. Longtemps réputée «capitale» régionale du cannabis, Chaouen semble s’être défaite de ce stéréotype. Elle a même réussi à changer la donne en élevant la catégorie socio-professionnelle de ses visiteurs, selon les opérateurs.
Les jeunes hippies qui ont fait sa gloire jusqu’à tout récemment se voient remplacés graduellement par des cadres d’entreprise marocains ou européens venant chercher le calme et la verdure, souvent en famille. Les infrastructures se mettent en place. La ville compte aujourd’hui quatre hôtels classés et une multitude de pensions. Deux autres hôtels non encore classés s’y sont ajoutés. Situés à la périphérie, ils offrent un cadre aussi rustique qu’agréable.
Le plus emblématique pour les habitants de Chefchaouen reste l’hôtel Asma. Perché en haut de la montagne et disposant d’une vue réellement imprenable, il domine la ville. Cet hôtel, propriété de l’Office national marocain du tourisme (ONMT), était en vente depuis des années dans le cadre de la privatisation, mais il n’avait pas trouvé acquéreur. C’est finalement Atlas Hospitality, la filiale hôtellerie de Royal air Maroc, qui l’a repris et veut en faire un hôtel de référence. Baptisé Riad Chefchaouen, il a démarré son activité en avril 2006. Il a une capacité de 60 chambres, dont une vingtaine de suites.
D’autres établissements de charme figurent au hit-parade des établissements d’accueil de Chefchaouen. L’un des précurseurs reste l’Auberge Dardara. En service depuis 2000, elle a connu un franc succès grâce à sa formule rustique mais avec le minimum de confort. Elle se veut autonome, avec son potager et sa cuisine typiquement locale, mais aussi adaptée aux goûts de sa clientèle avec une piscine pour le bonheur des plus petits.
La ville qui connaît une forte croissance a tendance à devenir un peu plus urbaine. Pratiquement un village d’agriculteurs, il y a une vingtaine d’années, Chefchaouen est aujourd’hui devenue un centre urbain à la croisée des chemins au milieu de l’une des pointes du Rif.
Sa révolution, elle l’a entamée au début des années 80. À l’époque, la petite ville était une sorte de grosse étable de chèvres. La commune avait alors interdit l’élevage en milieu urbain, une mesure qui a amélioré l’hygiène de la ville et son attractivité.
Depuis, les Espagnols s’y sont intéressés. D’un côté, les jeunes en quête d’émotions fortes pour qui le séjour à Chaouen était une sorte de voyage d’émancipation. D’un autre côté, les autorités andalouses qui ont investi dans le réaménagement du pavage et de l’assainissement de la ville. En plus, ils ont pris en charge la restauration des presses à huile de Ras El Ma ainsi que des lavoirs publics voisins.
D’autres acteurs ont pris en charge la ville. C’est le cas de l’Agence du Nord qui a lancé et accompagne fortement le Festival de musique Alegria Chamalia. En 2007, le festival avait réussi à rassembler plus de 50.000 visiteurs lors d’un concert de Cheb Khaled. C’est dire l’affluence et le buzz que l’événement a réussi à créer autour de Chaouen.
Il reste à espérer que cette dynamique réussisse à changer l’image de la ville et à en faire une ville de repos et une destination de plaisir autrement que par la fumée des joints.
De notre correspondant,
Ali ABJIOU
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