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L'Algérie au Sommet mondial sur la sécurité alimentaire

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  • L'Algérie au Sommet mondial sur la sécurité alimentaire

    Le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a assisté à Rome au Sommet mondial sur la sécurité alimentaire où il représente l'Algérie et le président de la République

    A la veille de cet important sommet, la FAO appelle, via son site web, à une grève mondiale de la faim de 24 heures. “Nous invitons à observer une grève de la faim samedi ou dimanche prochain, en témoignage de notre solidarité envers le milliard de personnes qui souffrent de la faim de par le monde”, a déclaré la semaine passée le directeur général Jacques Diouf lors d'une conférence de presse. "J'entamerai personnellement un jeûne de 24 heures à partir de samedi matin", a-t-il ajouté.

    En effet, cohérent avec lui-même, il vient de joindre le geste à la parole. Il a cessé de manger et de boire pendant 24 heures. Il n’a été rejoint dans son action de protestation que par le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki Moon. Ce geste symbolique se veut un acte de sensibilisation en direction de l’opinion internationale sur le phénomène de la sous-alimentation et de la malnutrition qui touche plus d’un milliard de personnes à l’échelle de la planète.

    Le Sommet mondial sur la sécurité alimentaire (16-18 novembre 2009) a été convoqué pour convenir d'une action immédiate visant à inverser la tendance et à donner l'impulsion pour éradiquer le fléau de la faim et de la malnutrition. La FAO a convié les chefs d'État et de gouvernement de ses 192 pays membres à participer au Sommet. M. Diouf nourrit l'espoir qu'ils seront aussi nombreux à participer qu'au précédent sommet qui s'est tenu en 2002. "En dépit de toutes les promesses faites, une action concrète contre la faim fait défaut", a déclaré M. Diouf, en ajoutant : "Faute de mesures énergiques, une nouvelle crise mondiale de la faim ne peut être exclue."

    Autosuffisance ou capacité suffisante à acquérir son alimentation ?

    Dans l’étape actuelle du développement de l’agriculture à l’échelle planétaire, les techniciens et les gestionnaires de ce secteur ont tendance à mettre au rebut le concept d’autosuffisance alimentaire du fait que, en réalité, presque aucun pays au monde ne peut prétendre à une autosuffisance totale et stricte vu que des facteurs naturels, techniques, professionnels, économiques et gastronomiques interfèrent dans la limitation des espèces végétales ou animales produites par chaque pays. C’est un peu la conception défendue par Hamid Aït Amara, une éminence algérienne en matière d’agro-économie, disparu la semaine passée à l’âge de 74 ans. À la limite, on peut faire l’économie de ce terme d’autosuffisance pour nous consacrer aux meilleurs moyens de valoriser et d’exploiter les potentialités avérées des différentes régions du pays en production agricole, comme il s’agit de trouver les ressources nécessaires – y compris par l’exportation des produits agricoles du terroir – pour assurer la disponibilité du complément d’alimentation que les agriculteurs algériens n’ont pas pu produire (pour des raisons climatiques, techniques ou de coûts). Là, on rejoint l’un des axes de la politique du PNDA lancé au début des années 2000 et qui s’appuie sur la stratégie de la reconversion de parcelles céréalières, où les rendements sont trop faibles, par l’arboriculture fruitière. Concernant les soutiens publics, l’État s’était engagé à soutenir la céréaliculture dans le mesure où l’exploitant fait des rendements qui méritent d’être encouragés (soit 40 q/ha et plus). La raison qui sous-tend l’orientation vers la reconversion est surtout le caractère aléatoire de la pluviométrie en Algérie. Sachant que la céréaliculture ne peut bénéficier de l’irrigation – ses coûts seraient hors de portée des fellahs –, il reste cette solution d’investir dans l’arboriculture qui offre plusieurs avantages. D’abord, l’arboriculture rustique (olivier, amandier, pistachier, figuier,…) est peu consommatrice d’eau. L’effort d’arrosage, particulièrement au nord du pays, est requis juste la première et deuxième années de plantation. Ensuite, les espèces irriguées (poirier, pommier, prunier,…) peuvent bénéficier des techniques modernes d’irrigation fondées sur l’économie de l’eau (goutte-à-goutte par exemple). Seulement, cette nouvelle orientation – suivie d’un effet de démarrage dans certaines wilayas – suppose une prise en charge sur le plan commercial (conditionnement, emballage, surtout lorsqu’on envisage le marché de l’exportation) et un prolongement sur le segment de l’agroalimentaire, sachant qu’un surplus de production par rapport à la consommation existera toujours du fait de la vitesse de la maturation biologique des fruits qui ne correspond presque jamais au rythme de consommation. L’exemple de l’abricot de N’Gaous, jeté dans la nature après trois à quatre semaines de commercialisation, illustre à lui seul les déficits du secteur agroalimentaire en Algérie. Il en est de même de la tomate industrielle, de la cerise et de bien d’autres produits. Une part importante du taux d’inflation enregistré en Algérie jusqu’en août 2009, c’est-à-dire 5,4 % tel que donné par l’Office national des statistiques, se rapporte aux produits alimentaires, principalement les produits de première nécessité. Le renchérissement de ces produits est un phénomène qui a pris depuis la fin de l’année 2007 des proportions mondiales.

    La crise mondiale et le problème de l’alimentation

    La répercussion de crise mondiale sur la vie des populations trouve ses premiers éléments de matérialisation dans le renchérissement des produits alimentaires. Dans notre pays, ses retombées sont multipliées par la fragilisation de plus en plus accrue de larges franges de la population, catégories déjà malmenées par le chômage chronique, la faiblesse des revenus et même un état de pauvreté patent. Les tensions répétitives sur le lait, le surenchérissement du prix des huiles végétales (palme, soja, olive,…) et les sommets sur lesquels ne cesse de caracoler la pomme de terre à partir du milieu de l’année 2007 ont donné un franc avant-goût aux Algériens de ce qui les attend les années à venir si une politique hardie et claire dans le domaine de l’agriculture et de l’industrie agroalimentaire – y compris les filières de conservation et de transformation des ressources halieutiques –, n’est pas rapidement engagée . En tout cas, les forts dérèglements des prix des produits agricoles – auxquels sont venues s’ajouter depuis quelques mois d’autres flambées des prix touchant une grande palette des produits de consommation – ne sont pas sans soulever moult interrogations sur la politique agricole du pays et sur la stratégie de développement rural mise en œuvre par les pouvoirs publics depuis quelques années. La crise des produits alimentaires a pris une dimension mondiale même si l’acuité et les symptômes de ces dérèglements prennent des aspects spécifiques selon le pays ou le groupement régional considérés. Par exemple, la crise de surproduction touchant la filière du lait en France et en Belgique suite à une problématique mise en conformité avec les quotas laitiers fixés par l’Union éuropéenne est un cas lié à la politique agricole européenne. Cependant, ses répercussions touchent non seulement le consommateur de ce continent, mais vont au-delà pour remettre en cause le niveau de vie dans les pays importateurs du Sud. Plusieurs raisons, aussi valables les unes que les autres, pour expliquer la folie des prix des produits alimentaires à l’échelle planétaire, ont été avancées par les spécialistes parmi lesquels des économistes et des courtiers.

  • #2
    Pour une réponse nationale cohérente

    Le propre de la politique agricole suivie depuis le début de la décennie en cours, est de s’attaquer frontalement aux deux grands axes qui constituent ce secteur d’une façon simultanée. D’une part, l’agriculture professionnelle qui se donne des critères spécifiques pour cibler son domaine d’intervention (à savoir les exploitations titrées des régions de plaine, les EAC-EAI, les opérateurs du secteur agroalimentaire,…); d’autre part, le développement rural devant intervenir dans les zones reculées de la montagne ou de la steppe touchées par des problèmes de morcellement des terres et d’indivision de la propriété. Parallèlement au soutien apporté à l’agriculture professionnelle suivant la politique des filières (lait, céréales, légumes secs, chambres froides), et ce, à travers le FNDIA (Fonds national du développement et de l’investissement agricoles), les espaces ruraux situés dans les zones de montagne ou dans la steppe font l’objet d’une nouvelle attention des pouvoirs publics. Car, ces espaces se trouvent fragilisés par plusieurs facteurs auxquels échappe l’agriculture professionnelle : enclavement, morcellement de la propriété, érosion des sols, absence de titres de propriété, déficit en infrastructures et équipement publics (écoles, centres de santé et de loisirs, électricité, ouvrages hydrauliques,.). En outre, ces zones ont gravement souffert de la période d’insécurité entre 1993 et 2002, ce qui a entraîné un exode forcé de plusieurs centaines de milliers d’habitants vers les villes après avoir bradé leurs cheptels et leurs meubles. Ce sont, de ce fait, plusieurs métiers ruraux qui ont été abandonnés, des produits du terroir, ayant fait jadis l’honneur de la campagne, qui se sont volatilisés. Figues, figues sèches, cerises, grenades, noix, amandes et d’autres fruits provenant de la montagne ou des plaines voient leur volume se réduire en peau de chagrin.

    L’interdépendance des économies à l’échelle du monde se confirme un peu plus chaque jour et les défis qui se posent à l’agriculture algérienne deviennent de plus en plus complexes. Pourtant, des efforts méritoires ont été déployés en direction du secteur de l’agriculture par les soutiens aux producteurs, la mise à niveau des exploitations agricoles et l’extension de la surface agricole utile (concessions, mise en valeur par l’accession à la propriété foncière,…).

    Cependant, le déclic n’a pas encore bien fonctionné. Les exportations hors hydrocarbures en 2008 n’ont pas pu atteindre 2 milliards de dollars, alors que les ambitions du gouvernement pour un tel seuil remontent à… 1998.

    Les spécialistes et les pouvoirs publics ont depuis longtemps identifié certaines contraintes majeures qui grèvent l’essor de l’agriculture algérienne, mais la volonté politique ne semble pas suivre. Le problème du foncier fait que le statut des terres publiques (EAC et EAI) est considéré comme un frein aux investissements d’autant plus que les usufruitiers nourrissent une méfiance légendaire à l’égard de l’administration et, dans certaines régions, se rendent complices de l’avancée du béton sur les terres agricoles. Le déficit de prise en charge du secteur de la transformation (agroalimentaire) a fait que des fruits, des légumes et du lait se trouvant, il y a quelques années, en situation de surproduction, ont été jetés dans la nature. La chaîne agroalimentaire permettant d’absorber le surplus de production a rarement suivi. Il en est de même des possibilités d’exportation d’une partie des produits. Ce qui fait que, entre une politique volontariste et “productiviste’’ et son prolongement dans une stratégie générale du secteur, il y a comme un hiatus engendré par de tenaces réflexes dont il est difficile de se départir. Demeure aussi l’épineuse question de la formation et de la vulgarisation de nouvelles techniques pour l’amélioration des systèmes de production. Tous ces aléas risquent de remettre en cause les efforts fournis dans les autres segments de ce secteur névralgique de l’économie nationale et, partant, de prolonger la dépendance du pays et de fragiliser davantage la sécurité alimentaire des Algériens.

    Dans ce contexte où les problèmes de l’agriculture algérienne (faible niveau de technicité, imbroglio grevant le foncier, ciblage problématique des soutiens, circuits de commercialisation non maîtrisés, manque de cohérence et de solidité de la chaîne agroalimentaire, déficit de stratégie d’exportation), semblent “imperméables’’ à l’augmentation des ressources financières qui lui sont consacrées, la nouvelle stratégie des pouvoirs publics en la matière devrait pouvoir consentir des trésors d’imagination d’autant plus que, d’une part, les clauses de l’accord d’association avec l’Union européenne, entré en vigueur voilà quatre ans déjà, vont être ressenties d’une façon plus sévère dans les toutes prochaines années en raison des démantèlements tarifaires progressifs qui vont arriver à “maturité’’, et que, d’autre part, l’entrée probable de l’Algérie à l’OMC enlèvera la majorité des protections ou privilèges dont bénéficie la production nationale.

    Par Amar Naït Messaoud, La Dépêche de Kabylie

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