Le Maroc s'est distingué lors du Forum régional ''Gain'' sur la malnutrition à Johannesbourg
Publié le : 11.04.2010 | 10h26
«La malnutrition ressemble à un tueur sans pitié qui agit en silence. Et même lorsque l'on parvient in extremis à sauver un bébé de ses griffes, ses capacités physiques et intellectuelles s'en retrouvent altérées à tel point qu'il en gardera des séquelles durant toute sa vie».
Les propos émanent de Graça Machel, épouse de Nelson Mandela. Cette dame devenue une figure emblématique du continent africain grâce à ses efforts inlassables en faveur des enfants, s'exprimait lors du Forum régional de GAIN (l'Alliance mondiale pour une meilleure nutrition) organisé récemment à Johannesburg en Afrique du Sud.
L'événement qui a réuni des responsables gouvernementaux, des représentants d'ONG, des chercheurs et des nutritionnistes de nombreux pays, avait pour but de faire le point concernant les programmes de lutte contre la malnutrition dans le continent africain.
De milliers, sinon de millions, de personnes sont en proie à la malnutrition qui constitue un véritable problème de santé publique dans de nombreuses zones géographiques.
En dépit de ses conséquences dramatiques, la malnutrition ne semble pas aujourd'hui susciter tant d'intérêt à l'échelle internationale. En effet, le monde s'est rassemblé pour relever de nombreux défis de santé publique, notamment le VIH/SIDA, la tuberculose, le paludisme mais très peu d'actions ont été mises en œuvre pour lutter contre la malnutrition. Celle-ci touche le tiers de la population mondiale, soit deux milliards de personnes. Selon l'OMS (Organisation mondiale de la santé), la malnutrition intervient dans plus de la moitié des décès d'enfants, bien qu'elle soit rarement citée comme une cause directe. Pour de nombreux enfants, le manque d'accès à la nourriture n'est pas la seule cause de malnutrition. Les mauvaises pratiques alimentaires et les infections, voire l'association des deux dans certains cas, participent également à la propagation du fléau. Les familles pauvres sont toujours exposées aux risques de la malnutrition. Malheureusement, les enfants en bas âges forment, souvent, le plus grand nombre de victimes.
Pourtant, les moyens de lutte sont simples et ne nécessitent pas d'énormes sommes d'argent. En effet, un panel d'économistes comprenant des prix Nobel, réuni en mai 2008 à Copenhague, a démontré que le fait de fournir des micro-nutriments sous forme de sel iodé, de farine fortifiée en fer et de l'huile vitaminée à 80% des personnes souffrant de malnutrition dans le monde ne coûterait que 347 millions de dollars US.
Le continent africain est parmi les plus touchés. Même des pays comme l'Afrique du Sud, l'Egypte et le Maroc avec des potentialités économiques considérables comparés aux autres nations africaines, ne sont pas mieux lotis.
Ainsi, le Maroc ne déroge donc pas à la règle. En effet, la malnutrition figure parmi les principales causes de la mortalité infantile au pays. Il y a cinq ans déjà, un rapport de l'OMS évaluait le taux des décès parmi les enfants marocains âgés de moins de 5 ans en 2004 à 40‰.
Les causes de cet état pathologique sont multiples. Selon l'explication scientifique, la malnutrition est essentiellement due à une adéquation persistante entre les besoins métaboliques de l'organisme et les apports nutritionnels nécessaires pour une bonne croissance.
Une alliance
Pour atténuer l'impact de la malnutrition à travers le monde, une alliance mondiale a vu le jour. Baptisée ''GAIN'', cette alliance a le statut d'une fondation internationale qui lutte contre la malnutrition, notamment en Asie et en Afrique. Elle a été créée en 2002 en marge d'une session extraordinaire de l'Assemblée générale des Nations unies sur l'enfance. Depuis, ''GAIN'' œuvre pour le renforcement des partenariats publics-privés. La fondation apporte également des appuis financiers et techniques dans les pays où elle est présente dans le but justement de permettre aux catégories sociales les plus exposées aux risques de la malnutrition d'avoir accès à des aliments plus sains et des compliments à même de leurs fournir leurs besoins journaliers. Basée à Genève en Suisse, l'Alliance compte également des bureaux régionaux à Johannesburg en Afrique de Sud et à New Delhi en Inde. Deux bureaux de liaison sont opérationnels à Beijing en Chine et au Caire en Egypte.
Selon les responsables de la fondation, les partenariats conclus par ''GAIN'' dans 26 pays à travers le monde ont permis de mettre à la disposition d'environ 200 millions personnes des aliments fortifiés en vitamines, en fer et en acide folique.
L'Afrique occupe une place de choix dans les programmes de ''GAIN''. Actuellement, des projets de fortification des aliments sont en cours d'exécution dans 12 pays africains, notamment le Maroc, l'Egypte et l'Afrique du Sud.
Au Maroc, la fortification des aliments remonte déjà à une quinzaine d'années lorsque le pays entreprend en 1995 un large programme de fortification du sel en iode dans le but notamment de baisser la prévalence des goitres. Le succès a été au rendez-vous avec cette première expérience.
Quelques années plus tard, le Royaume a décidé en 2002 de mettre en œuvre un autre programme axé sur la fortification des aliments comme la farine et les huiles. Cette fois encore, le succès est au rendez- vous. «Le Maroc a réussi depuis le début du programme à fortifier plus de 30% de la farine mise sur le marché ainsi que 70% de l'huile de table commercialisée. En juin 2009, pas moins de 23 millions de Marocains consommaient des aliments fortifiés», affirment les responsables de ‘'GAIN''. L'expérience marocaine est aujourd'hui un modèle pour de nombreux pays africains. Le ‘'manuel qualité marocain'' a même été adopté par les Etats membres de l'UEMOA (Union économique et monétaire ouest africaine).
A noter également que le Maroc est l'un des deux pays où le projet connaîtra une deuxième phase. Au titre de la première phase, le gouvernement a reçu une subvention de l'ordre de 2,92 millions de dollars. La subvention accordée pour accompagner la deuxième phase du projet a été fixée à environ un million et demi de dollars. Outre les minoteries et les huileries impliquées dans le programme de fortification des produits alimentaires de base, d'autres entreprises marocaines ont volontairement décidé de fortifier leurs produits, c'est le cas notamment pour certaines marques de produits laitiers. Sur un plan purement financier, la fortification n'induit pas un surcoût majeur. Cependant, certains industriels remettent en cause la taxation et les droits de douanes sur certaines matières importées et qui sont essentielles à la fortification.
le matin.ma
Publié le : 11.04.2010 | 10h26
«La malnutrition ressemble à un tueur sans pitié qui agit en silence. Et même lorsque l'on parvient in extremis à sauver un bébé de ses griffes, ses capacités physiques et intellectuelles s'en retrouvent altérées à tel point qu'il en gardera des séquelles durant toute sa vie».
Les propos émanent de Graça Machel, épouse de Nelson Mandela. Cette dame devenue une figure emblématique du continent africain grâce à ses efforts inlassables en faveur des enfants, s'exprimait lors du Forum régional de GAIN (l'Alliance mondiale pour une meilleure nutrition) organisé récemment à Johannesburg en Afrique du Sud.
L'événement qui a réuni des responsables gouvernementaux, des représentants d'ONG, des chercheurs et des nutritionnistes de nombreux pays, avait pour but de faire le point concernant les programmes de lutte contre la malnutrition dans le continent africain.
De milliers, sinon de millions, de personnes sont en proie à la malnutrition qui constitue un véritable problème de santé publique dans de nombreuses zones géographiques.
En dépit de ses conséquences dramatiques, la malnutrition ne semble pas aujourd'hui susciter tant d'intérêt à l'échelle internationale. En effet, le monde s'est rassemblé pour relever de nombreux défis de santé publique, notamment le VIH/SIDA, la tuberculose, le paludisme mais très peu d'actions ont été mises en œuvre pour lutter contre la malnutrition. Celle-ci touche le tiers de la population mondiale, soit deux milliards de personnes. Selon l'OMS (Organisation mondiale de la santé), la malnutrition intervient dans plus de la moitié des décès d'enfants, bien qu'elle soit rarement citée comme une cause directe. Pour de nombreux enfants, le manque d'accès à la nourriture n'est pas la seule cause de malnutrition. Les mauvaises pratiques alimentaires et les infections, voire l'association des deux dans certains cas, participent également à la propagation du fléau. Les familles pauvres sont toujours exposées aux risques de la malnutrition. Malheureusement, les enfants en bas âges forment, souvent, le plus grand nombre de victimes.
Pourtant, les moyens de lutte sont simples et ne nécessitent pas d'énormes sommes d'argent. En effet, un panel d'économistes comprenant des prix Nobel, réuni en mai 2008 à Copenhague, a démontré que le fait de fournir des micro-nutriments sous forme de sel iodé, de farine fortifiée en fer et de l'huile vitaminée à 80% des personnes souffrant de malnutrition dans le monde ne coûterait que 347 millions de dollars US.
Le continent africain est parmi les plus touchés. Même des pays comme l'Afrique du Sud, l'Egypte et le Maroc avec des potentialités économiques considérables comparés aux autres nations africaines, ne sont pas mieux lotis.
Ainsi, le Maroc ne déroge donc pas à la règle. En effet, la malnutrition figure parmi les principales causes de la mortalité infantile au pays. Il y a cinq ans déjà, un rapport de l'OMS évaluait le taux des décès parmi les enfants marocains âgés de moins de 5 ans en 2004 à 40‰.
Les causes de cet état pathologique sont multiples. Selon l'explication scientifique, la malnutrition est essentiellement due à une adéquation persistante entre les besoins métaboliques de l'organisme et les apports nutritionnels nécessaires pour une bonne croissance.
Une alliance
Pour atténuer l'impact de la malnutrition à travers le monde, une alliance mondiale a vu le jour. Baptisée ''GAIN'', cette alliance a le statut d'une fondation internationale qui lutte contre la malnutrition, notamment en Asie et en Afrique. Elle a été créée en 2002 en marge d'une session extraordinaire de l'Assemblée générale des Nations unies sur l'enfance. Depuis, ''GAIN'' œuvre pour le renforcement des partenariats publics-privés. La fondation apporte également des appuis financiers et techniques dans les pays où elle est présente dans le but justement de permettre aux catégories sociales les plus exposées aux risques de la malnutrition d'avoir accès à des aliments plus sains et des compliments à même de leurs fournir leurs besoins journaliers. Basée à Genève en Suisse, l'Alliance compte également des bureaux régionaux à Johannesburg en Afrique de Sud et à New Delhi en Inde. Deux bureaux de liaison sont opérationnels à Beijing en Chine et au Caire en Egypte.
Selon les responsables de la fondation, les partenariats conclus par ''GAIN'' dans 26 pays à travers le monde ont permis de mettre à la disposition d'environ 200 millions personnes des aliments fortifiés en vitamines, en fer et en acide folique.
L'Afrique occupe une place de choix dans les programmes de ''GAIN''. Actuellement, des projets de fortification des aliments sont en cours d'exécution dans 12 pays africains, notamment le Maroc, l'Egypte et l'Afrique du Sud.
Au Maroc, la fortification des aliments remonte déjà à une quinzaine d'années lorsque le pays entreprend en 1995 un large programme de fortification du sel en iode dans le but notamment de baisser la prévalence des goitres. Le succès a été au rendez-vous avec cette première expérience.
Quelques années plus tard, le Royaume a décidé en 2002 de mettre en œuvre un autre programme axé sur la fortification des aliments comme la farine et les huiles. Cette fois encore, le succès est au rendez- vous. «Le Maroc a réussi depuis le début du programme à fortifier plus de 30% de la farine mise sur le marché ainsi que 70% de l'huile de table commercialisée. En juin 2009, pas moins de 23 millions de Marocains consommaient des aliments fortifiés», affirment les responsables de ‘'GAIN''. L'expérience marocaine est aujourd'hui un modèle pour de nombreux pays africains. Le ‘'manuel qualité marocain'' a même été adopté par les Etats membres de l'UEMOA (Union économique et monétaire ouest africaine).
A noter également que le Maroc est l'un des deux pays où le projet connaîtra une deuxième phase. Au titre de la première phase, le gouvernement a reçu une subvention de l'ordre de 2,92 millions de dollars. La subvention accordée pour accompagner la deuxième phase du projet a été fixée à environ un million et demi de dollars. Outre les minoteries et les huileries impliquées dans le programme de fortification des produits alimentaires de base, d'autres entreprises marocaines ont volontairement décidé de fortifier leurs produits, c'est le cas notamment pour certaines marques de produits laitiers. Sur un plan purement financier, la fortification n'induit pas un surcoût majeur. Cependant, certains industriels remettent en cause la taxation et les droits de douanes sur certaines matières importées et qui sont essentielles à la fortification.
le matin.ma
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