Il y a de l'électricté dans l'air européen avec l'annonce de l'OPA du groupe allemand E.ON de 30 Milliards d'Euros sur l'ibérique Endesa. Le secteur énérgétique espagnol est encore sous le choc.
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Le secteur énergétique espagnol est sous le choc au lendemain de l'annonce du groupe allemand E.ON de lancer une OPA sur la première entreprise électrique ibérique Endesa. Ce coup de théâtre survient alors que le gazier catalan, Gas Natural, était sur le point de boucler son offre d'achat hostile, annoncée en septembre, et pour laquelle il a reçu le feu vert du Parlement espagnol. Il ne manquait plus que l'accord prévu dans les tout prochains jours de l'autorité boursière espagnole (CMNV) pour qu'Endesa devienne catalane.
L'entrée fracassante de ce chevalier blanc allemand, prêt à débourser en numéraire 29,1 milliards d'euros, soit 29,1% de plus que l'offre des Catalans, pourrait bien exclure de la partie Gas Natural, dont la puissance financière n'est pas comparable à celle du géant allemand. Ni même peut-être sa détermination. Toutefois, dès hier soir, le conseil d'administration d'Endesa jugeait que la contre-offre du groupe allemand «ne reflète pas de manière adéquate la valeur réelle d'Endesa».
Une très forte complémentarité
E.ON a laissé entrevoir il y a près d'un an la perspective de grandes acquisitions dans la mesure où «elles répondent aux critères d'investissement et de rentabilité de l'entreprise». Après une tentative d'OPA avortée sur le britannique Scottish Power en 2005, l'entreprise était repartie sonder les marchés européens et «avait notamment cherché un candidat en Italie», souligne Claudia Kemfert, experte à l'institut de recherches économiques de Berlin (DIW).
En jetant son dévolu sur l'espagnol Endesa, E.ON choisit une combinaison idéale pour devenir numéro un mondial. «Cette transaction n'amène pas seulement pour E.ON une nouvelle dimension. Elle apporte également des avantages décisifs à Endesa et à ses salariés», défendait hier le président du groupe allemand, Wulf Bernotat. Les deux entreprises sont très complémentaires. En fusionnant avec Endesa, l'énergéticien allemand accéderait au marché espagnol et sud-américain et renforcerait sa position en France et en Italie. De son côté, Endesa profite de la présence du groupe allemand sur le marché nord-américain et en Europe de l'Est. «C'est comme si les pièces d'un puzzle s'assemblaient», résume Per-Ola Hellgreen, analyste auprès de la banque de Rhénanie-Westphalie. Ensemble, les deux entreprises affichent un chiffre d'affaires d'environ 75 milliards d'euros et approvisionnent 50 millions de consommateurs.
Aussi, la Bourse de Francfort a accueilli très favorablement l'offre d'E.ON. Le titre progressait hier de 2,30% à Francfort. Les analystes soulignaient aussi la bonne santé financière du groupe allemand, qui a annoncé hier un bénéfice net de 7,4 milliards d'euros pour 2005, soit une hausse de 70% en un an.
Une offre étudiée en toute neutralité
Au-delà de la seule logique industrielle et financière, cette opération transfrontalière revêt une dimension politique qui pourrait peser sur l'issue de ce mariage. L'exécutif de José Luis Zapatero, lequel a été informé de l'opération la veille par la chancelière Angela Merkel, n'a pas caché sa surprise, mais a affirmé que l'offre allemande sera étudiée en toute «neutralité». De quoi soulager l'assaillant. Car le gouvernement espagnol n'est pas démuni. Il détient des actions spécifiques, «golden shares», jusqu'en juin 2007. Or tout porte à croire que l'Etat espagnol n'abusera pas de son veto.
Le secrétaire d'Etat aux Télécommunications, Fernando Moraleda, a souligné que le gouvernement respectait les règles du marché, mais avait la conviction qu'un secteur aussi stratégique que l'énergie devait rester aux mains de capitaux espagnols. L'exécutif socialiste, qui s'est toujours montré favorable à l'OPA de Gas Natural sur Endesa, défend l'idée de créer un «grand groupe énergétique ibérique».
Un tel assaut remet en question cette ambition. E.ON le sait et a cherché hier à rassurer les autorités du pays sur ce point.
Le président du groupe allemand E.ON, Wulf Bernotat, a finalement rencontré hier soir le chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero. Ce dernier lui a signifié qu'il voulait maintenir sous contrôle espagnol les activités énergétiques stratégiques du pays. Cet entretien a eu lieu à l'initiative de Wulf Bernotat qui avait également rencontré dans l'après-midi le ministre espagnol de l'Industrie, José Montilla, pour expliquer l'offre d'E.ON sur l'entreprise espagnole. José Luis Zapatero a ainsi exprimé son inquiétude vis-à-vis de cette OPA auprès du président d'E.ON. Partisan de la fusion Endesa-Gaz Natural, le chef du gouvernement espagnol a manifesté à plusieurs reprises son souhait de voir se constituer un «champion national» dans le domaine de l'énergie en Espagne.
Par le Figaro
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Le secteur énergétique espagnol est sous le choc au lendemain de l'annonce du groupe allemand E.ON de lancer une OPA sur la première entreprise électrique ibérique Endesa. Ce coup de théâtre survient alors que le gazier catalan, Gas Natural, était sur le point de boucler son offre d'achat hostile, annoncée en septembre, et pour laquelle il a reçu le feu vert du Parlement espagnol. Il ne manquait plus que l'accord prévu dans les tout prochains jours de l'autorité boursière espagnole (CMNV) pour qu'Endesa devienne catalane.
L'entrée fracassante de ce chevalier blanc allemand, prêt à débourser en numéraire 29,1 milliards d'euros, soit 29,1% de plus que l'offre des Catalans, pourrait bien exclure de la partie Gas Natural, dont la puissance financière n'est pas comparable à celle du géant allemand. Ni même peut-être sa détermination. Toutefois, dès hier soir, le conseil d'administration d'Endesa jugeait que la contre-offre du groupe allemand «ne reflète pas de manière adéquate la valeur réelle d'Endesa».
Une très forte complémentarité
E.ON a laissé entrevoir il y a près d'un an la perspective de grandes acquisitions dans la mesure où «elles répondent aux critères d'investissement et de rentabilité de l'entreprise». Après une tentative d'OPA avortée sur le britannique Scottish Power en 2005, l'entreprise était repartie sonder les marchés européens et «avait notamment cherché un candidat en Italie», souligne Claudia Kemfert, experte à l'institut de recherches économiques de Berlin (DIW).
En jetant son dévolu sur l'espagnol Endesa, E.ON choisit une combinaison idéale pour devenir numéro un mondial. «Cette transaction n'amène pas seulement pour E.ON une nouvelle dimension. Elle apporte également des avantages décisifs à Endesa et à ses salariés», défendait hier le président du groupe allemand, Wulf Bernotat. Les deux entreprises sont très complémentaires. En fusionnant avec Endesa, l'énergéticien allemand accéderait au marché espagnol et sud-américain et renforcerait sa position en France et en Italie. De son côté, Endesa profite de la présence du groupe allemand sur le marché nord-américain et en Europe de l'Est. «C'est comme si les pièces d'un puzzle s'assemblaient», résume Per-Ola Hellgreen, analyste auprès de la banque de Rhénanie-Westphalie. Ensemble, les deux entreprises affichent un chiffre d'affaires d'environ 75 milliards d'euros et approvisionnent 50 millions de consommateurs.
Aussi, la Bourse de Francfort a accueilli très favorablement l'offre d'E.ON. Le titre progressait hier de 2,30% à Francfort. Les analystes soulignaient aussi la bonne santé financière du groupe allemand, qui a annoncé hier un bénéfice net de 7,4 milliards d'euros pour 2005, soit une hausse de 70% en un an.
Une offre étudiée en toute neutralité
Au-delà de la seule logique industrielle et financière, cette opération transfrontalière revêt une dimension politique qui pourrait peser sur l'issue de ce mariage. L'exécutif de José Luis Zapatero, lequel a été informé de l'opération la veille par la chancelière Angela Merkel, n'a pas caché sa surprise, mais a affirmé que l'offre allemande sera étudiée en toute «neutralité». De quoi soulager l'assaillant. Car le gouvernement espagnol n'est pas démuni. Il détient des actions spécifiques, «golden shares», jusqu'en juin 2007. Or tout porte à croire que l'Etat espagnol n'abusera pas de son veto.
Le secrétaire d'Etat aux Télécommunications, Fernando Moraleda, a souligné que le gouvernement respectait les règles du marché, mais avait la conviction qu'un secteur aussi stratégique que l'énergie devait rester aux mains de capitaux espagnols. L'exécutif socialiste, qui s'est toujours montré favorable à l'OPA de Gas Natural sur Endesa, défend l'idée de créer un «grand groupe énergétique ibérique».
Un tel assaut remet en question cette ambition. E.ON le sait et a cherché hier à rassurer les autorités du pays sur ce point.
Le président du groupe allemand E.ON, Wulf Bernotat, a finalement rencontré hier soir le chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero. Ce dernier lui a signifié qu'il voulait maintenir sous contrôle espagnol les activités énergétiques stratégiques du pays. Cet entretien a eu lieu à l'initiative de Wulf Bernotat qui avait également rencontré dans l'après-midi le ministre espagnol de l'Industrie, José Montilla, pour expliquer l'offre d'E.ON sur l'entreprise espagnole. José Luis Zapatero a ainsi exprimé son inquiétude vis-à-vis de cette OPA auprès du président d'E.ON. Partisan de la fusion Endesa-Gaz Natural, le chef du gouvernement espagnol a manifesté à plusieurs reprises son souhait de voir se constituer un «champion national» dans le domaine de l'énergie en Espagne.
Par le Figaro
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