Le Haut-commissariat à la contestation du classement du Maroc dans l’IDH du PNUD
Par Larbi le lundi, août 23 2010,
Le Haut-Commissariat au Plan aurait dû s’appeler Haut-commissariat à la contestation des critères du PNUD.
Et pour cause l’organisme présidé par Ahmed Lahlimi a produit ces dernières années une littérature abondante pour contester le classement du Maroc selon l’indice de développement humain (IDH) établi par le PNUD. Le sujet tient à cœur l’administration marocaine qui en la matière fait un long travail de propagande.
Octobre 2008, le PNUD classe le Maroc à la 126ème place sur 177 pays et c’est le ministre des affaires étrangères qui monte au front « «Nous rejetons le classement du PNUD et nous demandons une réévaluation de l’approche à travers une définition plus fiable et plus crédible des critères retenus» déclare-t-il à la MAP.
Octobre 2009. Le Maroc recule de trois places : 130ème sur 182 pays. Le ministre des Affaires étrangères Taieb Fassi Fihri n’est pas content « Le Maroc est contre les critères, retenus il y a bientôt vingt ans, devenus largement dépassés, clairement sélectifs et certainement insuffisants pour mesurer, de manière objective, les avancées réalisées en matière de développement humain ». Ahmed Lahlimi , le Haut-Commisse au Plan enchaine « Nous ne contestons pas les statistiques du PNUD. Les réserves que nous formulons sur l’indicateur de développement humain portent sur la pertinence de la comparabilité des niveaux de développement humain sur la base d’indicateurs calculés à partir de données fournies par des systèmes nationaux d’information statistique d’inégale rigueur ou d’estimation ».
Le commissariat d’Ahmed Lahlimi organise même une rencontre à Rabat en Janvier dernier autour de la mesure du développement humain ! Parmi les questions posées « Peut-on mesurer le développement humain? » . C’est vrai si on pouvait s’en passait ça serait pas mal non plus ! Puis il y a quelques jours, le gouvernement marocain, sans doute pour anticiper la prochaine publication du rapport du PNUD, se fende d’un long communiqué d’étonnement » et de « contestation » des critères, confirmés entre temps, du classement de développement humain:
Le Gouvernement marocain s'étonne, une fois de plus, de l'exploitation erronée de certains indicateurs censés mesurer les niveaux de développement humain à l'échelle mondiale, tels qu'établis par des centres en relation avec le PNUD(...)
Déjà, les autorités marocaines avaient, à plusieurs reprises, alerté les observateurs sur les limites objectives, les faiblesses méthodologiques et les incohérences comparatives de l'Indice de Développement Humain, établi annuellement par le PNUD, et démontré, qu'à ce titre, cet indice ne reflétait en rien ni les efforts soutenus et méritoires déployés par le Royaume ces dernières années en matière de développement humain, ni les performances notoires réalisées dans ce domaine.
Aujourd'hui, le Gouvernement marocain relève que des travaux réalisés par des organes privés et indépendants, mais avec l'appui du PNUD, sont minés par les mêmes travers.(...)
Il est vrai que tant d’efforts de contestation sont justifiés par le contraste entre l’hallali autour de l’INDH et la piètre performance mesurée par l’IDH. Contrairement à ce que raconte à tout bout de champs Ahmed Lahlimi , l’IDH n’est pas composé essentiellement du PIB par habitant . C’est même désolant de voir le responsable de l’institution qui s’occupe des statistiques du pays l’affirmer. Il est composé, comme n’importe quel étudiant de fac d’économie le sait, de trois sous-indicateurs qui contribuent à part égale (un tiers chacun) dans l’indice général.

Et on ne fera pas l’insulte à Ahmed Lahlimi en disant que dans ses déclarations dans la presse il confond PIB/hab et PIB à parité de pouvoir d’achat/Hab. Comme on n’aura pas l’insolence de lui rappelé que ce critère de PIB PPA/hab, un parmi deux autres, est valable pour tous les pays qui, contrairement à ce qu’il raconte, ne sont pas dans leur majorité plus inégalitaires que le Maroc.
Ahmed Lahlimi conteste le fait que l’indice ne mesure pas le progrès réalisé d’une année à une autre attendu qu’il agrège des données (Education, Santé, … ) qui évoluent lentement sur le court terme. Sa pudeur l’empêche de dire ce qui l’en est : le Maroc est parti de si bas dans le concert des nations qu’il ne peut pas rattraper le retard sur le court terme. Ahmed Lahlimi suggère aussi que le classement soit fait par blocs de pays comparables.

Comme la valeur de l’indice le montre même à pays plus au moins comparables, le Maroc est très mal classé et on ne voit pas en quoi afficher un classement de 17ème sur 20 pays changerait en la réalité des choses par rapport à un classement de 130ème sur 182 pays ! ET s’il est vrai que le Maroc est historiquement mal placé, il n’en demeure pas moins qu’il peine à combler le retard malgré tous le hallali sur « le miracle économique » et « l’INDH ». S’il progresse les dernières années il le fait au même rythme que les pays comparables ce qui fait, et c’est mathématique, il reste dernier du peloton.
Enfin et c’est mon argument Lahlimi préféré l’introduction des paradis fiscaux aurait artificiellement reculé le Maroc. Il y a du vrai et du ridicule dans l’argument. Le vrai c’est que l’entrée d’Andorre et du Liechtenstein dans le classement publié en octobre dernier a coûté au Maroc deux places sur les quatre perdues par rapport à l’année précédente. Le ridicule c’est que même en absence de ces deux pays, le Maroc serait classé 128ème , et franchement à ce niveau il n’y a pas de quoi pavoiser !
Le rêve d’Ahmed Lahlimi ? C’est de substituer le classement du PNUD par les sondages du HCP qui miraculeusement montrent une amélioration dans tous les domaines. Comme le souligne Maïmouna DIA de l’Économiste, qui comme chacun le sait n’est pas un journal nihiliste :
Lahlimi adepte de «Je fais mieux que les autres?» Le patron du HCP est convaincu que seules ses enquêtes auprès des ménages permettent d’appréhender les chiffres exacts. Et les données du HCP tirées principalement de l’enquête sur le revenu et le niveau de vie des ménages de 2007, font état d’un net recul de la pauvreté (!). En résumé, le nombre de personnes vivant en dessous du seuil de dénuement a été estimé à 2,8 millions en 2007. Selon Lahlimi, depuis 2001, 284.000 personnes par an sortent de la pauvreté contre seulement 7.000 par an entre 1985 et 2001. Le Maroc le plus beau pays du monde!
Par Larbi le lundi, août 23 2010,
Le Haut-Commissariat au Plan aurait dû s’appeler Haut-commissariat à la contestation des critères du PNUD.
Et pour cause l’organisme présidé par Ahmed Lahlimi a produit ces dernières années une littérature abondante pour contester le classement du Maroc selon l’indice de développement humain (IDH) établi par le PNUD. Le sujet tient à cœur l’administration marocaine qui en la matière fait un long travail de propagande.
Octobre 2008, le PNUD classe le Maroc à la 126ème place sur 177 pays et c’est le ministre des affaires étrangères qui monte au front « «Nous rejetons le classement du PNUD et nous demandons une réévaluation de l’approche à travers une définition plus fiable et plus crédible des critères retenus» déclare-t-il à la MAP.
Octobre 2009. Le Maroc recule de trois places : 130ème sur 182 pays. Le ministre des Affaires étrangères Taieb Fassi Fihri n’est pas content « Le Maroc est contre les critères, retenus il y a bientôt vingt ans, devenus largement dépassés, clairement sélectifs et certainement insuffisants pour mesurer, de manière objective, les avancées réalisées en matière de développement humain ». Ahmed Lahlimi , le Haut-Commisse au Plan enchaine « Nous ne contestons pas les statistiques du PNUD. Les réserves que nous formulons sur l’indicateur de développement humain portent sur la pertinence de la comparabilité des niveaux de développement humain sur la base d’indicateurs calculés à partir de données fournies par des systèmes nationaux d’information statistique d’inégale rigueur ou d’estimation ».
Le commissariat d’Ahmed Lahlimi organise même une rencontre à Rabat en Janvier dernier autour de la mesure du développement humain ! Parmi les questions posées « Peut-on mesurer le développement humain? » . C’est vrai si on pouvait s’en passait ça serait pas mal non plus ! Puis il y a quelques jours, le gouvernement marocain, sans doute pour anticiper la prochaine publication du rapport du PNUD, se fende d’un long communiqué d’étonnement » et de « contestation » des critères, confirmés entre temps, du classement de développement humain:
Le Gouvernement marocain s'étonne, une fois de plus, de l'exploitation erronée de certains indicateurs censés mesurer les niveaux de développement humain à l'échelle mondiale, tels qu'établis par des centres en relation avec le PNUD(...)
Déjà, les autorités marocaines avaient, à plusieurs reprises, alerté les observateurs sur les limites objectives, les faiblesses méthodologiques et les incohérences comparatives de l'Indice de Développement Humain, établi annuellement par le PNUD, et démontré, qu'à ce titre, cet indice ne reflétait en rien ni les efforts soutenus et méritoires déployés par le Royaume ces dernières années en matière de développement humain, ni les performances notoires réalisées dans ce domaine.
Aujourd'hui, le Gouvernement marocain relève que des travaux réalisés par des organes privés et indépendants, mais avec l'appui du PNUD, sont minés par les mêmes travers.(...)
Il est vrai que tant d’efforts de contestation sont justifiés par le contraste entre l’hallali autour de l’INDH et la piètre performance mesurée par l’IDH. Contrairement à ce que raconte à tout bout de champs Ahmed Lahlimi , l’IDH n’est pas composé essentiellement du PIB par habitant . C’est même désolant de voir le responsable de l’institution qui s’occupe des statistiques du pays l’affirmer. Il est composé, comme n’importe quel étudiant de fac d’économie le sait, de trois sous-indicateurs qui contribuent à part égale (un tiers chacun) dans l’indice général.

Et on ne fera pas l’insulte à Ahmed Lahlimi en disant que dans ses déclarations dans la presse il confond PIB/hab et PIB à parité de pouvoir d’achat/Hab. Comme on n’aura pas l’insolence de lui rappelé que ce critère de PIB PPA/hab, un parmi deux autres, est valable pour tous les pays qui, contrairement à ce qu’il raconte, ne sont pas dans leur majorité plus inégalitaires que le Maroc.
Ahmed Lahlimi conteste le fait que l’indice ne mesure pas le progrès réalisé d’une année à une autre attendu qu’il agrège des données (Education, Santé, … ) qui évoluent lentement sur le court terme. Sa pudeur l’empêche de dire ce qui l’en est : le Maroc est parti de si bas dans le concert des nations qu’il ne peut pas rattraper le retard sur le court terme. Ahmed Lahlimi suggère aussi que le classement soit fait par blocs de pays comparables.

Comme la valeur de l’indice le montre même à pays plus au moins comparables, le Maroc est très mal classé et on ne voit pas en quoi afficher un classement de 17ème sur 20 pays changerait en la réalité des choses par rapport à un classement de 130ème sur 182 pays ! ET s’il est vrai que le Maroc est historiquement mal placé, il n’en demeure pas moins qu’il peine à combler le retard malgré tous le hallali sur « le miracle économique » et « l’INDH ». S’il progresse les dernières années il le fait au même rythme que les pays comparables ce qui fait, et c’est mathématique, il reste dernier du peloton.
Enfin et c’est mon argument Lahlimi préféré l’introduction des paradis fiscaux aurait artificiellement reculé le Maroc. Il y a du vrai et du ridicule dans l’argument. Le vrai c’est que l’entrée d’Andorre et du Liechtenstein dans le classement publié en octobre dernier a coûté au Maroc deux places sur les quatre perdues par rapport à l’année précédente. Le ridicule c’est que même en absence de ces deux pays, le Maroc serait classé 128ème , et franchement à ce niveau il n’y a pas de quoi pavoiser !
Le rêve d’Ahmed Lahlimi ? C’est de substituer le classement du PNUD par les sondages du HCP qui miraculeusement montrent une amélioration dans tous les domaines. Comme le souligne Maïmouna DIA de l’Économiste, qui comme chacun le sait n’est pas un journal nihiliste :
Lahlimi adepte de «Je fais mieux que les autres?» Le patron du HCP est convaincu que seules ses enquêtes auprès des ménages permettent d’appréhender les chiffres exacts. Et les données du HCP tirées principalement de l’enquête sur le revenu et le niveau de vie des ménages de 2007, font état d’un net recul de la pauvreté (!). En résumé, le nombre de personnes vivant en dessous du seuil de dénuement a été estimé à 2,8 millions en 2007. Selon Lahlimi, depuis 2001, 284.000 personnes par an sortent de la pauvreté contre seulement 7.000 par an entre 1985 et 2001. Le Maroc le plus beau pays du monde!


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