La flambée de l'or noir fait exploser les achats des pays du Golfe. L'Allemagne y gagne, la France moins
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En moins de trois ans, l'envolée du prix du baril a provoqué l'apparition de montagnes d'excédents pétroliers, bouleversant le paysage financier mondial. Comme le relève Jean-Luc Buchalet, président de Pythagore Investissement, les surplus des pays de l'Opep sont passés de 31 à 218 milliards de dollars entre 1999 et 2005, et ceux de la Russie, de 33 à 87 milliards de dollars. Au total, la manne pour les pays exportateurs de pétrole a dépassé 350 milliards de dollars l'an dernier. «Dans le passé, ceux-ci plaçaient leurs excédents dans le système bancaire américain, souligne Florence Pisani, économiste chez Dexia. La nouveauté, par rapport aux chocs pétroliers des années 1970, est qu'une partie non négligeable de ces pétrodollars est immédiatement recyclée dans l'économie mondiale.»
En clair, les pays du Golfe profitent de leurs excédents, appelés à durer, pour s'équiper et consommer. En trois ans, les importations de la zone Opep ont ainsi progressé de 80 milliards de dollars. L'Union européenne, qui se classe au premier rang des fournisseurs des pays de l'Opep, avec 25% de part de marché, est logiquement la première à profiter de cette frénésie d'achats: l'an passé, elle a comptabilisé 25 milliards de dollars supplémentaires de ventes vers ces pays, «soit environ l'équivalent du surcoût de la facture énergétique du Vieux Continent», détaille Florence Pisani.
Reste à savoir qui, en Europe, profite le plus de ces nouveaux clients du Golfe. Sans surprise, l'Allemagne remporte la palme d'or: l'an dernier, elle a vu ses exportations à destination des pays de l'Opep croître de 6 milliards de dollars, pour atteindre 26 milliards. La France, en revanche, a bien du mal à surfer sur cette vague de pétrodollars: ses exportations à destination de l'Opep (22 milliards de dollars) progressent deux fois moins vite que celles de son voisin allemand.
Paris peut certes se vanter d'avoir enregistré l'an dernier une hausse de 26% de ses ventes vers l'Arabie saoudite. Mais ce bond succède à deux années de recul, si bien que, entre 2002 et 2005, les ventes ont stagné (+ 6%). Or, au cours de cette même période, l'Arabie saoudite, qui s'est enrichie de 90 milliards de dollars grâce au pétrole, a doublé ses achats à l'étranger. Un appétit dont la France, de toute évidence, n'a pas su profiter.
par Eric Chol
http://www.lexpress.fr/info/economie...asp?ida=437575
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