Matières premières; Blé, coton, aluminium... l’embrasement!
Déclenchée depuis quelques mois, la hausse des cours des matières premières se poursuit entraînant dans son sillage une augmentation des prix à l’importation. Un montant de 64,5 milliards de dirhams est décaissé rien que pour l’importation des produits énergétiques, soit une hausse de 32,8% en glissement annuel. Une évolution attribuée à l’augmentation de 35,5% du prix de la tonne importée, laquelle est passée à 4.733 dirhams/tonne à fin novembre contre 3.494,7 dirhams un an auparavant.
Les acquisitions du gaz de pétrole et autres hydrocarbures ont enregistré une progression en valeur de 32,6%. Idem pour les achats du gasoil et fuel qui sont aussi sur un trend haussier (+24,3%).
Au niveau international, les cours du pétrole ont poursuivi leur progression. Ils sont même montés à des niveaux inédits depuis plus de 2 ans mercredi 22 décembre, soutenus par la diminution des stocks de brut aux Etats-Unis, la rigueur de l’hiver des deux côtés de l’Atlantique ainsi que par la demande chinoise. Le baril a été négocié à 90,80 dollars à New York et à 93,94 dollars à Londres. Les analystes tablent sur un baril à 100 dollars en 2011, un niveau qui n’a pas été atteint depuis début octobre 2008.
A ce rythme, l’enveloppe prévue dans le projet de loi des finances 2011 pourrait fondre rapidement (17 milliards de dirhams). Celle-ci ayant tablé sur un prix moyen du baril de pétrole de 75 dollars et un prix moyen du gaz liquide de 600 dollars la tonne. Aujourd’hui, le gouvernement, qui a fait le choix de maintenir le pouvoir d’achat, subventionne à hauteur de 20% le prix de l’essence super, soit 2 dirhams par litre (le prix de vente est à 10,18 DH/l).
Pour le gasoil 50 ppm, le prix de vente est fixé à 7,15 DH/l. L’Etat prend en charge 3 DH par litre, soit près de 40% du prix réel. Quant au gaz butane, qui accapare près des deux tiers de la subvention, son prix de vente est fixé à 40 dirhams pour la bouteille de 12 kg. La compensation prend en charge 89 DH par bouteille, soit près de 220%. Reste que la filière gazière se caractérise par une structure des prix qui nécessite une actualisation et par la multitude des intervenants et des marges. De plus, ce produit fortement subventionné est détourné pour usage «industriel».
C’est la quasi-totalité des produits de base qui s’emballe. Le sucre, dont l’Etat continue à prendre en charge une partie des prix, a dépassé les 700 dollars la tonne à l’international. La flambée risque de se prolonger sur l’année prochaine. Du moins durant l’inter-compagne qui s’étale de novembre 2010 jusqu’au mois de mai 2011. Durant cette période, le Brésil, un des gros producteurs et exportateurs mondiaux, n’intervient pas sur le marché. Or, les stocks mondiaux sont à leur niveau le plus bas. Pis encore, ils ont reculé de 30% par rapport à l’année dernière sous l’effet de la baisse de la production en Inde notamment.
«Cette situation n’aura pas d’impact sur le marché national», affirme Mohamed Fikrat, PDG de Cosumar. L’opérateur national a su se prémunir contre les contingences de la conjoncture actuelle en recourant à des achats massifs au moment où le marché était favorable. «Nous nous appuyons sur des spécialistes qui nous aident à avoir une bonne visibilité des tendances du marché», soutient Fikrat.
Cosumar a ainsi importé plus de 750.000 tonnes à des prix jugés optimisés. De fait, la production du sucre raffiné (issue des plantes sucrières et importations) doit atteindre 1,18 million de tonnes à fin 2010 en augmentation de 1,7% par rapport à 2009. Pour le moment, le stock de sucre raffiné s’élève à 200.000 tonnes, soit l’équivalent de deux mois de consommation. Ce volume représente aussi le double du stock de sécurité réglementaire. En tout cas, assure le PDG de Cosumar, le marché sera normalement approvisionné et ne connaîtra pas de perturbation des prix.
Année de tous les records sur le marché des matières premières, 2010 s’est caractérisée par une pression accentuée sur les blés, le maïs et les oléagineux suite aux intempéries et canicules qui ont touché la Russie et d’autres pays exportateurs. De plus, des incertitudes pèsent sur l’issue des campagnes agricoles en Australie et en Amérique latine. Cette dernière connaît une sécheresse sans précédent.
Au Maroc, la valeur de la tonne du blé importée a accusé un repli de 6,5% puisque l’essentiel des acquisitions s’est effectué dans le cadre des quotas exonérés. De ce fait, la hausse des prix à l’international n’aurait pas d’impact au niveau interne. Surtout avec le gel des droits de douane et taxes à l’importation de cette céréale.
Au total, les importations du blé tendre se sont accrues de 30% à plus de 26 millions de quintaux sur les onze premiers mois de l’année. La contre-valeur n’a augmenté que de 22% passant de 4,9 milliards de DH à 6 milliards. En réalité, le niveau des achats dépasse les besoins. Mais, prime de restitution oblige, les négociants en grains n’ont pas hésité à faire le plein même dans ce contexte de flambée. D’autant plus que l’on compte parmi eux une bonne «brochette» de minotiers intégrés. Pour rappel, la prime de restitution accordée par l’Etat a pour objectif de maintenir le prix de la farine à un niveau permettant la stabilité du coût du pain basic à 1,20 DH/l’unité.
Pour le coton, le prix a plus que doublé sur une année. C’est la plus forte hausse depuis 1973. Une situation qui ne manquera pas de se répercuter sur l’industrie textile surtout que les stocks au niveau international sont à leur plus bas niveau depuis quatorze ans.
Emboîtant le pas au thé, le cours du café a frôlé son plus haut niveau depuis 13 ans. La tendance s’explique par les craintes d’une baisse de l’offre venant de l’Amérique centrale et de la Colombie où les récoltes ont été affectées par les pluies abondantes. Une situation qui pourrait se répercuter au niveau interne. En tout cas, une hausse des prix du café n’est pas à écarter puisque ce produit est régi par la loi de l’offre et de la demande. Les prix à l’importation se sont également renchéris pour les demi-produits (produits chimiques, matières plastiques artificielles, fer, acier en blooms et ébauches), composés essentiellement d’intrants destinés à la production industrielle. Du coup, les entreprises sont confrontées à un renchérissement de leurs coûts de production. Certaines d’entre-elles peinent à s’approvisionner en matières premières de base et autres demi-produits.
C’est le cas par exemple du textile dont certains opérateurs cherchent à diversifier leurs sources d’approvisionnement. A fin novembre, les demi-produits ont enregistré une progression en valeur de 17,4%. La poussée du cours de certains métaux est à l’origine de l’augmentation des prix. Le cuivre par exemple a culminé à 9.400 dollars entre mardi 21 et mercredi 22 décembre, enregistrant des niveaux record sur la bourse londonienne des métaux. Présent dans le bâtiment comme dans les produits électroniques ou les équipements industriels, le cuivre est le troisième métal le plus utilisé au monde. Cette année, il a progressé de 25%. Face à une offre qui peine à répondre à une demande mondiale croissante, l’annonce de l’arrêt des approvisionnements en provenance d’une des principales mines de la planète (3,5% de la production mondiale) a affolé les marchés.
Pour l’aluminium, les prévisions tablent sur un cours moyen compris entre 2.400 et 2.500 dollars la tonne. Comme la majorité des métaux de base, ce produit n’échappe pas non plus aux pressions suite à une demande soutenue. Aujourd’hui, il faudra certainement s’attendre à l’aggravation du déficit de la balance commerciale dont la cote est déjà alarmante.
Leconomiste
- Le pétrole à 100 dollars le baril en 2011
- Sucre, blé et café au plus haut
- Les métaux de base frôlent des records
Déclenchée depuis quelques mois, la hausse des cours des matières premières se poursuit entraînant dans son sillage une augmentation des prix à l’importation. Un montant de 64,5 milliards de dirhams est décaissé rien que pour l’importation des produits énergétiques, soit une hausse de 32,8% en glissement annuel. Une évolution attribuée à l’augmentation de 35,5% du prix de la tonne importée, laquelle est passée à 4.733 dirhams/tonne à fin novembre contre 3.494,7 dirhams un an auparavant.
Les acquisitions du gaz de pétrole et autres hydrocarbures ont enregistré une progression en valeur de 32,6%. Idem pour les achats du gasoil et fuel qui sont aussi sur un trend haussier (+24,3%).
Au niveau international, les cours du pétrole ont poursuivi leur progression. Ils sont même montés à des niveaux inédits depuis plus de 2 ans mercredi 22 décembre, soutenus par la diminution des stocks de brut aux Etats-Unis, la rigueur de l’hiver des deux côtés de l’Atlantique ainsi que par la demande chinoise. Le baril a été négocié à 90,80 dollars à New York et à 93,94 dollars à Londres. Les analystes tablent sur un baril à 100 dollars en 2011, un niveau qui n’a pas été atteint depuis début octobre 2008.
A ce rythme, l’enveloppe prévue dans le projet de loi des finances 2011 pourrait fondre rapidement (17 milliards de dirhams). Celle-ci ayant tablé sur un prix moyen du baril de pétrole de 75 dollars et un prix moyen du gaz liquide de 600 dollars la tonne. Aujourd’hui, le gouvernement, qui a fait le choix de maintenir le pouvoir d’achat, subventionne à hauteur de 20% le prix de l’essence super, soit 2 dirhams par litre (le prix de vente est à 10,18 DH/l).
Pour le gasoil 50 ppm, le prix de vente est fixé à 7,15 DH/l. L’Etat prend en charge 3 DH par litre, soit près de 40% du prix réel. Quant au gaz butane, qui accapare près des deux tiers de la subvention, son prix de vente est fixé à 40 dirhams pour la bouteille de 12 kg. La compensation prend en charge 89 DH par bouteille, soit près de 220%. Reste que la filière gazière se caractérise par une structure des prix qui nécessite une actualisation et par la multitude des intervenants et des marges. De plus, ce produit fortement subventionné est détourné pour usage «industriel».
C’est la quasi-totalité des produits de base qui s’emballe. Le sucre, dont l’Etat continue à prendre en charge une partie des prix, a dépassé les 700 dollars la tonne à l’international. La flambée risque de se prolonger sur l’année prochaine. Du moins durant l’inter-compagne qui s’étale de novembre 2010 jusqu’au mois de mai 2011. Durant cette période, le Brésil, un des gros producteurs et exportateurs mondiaux, n’intervient pas sur le marché. Or, les stocks mondiaux sont à leur niveau le plus bas. Pis encore, ils ont reculé de 30% par rapport à l’année dernière sous l’effet de la baisse de la production en Inde notamment.
«Cette situation n’aura pas d’impact sur le marché national», affirme Mohamed Fikrat, PDG de Cosumar. L’opérateur national a su se prémunir contre les contingences de la conjoncture actuelle en recourant à des achats massifs au moment où le marché était favorable. «Nous nous appuyons sur des spécialistes qui nous aident à avoir une bonne visibilité des tendances du marché», soutient Fikrat.
Cosumar a ainsi importé plus de 750.000 tonnes à des prix jugés optimisés. De fait, la production du sucre raffiné (issue des plantes sucrières et importations) doit atteindre 1,18 million de tonnes à fin 2010 en augmentation de 1,7% par rapport à 2009. Pour le moment, le stock de sucre raffiné s’élève à 200.000 tonnes, soit l’équivalent de deux mois de consommation. Ce volume représente aussi le double du stock de sécurité réglementaire. En tout cas, assure le PDG de Cosumar, le marché sera normalement approvisionné et ne connaîtra pas de perturbation des prix.
Année de tous les records sur le marché des matières premières, 2010 s’est caractérisée par une pression accentuée sur les blés, le maïs et les oléagineux suite aux intempéries et canicules qui ont touché la Russie et d’autres pays exportateurs. De plus, des incertitudes pèsent sur l’issue des campagnes agricoles en Australie et en Amérique latine. Cette dernière connaît une sécheresse sans précédent.
Au Maroc, la valeur de la tonne du blé importée a accusé un repli de 6,5% puisque l’essentiel des acquisitions s’est effectué dans le cadre des quotas exonérés. De ce fait, la hausse des prix à l’international n’aurait pas d’impact au niveau interne. Surtout avec le gel des droits de douane et taxes à l’importation de cette céréale.
Au total, les importations du blé tendre se sont accrues de 30% à plus de 26 millions de quintaux sur les onze premiers mois de l’année. La contre-valeur n’a augmenté que de 22% passant de 4,9 milliards de DH à 6 milliards. En réalité, le niveau des achats dépasse les besoins. Mais, prime de restitution oblige, les négociants en grains n’ont pas hésité à faire le plein même dans ce contexte de flambée. D’autant plus que l’on compte parmi eux une bonne «brochette» de minotiers intégrés. Pour rappel, la prime de restitution accordée par l’Etat a pour objectif de maintenir le prix de la farine à un niveau permettant la stabilité du coût du pain basic à 1,20 DH/l’unité.
Pour le coton, le prix a plus que doublé sur une année. C’est la plus forte hausse depuis 1973. Une situation qui ne manquera pas de se répercuter sur l’industrie textile surtout que les stocks au niveau international sont à leur plus bas niveau depuis quatorze ans.
Emboîtant le pas au thé, le cours du café a frôlé son plus haut niveau depuis 13 ans. La tendance s’explique par les craintes d’une baisse de l’offre venant de l’Amérique centrale et de la Colombie où les récoltes ont été affectées par les pluies abondantes. Une situation qui pourrait se répercuter au niveau interne. En tout cas, une hausse des prix du café n’est pas à écarter puisque ce produit est régi par la loi de l’offre et de la demande. Les prix à l’importation se sont également renchéris pour les demi-produits (produits chimiques, matières plastiques artificielles, fer, acier en blooms et ébauches), composés essentiellement d’intrants destinés à la production industrielle. Du coup, les entreprises sont confrontées à un renchérissement de leurs coûts de production. Certaines d’entre-elles peinent à s’approvisionner en matières premières de base et autres demi-produits.
C’est le cas par exemple du textile dont certains opérateurs cherchent à diversifier leurs sources d’approvisionnement. A fin novembre, les demi-produits ont enregistré une progression en valeur de 17,4%. La poussée du cours de certains métaux est à l’origine de l’augmentation des prix. Le cuivre par exemple a culminé à 9.400 dollars entre mardi 21 et mercredi 22 décembre, enregistrant des niveaux record sur la bourse londonienne des métaux. Présent dans le bâtiment comme dans les produits électroniques ou les équipements industriels, le cuivre est le troisième métal le plus utilisé au monde. Cette année, il a progressé de 25%. Face à une offre qui peine à répondre à une demande mondiale croissante, l’annonce de l’arrêt des approvisionnements en provenance d’une des principales mines de la planète (3,5% de la production mondiale) a affolé les marchés.
Pour l’aluminium, les prévisions tablent sur un cours moyen compris entre 2.400 et 2.500 dollars la tonne. Comme la majorité des métaux de base, ce produit n’échappe pas non plus aux pressions suite à une demande soutenue. Aujourd’hui, il faudra certainement s’attendre à l’aggravation du déficit de la balance commerciale dont la cote est déjà alarmante.
Leconomiste
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