Une étude détaillée d’Attijari Intermédiation répond à la question en tentant d’expliquer les différences fondamentales entre les stratégies africaines des trois premières banques marocaines. Détails.
L’intensification de la concurrence interne pousse les banques marocaines à se positionner sur le Maghreb (marché encore trop protectionniste) et l’Afrique subsaharienne (encore sous exploité). C’est ce qu’indique une étude d’Attijari Intermédiation qui, sur 110 pages, dresse l’état des lieux du secteur en expliquant ses dynamiques internes et externes. Pour les auteurs de l’étude, la tendance baissière de la marge d’intermédiation au Maroc ajoutée à la trop forte concentration du secteur (les trois leaders détiennent 60% des parts de marché dans la banque de détail) pousse les établissements à chercher des opportunités dans des marchés à fort potentiel de développement.
L’Etat lève le pied au Nord au continent
Cette tendance est, en outre, favorisée par la dérèglementation et les flux commerciaux entre le Maroc et les marchés cibles et le positionnement des grands groupes marocains comme Maroc Télécom, l’Office chérifien des phosphates ou Managem. En dehors de l’Egypte et de la Tunisie, les pays d’Afrique du Nord sont riches en hydrocarbures avec des systèmes financiers peu développés, caractérisés par une faible bancarisation et une omniprésence des banques publiques. D’où les taux de contentieux élevés et des approvisionnements insuffisants. L’Algérie en est l’exemple emblématique avec 6 banques publiques qui détiennent 90% des actifs du secteur et un taux de contentieux supérieur à 20%. Ce taux passe à 28% en ce qui concerne la Mauritanie où, indique l’étude, plus de 80% des transactions sont réalisées en monnaie fiduciaire. En Libye, la banque centrale détient encore 40% des actifs bancaires ; ce qui explique sa volonté à céder des actifs aux investisseurs étrangers.
En Tunisie, l’on compte le plus grand taux de bancarisation de la région (1 125 comptes pour 1 000 adultes) et aussi l’un des taux de contentieux les plus élevés, soit 17% en 2008. En Egypte, grâce à une restructuration à la nigériane, le nombre de banques est passé de 62 à 39 banques en 2008. Par ailleurs, une nouvelle loi suspend toute attribution de nouvelle licence, encourageant plutôt le rachat. Malgré ces réformes, le secteur reste dominé par trois banques publiques.
Dans tous ces pays d’Afrique du Nord, l’Etat est entrain de lever le pied, révèle l’étude. La tendance doit favoriser l’implantation des banques marocaines même si dans des cas comme l’Algérie, l’obligation à l’Etat de détenir 51% des banques étrangères assortie d’un droit de péremption en cas de cession n’est pas la meilleure manière d’encourager l’arrivée des établissements financiers étrangers. En Libye et en Egypte, l’obstacle est d’ordre règlementaire et linguistique, ces deux pays étant plus enclins à favoriser les banques anglo-saxonnes.
L’Afrique subsaharienne, marché idéal
En fait, relève l’étude, c’est l’Afrique subsaharienne qui apparaît comme «un marché idéal pour toute banque internationale désireuse de diversifier ses activités et d’améliorer sa rentabilité ». Dans la zone UEMOA, le taux de bancarisation frise les 6% avec une implantation bancaire inégale dominée par le Sénégal et la Côte d’Ivoire (51% du réseau bancaire régional). Le taux de contentieux était de 18% en 2008. La marge d’intermédiation s’élève à 7,9% et le ROE à 11%, nettement supérieurs aux ratios maghrébins et à ceux de l’ensemble des pays industriels et émergents. Les banques marocaines sont bien implantées dans la région. Dans le classement 2008, Ecobank occupait la première place par le réseau, suivi de la Société Générale, d’Attijariwafa Bank et de Bank of Africa (contrôlée à 55% par BMCE Bank).
L’on retrouve le même taux de bancarisation (6%) en zone CEMAC où le Cameroun, le Congo et le Gabon détiennent 88% de parts de marché au niveau de crédit et 76% au niveau des dépôts. Les ratios sont, ici, nettement plus favorables que dans la zone UEMOA, avec un taux de contentieux de 8, 4% et une marge d’intermédiation de 8%.
Attijariwafa Bank et BMCE Bank, deux modèles différents
Dans les deux ensembles (UEMOA et CEMAC), Attijariwafa Bank et BMCE Bank sont bien présentes. Quelle est la différence entre ces deux modèles ? Pour les auteurs de l’étude, Attijariwafa Bank c’est d’abord l’export d’un modèle qui a fait ses preuves au niveau local. In fine, la banque reproduit en Afrique un succès incontestable engrangé au Maroc. Ce modèle repose sur une prise de participation majoritaire à l’exemple de la CBAO et d’Attijari Bank Tunisie, suivie d’une expansion du réseau de la banque de détail, des modèles de collecte de dépôts et de recouvrement efficace de l’activité de crédit. Bref, la stratégie de la banque repose donc sur la consolidation des fonds propres, l’assainissement du portefeuille clientèle et le développement des parts de marché.
Quant à la BMCE Bank, son modèle est jugé «ambigüe » par les auteurs de l’étude, avec une implantation alliant à la fois, depuis 2003, l’acquisition et l’implantation des banques d’affaires (BMCE Capital Dakar, Axis Afrique) et la prise de participation minoritaire dans des banques de détail africaines. «Ce n’est qu’à partir de 2007 que le groupe BMCE s’est positionné véritablement au niveau de la banque de détail avec l’acquisition de la BOA » qui lui a permis de détenir 12 banques commerciales implantées majoritairement dans les pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique de l’Est. La recapitalisation générale de l’ensemble des filiales de la BOA est vue par Attijari Intermédiation comme une «volonté du management de développer et d’améliorer les revenus de ces banques dans le futur ».
Quant à la stratégie africaine du Groupe Banque Populaire, pionnière en Afrique, il s’agissait d’abord, selon l’étude, de considérations politiques. L’Etat marocain voulant dynamiser les échanges entre le Maroc, la Guinée et la Centrafrique avait poussé cette banque à y ouvrir des succursales. Malheureusement, ces agences ont toujours été considérées comme de simples bureaux de représentation. L’annonce d’une entrée en Mauritanie n’atténue en rien aux hésitations de la Banque populaire arrivée dans ce pays à travers un tandem négocié avec Attijariwafa Bank où elle y joue le rôle de minoritaire. La reprise des filiales de Bank Al Maghrib en Europe, en Afrique du Nord et au Moyen Orient montre que le Groupe Banque Populaire demeure réservée face à l’Afrique, vue par tous les spécialistes comme la pépite de demain.
Adama Wade
lesafriques
L’intensification de la concurrence interne pousse les banques marocaines à se positionner sur le Maghreb (marché encore trop protectionniste) et l’Afrique subsaharienne (encore sous exploité). C’est ce qu’indique une étude d’Attijari Intermédiation qui, sur 110 pages, dresse l’état des lieux du secteur en expliquant ses dynamiques internes et externes. Pour les auteurs de l’étude, la tendance baissière de la marge d’intermédiation au Maroc ajoutée à la trop forte concentration du secteur (les trois leaders détiennent 60% des parts de marché dans la banque de détail) pousse les établissements à chercher des opportunités dans des marchés à fort potentiel de développement.
L’Etat lève le pied au Nord au continent
Cette tendance est, en outre, favorisée par la dérèglementation et les flux commerciaux entre le Maroc et les marchés cibles et le positionnement des grands groupes marocains comme Maroc Télécom, l’Office chérifien des phosphates ou Managem. En dehors de l’Egypte et de la Tunisie, les pays d’Afrique du Nord sont riches en hydrocarbures avec des systèmes financiers peu développés, caractérisés par une faible bancarisation et une omniprésence des banques publiques. D’où les taux de contentieux élevés et des approvisionnements insuffisants. L’Algérie en est l’exemple emblématique avec 6 banques publiques qui détiennent 90% des actifs du secteur et un taux de contentieux supérieur à 20%. Ce taux passe à 28% en ce qui concerne la Mauritanie où, indique l’étude, plus de 80% des transactions sont réalisées en monnaie fiduciaire. En Libye, la banque centrale détient encore 40% des actifs bancaires ; ce qui explique sa volonté à céder des actifs aux investisseurs étrangers.
En Tunisie, l’on compte le plus grand taux de bancarisation de la région (1 125 comptes pour 1 000 adultes) et aussi l’un des taux de contentieux les plus élevés, soit 17% en 2008. En Egypte, grâce à une restructuration à la nigériane, le nombre de banques est passé de 62 à 39 banques en 2008. Par ailleurs, une nouvelle loi suspend toute attribution de nouvelle licence, encourageant plutôt le rachat. Malgré ces réformes, le secteur reste dominé par trois banques publiques.
Dans tous ces pays d’Afrique du Nord, l’Etat est entrain de lever le pied, révèle l’étude. La tendance doit favoriser l’implantation des banques marocaines même si dans des cas comme l’Algérie, l’obligation à l’Etat de détenir 51% des banques étrangères assortie d’un droit de péremption en cas de cession n’est pas la meilleure manière d’encourager l’arrivée des établissements financiers étrangers. En Libye et en Egypte, l’obstacle est d’ordre règlementaire et linguistique, ces deux pays étant plus enclins à favoriser les banques anglo-saxonnes.
L’Afrique subsaharienne, marché idéal
En fait, relève l’étude, c’est l’Afrique subsaharienne qui apparaît comme «un marché idéal pour toute banque internationale désireuse de diversifier ses activités et d’améliorer sa rentabilité ». Dans la zone UEMOA, le taux de bancarisation frise les 6% avec une implantation bancaire inégale dominée par le Sénégal et la Côte d’Ivoire (51% du réseau bancaire régional). Le taux de contentieux était de 18% en 2008. La marge d’intermédiation s’élève à 7,9% et le ROE à 11%, nettement supérieurs aux ratios maghrébins et à ceux de l’ensemble des pays industriels et émergents. Les banques marocaines sont bien implantées dans la région. Dans le classement 2008, Ecobank occupait la première place par le réseau, suivi de la Société Générale, d’Attijariwafa Bank et de Bank of Africa (contrôlée à 55% par BMCE Bank).
L’on retrouve le même taux de bancarisation (6%) en zone CEMAC où le Cameroun, le Congo et le Gabon détiennent 88% de parts de marché au niveau de crédit et 76% au niveau des dépôts. Les ratios sont, ici, nettement plus favorables que dans la zone UEMOA, avec un taux de contentieux de 8, 4% et une marge d’intermédiation de 8%.
Attijariwafa Bank et BMCE Bank, deux modèles différents
Dans les deux ensembles (UEMOA et CEMAC), Attijariwafa Bank et BMCE Bank sont bien présentes. Quelle est la différence entre ces deux modèles ? Pour les auteurs de l’étude, Attijariwafa Bank c’est d’abord l’export d’un modèle qui a fait ses preuves au niveau local. In fine, la banque reproduit en Afrique un succès incontestable engrangé au Maroc. Ce modèle repose sur une prise de participation majoritaire à l’exemple de la CBAO et d’Attijari Bank Tunisie, suivie d’une expansion du réseau de la banque de détail, des modèles de collecte de dépôts et de recouvrement efficace de l’activité de crédit. Bref, la stratégie de la banque repose donc sur la consolidation des fonds propres, l’assainissement du portefeuille clientèle et le développement des parts de marché.
Quant à la BMCE Bank, son modèle est jugé «ambigüe » par les auteurs de l’étude, avec une implantation alliant à la fois, depuis 2003, l’acquisition et l’implantation des banques d’affaires (BMCE Capital Dakar, Axis Afrique) et la prise de participation minoritaire dans des banques de détail africaines. «Ce n’est qu’à partir de 2007 que le groupe BMCE s’est positionné véritablement au niveau de la banque de détail avec l’acquisition de la BOA » qui lui a permis de détenir 12 banques commerciales implantées majoritairement dans les pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique de l’Est. La recapitalisation générale de l’ensemble des filiales de la BOA est vue par Attijari Intermédiation comme une «volonté du management de développer et d’améliorer les revenus de ces banques dans le futur ».
Quant à la stratégie africaine du Groupe Banque Populaire, pionnière en Afrique, il s’agissait d’abord, selon l’étude, de considérations politiques. L’Etat marocain voulant dynamiser les échanges entre le Maroc, la Guinée et la Centrafrique avait poussé cette banque à y ouvrir des succursales. Malheureusement, ces agences ont toujours été considérées comme de simples bureaux de représentation. L’annonce d’une entrée en Mauritanie n’atténue en rien aux hésitations de la Banque populaire arrivée dans ce pays à travers un tandem négocié avec Attijariwafa Bank où elle y joue le rôle de minoritaire. La reprise des filiales de Bank Al Maghrib en Europe, en Afrique du Nord et au Moyen Orient montre que le Groupe Banque Populaire demeure réservée face à l’Afrique, vue par tous les spécialistes comme la pépite de demain.
Adama Wade
lesafriques

et puis avec la relgmentation algerienne (composition du capital, transfert de benfice, impots, manque de qualification des salariés) ce n'est pas interessant pour la bmce ou atw de travailer en algerie...
j'accepte de devenir ton frère avec joie
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