LA VIEECO; juin 2012
La dette publique des pays européens et des Etats-Unis a atteint des niveaux inquiétants. Pressés par des contraintes de relance, les pays n’arrivent plus à contrôler leurs déficits budgétaires. La nationalisation des dettes privées à l’origine de la crise.
Le monde sera-t-il bientôt en faillite ? Même s’ils se gardent d’être alarmistes, les économistes n’écartent plus ce scénario catastrophe, tant les déficits publics de plusieurs pays développés ont atteint des niveaux inquiétants. Pour autant, personne n’est capable de donner, pour l’heure, une échéance au premier défaut de paiement étatique, ni sur l’ampleur des conséquences d’un tel événement. Car, s’il a suffi que le simple dépôt de bilan d’une banque américaine (Lehman Brothers) soit le déclencheur d’une crise financière internationale à l’été 2008, la faillite d’un seul Etat, pour peu qu’il appartienne au groupe des pays industrialisés, pourrait avoir des implications beaucoup plus graves sur l’économie mondiale. Et s’il arrive que le pire se produise, aucun pays au monde ne sera épargné, même ceux qui sont financièrement autonomes et dont les économies sont fortes.
Le Maroc, par exemple, verrait la demande étrangère qui lui est destinée reculer très fortement sous l’effet de la récession économique mondiale qui pourrait avoir lieu. Ses rentrées de devises (recettes touristiques, transferts des MRE et investissements étrangers) seraient également laminées, ce qui, pour un pays à la balance des paiements déficitaires depuis trois ans serait fatal. Sans parler de l’impossibilité d’opérer des emprunts en devises sur un marché mondial qui serait en crise, alors que le déficit public marocain ne cesse de s’aggraver sous le poids de la flambée des cours des matières premières et des revendications sociales (voir encadré en page suivante).
Faillite du monde. S’agit-il là d’une simple hypothèse qui a de faibles chances de se concrétiser ? Certains n’hésitent pas à avancer que le monde a connu plusieurs faillites d’Etats dans les années 80 sans qu’il n’y ait effondrement de l’économie mondiale (Argentine, Equateur, Côte d’Ivoire...). Sauf que cette fois-ci, le mal ne viendra pas des pays émergents qui, eux, affichent actuellement une situation économique plutôt saine. Le risque, en effet, vient surtout de grands pays industrialisés au sein même de l’Europe, et de puissances économiques telles que les Etats-Unis et le Japon.
Quelques chiffres donnent froid au dos : la dette publique américaine a atteint fin 2010 près de 90% du PIB du pays, soit plus de 12 800 milliards de dollars. Cet encours a enregistré une hausse de plus de 50% depuis 2007, et le rythme de progression ne s’apaise pas, puisqu’en 2010 le déficit budgétaire des Etats-Unis avoisinait les 9% du PIB. En Grèce, la dette publique et le déficit budgétaire représentent 145% et 10% du PIB respectivement. Ces chiffres sont de 97% et 37% pour l’Irlande, 78% et 9,6% pour le Royaume-Uni, alors que la palme de l’endettement revient au Japon, avec un encours de dette publique autour de 225% de son PIB et un déficit à 7,7%.
Les chiffres sur l’endettement public sont à relativiser
Ces chiffres sont certes très inquiétants, mais il ne faut pas non plus simplifier le problème et n’utiliser que les données sur l’endettement pour juger de la capacité réelle des pays à honorer leurs engagements. Les situations politiques ne sont souvent pas comparables, et il faut tenir compte notamment de l’origine de l’endettement et de qui le détient.
Les Etats-Unis, d’abord, pourraient se trouver dans une situation inédite de faillite technique. La dette de l’Etat fédéral américain a quasiment atteint la limite autorisée par le Congrès (14 300 milliards de dollars), ce qui empêche le Trésor d’émettre le moindre emprunt supplémentaire.
Les parlementaires refusent pour l’instant de relever le plafond d’endettement, malgré l’insistance du gouvernement qui met en garde contre un risque de grave crise financière. «C’est surtout un bras de fer politique où les républicains exigent des garanties supplémentaires en termes d’économies budgétaires», précise un observateur.
Le Trésor américain a employé jusqu’à présent des mesures d’urgence (arrêt de certains paiements) pour permettre à l’Etat fédéral de fonctionner en attendant une solution émanant du Congrès. Mais une entente politique tarde à voir le jour, et les conséquences d’une situation de défaut de paiement des Etats-Unis seraient tellement graves que personne n’imagine vraiment une telle issue. En attendant, et pour la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’agence de notation Standard & Poor’s a attribué une perspective négative à la note américaine en avril dernier, ce qui représente une chance sur trois pour que le pays perde dans les deux ans sa note maximale de AAA, celle attribuée à un pays pour lequel le risque de ne pas honorer ses emprunts est quasi nul.
Malgré cette situation, les bons du Trésor américain sont toujours considérés comme les actifs de référence les plus sûrs du monde, et sont détenus en grande partie par les banques centrales des autres pays qui les utilisent pour leurs réserves de change. La Chine est d’ailleurs le plus gros bailleur de fonds étranger des Etats-Unis et détient plus de 1 000 milliards de dollars de bons du Trésor américain. Pour ces même raisons, une crise de la dette américaine est inacceptable pour les banques centrales étrangères des pays développés (en particulier asiatiques) qui ont en portefeuille une bonne part de dette américaine et il est évident qu’elles ont tout intérêt à poursuivre leur politique d’investissement et de détention de la dette américaine et ainsi continuer à financer l’Amérique.
Le Japon très endetté, mais ce sont les ménages qui prêtent au pays
Mais jusqu’à quand ? Pour l’instant, ce sont plutôt les collectivités locales américaines et certains Etat fédérés qui souffrent de la situation actuelle. Pour nombre de municipalités, les finances sont à sec et elles s’imposent une cure d’austérité qui impacte avant tout leurs budgets sociaux.
Pour sa part, le Japon est un cas très particulier dans le sens où il subit depuis près de deux décennies les conséquences d’une grave crise immobilière et de la faillite d’une partie de son système bancaire dans les années 90. L’Etat avait alors endossé une partie de la dette des banques. Colossale, la dette japonaise culmine aujourd’hui à 225% du PIB, et continuera probablement à augmenter. Le pays a perdu depuis 1998 sa note AAA que possèdent la plupart des autres grands pays industrialisés. On ne peut évidemment pas tracer aujourd’hui une trajectoire type mais il existe des analogies entre la «décennie perdue» japonaise des années 1990 et la situation actuelle de certains pays après la crise financière.
L’autre particularité de la dette japonaise est que les ménages en possèdent plus de 90%, le reste étant détenu par les grands investisseurs institutionnels. Le financement de la dette fait l’unanimité au sein de la population car le taux d’intérêt de refinancement est très bas et continue de baisser combien même la dette augmente. Les générations se font en quelque sorte crédit les unes aux autres.
Par ailleurs, le Japon a une croissance économique potentielle très faible et une démographie marquée par le vieillissement. En conséquence, le taux d’épargne est particulièrement élevé et contribue très largement au financement de l’Etat. De plus, les Japonais sont méfiants, ils vont peu en Bourse, n’aiment pas les fonds de pension et donc déposent leur épargne en liquidités, permettant aux banques de les transformer en achetant des bons du Trésor.
Europe : la crise la plus grave depuis 60 ans
En conclusion, même si le Japon est très endetté, il encourt un risque de faillite nettement moindre que celui qui pèse sur les Etats-Unis et surtout sur l’Europe. Car s’il y a faillite d’Etat c’est surtout de l’Europe que cette dernière pourrait provenir.
Car, le Vieux Continent traverse sa plus grande crise depuis 60 ans et surtout depuis l’adoption de la monnaie unique, et l’on craint qu’un scénario catastrophe ne se réalise, notamment qu’un pays fasse réellement défaut ou qu’un autre décide de sortir de la Zone euro. La Grèce affiche d’ailleurs, malgré les plans de sauvetage, une probabilité de défaut de plus de 50% sur les cinq ans à venir.
L’origine des problèmes en Europe est diverse pour les pays les plus touchés. Mais un point commun les réunit : la Grèce, l’Irlande et le Portugal n’ont pas les moyens financiers autonomes leur permettant d’honorer leurs échéances et l’Espagne, du fait d’une économie en profonde crise, se dirige droit vers une situation similaire.
En Irlande, le problème vient du système bancaire qui avait beaucoup prêté et pris d’énormes risques pour financer la bulle immobilière. A l’inverse de l’Islande, qui a laissé son secteur bancaire faire faillite, l’Irlande a choisi de garantir la situation financière de ses propres banques. Conclusion, un Etat très fortement endetté avec un niveau de déficit record par rapport au PIB : 37% en 2010 !
En Grèce, également, le déficit est insoutenable et provient d’un ensemble de facteurs, notamment la perte de compétitivité des exportations grecques depuis l’entrée dans la Zone euro, le manque de revenus dû à une importante évasion fiscale, un système de protection sociale très généreux et déficitaire, et une situation financière réelle historiquement masquée par les différents gouvernements qui se sont succédé. Si un défaut de paiement étatique venait à intervenir en Europe, la Grèce serait le premier sur la liste.
Pour sa part, l’Espagne, bien que disposant de ratios d’endettement stricto sensu très acceptables, est embourbée dans une crise immobilière d’une ampleur inédite provenant de stocks immobiliers impossibles à écouler. L’économie du pays est la quatrième de la Zone euro, et elle représente cinq fois celle de la Grèce et presque deux fois celles des autres pays en difficulté financière, soit la Grèce, l’Irlande et le Portugal réunis. Malgré un niveau d’endettement plus faible que la plupart des autres pays de la zone, l’Espagne a connu une récession de 3,7% du PIB en 2009 et de 0,1% en 2010. Son déficit public est de 9,3% du PIB, pour une limite théorique à 3% pour les pays de l’Union monétaire. Le taux de chômage avoisine les 25%, soit près du double de la moyenne européenne, et la hausse continue du coût de la main-d’œuvre ces dix dernières années a fait que les produits espagnols sont beaucoup moins compétitifs que par le passé dans les marchés à l’export.
La dette publique des pays européens et des Etats-Unis a atteint des niveaux inquiétants. Pressés par des contraintes de relance, les pays n’arrivent plus à contrôler leurs déficits budgétaires. La nationalisation des dettes privées à l’origine de la crise.
Le monde sera-t-il bientôt en faillite ? Même s’ils se gardent d’être alarmistes, les économistes n’écartent plus ce scénario catastrophe, tant les déficits publics de plusieurs pays développés ont atteint des niveaux inquiétants. Pour autant, personne n’est capable de donner, pour l’heure, une échéance au premier défaut de paiement étatique, ni sur l’ampleur des conséquences d’un tel événement. Car, s’il a suffi que le simple dépôt de bilan d’une banque américaine (Lehman Brothers) soit le déclencheur d’une crise financière internationale à l’été 2008, la faillite d’un seul Etat, pour peu qu’il appartienne au groupe des pays industrialisés, pourrait avoir des implications beaucoup plus graves sur l’économie mondiale. Et s’il arrive que le pire se produise, aucun pays au monde ne sera épargné, même ceux qui sont financièrement autonomes et dont les économies sont fortes.
Le Maroc, par exemple, verrait la demande étrangère qui lui est destinée reculer très fortement sous l’effet de la récession économique mondiale qui pourrait avoir lieu. Ses rentrées de devises (recettes touristiques, transferts des MRE et investissements étrangers) seraient également laminées, ce qui, pour un pays à la balance des paiements déficitaires depuis trois ans serait fatal. Sans parler de l’impossibilité d’opérer des emprunts en devises sur un marché mondial qui serait en crise, alors que le déficit public marocain ne cesse de s’aggraver sous le poids de la flambée des cours des matières premières et des revendications sociales (voir encadré en page suivante).
Faillite du monde. S’agit-il là d’une simple hypothèse qui a de faibles chances de se concrétiser ? Certains n’hésitent pas à avancer que le monde a connu plusieurs faillites d’Etats dans les années 80 sans qu’il n’y ait effondrement de l’économie mondiale (Argentine, Equateur, Côte d’Ivoire...). Sauf que cette fois-ci, le mal ne viendra pas des pays émergents qui, eux, affichent actuellement une situation économique plutôt saine. Le risque, en effet, vient surtout de grands pays industrialisés au sein même de l’Europe, et de puissances économiques telles que les Etats-Unis et le Japon.
Quelques chiffres donnent froid au dos : la dette publique américaine a atteint fin 2010 près de 90% du PIB du pays, soit plus de 12 800 milliards de dollars. Cet encours a enregistré une hausse de plus de 50% depuis 2007, et le rythme de progression ne s’apaise pas, puisqu’en 2010 le déficit budgétaire des Etats-Unis avoisinait les 9% du PIB. En Grèce, la dette publique et le déficit budgétaire représentent 145% et 10% du PIB respectivement. Ces chiffres sont de 97% et 37% pour l’Irlande, 78% et 9,6% pour le Royaume-Uni, alors que la palme de l’endettement revient au Japon, avec un encours de dette publique autour de 225% de son PIB et un déficit à 7,7%.
Les chiffres sur l’endettement public sont à relativiser
Ces chiffres sont certes très inquiétants, mais il ne faut pas non plus simplifier le problème et n’utiliser que les données sur l’endettement pour juger de la capacité réelle des pays à honorer leurs engagements. Les situations politiques ne sont souvent pas comparables, et il faut tenir compte notamment de l’origine de l’endettement et de qui le détient.
Les Etats-Unis, d’abord, pourraient se trouver dans une situation inédite de faillite technique. La dette de l’Etat fédéral américain a quasiment atteint la limite autorisée par le Congrès (14 300 milliards de dollars), ce qui empêche le Trésor d’émettre le moindre emprunt supplémentaire.
Les parlementaires refusent pour l’instant de relever le plafond d’endettement, malgré l’insistance du gouvernement qui met en garde contre un risque de grave crise financière. «C’est surtout un bras de fer politique où les républicains exigent des garanties supplémentaires en termes d’économies budgétaires», précise un observateur.
Le Trésor américain a employé jusqu’à présent des mesures d’urgence (arrêt de certains paiements) pour permettre à l’Etat fédéral de fonctionner en attendant une solution émanant du Congrès. Mais une entente politique tarde à voir le jour, et les conséquences d’une situation de défaut de paiement des Etats-Unis seraient tellement graves que personne n’imagine vraiment une telle issue. En attendant, et pour la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’agence de notation Standard & Poor’s a attribué une perspective négative à la note américaine en avril dernier, ce qui représente une chance sur trois pour que le pays perde dans les deux ans sa note maximale de AAA, celle attribuée à un pays pour lequel le risque de ne pas honorer ses emprunts est quasi nul.
Malgré cette situation, les bons du Trésor américain sont toujours considérés comme les actifs de référence les plus sûrs du monde, et sont détenus en grande partie par les banques centrales des autres pays qui les utilisent pour leurs réserves de change. La Chine est d’ailleurs le plus gros bailleur de fonds étranger des Etats-Unis et détient plus de 1 000 milliards de dollars de bons du Trésor américain. Pour ces même raisons, une crise de la dette américaine est inacceptable pour les banques centrales étrangères des pays développés (en particulier asiatiques) qui ont en portefeuille une bonne part de dette américaine et il est évident qu’elles ont tout intérêt à poursuivre leur politique d’investissement et de détention de la dette américaine et ainsi continuer à financer l’Amérique.
Le Japon très endetté, mais ce sont les ménages qui prêtent au pays
Mais jusqu’à quand ? Pour l’instant, ce sont plutôt les collectivités locales américaines et certains Etat fédérés qui souffrent de la situation actuelle. Pour nombre de municipalités, les finances sont à sec et elles s’imposent une cure d’austérité qui impacte avant tout leurs budgets sociaux.
Pour sa part, le Japon est un cas très particulier dans le sens où il subit depuis près de deux décennies les conséquences d’une grave crise immobilière et de la faillite d’une partie de son système bancaire dans les années 90. L’Etat avait alors endossé une partie de la dette des banques. Colossale, la dette japonaise culmine aujourd’hui à 225% du PIB, et continuera probablement à augmenter. Le pays a perdu depuis 1998 sa note AAA que possèdent la plupart des autres grands pays industrialisés. On ne peut évidemment pas tracer aujourd’hui une trajectoire type mais il existe des analogies entre la «décennie perdue» japonaise des années 1990 et la situation actuelle de certains pays après la crise financière.
L’autre particularité de la dette japonaise est que les ménages en possèdent plus de 90%, le reste étant détenu par les grands investisseurs institutionnels. Le financement de la dette fait l’unanimité au sein de la population car le taux d’intérêt de refinancement est très bas et continue de baisser combien même la dette augmente. Les générations se font en quelque sorte crédit les unes aux autres.
Par ailleurs, le Japon a une croissance économique potentielle très faible et une démographie marquée par le vieillissement. En conséquence, le taux d’épargne est particulièrement élevé et contribue très largement au financement de l’Etat. De plus, les Japonais sont méfiants, ils vont peu en Bourse, n’aiment pas les fonds de pension et donc déposent leur épargne en liquidités, permettant aux banques de les transformer en achetant des bons du Trésor.
Europe : la crise la plus grave depuis 60 ans
En conclusion, même si le Japon est très endetté, il encourt un risque de faillite nettement moindre que celui qui pèse sur les Etats-Unis et surtout sur l’Europe. Car s’il y a faillite d’Etat c’est surtout de l’Europe que cette dernière pourrait provenir.
Car, le Vieux Continent traverse sa plus grande crise depuis 60 ans et surtout depuis l’adoption de la monnaie unique, et l’on craint qu’un scénario catastrophe ne se réalise, notamment qu’un pays fasse réellement défaut ou qu’un autre décide de sortir de la Zone euro. La Grèce affiche d’ailleurs, malgré les plans de sauvetage, une probabilité de défaut de plus de 50% sur les cinq ans à venir.
L’origine des problèmes en Europe est diverse pour les pays les plus touchés. Mais un point commun les réunit : la Grèce, l’Irlande et le Portugal n’ont pas les moyens financiers autonomes leur permettant d’honorer leurs échéances et l’Espagne, du fait d’une économie en profonde crise, se dirige droit vers une situation similaire.
En Irlande, le problème vient du système bancaire qui avait beaucoup prêté et pris d’énormes risques pour financer la bulle immobilière. A l’inverse de l’Islande, qui a laissé son secteur bancaire faire faillite, l’Irlande a choisi de garantir la situation financière de ses propres banques. Conclusion, un Etat très fortement endetté avec un niveau de déficit record par rapport au PIB : 37% en 2010 !
En Grèce, également, le déficit est insoutenable et provient d’un ensemble de facteurs, notamment la perte de compétitivité des exportations grecques depuis l’entrée dans la Zone euro, le manque de revenus dû à une importante évasion fiscale, un système de protection sociale très généreux et déficitaire, et une situation financière réelle historiquement masquée par les différents gouvernements qui se sont succédé. Si un défaut de paiement étatique venait à intervenir en Europe, la Grèce serait le premier sur la liste.
Pour sa part, l’Espagne, bien que disposant de ratios d’endettement stricto sensu très acceptables, est embourbée dans une crise immobilière d’une ampleur inédite provenant de stocks immobiliers impossibles à écouler. L’économie du pays est la quatrième de la Zone euro, et elle représente cinq fois celle de la Grèce et presque deux fois celles des autres pays en difficulté financière, soit la Grèce, l’Irlande et le Portugal réunis. Malgré un niveau d’endettement plus faible que la plupart des autres pays de la zone, l’Espagne a connu une récession de 3,7% du PIB en 2009 et de 0,1% en 2010. Son déficit public est de 9,3% du PIB, pour une limite théorique à 3% pour les pays de l’Union monétaire. Le taux de chômage avoisine les 25%, soit près du double de la moyenne européenne, et la hausse continue du coût de la main-d’œuvre ces dix dernières années a fait que les produits espagnols sont beaucoup moins compétitifs que par le passé dans les marchés à l’export.
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