Source Marianne le 23/9/2011
Dans un ouvrage magistral, Mourir pour le yuan, Jean-Michel Quatrepoint montre comment l'installation durable de pays excédentaires et de pays déficitaires comporte des risques évidents pour la prospérité et la paix du monde. Un livre à offrir d'urgence aux candidats à la prochaine élection présidentielle. Et aux autres aussi.
Une guerre mondiale programmée par le néolibéralisme ?
C’est un livre qu’il faut lire, même s’il fait froid dans le dos. Dans un monde où chacun croit les nations dépassées et les frontières explosées, la guerre, nous rappelle Jean-Michel Quatrepoint, journaliste (il fut longtemps au Monde et à la Tribune) et économiste, est la continuation de la politique par d’autres moyens. Or, si l’on regarde les développement la crise économique et financière avec le recul de l’histoire, le temps des conflits affleure la diplomatie mondiale.
En apparence, les dirigeants du monde sont acquis aux idéaux de paix et de prospérité. Mais nous ne sommes plus dirigés par des hommes ayant vécu dans leur enfance le traumatisme de la guerre mais par des leaders désaffiliés qui ne seront pas forcément en capacité de maîtriser les processus qu’ils ont déclenchés.
La première dimension de la guerre qui nous menace repose selon Quatrepoint sur deux pays qui ont leur revanche à prendre sur l’histoire : l'Allemagne muselée à la sortie de la deuxième guerre mondiale et la Chine que la guerre de l’Opium a ramené à l’état de « petite nation » pendant plus d'un siècle, ont en commun une humiliation nationale et certaines similitudes que l’ouvrage souligne en les exagérant parfois. Ce sont les deux puissances industrielles majeures de notre temps, deux pays excédentaires, mais aussi placés dans la nécessité d’accumuler du capital pour faire face à ce moment terrible où le nombre de leurs actifs sera égal à celui de leurs inactifs : il faudra alors que des jeunes en minorité payent pour des foules de vieillards dont l’allongement de la vie devient une charge considérable dans toutes les sociétés. Là résiderait ce que nos amis pro-européens appellent “l’égoïsme” allemand qui conduit la patrie de Marlene Dietrich, depuis une dizaine d’années, à bâtir sa prospérité et sa croissance sur l’appauvrissent de son propre peuple et surtout de ceux des autres pays européens.
Quant à la Chine, sa volonté de puissance se manifeste de plus en plus sur le plan monétaire en maintenant son yuan à un niveau qui rend difficile la compétition économique avec elle, et avec le développement de ses investissements industriels et agricoles partout dans le monde.
Dotée de 3000 milliards de dollars de réserves, la Chine avance ses pions sur les cinq continents. Elle est, par exemple, en position de monopole concernant les terres rares, indispensables dans les technologies nouvelles.
Les Etats unis et surtout l’Europe auraient les moyens de livrer une bataille économique pacifique avec les deux géants. Mais ils sont désarmés par une incroyable alliance entre leurs grandes entreprises devenues multinationales et la Chine. Depuis une vingtaine d’années, leurs dirigeants ont choisi les délocalisations et la spéculation au détriment de leurs liens avec leurs pays d’origine. Ford vendait plus de voitures en payant bien ses ouvriers. WallMart, elle, choisit de vendre à des Américains désargentés des produits qu’elle fait fabriquer à des esclaves chinois. Pour cette raison, et quelques autres, Jean-Michel Quatrepoint écrit que, comme au début du XX° siècle, la mondialisation échevélée peut déboucher sur la guerre. A moins que naisse un dialoguqe franco-allemand réellement sincère et que la politique s’attaque pour de bon à la finance.
A la fin de l'ouvrage en effet, pour ne pas trop désespérer ses lecteurs, l'auteur nous livre quelques suggestions pour sortir de ce capitalisme infernal et revenir à une concurrence apaisée entre nations et entre entreprises. On re'tiendra tout particulièrement quelques suggestions fiscales pour éviter que les grands groupes français continuent à échapper à l'impôt à un moment où la ressources fiscale devient si rare.
Mourir pour le yuan, Comment éviter une guerre mondiale, par Jean-Michel Quatrepoint, François Bourrin
Dans un ouvrage magistral, Mourir pour le yuan, Jean-Michel Quatrepoint montre comment l'installation durable de pays excédentaires et de pays déficitaires comporte des risques évidents pour la prospérité et la paix du monde. Un livre à offrir d'urgence aux candidats à la prochaine élection présidentielle. Et aux autres aussi.
Une guerre mondiale programmée par le néolibéralisme ?
C’est un livre qu’il faut lire, même s’il fait froid dans le dos. Dans un monde où chacun croit les nations dépassées et les frontières explosées, la guerre, nous rappelle Jean-Michel Quatrepoint, journaliste (il fut longtemps au Monde et à la Tribune) et économiste, est la continuation de la politique par d’autres moyens. Or, si l’on regarde les développement la crise économique et financière avec le recul de l’histoire, le temps des conflits affleure la diplomatie mondiale.
En apparence, les dirigeants du monde sont acquis aux idéaux de paix et de prospérité. Mais nous ne sommes plus dirigés par des hommes ayant vécu dans leur enfance le traumatisme de la guerre mais par des leaders désaffiliés qui ne seront pas forcément en capacité de maîtriser les processus qu’ils ont déclenchés.
La première dimension de la guerre qui nous menace repose selon Quatrepoint sur deux pays qui ont leur revanche à prendre sur l’histoire : l'Allemagne muselée à la sortie de la deuxième guerre mondiale et la Chine que la guerre de l’Opium a ramené à l’état de « petite nation » pendant plus d'un siècle, ont en commun une humiliation nationale et certaines similitudes que l’ouvrage souligne en les exagérant parfois. Ce sont les deux puissances industrielles majeures de notre temps, deux pays excédentaires, mais aussi placés dans la nécessité d’accumuler du capital pour faire face à ce moment terrible où le nombre de leurs actifs sera égal à celui de leurs inactifs : il faudra alors que des jeunes en minorité payent pour des foules de vieillards dont l’allongement de la vie devient une charge considérable dans toutes les sociétés. Là résiderait ce que nos amis pro-européens appellent “l’égoïsme” allemand qui conduit la patrie de Marlene Dietrich, depuis une dizaine d’années, à bâtir sa prospérité et sa croissance sur l’appauvrissent de son propre peuple et surtout de ceux des autres pays européens.
Quant à la Chine, sa volonté de puissance se manifeste de plus en plus sur le plan monétaire en maintenant son yuan à un niveau qui rend difficile la compétition économique avec elle, et avec le développement de ses investissements industriels et agricoles partout dans le monde.
Dotée de 3000 milliards de dollars de réserves, la Chine avance ses pions sur les cinq continents. Elle est, par exemple, en position de monopole concernant les terres rares, indispensables dans les technologies nouvelles.
Les Etats unis et surtout l’Europe auraient les moyens de livrer une bataille économique pacifique avec les deux géants. Mais ils sont désarmés par une incroyable alliance entre leurs grandes entreprises devenues multinationales et la Chine. Depuis une vingtaine d’années, leurs dirigeants ont choisi les délocalisations et la spéculation au détriment de leurs liens avec leurs pays d’origine. Ford vendait plus de voitures en payant bien ses ouvriers. WallMart, elle, choisit de vendre à des Américains désargentés des produits qu’elle fait fabriquer à des esclaves chinois. Pour cette raison, et quelques autres, Jean-Michel Quatrepoint écrit que, comme au début du XX° siècle, la mondialisation échevélée peut déboucher sur la guerre. A moins que naisse un dialoguqe franco-allemand réellement sincère et que la politique s’attaque pour de bon à la finance.
A la fin de l'ouvrage en effet, pour ne pas trop désespérer ses lecteurs, l'auteur nous livre quelques suggestions pour sortir de ce capitalisme infernal et revenir à une concurrence apaisée entre nations et entre entreprises. On re'tiendra tout particulièrement quelques suggestions fiscales pour éviter que les grands groupes français continuent à échapper à l'impôt à un moment où la ressources fiscale devient si rare.
Mourir pour le yuan, Comment éviter une guerre mondiale, par Jean-Michel Quatrepoint, François Bourrin