Alors que la tendance était à la baisse ces derniers mois, le prix du baril devrait se stabiliser à moyen terme, selon un rapport de Thierry Borstlap, gérant chez Dexia AM. Les explications de L'Expansion
L'embargo sur le pétrole iranien ne devrait pas avoir d'impact majeur sur l'évolution du cours.
REUTERS/Caren Firouz
Le prix du pétrole n'avait plus été aussi bas depuis plus de 18 mois. Le 21 juin dernier, il passait en dessous de la barre symbolique des 80 dollars. Reste que le mouvement à la baisse pourrait ne pas durer. A moyen terme, un communiqué du groupe Dexia Asset Management prévoit une stabilisation, voire une hausse du prix du baril. Aujourd'hui, le cours du Brent était en hausse, s'affichant à 95 dollars. Une réaction à l'accord obtenu lors du sommet européen, qui a rassuré sur les perspectives d'une hausse de la demande. L'embargo sur le pétrole iranien, lui, ne devrait pas avoir de conséquences majeures sur l'évolution du cours. Celui-ci avait été bien anticipé par les marchés. Mais surtout, il est mis à mal par l'attitude de la Chine, l'un des principaux importateurs de pétrole iranien, qui n'a pas vraiment suivi le mouvement de sanctions lancé en Europe. Alors comment justifier une future hausse, ou du moins une stabilisation du prix du baril ?
Les pays de l'OPEP devraient limiter leur production
En réaction à l'annonce de l'embargo sur le pétrole iranien, L'Arabie Saoudite avait annoncé vouloir compenser toute pénurie que celui-ci pourrait entraîner. De fait, elle a augmenté sa production à hauteur de 10 millions de barils par jour l'année dernière. Avec en plus la volonté de soutenir la demande en Europe, touchée par la crise européenne. Une "surproduction" largement pointée du doigt par le Venezuela, considérant comme " un danger imminent " un effondrement de la demande, du fait de la crise économique.
Mais l'Arabie Saoudite pourrait ne plus pouvoir accroître son rythme de production : "Elle est arrivée au maximum de ses capacités de production, et se doit surtout de maintenir un certain prix", argumente Thierry Borstlap, gérant chez Dexia AM et spécialiste du secteur énergie. Car pour les pays exportateurs, c'est la rentabilité de la production qui est en jeu : "pour vous donner un ordre de grandeur, on estime qu'à 90 dollars, 60% des pays de l'OPEP sont en déficit. Et à 80 dollars, on monte à 90% des pays". Avant d'affirmer que "le prix du baril n'est de toute façon jamais resté durablement sous les 100 dollars", son prix marginal (en dessous duquel il faudrait diminuer la production par manque de rentabilité).
La demande mondiale ne devrait pas diminuer
Si l'offre devrait donc s'adapter à la réalité du marché, l'évolution de la demande devrait elle aussi contribuer à maintenir le prix du baril, pour plusieurs raisons. Il faut se tourner vers le Japon, qui après la catastrophe de Fukushima a complètement réorientée sa politique énergétique. Ainsi, il a revu à la hausse ses importations de gaz naturel liquéfié (GNL) de plus de 16%. La Chine mérite également de l'attention. Le rapport Dexia affirme qu'elle se tournera de plus en plus vers le gaz naturel, en remplacement du charbon. Mais au-delà des choix énergétiques, c'est bien la croissance démographique qui tend à justifier une hausse de la demande à l'avenir. De fait, si le marché américain comme européen ont bel et bien souffert de la crise, le marché asiatique se charge de tirer vers le haut la demande mondiale, l'AIE misant sur une augmentation de 1% pour 2012. Thierry Borstlap insiste aussi sur les effets saisonniers qui vont forcément jouer à court terme. L'été arrivant, les climatiseurs ou autres systèmes d'air conditionné vont tourner à plein régime. Et se profile aux Etats-Unis la "driving season", qui voit les américains se déplacer massivement durant leurs vacances. Et ces effets se feraient déjà sentir, avec une "hausse de la demande brute de la part des raffineries pour la production de carburant", précise le rapport
Viennent également certains signes de redressement économique, à même de soutenir la demande. M. Borstlap revient ainsi sur les Etats-Unis, et sur la "bonne tenue du marché de l'immobilier". Mais encore, "les mesures économiques prises par la Chine pour stimuler son économie devraient jouer positivement sur la demande".
Quelles prévisions ?
Pour ce spécialiste de l'énergie, "le prix du baril de pétrole a atteint un niveau plancher". Et pour toutes les raisons évoquées, "il ne peut à ce jour descendre beaucoup plus bas". Mais si une baisse est exclue à moyen terme, reste à savoir ce qui se passera dans l'immédiat. Pour le mois à venir, Thierry Borstlap table sur des fluctuations du prix du baril entre 90 et 110 dollars. Au-delà d'une stabilisation, la tendance pourrait donc être à une légère hausse.
Ludwig Gallet
expansion
L'embargo sur le pétrole iranien ne devrait pas avoir d'impact majeur sur l'évolution du cours.
REUTERS/Caren Firouz
Le prix du pétrole n'avait plus été aussi bas depuis plus de 18 mois. Le 21 juin dernier, il passait en dessous de la barre symbolique des 80 dollars. Reste que le mouvement à la baisse pourrait ne pas durer. A moyen terme, un communiqué du groupe Dexia Asset Management prévoit une stabilisation, voire une hausse du prix du baril. Aujourd'hui, le cours du Brent était en hausse, s'affichant à 95 dollars. Une réaction à l'accord obtenu lors du sommet européen, qui a rassuré sur les perspectives d'une hausse de la demande. L'embargo sur le pétrole iranien, lui, ne devrait pas avoir de conséquences majeures sur l'évolution du cours. Celui-ci avait été bien anticipé par les marchés. Mais surtout, il est mis à mal par l'attitude de la Chine, l'un des principaux importateurs de pétrole iranien, qui n'a pas vraiment suivi le mouvement de sanctions lancé en Europe. Alors comment justifier une future hausse, ou du moins une stabilisation du prix du baril ?
Les pays de l'OPEP devraient limiter leur production
En réaction à l'annonce de l'embargo sur le pétrole iranien, L'Arabie Saoudite avait annoncé vouloir compenser toute pénurie que celui-ci pourrait entraîner. De fait, elle a augmenté sa production à hauteur de 10 millions de barils par jour l'année dernière. Avec en plus la volonté de soutenir la demande en Europe, touchée par la crise européenne. Une "surproduction" largement pointée du doigt par le Venezuela, considérant comme " un danger imminent " un effondrement de la demande, du fait de la crise économique.
Mais l'Arabie Saoudite pourrait ne plus pouvoir accroître son rythme de production : "Elle est arrivée au maximum de ses capacités de production, et se doit surtout de maintenir un certain prix", argumente Thierry Borstlap, gérant chez Dexia AM et spécialiste du secteur énergie. Car pour les pays exportateurs, c'est la rentabilité de la production qui est en jeu : "pour vous donner un ordre de grandeur, on estime qu'à 90 dollars, 60% des pays de l'OPEP sont en déficit. Et à 80 dollars, on monte à 90% des pays". Avant d'affirmer que "le prix du baril n'est de toute façon jamais resté durablement sous les 100 dollars", son prix marginal (en dessous duquel il faudrait diminuer la production par manque de rentabilité).
La demande mondiale ne devrait pas diminuer
Si l'offre devrait donc s'adapter à la réalité du marché, l'évolution de la demande devrait elle aussi contribuer à maintenir le prix du baril, pour plusieurs raisons. Il faut se tourner vers le Japon, qui après la catastrophe de Fukushima a complètement réorientée sa politique énergétique. Ainsi, il a revu à la hausse ses importations de gaz naturel liquéfié (GNL) de plus de 16%. La Chine mérite également de l'attention. Le rapport Dexia affirme qu'elle se tournera de plus en plus vers le gaz naturel, en remplacement du charbon. Mais au-delà des choix énergétiques, c'est bien la croissance démographique qui tend à justifier une hausse de la demande à l'avenir. De fait, si le marché américain comme européen ont bel et bien souffert de la crise, le marché asiatique se charge de tirer vers le haut la demande mondiale, l'AIE misant sur une augmentation de 1% pour 2012. Thierry Borstlap insiste aussi sur les effets saisonniers qui vont forcément jouer à court terme. L'été arrivant, les climatiseurs ou autres systèmes d'air conditionné vont tourner à plein régime. Et se profile aux Etats-Unis la "driving season", qui voit les américains se déplacer massivement durant leurs vacances. Et ces effets se feraient déjà sentir, avec une "hausse de la demande brute de la part des raffineries pour la production de carburant", précise le rapport
Viennent également certains signes de redressement économique, à même de soutenir la demande. M. Borstlap revient ainsi sur les Etats-Unis, et sur la "bonne tenue du marché de l'immobilier". Mais encore, "les mesures économiques prises par la Chine pour stimuler son économie devraient jouer positivement sur la demande".
Quelles prévisions ?
Pour ce spécialiste de l'énergie, "le prix du baril de pétrole a atteint un niveau plancher". Et pour toutes les raisons évoquées, "il ne peut à ce jour descendre beaucoup plus bas". Mais si une baisse est exclue à moyen terme, reste à savoir ce qui se passera dans l'immédiat. Pour le mois à venir, Thierry Borstlap table sur des fluctuations du prix du baril entre 90 et 110 dollars. Au-delà d'une stabilisation, la tendance pourrait donc être à une légère hausse.
Ludwig Gallet
expansion