Bonjour, la question ne devrait pas être posée, quoique pas mal d'entreprises libanaises ont délocalisé aux Emirats. Mais le Liban n'a pas dit son dernier mot
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Ce sont les aléas de l'Histoire, le poids des destinées. Certaines nations sont parfois victimes de leurs ambiguïtés, sont souvent dépassées par leur propre réputation. Le drame vécu actuellement par le Liban en est le plus frappant des exemples.
Considéré depuis des décennies par les milieux économiques du monde entier comme «la Suisse du Proche-Orient», ce pays n'aura jamais eu le temps de justifier cette comparaison forcément élogieuse.
Et pour cause. A chaque fois que ses plaies faisaient mine de cicatriser, un nouveau coup était porté en son corps. Pour des raisons avant tout géopolitiques, Beyrouth ne sera donc jamais une capitale financière à l'image de Genève ou de Londres. Pourtant, les plus grandes richesses mondiales provenant des nations arabes sont «naturellement» proches du Liban par le biais de milliards de dollars investis notamment dans l'immobilier. Cela ne suffira pas. Car l'appui sympathique disparaît dès lors que la raison financière apparaît. Ainsi, alors qu'en 2003 et 2004 encore le pays affichait une croissance économique de plus de 5% et draguait tous azimuts les investisseurs étrangers, l'euphorie n'aura duré que quelques mois. Un terrible attentat et une nouvelle période de déstabilisation politique auront vite fait de replonger le Liban dans ses incertitudes. Cruelle confirmation constatée aujourd'hui, les pétrodollars désertent le Liban et prennent des directions aussi diverses que stables et sécurisantes
. Parmi celles-ci figure sans surprise la capitale de la banque privée, Genève. Pourtant, la légendaire discrétion bancaire helvétique se mêlant alors à la pudeur des hôteliers genevois, personne ne se réjouira ouvertement du conflit actuel au Proche-Orient. Il semble néanmoins être synonyme de bonnes affaires pour le canton.
Q'en déduire? S'il est totalement indécent aujourd'hui de comparer les conditions d'existence du Liban et de la Suisse, une évidence peut être mise en exergue. Toute conservatrice et irritante de neutralité qu'elle puisse paraître, la stabilité helvétique offre une opportunité unique aux riches possesseurs du monde entier: la confiance à long terme ainsi que la stabilité.
En Suisse, le client bancaire ne recherche pas en priorité des investissements extrêmement rapides et lucratifs mais bien une assurance tous risques pour son patrimoine, quelle que soit l'actualité mondiale. Celle-ci étant particulièrement chargée et dramatique en ce moment, les réflexes «naturels» devraient à nouveau faire de Genève la place de toutes les attentions.
Edouard Bolleter
03 août 2006 La Tribune de Genève
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Ce sont les aléas de l'Histoire, le poids des destinées. Certaines nations sont parfois victimes de leurs ambiguïtés, sont souvent dépassées par leur propre réputation. Le drame vécu actuellement par le Liban en est le plus frappant des exemples.
Considéré depuis des décennies par les milieux économiques du monde entier comme «la Suisse du Proche-Orient», ce pays n'aura jamais eu le temps de justifier cette comparaison forcément élogieuse.
Et pour cause. A chaque fois que ses plaies faisaient mine de cicatriser, un nouveau coup était porté en son corps. Pour des raisons avant tout géopolitiques, Beyrouth ne sera donc jamais une capitale financière à l'image de Genève ou de Londres. Pourtant, les plus grandes richesses mondiales provenant des nations arabes sont «naturellement» proches du Liban par le biais de milliards de dollars investis notamment dans l'immobilier. Cela ne suffira pas. Car l'appui sympathique disparaît dès lors que la raison financière apparaît. Ainsi, alors qu'en 2003 et 2004 encore le pays affichait une croissance économique de plus de 5% et draguait tous azimuts les investisseurs étrangers, l'euphorie n'aura duré que quelques mois. Un terrible attentat et une nouvelle période de déstabilisation politique auront vite fait de replonger le Liban dans ses incertitudes. Cruelle confirmation constatée aujourd'hui, les pétrodollars désertent le Liban et prennent des directions aussi diverses que stables et sécurisantes
. Parmi celles-ci figure sans surprise la capitale de la banque privée, Genève. Pourtant, la légendaire discrétion bancaire helvétique se mêlant alors à la pudeur des hôteliers genevois, personne ne se réjouira ouvertement du conflit actuel au Proche-Orient. Il semble néanmoins être synonyme de bonnes affaires pour le canton.
Q'en déduire? S'il est totalement indécent aujourd'hui de comparer les conditions d'existence du Liban et de la Suisse, une évidence peut être mise en exergue. Toute conservatrice et irritante de neutralité qu'elle puisse paraître, la stabilité helvétique offre une opportunité unique aux riches possesseurs du monde entier: la confiance à long terme ainsi que la stabilité.
En Suisse, le client bancaire ne recherche pas en priorité des investissements extrêmement rapides et lucratifs mais bien une assurance tous risques pour son patrimoine, quelle que soit l'actualité mondiale. Celle-ci étant particulièrement chargée et dramatique en ce moment, les réflexes «naturels» devraient à nouveau faire de Genève la place de toutes les attentions.
Edouard Bolleter
03 août 2006 La Tribune de Genève
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