- Les fruits et légumes otages des grèves dans le Souss Les mouvements sociaux à répétition freinent l’activité de la filière
- 10 millions de DH de pertes directes par jour
- Réunion des producteurs de l’Apefel ce jeudi à Agadir pour débattre de la situation
La situation sociale qui ne cesse de se dégrader pourrait de nouveau conduire à la faillite d’autres exploitations agricoles et à la fermeture de certaines unités de production
BRANLE-BAS de combat dans le milieu des producteurs de fruits et légumes dans le Souss. La recrudescence des mouvements sociaux dans les exploitations depuis la semaine dernière les inquiète vivement.
Les arrêts de travail parrainés par certaines tendances syndicales ont touché plusieurs entreprises et stations de conditionnement. Résultat: c’est la perte d’importants volumes de production et le sabotage des outils de travail, sous le regard impassible de certains responsables locaux, martèlent les professionnels. Ces tensions ont engendré des manques à gagner directs de l’ordre de 10 millions de DH par jour, pour toutes les unités touchées, estiment les opérateurs.
Pour faire le point sur la situation, une réunion urgente est programmée ce jeudi 10 janvier à Agadir au siège de l’association des producteurs et exportateurs des fruits et légumes (Apefel). Il est question de prendre des mesures pour sauvegarder les acquis et bien plus, souligne leur communiqué. L’enjeu est en effet énorme sur le plan économique et social.
Le Souss est connu pour être le verger du Royaume et c’est aussi sa première zone d’exportation de fruits et légumes. Aussi les retombées néfastes aujourd’hui de ces remous sociaux dépassent la région et même nos frontières. En effet, outre l’approvisionnement du marché national en fruits et légumes, le secteur permet le rapatriement de plus de 7 milliards de dirhams en devises chaque année sans comptabiliser les recettes de la commercialisation des agrumes.
De plus, l’activité représente 125 millions de journées de travail et 500.000 emplois permanents par an au profit d’une main-d’oeuvre provenant de différentes régions du Maroc. C’est dire l’importance socioéconomique de l’activité. Et à cause de ces mouvements à répétition et difficilement maîtrisables, c’est l’image de l’export qui est ternie face aux donneurs d’ordre et investisseurs étrangers qui ont choisi la région pour y développer leur business. Pas étonnant que certains aient jeté l’éponge et abandonné leur projet ces dernières années.
Depuis avril 2010, les opérateurs croyaient avoir signé une trêve avec les syndicats à travers un accord conclu entre les différents partenaires sociaux (profession et représentants syndicaux) à Agadir. Une entente qui avait abouti après plusieurs réunions en coordination avec le ministère de l’Emploi et en présence des représentants du département de l’Agriculture.
A l’époque, les différentes parties s’étaient mises d’accord pour «adhérer au respect mutuel des droits, des libertés de travail et des normes de rendement et trouver une formule qui prend en considération les spécificités du secteur agricole pour une bonne gouvernance des relations professionnelles», est-il indiqué. L’objectif était d’aboutir à une convention de travail collective immédiatement après la publication du décret précisant les secteurs d’activité et les cas exceptionnels permettant d’établir des contrats à durée déterminée.
Les ministères de l’Emploi et de l’Agriculture ont été chargés d’élaborer ce projet de décret de saisonnalité du secteur agricole et le soumettre pour approbation au Secrétariat du gouvernement. Aujourd’hui, deux ans après, le dossier n’est toujours pas bouclé. Il serait actuellement en instance au ministère de l’Emploi. Les opérateurs confrontés à de nombreuses contraintes, telles que le froid, le gel et la sécheresse, sans oublier les charges de production de plus en plus importantes, continuent à appeler au dialogue et à l’intervention des institutionnels. «La situation sociale qui ne cesse de se dégrader conduira encore à la faillite d’autres exploitations agricoles et à la fermeture d’autres unités de production», avancent les représentants de la Fédération interprofessionnelle marocaine de production et d’exportation des fruits et légumes (FIFEL).
Dans un contexte marqué par la dégradation du commerce extérieur du Maroc, il est primordial de réagir au plus vite pour sauvegarder les acquis d’un secteur qui est incontestablement vital tant sur le plan national qu’international.
Leconomiste
11/01/2013
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