Comme peuvent le constater les lecteurs de journaux, les avis de presse faisant part d’appels d’offres infructueux sont, non seulement nombreux, mais quasi-quotidiens. Interrogé à l’occasion du 16e Salon Batimatec, un cadre du ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme, qui s’est penché sur cet épineux problème, estime à environ 15 000 les appels à la concurrence pour la réalisation de logements et équipements publics restés infructueux, faute d’entreprise répondant aux critères de sélection exigés.
Selon cette même source, le département des travaux publics subirait le même sort, notamment pour les projets routiers dont la maîtrise d’ouvrage est assurée par les communes et les wilayas. Cumulés, les appels d’offres infructueux relevant du secteur du BTP dépasseraient donc allégrement la vingtaine de milliers. C’est, en l’occurrence, un véritable scandale pour un pays qui a décidé d’asseoir son développement économique et social sur la commande publique et qui a mis pour la circonstance les moyens financiers requis.Ces milliers d’appels d’offres infructueux signifient autant de capitaux gelés, autant de logements, d’établissements éducatifs, d’hôpitaux, de routes départementales, d’adductions en eau potable, de réseaux d’égouts dont la réalisation est différée ou qui ne seront jamais réalisés en raison de budgets rongés par l’inflation. Les répercussions sont évidemment graves pour l’économie algérienne qui perd au minimum un point de croissance et l’occasion d’offrir de nombreux emplois.
Les pouvoirs publics concernés (ministères, wilayas) ne semblent pas mesurer la gravité du problème et n’ont, à notre connaissance, pris aucune mesure forte pour y pallier. Le discours officiel consiste généralement à culpabiliser les entrepreneurs privés, accusés de ne pas disposer des moyens matériels et de la qualification requis pour prendre sérieusement en charge les commandes publiques. Il n’est également pas rare que des ministres leur reprochent de ne vouloir travailler que dans le nord du pays et de soumissionner à des prix trop élevés.
Les maîtres d’ouvrage concernés savent pourtant très bien que le mal provient surtout de l’Administration publique avec son code des marchés trop rigide mais très permissif à la corruption, son mode de paiement bureaucratique et, bien entendu, toutes les malversations auxquelles s’adonnent certains fonctionnaires chargés de sélectionner les entreprises de construction.
Conscients du favoritisme qui règne dans les collectivités locales, de nombreux entrepreneurs ne prennent même plus la peine de répondre aux appels d’offres, convaincus que le choix ne sera jamais porté sur eux mais sur ceux qui disposent d’appuis au sein des administrations concernées.
«Une des raisons fondamentales de la prolifération des appels d’offres infructueux, nous apprend un cadre d’une OPGI de la wilaya d’Alger, se trouve dans les supports médiatiques qui sont imposés aux maîtres d’ouvrage. La publicité étant du ressort exclusif de l’ANEP, de nombreux appels d’offres publics sont publiés dans des journaux à très faible tirage que les entrepreneurs ont rarement l’occasion de lire.»
Exclure les entrepreneurs du droit à l’information est une astuce souvent utilisée par certains maîtres d’ouvrage pour écarter le maximum d’entrepreneurs de la compétition, le but étant de déclarer l’appel d’offre infructueux avec l’arrière-pensée de confier le projet à une entreprise préalablement ciblée, ajoute notre interlocuteur très au fait de ce type de pratique.
Pour ce qui est de la cherté des soumissions aux appels d’offres qui leur est souvent reprochée, un entrepreneur algérois l’explique par le blocage administratif des prix de la construction des logements sociaux depuis plus de dix ans, alors que les coûts des matériaux de construction et de la main-d’œuvre n’ont pas cessé d’augmenter. Soumissionner aux prix imposés reviendrait à se ruiner, tient à préciser notre interlocuteur.
De par l’ampleur qu’il a prise, le problème des appels d’offres infructueux mériterait d’être pris à bras-le-corps par les plus hautes autorités du pays, car les pertes financières et les dégâts causés à l’économie et à la société algérienne en général, sont énormes. Il faut être bien conscient qu’un appel d’offre qui n’aboutit pas, c’est un investissement qui ne se réalisera pas dans le temps imparti avec tous les dommages économiques et sociaux que cela implique.
Lorsqu’on ajoute à ces milliers d’investissements publics ajournés en raison d’appels d’offres infructueux, ceux autrement plus importants, qui sommeillent au Conseil national d’investissement (CNI) pour diverses raisons, les capitaux immobilisés pour toutes les raisons évoquées, dépasseraient allégrement 200 milliards de dinars. On se rend alors compte à quel point notre économie est mal gérée.
Nordine Grim- El Watan
Selon cette même source, le département des travaux publics subirait le même sort, notamment pour les projets routiers dont la maîtrise d’ouvrage est assurée par les communes et les wilayas. Cumulés, les appels d’offres infructueux relevant du secteur du BTP dépasseraient donc allégrement la vingtaine de milliers. C’est, en l’occurrence, un véritable scandale pour un pays qui a décidé d’asseoir son développement économique et social sur la commande publique et qui a mis pour la circonstance les moyens financiers requis.Ces milliers d’appels d’offres infructueux signifient autant de capitaux gelés, autant de logements, d’établissements éducatifs, d’hôpitaux, de routes départementales, d’adductions en eau potable, de réseaux d’égouts dont la réalisation est différée ou qui ne seront jamais réalisés en raison de budgets rongés par l’inflation. Les répercussions sont évidemment graves pour l’économie algérienne qui perd au minimum un point de croissance et l’occasion d’offrir de nombreux emplois.
Les pouvoirs publics concernés (ministères, wilayas) ne semblent pas mesurer la gravité du problème et n’ont, à notre connaissance, pris aucune mesure forte pour y pallier. Le discours officiel consiste généralement à culpabiliser les entrepreneurs privés, accusés de ne pas disposer des moyens matériels et de la qualification requis pour prendre sérieusement en charge les commandes publiques. Il n’est également pas rare que des ministres leur reprochent de ne vouloir travailler que dans le nord du pays et de soumissionner à des prix trop élevés.
Les maîtres d’ouvrage concernés savent pourtant très bien que le mal provient surtout de l’Administration publique avec son code des marchés trop rigide mais très permissif à la corruption, son mode de paiement bureaucratique et, bien entendu, toutes les malversations auxquelles s’adonnent certains fonctionnaires chargés de sélectionner les entreprises de construction.
Conscients du favoritisme qui règne dans les collectivités locales, de nombreux entrepreneurs ne prennent même plus la peine de répondre aux appels d’offres, convaincus que le choix ne sera jamais porté sur eux mais sur ceux qui disposent d’appuis au sein des administrations concernées.
«Une des raisons fondamentales de la prolifération des appels d’offres infructueux, nous apprend un cadre d’une OPGI de la wilaya d’Alger, se trouve dans les supports médiatiques qui sont imposés aux maîtres d’ouvrage. La publicité étant du ressort exclusif de l’ANEP, de nombreux appels d’offres publics sont publiés dans des journaux à très faible tirage que les entrepreneurs ont rarement l’occasion de lire.»
Exclure les entrepreneurs du droit à l’information est une astuce souvent utilisée par certains maîtres d’ouvrage pour écarter le maximum d’entrepreneurs de la compétition, le but étant de déclarer l’appel d’offre infructueux avec l’arrière-pensée de confier le projet à une entreprise préalablement ciblée, ajoute notre interlocuteur très au fait de ce type de pratique.
Pour ce qui est de la cherté des soumissions aux appels d’offres qui leur est souvent reprochée, un entrepreneur algérois l’explique par le blocage administratif des prix de la construction des logements sociaux depuis plus de dix ans, alors que les coûts des matériaux de construction et de la main-d’œuvre n’ont pas cessé d’augmenter. Soumissionner aux prix imposés reviendrait à se ruiner, tient à préciser notre interlocuteur.
De par l’ampleur qu’il a prise, le problème des appels d’offres infructueux mériterait d’être pris à bras-le-corps par les plus hautes autorités du pays, car les pertes financières et les dégâts causés à l’économie et à la société algérienne en général, sont énormes. Il faut être bien conscient qu’un appel d’offre qui n’aboutit pas, c’est un investissement qui ne se réalisera pas dans le temps imparti avec tous les dommages économiques et sociaux que cela implique.
Lorsqu’on ajoute à ces milliers d’investissements publics ajournés en raison d’appels d’offres infructueux, ceux autrement plus importants, qui sommeillent au Conseil national d’investissement (CNI) pour diverses raisons, les capitaux immobilisés pour toutes les raisons évoquées, dépasseraient allégrement 200 milliards de dinars. On se rend alors compte à quel point notre économie est mal gérée.
Nordine Grim- El Watan
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