Smaïl Chikhoune est président du conseil d’affaires algéro-américain et cofondateur de l’Association internationale de la diaspora algérienne (AIDA).

-L’apport de cette diaspora algérienne au développement du pays reste peu visible. Pourquoi ?
C’est d’abord parce que cette diaspora est très dispersée dans le monde et jusque- là elle n’était pas organisée. Actuellement, il y a entre 5 et 7 millions d’Algériens qui sont en dehors d’Algérie. Ils sont davantage concentrés en France où il y a 3 à 4 millions d’Algériens. Mais, cette communauté est très dispersée, même s’il y a des microorganisations, des associations qui existent un peu partout. Il n’y a jamais eu une organisation qui puisse rassembler tout ce monde. C’est pour cela que l’idée de créer AIDA a vu le jour. Nous avons enregistré cette association qui est à but non lucratif, à Genève, où il y a les principales organisations internationales.
Depuis un an qu’elle existe, nous avons engagé des contacts avec les membres de la diaspora dans plusieurs pays puisque nous avons organisé des rencontres en France (Paris, Lyon et Marseille), nous étions aussi à Londres et aux Etats-Unis (San Francisco, Los Angeles, New York, Washington) et nous aurons une rencontre à Dubaï et à Singapour. Nous sommes en train de mettre en place une organisation et une plate-forme électronique. Quant on rassemblera tout le monde, on pourra avoir une base de données pour savoir qui fait quoi. Nous recensons par spécialité (médecins, ingénieurs, professeurs, etc.) et par corps de métier (plombiers, électriciens, etc.). Nous avons déjà des milliers d’adhérents.
-Avez-vous une idée sur leur composante?
Nous avons été très étonnés vu le nombre de chefs d’entreprise et de managers que nous avons recensés. Il y a plus de 200 000 chefs d’entreprise qui génèrent un chiffre d’affaires de plus 100 milliards d’euros. Cela sans compter la part de ceux qui ont une valeur ajoutée indirecte, comme les professeurs d’université. L’Algérie a tout à gagner, ne serait-ce qu’en copiant en la matière les expériences des autres pays (Chine, Inde,… BRICS.) qui ont fait appel à leur diaspora. Dans ce cadre, l’action d’AIDA a deux axes : le premier est intra-diaspora dirigé vers l’entraide entre les membres de la communauté elle-même. Le second concerne la contribution à l’économie algérienne. Tous les membres de la communauté veulent le faire, mais nous allons agir d’une manière organisée, par secteur d’activité, par expertise (prof d’université, ingénieur, etc.), ensuite, nous discuterons avec le gouvernement algérien.
-Justement qu’est-ce que vous attendez des pouvoirs publics algériens ?
En tant que diaspora, on veut être un interlocuteur des pouvoirs publics algériens qui doivent également s’organiser en créant une agence interministérielle où il y aura les ministères des affaires étrangères, de l’enseignement supérieur, du travail, de l’industrie, etc. Jusque-là tout est dispersé. C’est vrai qu’il y a un ministère qui s’occupe de la communauté à l’étranger, mais il gère beaucoup plus les aspects administratifs qu’autre chose. Ils ne se sont jamais concentrés sur la sensibilisation ou le recensement de la diaspora par spécialité par exemple.
C’est à partir de la création de cette agence qu’on pourra définir une feuille de route en fonction des besoins immédiats et ensuite à moyen et long terme. Mais il faut une vision lointaine, car c’est cela qui manque. Nous comptons nous adresser aux pouvoirs publics à travers cette agence et avec des réunions programmées mensuellement au cours desquelles nous pourrons proposer, par spécialités et secteurs, des gens qui sont capables d’apporter leur contribution à distance et ceux qui viendraient directement en Algérie, en tant que coachs, mentors pour aider par exemple les jeunes promoteurs de l’ANSEJ à pérenniser leurs entreprises.
Mais quand la compétence algérienne viendra, il faudra qu’elle soit payée. Si aujourd’hui, on donne à un jeune dans le cadre de l’ANSEJ l’équivalent de 100 000 euros, je serais d’avis qu’on lui donne 85 000 euros plutôt et réserver les 15 000 euros à un membre de la diaspora qui viendrait l’encadrer et l’accompagner jusqu’à ce que sa compagnie devienne pérenne et qu’elle soit capable de créer de l’emploi.
-Pensez-vous qu’aujourd’hui en Algérie, à compétences égales, on privilégie l’expert étranger ?
Bien sûr. Aujourd’hui, les grands leaders dans la Silicon Valley sont d’origine algérienne. Ce sont les grands managers chez Cisco, HP, Intel et de toutes les grosses boîtes de High Tech. Il y a aussi une compétence nationale, sauf qu’elle ne trouve pas les conditions socioéconomiques pour exceller. Vous prenez n’importe quel jeune diplômé algérien, dès qu’il arrive en Europe ou aux Etats-Unis, il excelle parce ce qu’il trouve un environnement favorable.
En Algérie, il y a des lois qui doivent changer. Car aujourd’hui, s’il y a une compagnie américaine qui gagne un projet en Algérie, si l’un des experts de cette compagnie est un Américain d’origine algérienne et qu’il doive travailler en Algérie, il sera rétribué en dinars, alors qu’un expert d’origine américaine sera payé en dollars. C’est une aberration. Par ailleurs, quant on privilégie une compagnie étrangère en Algérie, la première chose qu’elle fait c’est d’aller chercher du côté de la diaspora algérienne parce qu’elle recèle des gens qui connaissent la culture du pays et en plus ont l’expertise nécessaire. C’est terrible que ce soit le pays d’accueil qui aille recruter la diaspora pour travailler dans son pays d’origine.
-Quid des Algériens venus investir en Algérie ?
J’ai approché la diaspora algérienne aux Etats-Unis, à commencer par celle qui opère dans la Silicon Valley et nous avons pensé qu’il était temps d’aller voir comment on peu aider l’Algérie. On a commencé par créer l’Algerian Start Up Initiative (ASI) avec l’idée de trouver dans les universités algériennes des nouveaux diplômés qu’on pourrait aider à créer un business plan et qu’on accompagnerait avec un incubateur pour développer des start-up. Pour les financer, nous avons pensé à créer un fonds d’investissement, le Casbah Business Angel, qui sélectionne les meilleures idées et accompagne leurs jeunes porteurs à travers un investissement. La dernière rencontre a eu lieu le 10 juin à Alger et trois jeunes porteurs de projets extraordinaires ont été repérés. Ils seront accompagnés pour qu’ils se développent et deviennent une start-up.
Par ailleurs, il y a un programme entre le gouvernement algérien et les Américains sur le pôle biotechnologique. L’ambition de l’Algérie est de créer à l’horizon 2020 le 4e pôle biotechnologique dans le monde (après ceux de Boston, Dublin et Singapour). Dans ce projet, ce sont toutes les compagnies leaders de la biotechnologie dans le monde qui prennent part. Nous avons intégré aussi les gens de la diaspora et nous recensons toutes les compétences qui sont en Algérie et susceptibles d’y participer. L’Algérie n’a pas d’autres choix que de travailler aves sa diaspora pour qu’un jour on soit productifs et que les jeunes soient poussés à l’excellence, capables de créer leur propres entreprises.
-Quelle est la part de la diaspora capable d’apporter quelque chose à l’économie algérienne ?
Cela dépend des régions. Si on prend les Etats-Unis, où l’Algérie avait tradition d’envoyer des étudiants, sur les 30 000 personnes composant la communauté algérienne, il y a plus de 20 000 chefs d’entreprise, managers, professeurs d’université, etc. D’une manière globale, je pense qu’il y parmi la communauté algérienne à l’étranger 30 à 40 % de personnes très compétentes et très expertes. Le reste a de l’expertise dans des corps de métiers et ceux-là aussi, on va les recenser et travailler avec eux également.
Safia Berkouk - ELWATAN

-L’apport de cette diaspora algérienne au développement du pays reste peu visible. Pourquoi ?
C’est d’abord parce que cette diaspora est très dispersée dans le monde et jusque- là elle n’était pas organisée. Actuellement, il y a entre 5 et 7 millions d’Algériens qui sont en dehors d’Algérie. Ils sont davantage concentrés en France où il y a 3 à 4 millions d’Algériens. Mais, cette communauté est très dispersée, même s’il y a des microorganisations, des associations qui existent un peu partout. Il n’y a jamais eu une organisation qui puisse rassembler tout ce monde. C’est pour cela que l’idée de créer AIDA a vu le jour. Nous avons enregistré cette association qui est à but non lucratif, à Genève, où il y a les principales organisations internationales.
Depuis un an qu’elle existe, nous avons engagé des contacts avec les membres de la diaspora dans plusieurs pays puisque nous avons organisé des rencontres en France (Paris, Lyon et Marseille), nous étions aussi à Londres et aux Etats-Unis (San Francisco, Los Angeles, New York, Washington) et nous aurons une rencontre à Dubaï et à Singapour. Nous sommes en train de mettre en place une organisation et une plate-forme électronique. Quant on rassemblera tout le monde, on pourra avoir une base de données pour savoir qui fait quoi. Nous recensons par spécialité (médecins, ingénieurs, professeurs, etc.) et par corps de métier (plombiers, électriciens, etc.). Nous avons déjà des milliers d’adhérents.
-Avez-vous une idée sur leur composante?
Nous avons été très étonnés vu le nombre de chefs d’entreprise et de managers que nous avons recensés. Il y a plus de 200 000 chefs d’entreprise qui génèrent un chiffre d’affaires de plus 100 milliards d’euros. Cela sans compter la part de ceux qui ont une valeur ajoutée indirecte, comme les professeurs d’université. L’Algérie a tout à gagner, ne serait-ce qu’en copiant en la matière les expériences des autres pays (Chine, Inde,… BRICS.) qui ont fait appel à leur diaspora. Dans ce cadre, l’action d’AIDA a deux axes : le premier est intra-diaspora dirigé vers l’entraide entre les membres de la communauté elle-même. Le second concerne la contribution à l’économie algérienne. Tous les membres de la communauté veulent le faire, mais nous allons agir d’une manière organisée, par secteur d’activité, par expertise (prof d’université, ingénieur, etc.), ensuite, nous discuterons avec le gouvernement algérien.
-Justement qu’est-ce que vous attendez des pouvoirs publics algériens ?
En tant que diaspora, on veut être un interlocuteur des pouvoirs publics algériens qui doivent également s’organiser en créant une agence interministérielle où il y aura les ministères des affaires étrangères, de l’enseignement supérieur, du travail, de l’industrie, etc. Jusque-là tout est dispersé. C’est vrai qu’il y a un ministère qui s’occupe de la communauté à l’étranger, mais il gère beaucoup plus les aspects administratifs qu’autre chose. Ils ne se sont jamais concentrés sur la sensibilisation ou le recensement de la diaspora par spécialité par exemple.
C’est à partir de la création de cette agence qu’on pourra définir une feuille de route en fonction des besoins immédiats et ensuite à moyen et long terme. Mais il faut une vision lointaine, car c’est cela qui manque. Nous comptons nous adresser aux pouvoirs publics à travers cette agence et avec des réunions programmées mensuellement au cours desquelles nous pourrons proposer, par spécialités et secteurs, des gens qui sont capables d’apporter leur contribution à distance et ceux qui viendraient directement en Algérie, en tant que coachs, mentors pour aider par exemple les jeunes promoteurs de l’ANSEJ à pérenniser leurs entreprises.
Mais quand la compétence algérienne viendra, il faudra qu’elle soit payée. Si aujourd’hui, on donne à un jeune dans le cadre de l’ANSEJ l’équivalent de 100 000 euros, je serais d’avis qu’on lui donne 85 000 euros plutôt et réserver les 15 000 euros à un membre de la diaspora qui viendrait l’encadrer et l’accompagner jusqu’à ce que sa compagnie devienne pérenne et qu’elle soit capable de créer de l’emploi.
-Pensez-vous qu’aujourd’hui en Algérie, à compétences égales, on privilégie l’expert étranger ?
Bien sûr. Aujourd’hui, les grands leaders dans la Silicon Valley sont d’origine algérienne. Ce sont les grands managers chez Cisco, HP, Intel et de toutes les grosses boîtes de High Tech. Il y a aussi une compétence nationale, sauf qu’elle ne trouve pas les conditions socioéconomiques pour exceller. Vous prenez n’importe quel jeune diplômé algérien, dès qu’il arrive en Europe ou aux Etats-Unis, il excelle parce ce qu’il trouve un environnement favorable.
En Algérie, il y a des lois qui doivent changer. Car aujourd’hui, s’il y a une compagnie américaine qui gagne un projet en Algérie, si l’un des experts de cette compagnie est un Américain d’origine algérienne et qu’il doive travailler en Algérie, il sera rétribué en dinars, alors qu’un expert d’origine américaine sera payé en dollars. C’est une aberration. Par ailleurs, quant on privilégie une compagnie étrangère en Algérie, la première chose qu’elle fait c’est d’aller chercher du côté de la diaspora algérienne parce qu’elle recèle des gens qui connaissent la culture du pays et en plus ont l’expertise nécessaire. C’est terrible que ce soit le pays d’accueil qui aille recruter la diaspora pour travailler dans son pays d’origine.
-Quid des Algériens venus investir en Algérie ?
J’ai approché la diaspora algérienne aux Etats-Unis, à commencer par celle qui opère dans la Silicon Valley et nous avons pensé qu’il était temps d’aller voir comment on peu aider l’Algérie. On a commencé par créer l’Algerian Start Up Initiative (ASI) avec l’idée de trouver dans les universités algériennes des nouveaux diplômés qu’on pourrait aider à créer un business plan et qu’on accompagnerait avec un incubateur pour développer des start-up. Pour les financer, nous avons pensé à créer un fonds d’investissement, le Casbah Business Angel, qui sélectionne les meilleures idées et accompagne leurs jeunes porteurs à travers un investissement. La dernière rencontre a eu lieu le 10 juin à Alger et trois jeunes porteurs de projets extraordinaires ont été repérés. Ils seront accompagnés pour qu’ils se développent et deviennent une start-up.
Par ailleurs, il y a un programme entre le gouvernement algérien et les Américains sur le pôle biotechnologique. L’ambition de l’Algérie est de créer à l’horizon 2020 le 4e pôle biotechnologique dans le monde (après ceux de Boston, Dublin et Singapour). Dans ce projet, ce sont toutes les compagnies leaders de la biotechnologie dans le monde qui prennent part. Nous avons intégré aussi les gens de la diaspora et nous recensons toutes les compétences qui sont en Algérie et susceptibles d’y participer. L’Algérie n’a pas d’autres choix que de travailler aves sa diaspora pour qu’un jour on soit productifs et que les jeunes soient poussés à l’excellence, capables de créer leur propres entreprises.
-Quelle est la part de la diaspora capable d’apporter quelque chose à l’économie algérienne ?
Cela dépend des régions. Si on prend les Etats-Unis, où l’Algérie avait tradition d’envoyer des étudiants, sur les 30 000 personnes composant la communauté algérienne, il y a plus de 20 000 chefs d’entreprise, managers, professeurs d’université, etc. D’une manière globale, je pense qu’il y parmi la communauté algérienne à l’étranger 30 à 40 % de personnes très compétentes et très expertes. Le reste a de l’expertise dans des corps de métiers et ceux-là aussi, on va les recenser et travailler avec eux également.
Safia Berkouk - ELWATAN
Commentaire