Détroit s’est déclarée en faillite jeudi soir. Pour payer ses dettes, la ville n’exclut pas de revoir les contrats des employés municipaux, de céder des actifs et de vendre notamment les toiles de maître dans ses musées. Van Gogh, Degas, Caravage, Matisse au secours de la plus grande faillite de l’histoire des Etats-Unis.
La procédure va permettre à la ville de liquider les actifs et éponger sa dette.
La ville de Détroit s’est déclarée en faillite jeudi soir, donnant lieu à la plus grosse faillite de municipalité jamais prononcée aux Etats-Unis. Les villes de New York et de Cleveland avaient également frôlé la faillite dans les années 1970, mais étaient parvenus à y échapper in extremis.
A Détroit, un gestionnaire de crise, Kevyn Orr, avait été récemment nommé pour se substituer au maire et au conseil municipal. C’est lui qui a demandé au juge fédéral la permission de placer la ville sous la protection du « chapter 9 », équivalent au « chapter 11 » pour les entreprises. La procédure va lui permettre de liquider les actifs de la ville et éponger sa dette, estimée à 18 milliards de dollars. La ville peine à lever l’impôt : elle qui fut longtemps la quatrième plus grande ville des Etats-Unis –et le fleuron de l’industrie automobile- a perdu le quart de sa population en dix ans. Elle ne compte plus que 700.000 habitants aujourd’hui, contre 1,8 million dans les années 1950.
Rien n’est tabou
Le gestionnaire de crise n’exclut aucune option pour redresser les comptes. Il dispose de pouvoirs étendus, dont celui de revoir les contrats des employés de la ville et de céder des actifs. Il a sous-entendu qu’il pourrait vendre la collection du musée d’art pour honorer les dettes. Rien n’est tabou à ses yeux : « Cette collection de tableaux représente l’un des actifs de la ville. Il est de notre responsabilité de le rationaliser et de connaître sa valeur. Tout est sur la table », indiquait récemment son porte-parole, Bill Nowling. Selon lui, les créanciers de la ville peuvent même très bien réclamer la vente de ces tableaux devant les tribunaux.
Le Detroit Institute of Arts n’est pas n’importe quel musée : considéré comme l’un des plus riches des Etats-Unis, il détient une collection estimée à plusieurs milliards de dollars. Fondé en 1885, il s’agit du premier établissement américain à avoir acquis une oeuvre de Vincent Van Gogh - l’un de ses autoportraits. Il possède aussi des Degas, des Caravage, des Matisse et des fresques monumentales de Diego Rivera. Les ventes de tableaux sont déjà pratiquées par de nombreux musées, y compris en France. Mais, à ce stade, elles reviennent surtout à céder des oeuvres mineures pour en acquérir de plus belles. La ville de Detroit créerait donc un vrai précédent.
Écrit par Lucie ROBEQUAIN
Correspondante à New York
La procédure va permettre à la ville de liquider les actifs et éponger sa dette.
La ville de Détroit s’est déclarée en faillite jeudi soir, donnant lieu à la plus grosse faillite de municipalité jamais prononcée aux Etats-Unis. Les villes de New York et de Cleveland avaient également frôlé la faillite dans les années 1970, mais étaient parvenus à y échapper in extremis.
A Détroit, un gestionnaire de crise, Kevyn Orr, avait été récemment nommé pour se substituer au maire et au conseil municipal. C’est lui qui a demandé au juge fédéral la permission de placer la ville sous la protection du « chapter 9 », équivalent au « chapter 11 » pour les entreprises. La procédure va lui permettre de liquider les actifs de la ville et éponger sa dette, estimée à 18 milliards de dollars. La ville peine à lever l’impôt : elle qui fut longtemps la quatrième plus grande ville des Etats-Unis –et le fleuron de l’industrie automobile- a perdu le quart de sa population en dix ans. Elle ne compte plus que 700.000 habitants aujourd’hui, contre 1,8 million dans les années 1950.
Rien n’est tabou
Le gestionnaire de crise n’exclut aucune option pour redresser les comptes. Il dispose de pouvoirs étendus, dont celui de revoir les contrats des employés de la ville et de céder des actifs. Il a sous-entendu qu’il pourrait vendre la collection du musée d’art pour honorer les dettes. Rien n’est tabou à ses yeux : « Cette collection de tableaux représente l’un des actifs de la ville. Il est de notre responsabilité de le rationaliser et de connaître sa valeur. Tout est sur la table », indiquait récemment son porte-parole, Bill Nowling. Selon lui, les créanciers de la ville peuvent même très bien réclamer la vente de ces tableaux devant les tribunaux.
Le Detroit Institute of Arts n’est pas n’importe quel musée : considéré comme l’un des plus riches des Etats-Unis, il détient une collection estimée à plusieurs milliards de dollars. Fondé en 1885, il s’agit du premier établissement américain à avoir acquis une oeuvre de Vincent Van Gogh - l’un de ses autoportraits. Il possède aussi des Degas, des Caravage, des Matisse et des fresques monumentales de Diego Rivera. Les ventes de tableaux sont déjà pratiquées par de nombreux musées, y compris en France. Mais, à ce stade, elles reviennent surtout à céder des oeuvres mineures pour en acquérir de plus belles. La ville de Detroit créerait donc un vrai précédent.
Écrit par Lucie ROBEQUAIN
Correspondante à New York
Commentaire