Autoroute Est-Ouest, logements, Grande Mosquée d’Alger, Silos de Corso, stades de Tizi-Ouzou et Baraki-
Vrais problèmes, fausses solutions (1re partie)
Pr Abdelkrim Chelghoum (*)
Avant d’entrer dans le vif du sujet, je souhaite simplement rappeler quelques fondamentaux concernant l’état des lieux des carences majeures des grands projets dits du «siècle» sur les plans de l’organisation, de la conception, de la sécurité, du pilotage et du coût ; il faut dire que tous ces aspects ont été clairement identifiés, analysés et discutés dans mes diverses contributions parues antérieurement dans le quotidien national Le Soir d’Algérie pour ne citer que celle du 2 février 2014 sous le n°7 091, intitulée «Les véritables raisons de l’effondrement du tunnel de Djebel El-Ouahch», celle du 13 mars 2014 sous le n°7125, intitulée «Ces catastrophes en cascade qui touchent l’autoroute», puis celle du 15 juin 2014 sous le n°7203, intitulée «Viaduc TransRummel de Constantine : des carences majeures» et enfin celle du 9 avril 2014 sous le n°7148, intitulée «Réalisation de 3 millions de logements. Avril 1999-avril 2014 ou l’impossible équation». En effet, au cours de chacune de ces interventions, l’attention des pouvoirs publics a toujours été attirée sur la faiblesse des procédures de gestion et de contrôle et surtout l’absence de rationalité dans le processus global de suivi des constructions dans les secteurs de l’habitat, des travaux publics, de l’hydraulique et de l’énergie et que cet état de fait pouvait comporter, sans nul doute, une dangerosité pour la sécurité et la durabilité du bâti, d’une part, et engendrer des pertes financières considérables à l’économie nationale, d’autre part. Aussi, il serait encore une fois tout à fait judicieux et légitime de reposer la problématique de la stratégie (s’il en existe une) suivie par les pouvoirs publics dans la planification, la maturation et la coordination des projets de grande importance. De ces questionnements et des réserves émises dans le cas de chaque ouvrage, la réponse des principaux décideurs s’est toujours limitée au triptyque «refus de débat-immobilisme-statu quo» qui s’illustre parfaitement dans cette phrase chère à un ministre de cette République : «La caravane passe et les chiens aboient.»
Je tiens aussi à tranquilliser un des mes amis intimes que mes écrits ne sont ni excessifs, ni alarmistes, ni défaitistes, ils n’exposent qu’un point vue réaliste face à une gouvernance «têtue» et à des décisions d’ordre politique menée tambour battant sans «gouvernail» et source d’une casse généralisée aux conséquences incommensurables.
Encore une fois, les dernières décisions engageant la crédibilité de ce pays, prises par le gouvernement de façon unilatérale, toujours dans la précipitation, en l’absence de tout débat contradictoire, démontrent clairement l’inexistence absolue d’une quelconque stratégie de gestion des grands projets de construction dont le coût prohibitif affecte directement le très fragile développement du pays et surtout son impact direct à court terme sur le Trésor public (alimenté à 98% par l’exploitation du gaz de Tiguentourine et le pétrole des Hassi, ressources non renouvelables et sujettes à fluctuation en matière de prix) compte tenu aujourd’hui de la situation défavorable engendrée par la dégringolade des cours du baril sur les marchés internationaux et ce qui devrait, en toute logique, interpeller ces messieurs en charge de la sécurité nationale. Il faut dire que le gaspillage tous azimuts de centaines de milliards de dollars US depuis 1999 sur ces projets phares aléatoires basés sur l’improvisation qui de plus ne répondent à aucun des critères minimaux de l’acte de bâtir tels que la qualité, l’esthétique, le respect des normes, la fonctionnalité, les délais d’exécution et la sécurité, nous interpelle sur le plan technique en raison des sinistres enregistrés quotidiennement au cours de leur réalisation mais surtout après leur mise en service avec les multiples opérations de reprise en sous-œuvre sous forme de bricolage et de bâclage par de faux professionnels et des tâcherons érigés en groupes, ce qui a entraîné indéniablement des surcoûts exorbitants uniques au monde. Voilà pourquoi la présente contribution s’attachera à diagnostiquer l’état de santé de ces projets et surtout à évaluer très brièvement l’impact des dernières décisions de ce gouvernement concernant la résiliation du contrat avec le groupement Coojal, le contournement de Djebel El Ouahch après la catastrophe structurale du premier janvier 2014, la nouvelle stratégie gouvernementale adoptée pour la modernisation et la production de logements, un questionnement sur l’état d’avancement des chantiers concernant les stades de Tizi Ouzou et de Baraki, le nouveau pilotage du chantier de la grande mosquée, le dossier relatif au confortement du complexe agroalimentaire de Corso (wilaya de Boumerdès) abritant cinq batteries de silos stratégiques, projet abandonné par les pouvoirs publics depuis 2004, et ce, malgré l’existence d’un dossier technique complet dûment approuvé par les organes de contrôle. Je ferais également une brève incursion en donnant un avis sur la stratégie gouvernementale relative à l’exploitation du gaz de schiste, ainsi que sur l’énigmatique décision prise en Conseil des ministres officialisant le gré à gré dans la passation des marchés publics. Il faut dire que cette démarche managériale qui occulte «toute l’action de correction par priorité à la source» reste basée essentiellement sur la sous-traitance des gros contrats à tout bout de champ aux entreprises étrangères sans qualifications avérées et le refus «pavlovien» de faire appel à toute expertise nationale. Ce qui a engendré la situation chaotique que connaît le pays au jour d’aujourd’hui avec la perte sèche de milliards de dollars sans valeur ajoutée sur les plans social, économique urbanistique et éducationnnel, d’une part, et surtout le grave préjudice porté aux experts et professionnels nationaux de l’acte de construire, d’autre part.
Vrais problèmes, fausses solutions (1re partie)
Pr Abdelkrim Chelghoum (*)
Avant d’entrer dans le vif du sujet, je souhaite simplement rappeler quelques fondamentaux concernant l’état des lieux des carences majeures des grands projets dits du «siècle» sur les plans de l’organisation, de la conception, de la sécurité, du pilotage et du coût ; il faut dire que tous ces aspects ont été clairement identifiés, analysés et discutés dans mes diverses contributions parues antérieurement dans le quotidien national Le Soir d’Algérie pour ne citer que celle du 2 février 2014 sous le n°7 091, intitulée «Les véritables raisons de l’effondrement du tunnel de Djebel El-Ouahch», celle du 13 mars 2014 sous le n°7125, intitulée «Ces catastrophes en cascade qui touchent l’autoroute», puis celle du 15 juin 2014 sous le n°7203, intitulée «Viaduc TransRummel de Constantine : des carences majeures» et enfin celle du 9 avril 2014 sous le n°7148, intitulée «Réalisation de 3 millions de logements. Avril 1999-avril 2014 ou l’impossible équation». En effet, au cours de chacune de ces interventions, l’attention des pouvoirs publics a toujours été attirée sur la faiblesse des procédures de gestion et de contrôle et surtout l’absence de rationalité dans le processus global de suivi des constructions dans les secteurs de l’habitat, des travaux publics, de l’hydraulique et de l’énergie et que cet état de fait pouvait comporter, sans nul doute, une dangerosité pour la sécurité et la durabilité du bâti, d’une part, et engendrer des pertes financières considérables à l’économie nationale, d’autre part. Aussi, il serait encore une fois tout à fait judicieux et légitime de reposer la problématique de la stratégie (s’il en existe une) suivie par les pouvoirs publics dans la planification, la maturation et la coordination des projets de grande importance. De ces questionnements et des réserves émises dans le cas de chaque ouvrage, la réponse des principaux décideurs s’est toujours limitée au triptyque «refus de débat-immobilisme-statu quo» qui s’illustre parfaitement dans cette phrase chère à un ministre de cette République : «La caravane passe et les chiens aboient.»
Je tiens aussi à tranquilliser un des mes amis intimes que mes écrits ne sont ni excessifs, ni alarmistes, ni défaitistes, ils n’exposent qu’un point vue réaliste face à une gouvernance «têtue» et à des décisions d’ordre politique menée tambour battant sans «gouvernail» et source d’une casse généralisée aux conséquences incommensurables.
Encore une fois, les dernières décisions engageant la crédibilité de ce pays, prises par le gouvernement de façon unilatérale, toujours dans la précipitation, en l’absence de tout débat contradictoire, démontrent clairement l’inexistence absolue d’une quelconque stratégie de gestion des grands projets de construction dont le coût prohibitif affecte directement le très fragile développement du pays et surtout son impact direct à court terme sur le Trésor public (alimenté à 98% par l’exploitation du gaz de Tiguentourine et le pétrole des Hassi, ressources non renouvelables et sujettes à fluctuation en matière de prix) compte tenu aujourd’hui de la situation défavorable engendrée par la dégringolade des cours du baril sur les marchés internationaux et ce qui devrait, en toute logique, interpeller ces messieurs en charge de la sécurité nationale. Il faut dire que le gaspillage tous azimuts de centaines de milliards de dollars US depuis 1999 sur ces projets phares aléatoires basés sur l’improvisation qui de plus ne répondent à aucun des critères minimaux de l’acte de bâtir tels que la qualité, l’esthétique, le respect des normes, la fonctionnalité, les délais d’exécution et la sécurité, nous interpelle sur le plan technique en raison des sinistres enregistrés quotidiennement au cours de leur réalisation mais surtout après leur mise en service avec les multiples opérations de reprise en sous-œuvre sous forme de bricolage et de bâclage par de faux professionnels et des tâcherons érigés en groupes, ce qui a entraîné indéniablement des surcoûts exorbitants uniques au monde. Voilà pourquoi la présente contribution s’attachera à diagnostiquer l’état de santé de ces projets et surtout à évaluer très brièvement l’impact des dernières décisions de ce gouvernement concernant la résiliation du contrat avec le groupement Coojal, le contournement de Djebel El Ouahch après la catastrophe structurale du premier janvier 2014, la nouvelle stratégie gouvernementale adoptée pour la modernisation et la production de logements, un questionnement sur l’état d’avancement des chantiers concernant les stades de Tizi Ouzou et de Baraki, le nouveau pilotage du chantier de la grande mosquée, le dossier relatif au confortement du complexe agroalimentaire de Corso (wilaya de Boumerdès) abritant cinq batteries de silos stratégiques, projet abandonné par les pouvoirs publics depuis 2004, et ce, malgré l’existence d’un dossier technique complet dûment approuvé par les organes de contrôle. Je ferais également une brève incursion en donnant un avis sur la stratégie gouvernementale relative à l’exploitation du gaz de schiste, ainsi que sur l’énigmatique décision prise en Conseil des ministres officialisant le gré à gré dans la passation des marchés publics. Il faut dire que cette démarche managériale qui occulte «toute l’action de correction par priorité à la source» reste basée essentiellement sur la sous-traitance des gros contrats à tout bout de champ aux entreprises étrangères sans qualifications avérées et le refus «pavlovien» de faire appel à toute expertise nationale. Ce qui a engendré la situation chaotique que connaît le pays au jour d’aujourd’hui avec la perte sèche de milliards de dollars sans valeur ajoutée sur les plans social, économique urbanistique et éducationnnel, d’une part, et surtout le grave préjudice porté aux experts et professionnels nationaux de l’acte de construire, d’autre part.
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