Pour l’Algérie, le moment est propice d’engager des réformes de la politique monétaire pour exploiter un potentiel économique considérable avec une mise en valeur des compétences et des ressources humaines, et recueillir les bénéfices d’une mondialisation et d’une intégration accrues.
La nécessité de l’intégration de l’économie algérienne dans le cadre de la globalisation, l’attraction de l’investissement scientifique et productif, l’amélioration de la productivité, la lutte contre la fuite des cerveaux nationaux ou l’attirance des compétences étrangères offrent à l’Algérie autant de réflexions à saisir. Toutefois, les bénéfices escomptés ne se concrétiseront que si ce pays se montre capable d’améliorer les réformes macro-économiques et structurelles qui doivent être ambitieuses. Autrement dit, la véritable action gouvernementale algérienne devait toucher, entre autres, avec beaucoup plus de concrétisation, l’activité productive et le niveau de vie de la ressource humaine compétente.
Sur le plan des défis à relever, les priorités sont claires sur le plan intérieur. Comme le reconnaissent en général les experts en politique, les réformes doivent privilégier des mesures structurelles visant à améliorer la faculté d’adaptation des appareils productifs afin d’assurer une croissance durable, la création d’emplois, la valorisation du pouvoir d’achat et le développement... Mais l’efficacité de telles dispositions suppose qu’elles soient étayées par un ensemble cohérent de mesures de stabilisation macro-économique, et notamment par une politique monétaire et budgétaire appropriée.
Dans une économie de plus en plus mondialisée, les instruments directs et indirects de politique monétaire font preuve en effet d’une plus grande efficacité. Généralement, il y a deux moyens de mettre en oeuvre une politique monétaire : directement, en usant de ses pouvoirs de réglementation, ou indirectement, par l’influence qu’elle exerce sur le marché en sa qualité d’émetteur de monnaie centrale (monnaie en circulation et soldes des comptes auprès de la banque centrale). Le terme direct fait référence ici à la correspondance univoque entre un instrument (plafond de crédit, par exemple) et un objectif (dans ce cas, le crédit intérieur). Les instruments directs fixent ou limitent les prix (taux d’intérêts) ou les quantités (crédit) par voie réglementaire, alors que les instruments indirects agissent par l’intermédiaire du marché en influant sur l’offre et la demande de monnaie centrale. On peut constater dans le recours accru aux instruments directs et indirects de politique monétaire la contrepartie, dans le domaine monétaire, du large mouvement visant à renforcer le rôle des signaux de prix dans l’économie en général et à orienter la valeur de la monnaie.
Ces évolutions ont pour objectif d’assurer un fonctionnement plus efficace du marché. En outre, l’adoption surtout des instruments indirects se fait dans le cadre d’économies toujours plus ouvertes, ainsi qu’en témoignent le passage d’un nombre grandissant de pays à la convertibilité aux fins des transactions courantes et le progrès vers la convertibilité totale des monnaies. A ce propos, il est nécessaire de dire que les conditions pour une convertibilité totale de la monnaie en Algérie ne sont pas encore réunies et qu’il faut essayer toutes les stratégies nécessaires pour les atteindre. En effet, l’enjeu est de créer les conditions législatives et économiques à une convertibilité programmée du dinar avec une possible revue à la hausse de la valeur du dinar. La mise en oeuvre de ces deux derniers points permettra, sans aucun doute, de rendre le système monétaire et financier stable et d’attirer la ressource humaine compétente nationale ou étrangère.
En général, la politique monétaire orthodoxe, appliquée dans le cadre des réformes structurelles, s’appuie sur une planification financière rigoureuse consistant à fixer un plafond à l’expansion de la masse monétaire et visant directement la limitation de l’expansion du crédit intérieur. En effet, l’objectif recherché est de faire hausser les réserves de changes aux fins de soutien à la valeur externe de la monnaie et de viabilité de la balance des paiements. A ce titre, des analystes et théoriciens n’hésitent pas à qualifier les politiques monétaire et budgétaire orthodoxes comme de simples mesures d’accompagnement de la dévaluation pour souligner son importance sur le double plan doctrinal et stratégique. Sur le plan doctrinal, le taux de change apparaît de plus en plus comme le prix des prix (il constitue pour la vision orthodoxe un indice d’allocation planétaire des ressources). Sur le plan stratégique, il joue le rôle d’un prix directeur dans une économie dépendante de l’extérieur (sa réussite est entourée de conditions restrictives qu’il devient douteux de croire qu’un pays en développement puisse réagir favorablement aux incitations que crée la dévaluation). On peut mentionner ici qu’on confère à la monnaie un pouvoir structurant de l’économie mondiale. Mais derrière ce pouvoir se cache celui des grandes puissances qui imposent leurs propres contraintes de régulation au reste du monde. Dans ce cadre, il sera, sans doute, de plus en plus difficile pour un pays en voie de développement comme l’Algérie d’améliorer les conditions de vie de son élite et de ses cerveaux ou tout simplement de les garder de la fuite à l’étranger ou à d’autres entreprises, et de concilier son espoir à s’industrialiser davantage tout en appliquant à la lettre les politiques de change figurant dans les programmes structurels orthodoxes et indiquant une dévalorisation totale de la monnaie nationale. A ce titre, l’on peut dire que la monnaie puissante est devenue aujourd’hui, dans le cadre de la mondialisation, l’élément d’orientation de la ressource humaine compétente.
Parmi les effets négatifs de la dévaluation, l’on peut noter celui se rapportant aux pertes de change. Ces dernières ont accentué la dégradation du pouvoir d’achat des salaires aussi bien au niveau national qu’à l’étranger. Il faut noter que la dévaluation du dinar qui a pour conséquence la baisse du revenu réel, a pour objectif d’offrir des conditions avantageuses à l’investissement étranger; c’est pour cela que les négociations avec le FMI prévoient toujours la question du contrôle des salaires, notamment dans l’administration et le secteur public.
En effet, si l’on veut que les compétences nationales de haut niveau, que ce soit celles de la Sonatrach ou celles de la santé ou de l’enseignement supérieur, n’aillent pas ailleurs, c’est-à-dire que l’on mette fin à leur exode massif, ou bien tout simplement, si l’on veut améliorer leurs revenus réels et par conséquent leurs conditions de vie, il faudrait bien mettre en oeuvre une politique qui viserait, en plus des augmentations des salaires, la valorisation du dinar au moins à un niveau proche que celui des pays voisins (car même s’il y aurait augmentation conséquente des salaires, ces derniers resteront toujours loin des normes existantes ailleurs et inciteront à la fuite de l’élite). Il s’agit de dire aussi que malgré l’importance de la valeur de leurs monnaies en parité avec les devises internationales (en comparaison avec la monnaie algérienne), on constate même que ce sont des pays attractifs sur le plan d’investissement. Donc valoriser un peu sa monnaie, ce n’est pas un handicap sur ce plan-là !
Enfin, force est de constater que lorsqu’on est dans une situation de hausse des prix ou de faibles salaires et qu’il n’y a pas de pouvoir d’achat, la monnaie n’assure plus sa fonction qui est celle de réserve de valeurs. De ce fait, l’Algérie doit procéder avec tous les moyens pour que la ressource humaine ne perde pas sa liberté « de gérer l’achat » et ne perde pas confiance en sa monnaie nationale, et par conséquent ne perde pas goût à participer dans l’édification de l’économie nationale.
Par Riadh Bouriche , politologue
La nécessité de l’intégration de l’économie algérienne dans le cadre de la globalisation, l’attraction de l’investissement scientifique et productif, l’amélioration de la productivité, la lutte contre la fuite des cerveaux nationaux ou l’attirance des compétences étrangères offrent à l’Algérie autant de réflexions à saisir. Toutefois, les bénéfices escomptés ne se concrétiseront que si ce pays se montre capable d’améliorer les réformes macro-économiques et structurelles qui doivent être ambitieuses. Autrement dit, la véritable action gouvernementale algérienne devait toucher, entre autres, avec beaucoup plus de concrétisation, l’activité productive et le niveau de vie de la ressource humaine compétente.
Sur le plan des défis à relever, les priorités sont claires sur le plan intérieur. Comme le reconnaissent en général les experts en politique, les réformes doivent privilégier des mesures structurelles visant à améliorer la faculté d’adaptation des appareils productifs afin d’assurer une croissance durable, la création d’emplois, la valorisation du pouvoir d’achat et le développement... Mais l’efficacité de telles dispositions suppose qu’elles soient étayées par un ensemble cohérent de mesures de stabilisation macro-économique, et notamment par une politique monétaire et budgétaire appropriée.
Dans une économie de plus en plus mondialisée, les instruments directs et indirects de politique monétaire font preuve en effet d’une plus grande efficacité. Généralement, il y a deux moyens de mettre en oeuvre une politique monétaire : directement, en usant de ses pouvoirs de réglementation, ou indirectement, par l’influence qu’elle exerce sur le marché en sa qualité d’émetteur de monnaie centrale (monnaie en circulation et soldes des comptes auprès de la banque centrale). Le terme direct fait référence ici à la correspondance univoque entre un instrument (plafond de crédit, par exemple) et un objectif (dans ce cas, le crédit intérieur). Les instruments directs fixent ou limitent les prix (taux d’intérêts) ou les quantités (crédit) par voie réglementaire, alors que les instruments indirects agissent par l’intermédiaire du marché en influant sur l’offre et la demande de monnaie centrale. On peut constater dans le recours accru aux instruments directs et indirects de politique monétaire la contrepartie, dans le domaine monétaire, du large mouvement visant à renforcer le rôle des signaux de prix dans l’économie en général et à orienter la valeur de la monnaie.
Ces évolutions ont pour objectif d’assurer un fonctionnement plus efficace du marché. En outre, l’adoption surtout des instruments indirects se fait dans le cadre d’économies toujours plus ouvertes, ainsi qu’en témoignent le passage d’un nombre grandissant de pays à la convertibilité aux fins des transactions courantes et le progrès vers la convertibilité totale des monnaies. A ce propos, il est nécessaire de dire que les conditions pour une convertibilité totale de la monnaie en Algérie ne sont pas encore réunies et qu’il faut essayer toutes les stratégies nécessaires pour les atteindre. En effet, l’enjeu est de créer les conditions législatives et économiques à une convertibilité programmée du dinar avec une possible revue à la hausse de la valeur du dinar. La mise en oeuvre de ces deux derniers points permettra, sans aucun doute, de rendre le système monétaire et financier stable et d’attirer la ressource humaine compétente nationale ou étrangère.
En général, la politique monétaire orthodoxe, appliquée dans le cadre des réformes structurelles, s’appuie sur une planification financière rigoureuse consistant à fixer un plafond à l’expansion de la masse monétaire et visant directement la limitation de l’expansion du crédit intérieur. En effet, l’objectif recherché est de faire hausser les réserves de changes aux fins de soutien à la valeur externe de la monnaie et de viabilité de la balance des paiements. A ce titre, des analystes et théoriciens n’hésitent pas à qualifier les politiques monétaire et budgétaire orthodoxes comme de simples mesures d’accompagnement de la dévaluation pour souligner son importance sur le double plan doctrinal et stratégique. Sur le plan doctrinal, le taux de change apparaît de plus en plus comme le prix des prix (il constitue pour la vision orthodoxe un indice d’allocation planétaire des ressources). Sur le plan stratégique, il joue le rôle d’un prix directeur dans une économie dépendante de l’extérieur (sa réussite est entourée de conditions restrictives qu’il devient douteux de croire qu’un pays en développement puisse réagir favorablement aux incitations que crée la dévaluation). On peut mentionner ici qu’on confère à la monnaie un pouvoir structurant de l’économie mondiale. Mais derrière ce pouvoir se cache celui des grandes puissances qui imposent leurs propres contraintes de régulation au reste du monde. Dans ce cadre, il sera, sans doute, de plus en plus difficile pour un pays en voie de développement comme l’Algérie d’améliorer les conditions de vie de son élite et de ses cerveaux ou tout simplement de les garder de la fuite à l’étranger ou à d’autres entreprises, et de concilier son espoir à s’industrialiser davantage tout en appliquant à la lettre les politiques de change figurant dans les programmes structurels orthodoxes et indiquant une dévalorisation totale de la monnaie nationale. A ce titre, l’on peut dire que la monnaie puissante est devenue aujourd’hui, dans le cadre de la mondialisation, l’élément d’orientation de la ressource humaine compétente.
Parmi les effets négatifs de la dévaluation, l’on peut noter celui se rapportant aux pertes de change. Ces dernières ont accentué la dégradation du pouvoir d’achat des salaires aussi bien au niveau national qu’à l’étranger. Il faut noter que la dévaluation du dinar qui a pour conséquence la baisse du revenu réel, a pour objectif d’offrir des conditions avantageuses à l’investissement étranger; c’est pour cela que les négociations avec le FMI prévoient toujours la question du contrôle des salaires, notamment dans l’administration et le secteur public.
En effet, si l’on veut que les compétences nationales de haut niveau, que ce soit celles de la Sonatrach ou celles de la santé ou de l’enseignement supérieur, n’aillent pas ailleurs, c’est-à-dire que l’on mette fin à leur exode massif, ou bien tout simplement, si l’on veut améliorer leurs revenus réels et par conséquent leurs conditions de vie, il faudrait bien mettre en oeuvre une politique qui viserait, en plus des augmentations des salaires, la valorisation du dinar au moins à un niveau proche que celui des pays voisins (car même s’il y aurait augmentation conséquente des salaires, ces derniers resteront toujours loin des normes existantes ailleurs et inciteront à la fuite de l’élite). Il s’agit de dire aussi que malgré l’importance de la valeur de leurs monnaies en parité avec les devises internationales (en comparaison avec la monnaie algérienne), on constate même que ce sont des pays attractifs sur le plan d’investissement. Donc valoriser un peu sa monnaie, ce n’est pas un handicap sur ce plan-là !
Enfin, force est de constater que lorsqu’on est dans une situation de hausse des prix ou de faibles salaires et qu’il n’y a pas de pouvoir d’achat, la monnaie n’assure plus sa fonction qui est celle de réserve de valeurs. De ce fait, l’Algérie doit procéder avec tous les moyens pour que la ressource humaine ne perde pas sa liberté « de gérer l’achat » et ne perde pas confiance en sa monnaie nationale, et par conséquent ne perde pas goût à participer dans l’édification de l’économie nationale.
Par Riadh Bouriche , politologue

.
Commentaire