La Turquie et Dubaï devraient profiter en premier lieu de l’accord iranien. L’Europe se place à moyen terme.
Le prochain retour de l’Iran dans le concert des nations ne va pas bouleverser que le marché pétrolier. Il ouvre aussi de nombreuses opportunités aux entreprises et aux investisseurs. L’Iran est en effet perçu comme une puissance économique en devenir , un mixte selon Bank of America Merrill Lynch (BofA ML), entre l’Arabie Saoudite, pour ses richesses pétrolières et l’Egypte pour la taille de sa population (78 millions d’habitants). « L’Iran est la 18ème plus importante économie du monde en termes de parité de pouvoir d’achat. Le retrait graduel et partiel des sanctions pourrait favoriser le rebond rapide de la demande domestique, surtout si les exportations de pétrole se normalisent au niveau d’avant 2012 »,date de l’embargo pétrolier de l’Union européenne, expliquent les analystes de BofA ML. « Nos analyses suggèrent que l’économie iranienne serait au niveau de celle de l’Arabie saoudite s’il n’y avait pas eu les sanctions ».
Car l’accord sur le nucléaire iranien ne préfigure pas seulement la sortie de plusieurs millions de barils de pétrole, c’est aussi la promesse d’entrée dans le pays de nombreux biens et services (banques, télécom, automobiles etc.). « Nous anticipons une reprise économique, soutenue par la croissance des revenus pétroliers, l’accès aux actifs gelés à l’étranger (100 milliards de dollars) et le retour des investissements directs de l’étrangers », estime de son côté Deutsche Asset & Wealth Management (DAWM). Selon l’Economist Intelligence Unit, la croissance iranienne pourrait accélérer passant de 2 % prévu cette année à 5,2 % par an en moyenne entre 2016 et 2019.
La Turquie en première ligne
Les entreprises asiatiques, européennes et américaines sont dans les starting blocks alors que le retrait des sanctions «pourrait entraîner une hausse des importations de l’Iran de 80 milliards de dollars aujourd’hui à 200 milliards à terme », selon BofA ML, mais les premiers gagnants de l’accord ne seront pas forcément ceux-là. «Nous pensons que les Emirats arabes unis et la Turquie sont les mieux placés pour profiter de la hausse potentielle du commerce avec l’Iran », selon BofA ML.
Les Emirats arabes unis, d’abord, en tant que « hub » de services dans la région, en particulier Dubaï, qui « pourrait être largement utilisé comme place de départ pour les entreprises internationales désireuses d’accéder au marché iranien. Déjà, il y a 17 vols quotidiens entre Dubaï et l’Iran », note DAWM. En première ligne, Emaar Properties et les banques pourraient bénéficier des flux de capitaux en provenance de l’Iran et désireux d’investir dans l’immobilier. La bourse de Dubaï a a d’ailleurs pris 3,2% depuis l’annonce de l’accord. Le distributeur saoudien Savola a lui l’avantage d’être déjà bien présent en Iran, tout comme le sud-africain MNT, qui détient 49 % de l’opérateur mobile Irancell. Enfin de nombreuses compagnies turques seraient aussi bien placées, selon BofA, à l’instar d’Icecek (embouteilleur de Coca Cola dans la région), du pétrolier Genel ou des constructeurs auto Tofas et Dogus Otomotiv.
Renault et Peugeot aimeraient tirer les marrons du feu
Selon BofA ML, quelques entreprises occidentales pourraient tout de même tirer les marrons du feu à moyen terme, comme Saipem, Lukoil, ENI, Total ou OMV dans l’Energie ou Peugeot et Renault dans l’automobile. « Le marché automobile iranien était le premier marché du moyen orient avant la révolution islamique. Le pays avait acheté 1 million d’unité avant l’embargo », rappelle Anna-Marie Baisden chez BMI research. « L’Allemagne, et notamment les constructeurs automobiles pourrait bénéficier de leurs traditionnelles bonnes relations avec l’Iran » ajoute de son côté Deutsche Asset & Wealth Management. Dans l’aéronautique, Embraer, Airbus et Boeing pourront aussi en profiter selon BofA ML.
Mais prévient Deutsche Asset & Wealth Management (DAWM), les « effets directs via le commerce avec l’Iran seront probablement très limités, spécifiques à certaines valeurs et pourraient prendre du temps à se matérialiser ». La fin de l’embargo sera tout de même « positive pour les entreprises ayant des filiales significatives en Iran et pour les groupes présents dans la construction et les services parapétroliers qui pourront aider à la reconstruction du pays ».
Baisse du prix du pétrole
Quoi qu’il en soit, le principal effet positif pour les entreprises européennes pourrait surtout venir de la baisse du prix du pétrole. Selon Francisco Blanch chez Bank of America Merrill Lynch, « l’offre iranienne pourrait pousser les prix du pétrole à la baisse de l’ordre de 5 à 10 dollars par baril » à moyen termes. Depuis l’annonce de l’accord sur le nucléaire iranien, le 14 juillet, le cours du brut a déjà reculé de près de 3 % à dollars le baril de Brent. La banque américaine table sur un point d’équilibre long terme du baril entre 60 et 80 dollars. A ce titre, la Russie pourrait bien être l’un des grands perdants du retour de l’Iran sur la scène internationale du fait de « la baisse des prix du pétrole et de la concurrence éventuelle pour la fourniture de gaz à l’Europe ».
Pierrick Fay
Les Echos
Le prochain retour de l’Iran dans le concert des nations ne va pas bouleverser que le marché pétrolier. Il ouvre aussi de nombreuses opportunités aux entreprises et aux investisseurs. L’Iran est en effet perçu comme une puissance économique en devenir , un mixte selon Bank of America Merrill Lynch (BofA ML), entre l’Arabie Saoudite, pour ses richesses pétrolières et l’Egypte pour la taille de sa population (78 millions d’habitants). « L’Iran est la 18ème plus importante économie du monde en termes de parité de pouvoir d’achat. Le retrait graduel et partiel des sanctions pourrait favoriser le rebond rapide de la demande domestique, surtout si les exportations de pétrole se normalisent au niveau d’avant 2012 »,date de l’embargo pétrolier de l’Union européenne, expliquent les analystes de BofA ML. « Nos analyses suggèrent que l’économie iranienne serait au niveau de celle de l’Arabie saoudite s’il n’y avait pas eu les sanctions ».
Car l’accord sur le nucléaire iranien ne préfigure pas seulement la sortie de plusieurs millions de barils de pétrole, c’est aussi la promesse d’entrée dans le pays de nombreux biens et services (banques, télécom, automobiles etc.). « Nous anticipons une reprise économique, soutenue par la croissance des revenus pétroliers, l’accès aux actifs gelés à l’étranger (100 milliards de dollars) et le retour des investissements directs de l’étrangers », estime de son côté Deutsche Asset & Wealth Management (DAWM). Selon l’Economist Intelligence Unit, la croissance iranienne pourrait accélérer passant de 2 % prévu cette année à 5,2 % par an en moyenne entre 2016 et 2019.
La Turquie en première ligne
Les entreprises asiatiques, européennes et américaines sont dans les starting blocks alors que le retrait des sanctions «pourrait entraîner une hausse des importations de l’Iran de 80 milliards de dollars aujourd’hui à 200 milliards à terme », selon BofA ML, mais les premiers gagnants de l’accord ne seront pas forcément ceux-là. «Nous pensons que les Emirats arabes unis et la Turquie sont les mieux placés pour profiter de la hausse potentielle du commerce avec l’Iran », selon BofA ML.
Les Emirats arabes unis, d’abord, en tant que « hub » de services dans la région, en particulier Dubaï, qui « pourrait être largement utilisé comme place de départ pour les entreprises internationales désireuses d’accéder au marché iranien. Déjà, il y a 17 vols quotidiens entre Dubaï et l’Iran », note DAWM. En première ligne, Emaar Properties et les banques pourraient bénéficier des flux de capitaux en provenance de l’Iran et désireux d’investir dans l’immobilier. La bourse de Dubaï a a d’ailleurs pris 3,2% depuis l’annonce de l’accord. Le distributeur saoudien Savola a lui l’avantage d’être déjà bien présent en Iran, tout comme le sud-africain MNT, qui détient 49 % de l’opérateur mobile Irancell. Enfin de nombreuses compagnies turques seraient aussi bien placées, selon BofA, à l’instar d’Icecek (embouteilleur de Coca Cola dans la région), du pétrolier Genel ou des constructeurs auto Tofas et Dogus Otomotiv.
Renault et Peugeot aimeraient tirer les marrons du feu
Selon BofA ML, quelques entreprises occidentales pourraient tout de même tirer les marrons du feu à moyen terme, comme Saipem, Lukoil, ENI, Total ou OMV dans l’Energie ou Peugeot et Renault dans l’automobile. « Le marché automobile iranien était le premier marché du moyen orient avant la révolution islamique. Le pays avait acheté 1 million d’unité avant l’embargo », rappelle Anna-Marie Baisden chez BMI research. « L’Allemagne, et notamment les constructeurs automobiles pourrait bénéficier de leurs traditionnelles bonnes relations avec l’Iran » ajoute de son côté Deutsche Asset & Wealth Management. Dans l’aéronautique, Embraer, Airbus et Boeing pourront aussi en profiter selon BofA ML.
Mais prévient Deutsche Asset & Wealth Management (DAWM), les « effets directs via le commerce avec l’Iran seront probablement très limités, spécifiques à certaines valeurs et pourraient prendre du temps à se matérialiser ». La fin de l’embargo sera tout de même « positive pour les entreprises ayant des filiales significatives en Iran et pour les groupes présents dans la construction et les services parapétroliers qui pourront aider à la reconstruction du pays ».
Baisse du prix du pétrole
Quoi qu’il en soit, le principal effet positif pour les entreprises européennes pourrait surtout venir de la baisse du prix du pétrole. Selon Francisco Blanch chez Bank of America Merrill Lynch, « l’offre iranienne pourrait pousser les prix du pétrole à la baisse de l’ordre de 5 à 10 dollars par baril » à moyen termes. Depuis l’annonce de l’accord sur le nucléaire iranien, le 14 juillet, le cours du brut a déjà reculé de près de 3 % à dollars le baril de Brent. La banque américaine table sur un point d’équilibre long terme du baril entre 60 et 80 dollars. A ce titre, la Russie pourrait bien être l’un des grands perdants du retour de l’Iran sur la scène internationale du fait de « la baisse des prix du pétrole et de la concurrence éventuelle pour la fourniture de gaz à l’Europe ».
Pierrick Fay
Les Echos
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