« L’Algérie fait face à de grands défis », dans un contexte du choc pétrolier «
de grande ampleur que l’on estime durable », a estimé, ce lundi 14 mars, le chef de la mission du Fonds monétaire internationale (FMI), Jean-François Dauphin.
Au terme d’une mission de 15 jours en Algérie dans le cadre des « consultations de l’article IV », le FMI a présenté ses conclusions sur l’évaluation annuelle de la situation économique du pays. M. Dauphin a également prodigué des conseils au gouvernement algérien sur les moyens de
faire face à la crise actuelle : déficit budgétaire, subventions, endettement externe, 51/49%,dépréciation du dinar…
Un constat alarmant : les réserves de change toujours en baisse
« Le choc de grande ampleur des faibles prix du pétrole que l’on pense durable » a fortement impacté les équilibres budgétaires du pays, rappelle Jean-François Dauphin. En conséquence, les soldes budgétaires et extérieurs du pays sont « largement déficitaires », avec un déficit prévu de 16% du PIB, selon le FMI qui ne précise pas le montant chiffré.
Avec un PIB de 180 milliards de dollars, ceci équivaudrait à un déficit de 28,8 milliards de dollars. Le FMI précise tout de même qu’il faudrait un baril de pétrole à 110 dollars pour équilibrer le budget. Il est actuellement à 40 dollars, rappelle le représentant du Fonds.
Dans le même temps, l’effondrement des exportations d’hydrocarbures « de près de moitié » fait que le déficit courant du pays est en « nette hausse », explique la même source. En conséquence, les réserves de change ont fondu à 143 milliards de dollars, en baisse de près de 35 milliards de dollars, estime le FMI. M. Dauphin relève donc « d’importantes vulnérabilités » de l’économie algérienne, « présentes de longue date », poursuit-il.
« L’Algérie fait des efforts »
Pour le FMI, l’Algérie doit opérer un « ajustement budgétaire » et mener « des réformes de grande ampleur », afin de réduire ces vulnérabilités. Se voulant plus précis, le représentant du Fonds monétaire international appelle à « de vastes réformes économiques pour assurer une forte croissance ». La hausse du PIB est estimée à 3,7% en 2015 avec « un solide 5% hors hydrocarbures », tandis que l’inflation s’est établie à 4,8%, toujours selon la même source. Mais les coupes budgétaires préconisées auront des conséquences, à travers le ralentissement de la croissance en 2016, tempère-t-il.
Interrogé sur l’efficacité des mesures décidées jusqu’ici par le gouvernement, le FMI se montre optimiste. « Le budget 2016 [Loi de finances, NDLR] s’inscrit dans une trajectoire de consolidation qui est la bienvenue », estime M. Dauphin. Par ailleurs, les « marges extérieures permettent d’amortir l’ajustement nécessaire », affirme le représentant du FMI. Seulement, ceci est « une opportunité que le pays doit saisir dès
maintenant » pour amortir cet ajustement, faute de quoi le choc sera plus rude à l’avenir, prévient-il.
Les mesures préconisées
Ainsi, les dettes extérieure et intérieure étant très faibles et les réserves de changes étant conséquentes, le gouvernement dispose tout de même d’une marge de manœuvre appréciable pour mener des réformes, estime le FMI. Cela dit, un « ajustement est nécessaire et indispensable. » Questionné sur les réformes préconisées, le représentant de l’institution internationale en énumère les plus significatives. Elles reposent sur « deux piliers », que sont la « consolidation budgétaire » et les « réformes structurelles » pour « libérer le potentiel de croissance », insiste-t-il.
Revoir le système de subvention
Déjà entamée par le gouvernement à travers la hausse des prix de l’énergie (carburants, électricité, gaz), la refonte du système des subventions doit être poursuivie et approfondie, selon Jean-François Dauphin. Il rappelle que le soutien des prix de certains produits profite avant tout aux 20% des ménages les plus riches, qui captent l’essentiel des subventions, notamment pour les carburants.
Le système de distribution à caractère social est donc contraire à ces objectifs initiaux, estimet-il. À ce titre, le système de subventions doit être réformé et rationalisé, au même titre que les dépenses publiques, afin d’aller vers un ciblage plus précis et profiter aux populations les plus défavorisées, rappelle-t-il. Des recommandations plusieurs fois formulées par le passé. Pour illustrer ses propos, pour le FMI la situation actuelle est « très onéreuse ». Les subventions aux produits énergétiques sont à peu près équivalentes aux recettes fiscales ordinaires (hors fiscalité pétrolière) selon le FMI, soit plus que 2 fois les dépenses du ministère de l’Éducation et de la Santé réunis, s’alarme-t-il
Endettement inévitable et privatisations
L’Algérie doit « davantage faire appel à l’endettement pour financer les déficits ». Dans ce contexte, le recours à la dette extérieure est d’ailleurs « inévitable et même souhaitable », selon le FMI. Ce dernier salue également l’annonce du recours à l’endettement interne [à travers le
recours à un emprunt obligataire national, NDLR], car il permet de stimuler le marché financier algérien (notamment le marché de la bourse et des obligations). Cela dit, l’endettement interne comporte un risque d’éviction, selon le FMI : en effet, si l’État capte trop de ressources internes,
il risque de priver le reste des acteurs économiques d’un financement dont il a grandement besoin, avertit-il.
Il existe cependant une troisième possibilité, selon la même source. L’Algérie peut recourir à l’ouverture de capital, voire la privatisation totale de certaines entreprises publiques. Cette méthode permet de lever des capitaux et dégager des financements pour couvrir les déficits.
De plus, la privatisation, « faite dans la transparence », permettrait également de stimuler la bourse et améliorer la gestion de ces entreprises, détaille le FMI. Un des conseils de l’institution réside justement dans l’amélioration de « la gouvernance. »
En fin de compte, le FMI conseille de recourir à ces trois leviers en même temps, pour diversifier ses sources de financement.
Assouplissement de la 51/49%
Par ailleurs, le gouvernement est appelé à améliorer le climat des affaires en Algérie. Parmi les différentes mesures, le FMI préconise de faciliter l’accès aux financements et aux marchés des capitaux et libérer l’initiative privée. Dans le même temps, l’Algérie devrait augmenter « l’ouverture de son économie », notamment en facilitant l’accès à son économie aux
investisseurs étrangers, selon le FMI.
En réponse à une question, Jean-François Dauphin affirme que la règle dite « 51/49% » devrait effectivement « être assouplie ». Ainsi, les investisseurs étrangers qui le désir, pourront accéder au marché algérien plus facilement. Ceci profiterait à l’Algérie, notamment en termes de rentrées de devises. Selon la même source, le rééquilibrage des comptes extérieurs passe par l’assouplissement de la 51/49% mais également par des réformes permettant d’améliorer les capacités d’exportation du pays.
Rigueur dans la dépense
Enfin, le FMI aborde également la question de la rigueur des dépenses publiques. Le pourcentage du PIB consacré aux dépenses en capital (investissements), est supérieur à des pays comparables à l’Algérie, estime-t-il. En somme, la dépense d’investissement public est très élevée en Algérie.
À ce titre, le FMI appelle le gouvernement à plus de rigueur, notamment dans le choix stratégique des projets à financer, ainsi que dans le suivi des projets. Le but étant « d’améliorer les rendements » de la dépense publique. Dans le même temps, le FMI invite l’Algérie à prêter plus d’attention aux différentes exonérations fiscales accordées : il s’agit, selon la même source, de s’assurer qu’elles « remplissent leurs fonctions », conclu-t-il.
de grande ampleur que l’on estime durable », a estimé, ce lundi 14 mars, le chef de la mission du Fonds monétaire internationale (FMI), Jean-François Dauphin.
Au terme d’une mission de 15 jours en Algérie dans le cadre des « consultations de l’article IV », le FMI a présenté ses conclusions sur l’évaluation annuelle de la situation économique du pays. M. Dauphin a également prodigué des conseils au gouvernement algérien sur les moyens de
faire face à la crise actuelle : déficit budgétaire, subventions, endettement externe, 51/49%,dépréciation du dinar…
Un constat alarmant : les réserves de change toujours en baisse
« Le choc de grande ampleur des faibles prix du pétrole que l’on pense durable » a fortement impacté les équilibres budgétaires du pays, rappelle Jean-François Dauphin. En conséquence, les soldes budgétaires et extérieurs du pays sont « largement déficitaires », avec un déficit prévu de 16% du PIB, selon le FMI qui ne précise pas le montant chiffré.
Avec un PIB de 180 milliards de dollars, ceci équivaudrait à un déficit de 28,8 milliards de dollars. Le FMI précise tout de même qu’il faudrait un baril de pétrole à 110 dollars pour équilibrer le budget. Il est actuellement à 40 dollars, rappelle le représentant du Fonds.
Dans le même temps, l’effondrement des exportations d’hydrocarbures « de près de moitié » fait que le déficit courant du pays est en « nette hausse », explique la même source. En conséquence, les réserves de change ont fondu à 143 milliards de dollars, en baisse de près de 35 milliards de dollars, estime le FMI. M. Dauphin relève donc « d’importantes vulnérabilités » de l’économie algérienne, « présentes de longue date », poursuit-il.
« L’Algérie fait des efforts »
Pour le FMI, l’Algérie doit opérer un « ajustement budgétaire » et mener « des réformes de grande ampleur », afin de réduire ces vulnérabilités. Se voulant plus précis, le représentant du Fonds monétaire international appelle à « de vastes réformes économiques pour assurer une forte croissance ». La hausse du PIB est estimée à 3,7% en 2015 avec « un solide 5% hors hydrocarbures », tandis que l’inflation s’est établie à 4,8%, toujours selon la même source. Mais les coupes budgétaires préconisées auront des conséquences, à travers le ralentissement de la croissance en 2016, tempère-t-il.
Interrogé sur l’efficacité des mesures décidées jusqu’ici par le gouvernement, le FMI se montre optimiste. « Le budget 2016 [Loi de finances, NDLR] s’inscrit dans une trajectoire de consolidation qui est la bienvenue », estime M. Dauphin. Par ailleurs, les « marges extérieures permettent d’amortir l’ajustement nécessaire », affirme le représentant du FMI. Seulement, ceci est « une opportunité que le pays doit saisir dès
maintenant » pour amortir cet ajustement, faute de quoi le choc sera plus rude à l’avenir, prévient-il.
Les mesures préconisées
Ainsi, les dettes extérieure et intérieure étant très faibles et les réserves de changes étant conséquentes, le gouvernement dispose tout de même d’une marge de manœuvre appréciable pour mener des réformes, estime le FMI. Cela dit, un « ajustement est nécessaire et indispensable. » Questionné sur les réformes préconisées, le représentant de l’institution internationale en énumère les plus significatives. Elles reposent sur « deux piliers », que sont la « consolidation budgétaire » et les « réformes structurelles » pour « libérer le potentiel de croissance », insiste-t-il.
Revoir le système de subvention
Déjà entamée par le gouvernement à travers la hausse des prix de l’énergie (carburants, électricité, gaz), la refonte du système des subventions doit être poursuivie et approfondie, selon Jean-François Dauphin. Il rappelle que le soutien des prix de certains produits profite avant tout aux 20% des ménages les plus riches, qui captent l’essentiel des subventions, notamment pour les carburants.
Le système de distribution à caractère social est donc contraire à ces objectifs initiaux, estimet-il. À ce titre, le système de subventions doit être réformé et rationalisé, au même titre que les dépenses publiques, afin d’aller vers un ciblage plus précis et profiter aux populations les plus défavorisées, rappelle-t-il. Des recommandations plusieurs fois formulées par le passé. Pour illustrer ses propos, pour le FMI la situation actuelle est « très onéreuse ». Les subventions aux produits énergétiques sont à peu près équivalentes aux recettes fiscales ordinaires (hors fiscalité pétrolière) selon le FMI, soit plus que 2 fois les dépenses du ministère de l’Éducation et de la Santé réunis, s’alarme-t-il
Endettement inévitable et privatisations
L’Algérie doit « davantage faire appel à l’endettement pour financer les déficits ». Dans ce contexte, le recours à la dette extérieure est d’ailleurs « inévitable et même souhaitable », selon le FMI. Ce dernier salue également l’annonce du recours à l’endettement interne [à travers le
recours à un emprunt obligataire national, NDLR], car il permet de stimuler le marché financier algérien (notamment le marché de la bourse et des obligations). Cela dit, l’endettement interne comporte un risque d’éviction, selon le FMI : en effet, si l’État capte trop de ressources internes,
il risque de priver le reste des acteurs économiques d’un financement dont il a grandement besoin, avertit-il.
Il existe cependant une troisième possibilité, selon la même source. L’Algérie peut recourir à l’ouverture de capital, voire la privatisation totale de certaines entreprises publiques. Cette méthode permet de lever des capitaux et dégager des financements pour couvrir les déficits.
De plus, la privatisation, « faite dans la transparence », permettrait également de stimuler la bourse et améliorer la gestion de ces entreprises, détaille le FMI. Un des conseils de l’institution réside justement dans l’amélioration de « la gouvernance. »
En fin de compte, le FMI conseille de recourir à ces trois leviers en même temps, pour diversifier ses sources de financement.
Assouplissement de la 51/49%
Par ailleurs, le gouvernement est appelé à améliorer le climat des affaires en Algérie. Parmi les différentes mesures, le FMI préconise de faciliter l’accès aux financements et aux marchés des capitaux et libérer l’initiative privée. Dans le même temps, l’Algérie devrait augmenter « l’ouverture de son économie », notamment en facilitant l’accès à son économie aux
investisseurs étrangers, selon le FMI.
En réponse à une question, Jean-François Dauphin affirme que la règle dite « 51/49% » devrait effectivement « être assouplie ». Ainsi, les investisseurs étrangers qui le désir, pourront accéder au marché algérien plus facilement. Ceci profiterait à l’Algérie, notamment en termes de rentrées de devises. Selon la même source, le rééquilibrage des comptes extérieurs passe par l’assouplissement de la 51/49% mais également par des réformes permettant d’améliorer les capacités d’exportation du pays.
Rigueur dans la dépense
Enfin, le FMI aborde également la question de la rigueur des dépenses publiques. Le pourcentage du PIB consacré aux dépenses en capital (investissements), est supérieur à des pays comparables à l’Algérie, estime-t-il. En somme, la dépense d’investissement public est très élevée en Algérie.
À ce titre, le FMI appelle le gouvernement à plus de rigueur, notamment dans le choix stratégique des projets à financer, ainsi que dans le suivi des projets. Le but étant « d’améliorer les rendements » de la dépense publique. Dans le même temps, le FMI invite l’Algérie à prêter plus d’attention aux différentes exonérations fiscales accordées : il s’agit, selon la même source, de s’assurer qu’elles « remplissent leurs fonctions », conclu-t-il.
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