Par Badra BERRISSOULE | Edition N°:4853 Le 08/09/2016
Par ville, Casablanca et Marrakech ont enregistré des régressions de -21% et -20% respectivement en termes de nuitées, suivies de Fès et Agadir (-19% pour chacune) rien que pour le mois de juin
En recul depuis deux ans déjà, le secteur du tourisme ne s’est jamais aussi mal porté. La destination Maroc a perdu du terrain en cette période très difficile pour le secteur. Tous les marchés émetteurs, pourvoyeurs traditionnels de touristes sont en chute continue: France (-5%), Allemagne (-7%), Espagne (-2%), Royaume-Uni (-8%), Italie (-5%) pour les arrivées aux postes frontières. En termes de nuitées, indicateur plus parlant pour les hôtels, les baisses sont plus prononcées avec -11% pour le marché français, - 21% pour l’Allemagne, - 28% pour l’Italie, -11% pour la Hollande, -10% pour la Belgique… En 6 mois, ces marchés ont enregistré des contre-performances sur les arrivées, les nuitées et les recettes. Si le manque à gagner a été compensé par l’augmentation des résidents, qui a permis de rééquilibrer les trois indicateurs, l’activité a tout de même enregistré un sérieux revers.
La baisse est, selon le dernier rapport de l’Observatoire du tourisme, de 5% par rapport au premier semestre de 2015 qui était déjà une année de disette. Le taux moyen d’occupation des établissements hôteliers –véritable indicateur de santé de l’activité– est en recul de 6 points par rapport à 2015 et de 8 points par rapport à 2010. Selon les opérateurs, la crise du tourisme est telle que des hôtels envisagent même des dégraissages alors que des voyagistes ont déjà mis la clé sous le paillasson.
A l'origine de cette débâcle, de nombreuses raisons. Elles sont d’abord conjoncturelles avec la montée de l’insécurité dans la région qui pénalise l’activité touristique et reporte sine die les décisions et budgets voyages. Même si le Maroc n’est pas directement touché par les attentats terroristes, ces évènements ont refroidi toutes les intentions de voyage, explique Abdelatif Kabbaj, président de la Confédération nationale du tourisme (CNT). Ensuite s'ajoutent des facteurs structurels, notamment le manque d’intérêt du gouvernement pour le tourisme. «Nous avons l’impression que le secteur est relégué au second plan d’autant plus que le gouvernement ou du moins ses ministres se désintéressent totalement du secteur, oubliant par exemple que dans une ville comme Marrakech, le secteur représente 80% de l’activité économique», déplore Kabbaj.
En effet, ce secteur est un des premiers pourvoyeurs d’emploi, 2e contributeur au PIB national et un des premiers générateurs des ressources en devises… C’est aussi un secteur très capitalistique dont les opérateurs ont fait preuve d’une résilience pendant deux ans. Aujourd’hui, leurs trésoreries sont plus que tendues, indique de son côté Lahcen Zelmat, président de la Fédération nationale de l’industrie hôtelière (FNIH). Pour les professionnels, il faut un plan d’urgence pour atténuer ces incidences et surtout maintenir la destination dans les radars. Un plan et des moyens financiers. Consciente des dangers qui guettent le secteur, la CNT passe à l’action et à la sensibilisation directe du ministère des Finances. Ses membres ont récemment tenu une réunion avec Mohamed Boussaid et ont présenté une série de propositions à la veille de la préparation de la loi de Finances de 2017. D’abord, un budget additionnel de promotion de 300 millions de DH pour financer une action de rupture en faveur de l’ONMT. Cette enveloppe additionnelle financerait des actions dans les marchés émetteurs à même de redonner la confiance dans la destination avec des campagnes testimoniales, actions ponctuelles sur des marchés, grosse communication en parallèle à la COP22… Ce budget aidera aussi au lancement des 30 nouvelles routes aériennes au départ des 9 marchés émetteurs et à la mise en place d’une véritable stratégie digitale. Pour rappel, en 2009 alors que la crise du tourisme n’était pas aussi prononcée, un programme similaire, CAP 2009 avait été mis en place avec un budget additionnel de 100 millions de DH pour la promotion. Le ministre des Finances Mohamed Boussaid répondra-t-il aux vœux des professionnels? Rendez-vous à la prochaine loi de Finances.
- Tous les marchés émetteurs en chute libre
- Les professionnels sollicitent un plan d’urgence
- Des dégraissages prévus et des TO mettent la clé sous le paillasson
Par ville, Casablanca et Marrakech ont enregistré des régressions de -21% et -20% respectivement en termes de nuitées, suivies de Fès et Agadir (-19% pour chacune) rien que pour le mois de juin
En recul depuis deux ans déjà, le secteur du tourisme ne s’est jamais aussi mal porté. La destination Maroc a perdu du terrain en cette période très difficile pour le secteur. Tous les marchés émetteurs, pourvoyeurs traditionnels de touristes sont en chute continue: France (-5%), Allemagne (-7%), Espagne (-2%), Royaume-Uni (-8%), Italie (-5%) pour les arrivées aux postes frontières. En termes de nuitées, indicateur plus parlant pour les hôtels, les baisses sont plus prononcées avec -11% pour le marché français, - 21% pour l’Allemagne, - 28% pour l’Italie, -11% pour la Hollande, -10% pour la Belgique… En 6 mois, ces marchés ont enregistré des contre-performances sur les arrivées, les nuitées et les recettes. Si le manque à gagner a été compensé par l’augmentation des résidents, qui a permis de rééquilibrer les trois indicateurs, l’activité a tout de même enregistré un sérieux revers.
La baisse est, selon le dernier rapport de l’Observatoire du tourisme, de 5% par rapport au premier semestre de 2015 qui était déjà une année de disette. Le taux moyen d’occupation des établissements hôteliers –véritable indicateur de santé de l’activité– est en recul de 6 points par rapport à 2015 et de 8 points par rapport à 2010. Selon les opérateurs, la crise du tourisme est telle que des hôtels envisagent même des dégraissages alors que des voyagistes ont déjà mis la clé sous le paillasson.
A l'origine de cette débâcle, de nombreuses raisons. Elles sont d’abord conjoncturelles avec la montée de l’insécurité dans la région qui pénalise l’activité touristique et reporte sine die les décisions et budgets voyages. Même si le Maroc n’est pas directement touché par les attentats terroristes, ces évènements ont refroidi toutes les intentions de voyage, explique Abdelatif Kabbaj, président de la Confédération nationale du tourisme (CNT). Ensuite s'ajoutent des facteurs structurels, notamment le manque d’intérêt du gouvernement pour le tourisme. «Nous avons l’impression que le secteur est relégué au second plan d’autant plus que le gouvernement ou du moins ses ministres se désintéressent totalement du secteur, oubliant par exemple que dans une ville comme Marrakech, le secteur représente 80% de l’activité économique», déplore Kabbaj.
En effet, ce secteur est un des premiers pourvoyeurs d’emploi, 2e contributeur au PIB national et un des premiers générateurs des ressources en devises… C’est aussi un secteur très capitalistique dont les opérateurs ont fait preuve d’une résilience pendant deux ans. Aujourd’hui, leurs trésoreries sont plus que tendues, indique de son côté Lahcen Zelmat, président de la Fédération nationale de l’industrie hôtelière (FNIH). Pour les professionnels, il faut un plan d’urgence pour atténuer ces incidences et surtout maintenir la destination dans les radars. Un plan et des moyens financiers. Consciente des dangers qui guettent le secteur, la CNT passe à l’action et à la sensibilisation directe du ministère des Finances. Ses membres ont récemment tenu une réunion avec Mohamed Boussaid et ont présenté une série de propositions à la veille de la préparation de la loi de Finances de 2017. D’abord, un budget additionnel de promotion de 300 millions de DH pour financer une action de rupture en faveur de l’ONMT. Cette enveloppe additionnelle financerait des actions dans les marchés émetteurs à même de redonner la confiance dans la destination avec des campagnes testimoniales, actions ponctuelles sur des marchés, grosse communication en parallèle à la COP22… Ce budget aidera aussi au lancement des 30 nouvelles routes aériennes au départ des 9 marchés émetteurs et à la mise en place d’une véritable stratégie digitale. Pour rappel, en 2009 alors que la crise du tourisme n’était pas aussi prononcée, un programme similaire, CAP 2009 avait été mis en place avec un budget additionnel de 100 millions de DH pour la promotion. Le ministre des Finances Mohamed Boussaid répondra-t-il aux vœux des professionnels? Rendez-vous à la prochaine loi de Finances.
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