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Formation - Maroc : quand l'Essec prend ses quartiers à Rabat

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  • Formation - Maroc : quand l'Essec prend ses quartiers à Rabat

    Pari académique et entrepreneurial, le campus Afrique-Atlantique de l'Essec à Rabat va renforcer le profil de hub vers l'Afrique que le Maroc ne cesse de peaufiner.

    C'est un ensemble de bâtiments qui semble comme surgi de terre, immaculé, flambant neuf, ouvert sur le front de l'océan, à Sidi Bouknadel, à 30 minutes environ de Rabat. Un campus à l'américaine, amphithéâtre, salles de cours et résidence universitaire compris, 5 000 mètres carrés situé sur le site de la plage des Nations, au cœur de l'aire urbaine Rabat-Salé-Kénitra. Le nouveau pôle Essec Afrique-Atlantique avait été inauguré le 21 avril dernier par Jean-Michel Blanquer, avant qu'il ne soit appelé à devenir le ministre de l'Éducation du gouvernement Philippe. Le cadre est idéal, voire idyllique pour les 480 étudiants qui pourront fréquenter le golf et le club de sport du domaine. Mais avant tout, ils devraient y trouver toute la gamme académique « Essec » : formation initiale, formation continue, BBA (Bachelor of Business Administration) et Masters.

    En ce jour de septembre où le nouvel amphithéâtre est inauguré, ils sont 70 environ, des étudiants de première année de Rabat, de deuxième année de Cergy et de Rabat, et de troisième année de Cergy. Le campus de Rabat est en effet la troisième antenne du groupe Essec, qui compte également un campus à Cergy et un autre à Singapour. Vincenzo Vinzi, qui assure la présidence du groupe Essec depuis le départ de Jean-Michel Blanquer désormais ministre français de l'Éducation nationale, l'assure au Point Afrique: « L'Essec est une école-monde mais les racines sont françaises. Les critères de sélections des étudiants seront les mêmes sur tous les campus ». Celui qui fut doyen des professeurs de l'Essec développe alors l'idée d'une formation qui doit permettre non pas « d'acquérir des recettes mais une capacité d'adaptation. S'adapter à la géopolitique, à la révolution technologique, notamment digitale. La nature de l'emploi va changer, pas seulement les emplois ». La vénérable école de 110 ans, qui compte désormais plus de 5 000 étudiants et un réseau de plus de 45 000 anciens étudiants, compte bien avec ce nouveau campus jouer la carte africaine.

    « L'Essec à Rabat » et non « l'Essec de Rabat »
    Pour Thierry Sibieude, directeur général de l'Essec Afrique-Atlantique, le pari de venir au Maroc étudier réside dans le fait qu'on y trouvera des problématiques « qu'on ne trouvera pas ailleurs ». « Le campus marocain sera plus tourné vers une problématique « entrepreneuriat », quand celui de Singapour est tourné vers le Conseil. De plus, ce sera un plus petit campus, 480 étudiants seulement ». Le souci d'unifier et d'imprimer une synergie entre les trois campus est poussé jusqu'au souci du détail, puisque si le soleil, l'océan et les palmiers tranchent avec la grisaille de Cergy, le mobilier, les cours, les infrastructures sont exactement les mêmes que ceux de la maison mère française. Quand un étudiant passe le concours, il pourra choisir d'aller sur l'un des 3 campus, avec l'obligation de suivre des cours sur l'un des deux autres campus. Les cours seront parfois assurés en binôme d'un professeur venu de Cergy et d'un professeur marocain. « Des cas pratiques marocains adaptés au contexte local, des cours en droit et comptabilité marocains seront aussi donnés », précise Malika Chaouky, responsable pédagogique. Le ministère de l'Enseignement supérieur marocain a eu d'ailleurs son droit de regard, la maquette de programme avait été soumise à son aval et l'Essec a dû respecter un cahier des charges scientifique et pédagogique national.

    Un campus adapté qui garde l'ADN de l'Essec
    Pour marquer la spécificité de chaque campus, l'Essec mise sur plusieurs leviers. « À Rabat, nous avons lancé un programme BBA car il y a un besoin fort sur place de managers de proximité, ceux qui ont des compétences opérationnelles. Certains masters spécialisés seront adaptés aux besoins sur place. Il y a un besoin important en infrastructure, en logistique, en innovation, en entrepreneuriat et en entrepreneuriat social. Ce seront les matières déployées en Afrique », explique Vincenzo Vinzi. L'Essec affiche un objectif simple : sur ces 480 étudiants, 240 seront marocains et 240 viendront d'ailleurs. Pour le moment, dans cette première promotion, 19 étudiants sont marocains, pour la plupart de Rabat. Une entente à créer qu'affichent déjà Zacharia et Emmanuelle, 18 ans et déjà en deuxième année. Zacharia est rabati et a choisi l'Essec pour son « enseignement concret ». Emmanuelle, qui vient de Seine-et-Marne, est « attirée par l'entrepreneuriat et Rabat est spécialisé. Pour nous qui venons de Cergy, il y a aussi une spécificité culturelle, nous serons en immersion dans l'économie marocaine et africaine. On veut voir aussi ce qu'on peut apporter au continent », explique-t-elle.



    Entre niveau et coût, des solutions en œuvre
    Mehdi, journaliste marocain, note, mi-intéressé, mi-dubitatif, que ce campus est « une bonne chose. Les familles marocaines envoient leurs enfants étudier à l'étranger. Cela coûte cher à l'économie du pays. Il vaut mieux qu'ils restent étudier ici. La question est de savoir si l'enseignement sera du même niveau que Cergy et Singapour, qu'ils y mettront les mêmes moyens. » Une interrogation qui n'échappe pas à Vincenzo Vinzi pour qui ce nouveau campus n'est pas « un Essec au rabais ; les mêmes contenus et mêmes diplômes sont dispensés ici, comme à Cergy et Singapour. Les professeurs les plus exposés de l'école se sont engagés à venir donner des cours au Maroc. L'ambition est que Rabat évolue avec toutes les compétences d'un campus. Comme à Singapour où 22 collègues (sur les 158 que compte le groupe) sont en permanence, après 12 ans d'existence. »
    La question du financement des études est évidemment primordiale, surtout dans une société aussi clivée socialement que le Maroc. Comment éviter l'écueil si évident de n'offrir cette formation Essec qu'à ceux qui en auront les moyens, avec une scolarité à 12 000 euros par an, pour une formation de quatre ans. Le calcul est simple, c'est une scolarité de quatre ans à 48 000 euros. À cela, le directeur de l'Essec Rabat tente une réponse : « On ne peut s'adresser qu'à cette partie-là dans un premier temps. Nous travaillons avec les entreprises pour faire en sorte d'ouvrir cette formation et qu'elles contribuent à des fonds sociaux. Nous avons créé un campus au Maroc, nous considérons donc que ce risque pris permettra d'inciter les entreprises à jouer le jeu », détaille Thierry Sibieude. Analyse que confirme le directeur général de l'Essec, Vincenzo Vinzi qui note que « la demande spécifique locale suppose effectivement une réponse spécifique ». « Nous réfléchissons à cela. Trois types de bourse existent : bourse pour le mérite, bourse pionnier et bourse au mérite qui mêlent les conditions socio-économiques et implications sociales de l'étudiant ». Mais avec un maximum de 3 000 euros, ces bourses ne couvrent qu'un quart de la scolarité.

    Former les futurs cadres africains
    L'Essec Afrique-Atlantique semble vouloir s'inscrire dans un environnement africain plus large. En tout cas, sur le papier. Divers partenariats ont été déjà été noués, notamment avec l'École centrale installée à Casablanca, et avec des institutions académiques comme l'Université internationale de Rabat. D'autres partenariats devraient voir le jour pour permettre à cette école de devenir, selon l'ambition clairement affichée, « l'école de référence en business d'Afrique ». Des échanges d'étudiants vont être organisés dans le cadre du programme avec d'autres grandes écoles africaines, notamment l'école burkinabé 2IE à Ouagadougou qui forme des ingénieurs. « D'autres contacts avec des écoles locales ont été pris avec le Togo, la Côte d'ivoire, le Sénégal, le Bénin pour coopération avec des écoles locales », rappelle Thierry Sibieude.

    Sur les 20 à 25 heures de cours par semaine, des cours de civilisation arabo-musulmane sont prévus pour les étudiants de l'Essec Rabat, et l'apprentissage de l'arabe est obligatoire, tout comme celui du chinois l'est à Singapour. Si les cours sont donnés en français, outre l'arabe, les élèves devront apprendre l'espagnol, proximité du voisin ibère oblige. Pour le directeur du campus, le but est de former des jeunes Marocains mais aussi des Africains, de leur donner les meilleurs outils pour qu'ils deviennent les futurs managers et autres cadres intermédiaires dont le marché du travail a besoin chaque année en Afrique. « L'élévation des compétences des cadres marocains et africains est bien sûr l'enjeu des pouvoirs publics marocains et des établissements d'enseignements supérieurs mais c'est aussi un enjeu pour les entreprises internationales. Avec ces nouveaux cadres plus au fait des sociétés africaines, elles trouveront des managers de meilleure qualité. Il y a un vrai besoin de managers en Afrique. Nous contribuons également à l'élévation du niveau d'enseignement marocain. Il s'agit de créer un vrai objet qui sera un vecteur de développement du territoire, du pays et du continent, et qui aura un vrai impact. Dans quatre ans, nous aurons la première promotion diplômée de BBA et on verra alors la qualité de formation de ces futurs managers. Il n'y a pas d'autres solutions que de créer de former des gens en Afrique. Les 13 millions de personnes qui arrivent sur marché travail, il faut qu'on les forme. C'est aussi de notre responsabilité d'institution au sens global », explique-t-il.

    Le Maroc comme hub de formation
    Dans la stratégie de l'Essec, au final, les campus sont considérés comme des hubs ouverts sur les régions du monde, l'Europe pour Cergy, l'Asie-Pacifique pour Singapour, et l'Afrique-Atlantique pour Rabat. Le Maroc apparaît donc comme une porte d'entrée vers Afrique. Mais « le choix du Maroc n'est pas en exclusion des autres. Des professeurs seront plus ouverts sur d'autres zones africaines, cela se fera au fur et à mesure. Et puis le Maroc a fourni le plus grands nombre d'étudiants étrangers à l'Essec. Il y a comme un lien naturel », rappelle Hubert Lévêque, directeur des programmes à l'Essec. Si le Maroc constitue une porte d'entrée vers l'Afrique francophone, l'Essec ne craint-il pas de tourner le dos aux pays africains anglophones, et relativement aux autres pays du Maghreb ? « Notre levier était la francophonie économique donc l'Afrique francophone. Nous sommes conscients des relations complexes qui existent entre les pays frères de l'Afrique du Nord. Nous voulons dépasser ces clivages. Nous avons aussi une légitimité à aller dans l'Afrique anglophone », détaille Thierry Sibieude.

    Une école en phase avec la stratégie nationale marocaine
    Mais au-delà de la stratégie propre à la seule école de commerce, ce campus s'inscrit pleinement dans la stratégie de développement économique des pouvoirs publics marocains pour l'axe Casablanca-Rabat-Kenitra, appelé à devenir le poumon économique du pays dans les dix prochaines années. Cette implantation d'un campus Essec au Maroc illustre également un phénomène plus large qui inscrit le Maroc dans une stratégie de devenir le hub ou plateforme incontournable en Afrique. Au point de vue économique, de grandes entreprises sont déjà installées, Peugeot, Renault, Peugeot, L'Oréal. Des entreprises en quête de managers et cadres locaux. Le Maroc a construit une politique africaine ambitieuse, jouant la carte d'axe et pivot économique incontournable vers l'Afrique subsaharienne. Hub économique dans un continent au taux de croissance qui varie entre 5 et 6 % et où le Maroc est devenu le principal investisseur dans de nombreuses aires africaines. Hub diplomatique également, avec « la politique africaine » impulsée par Mohamed VI, illustrée dernièrement par le retour du pays dans l'Union africaine. Hub religieux avec la création en 2016 du Conseil supérieur des oulémas africains à Fès. Cette institution a pour mission d'assurer une coordination entre 120 théologiens provenant de 31 pays du continent. En parallèle, un institut de formation ouvert aux imams africains leur assure une formation religieuse. Hub académique enfin, puisque le Maroc draine vers lui de nombreux étudiants africains venus s'y former.

    le Point fr

  • #2
    l'état lève vraiment la main sur l'éducation...m'enfin, depuis longtemps...

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