Carnegie Middle East center : Une crise économique imminente menace l’Algérie
NADJIA BOUARICHA
08 AOÛT 2019 À 9 H 55 MIN
Une analyse du Carnegie Middle East Center prédit une crise imminente pour l’Algérie et ce, à cause de l’impasse politique qui laissera place à une grave menace d’effondrement économique.*«Depuis six mois, l’Algérie est secouée par des manifestations de*masse pacifiques. Cependant, les progrès ont été freinés par deux choses. L’armée, véritable centre du pouvoir en Algérie, tient fermement à l’organisation d’élections dans les conditions actuelles… Dans le même temps, les manifestants n’ont pas été en mesure de nommer des représentants ou des médiateurs capables de parler en leur nom et de formuler des revendications réalistes»,*explique l’analyse réalisée pour le centre d’étude de Carnegie situé à Beyrouth, signé par Dalia Ghanem et Omar Benderra.
Cette situation d’impasse et de blocage est alarmante*«compte tenu de la crise économique imminente qui ajoutera une couche de complexité à une situation déjà compliquée»,*note le document publié par le Carnegie Center. Les auteurs alertent que ce*«n’est qu’une question de temps avant que les revendications politiques du mouvement de protestation s’étendent à l’économie. Les futurs dirigeants vont devoir faire face à de sérieux défis financiers dans un pays qui est dépendant de l’énergie depuis des décennies, avec un système économique qui semble de plus en plus intenable en raison de son incapacité à introduire la diversification».*Le Carnegie Center poursuit son examen de la situation économique et relève que la structure de l’économie algérienne est particulièrement vulnérable*:*«Elle repose sur la rente et sur l’exportation d’hydrocarbures…Et la part des hydrocarbures dans les recettes publiques est aujourd’hui extrêmement volatile.»*Et de rappeler qu’en 2013, alors que les cours étaient élevés, le pétrole algérien atteignait en moyenne 110,80 dollars le baril et représentait 65,4% des recettes de l’Etat. Cette part a chuté de manière spectaculaire à 33,6% en 2016, lorsque les cours avaient atteint une moyenne de 36,6 dollars le baril.*«Afin d’équilibrer son budget de l’année 2019, le pays a besoin d’un baril à 116 dollars»,note encore l’analyse, en précisant qu’avec la chute continuelle des réserves de change, ce qui restera à la fin de l’année devrait couvrir treize mois d’importations.*«Comme l’Algérie importe 70% de ce qu’elle consomme, cela aura des répercussions sociales importantes»,*prédisent les auteurs de l’analyse.
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